Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 24/09/2024 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

BERAIN Jean I


Ecole française

Costume pour une Naïade dansant dans la deuxième entrée du « Triomphe de l'Amour »
Costumes des Fêtes, Mascarades. Théâtres, etc., de Louis XIV

Vers 1681

Dessin

TECHNIQUES :
encre noire à la plume - encre brune à la plume - lavis (gris) - pierre noire (traces)

INVENTAIRES :
Collection Edmond de Rothschild
2468 DR/ Recto

LOCALISATION :
Réserve Edmond de Rothschild
Recueil de dessins : Costumes des Fêtes, Mascarades. Théâtres, etc., de Louis XIV - Tome IX - 2396 DR à 2504 DR

ATTRIBUTION ACTUELLE :
BERAIN Jean I
Bouffard, Mickaël et La Gorce, Jérôme de

ANCIENNES ATTRIBUTIONS :
ANONYME FRANCAIS
(Inventaire Edmond de Rothschild), 1935

TECHNIQUES ET DIMENSIONS :
Plume et encres brune et noire, lavis gris, traces de pierre noire Filigrane difficilement lisible.
Dimensions à la feuille : H. 00,263m ; L. 00,213m

HISTORIQUE :
Claude Pioche sieur du Rondray (1660/1665 -1733) (?), Paris, mars 1733 ; Gilbert Paignon-Dijonval (?) (1708-1792), 1810 ; Charles-Gilbert, vicomte de Morel-Vindé (?), sa vente, Londres, 1819 ; Samuel Woodburn (?), Londres ; Paul et Dominic Colnaghi (?), Londres ; acquis par Auguste Danlos pour Edmond de Rothschild en août 1889, 6900 francs ; don au musée du Louvre en 1935.
Dernière provenance : Rothschild, baron Edmond de
Mode d'acquisition : don
Année d'acquisition : 1935

COMMENTAIRE :
Faisant partie de la série du Triomphe de l'Amour de Quinault et Lully, ce dessin correspond aux Naïades de la deuxième entrée. Certes, il aurait pu s'agir des Néréides qui dansent quatre entrées plus tard, seules autres divinités aquatiques féminines du ballet et qui arborent elles aussi algues et écailles de poisson. Or, contrairement aux nymphes d'eau douce, on aurait pu s'attendre à ce que les nymphes d'eau salée portent les mêmes coquillages et les mêmes coraux que les tritons qui dansent avec elles (2107 DR). C'est du moins ce que l'on doit conclure à la lecture de l'Iconologie de Ripa et des habitudes mêmes de Berain, qui réadapte ici le costume d'une naïade qu'il avait créé l'année précédente, celui de Cyané dans Proserpine (musée Condé à Chantilly , inv. 2013.0.21). Si Berain a représenté avec autant de finesse les attitudes de la danse de son temps, c'est qu'il en fut un témoin privilégié. Il fréquentait des danseurs comme le célèbre Pierre Beauchamps, qui fut le parrain de son fils Pierre Martin, et il assistait assidûment aux répétitions en costumes ainsi qu'aux représentations des spectacles auxquels il participait. C'est ce que suggèrent les mémoires de Cordier (Archives nationales, O/1/2984 ), traiteur qui tenait un compte précis des bouches qu'il avait à nourrir lors de la préparation du Triomphe de l'Amour, où sont également mentionnés les artisans collaborant avec Berain : tailleurs, plumassiers, fournisseurs de masques, de bas et de gants. Dans son souci d'étudier le costume avec le bon mouvement, Berain a dû renoncer aux silhouettes qu'il utilisait ordinairement, car aucune ne convenait aux attitudes du menuet que Lully avait confiées à Mlles de Rambures, de Châteautiers, de Biron et de Brouilly, interprétant les Naïades. En effet, le menuet se danse sauf exception en relevant les jupes, comme on le voit sur ce dessin. Le dessinateur a ainsi cherché à anticiper les effets de ce soulèvement : la forme de la cassure et des plis, le dérangement des lambrequins, le dévoilement des chevilles qui ne doit pas outrepasser les limites de la bienséance, l'espace laissé aux volants autour des coudes et le mouvement des voiles de gaze. Après avoir été présenté devant la Cour à Saint-Germain-en-Laye, Le Triomphe de l'Amour fut repris aussitôt à l'Académie royale de musique. Les dames de la Cour y ont été remplacées par des danseuses professionnelles, autorisées pour la première fois à se produire dans un théâtre public et devant un public payant. Ce dessin constitue donc l'un des rares témoignages de ce qu'ont dû porter les pionnières à qui l'on doit cette avancée décisive pour l'histoire du ballet occidental (M. Bouffard dans « En scène! Dessins de costumes de la collection Edmond de Rothschild », cat. expo Paris, musée du Louvre, du 27 octobre 2021 au 31 janvier 2022, sous la direction de Mickaël Bouffard, Victoria Fernández Masaguer et Jérôme de La Gorce, éditions Liénart et musée du Louvre, 2021, p. 128-129, cat. n°36 et p. 126, note 3); Voir aussi : Jérôme de La Gorce, 'Berain, dessinateur du Roi-Soleil', Paris, Herscher, 1986, p. 81-82 ; Mickaël Bouffard, Jérôme de La Gorce, Margaret M. McGowan, The Convergence of Dancing and Drawing Practices in the Reign of Louis XIV: Costume Designs from the Edmond de Rothschild Collection in the Louvre, Edinburgh University Press, The Journal of the Society for Dance Research , Summer 2016, Vol. 34, No. 1 (Summer 2016), p. 8-11, fig. 3.

INDEX :
Lieux : Chantilly, Musée Condé, oeuvre en rapport
Personnes : Lully, Jean-Baptiste+ - Quinault, Philippe+ - Beauchamps, Pierre + - Rambures, Mademoiselle de+ - Biron, mademoiselle de+ - Brouilly, mademoiselle de+ - Châteautiers, mademoiselle de+ - Cordier, (traiteur)+
Sujets : Lully, Jean-Baptiste, Le Triomphe de l'Amour - costume de ballet

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 1, p. 14