Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 10/10/2024 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

RABEL Daniel


Ecole française

Costume d'Apollon solaire ou d'un membre de sa suite pour un ballet de cour
Costumes des Fêtes, Mascarades. Théâtres, etc., de Louis XIV

Entre 1614 et 1634

Dessin

TECHNIQUES :
encre brune à la plume - lavis (gris) - rehauts d'or - aquarelle - rehauts d'argent - papier découpé

INVENTAIRES :
Collection Edmond de Rothschild
1659 DR/ Recto

LOCALISATION :
Réserve Edmond de Rothschild
Recueil de dessins : Costumes des Fêtes, Mascarades. Théâtres, etc., de Louis XIV - Tome II - 1604 DR à 1695 DR

ATTRIBUTION ACTUELLE :
RABEL Daniel
Bouffard, Mickaël

ANCIENNES ATTRIBUTIONS :
ANONYME FRANCAIS
(Inventaire Edmond de Rothschild), 1935

PROPOSITIONS D'ATTRIBUTIONS :
RABEL Daniel
Bouffard, Mickaël, 2021

TECHNIQUES ET DIMENSIONS :
Plume et encre brune, aquarelle, lavis gris, rehauts d'or et d'argent. Découpé suivant les contours de la silhouette et collé en plein sur une feuille de doublage ombrée au lavis gris. Filigrane de la feuille de doublage : D & C Blauw (Proche de Churchill, 1935, no 329 bas) Dimensions max. dessin : H. 20,9 ; L. 12,8 cm
Dimensions à la feuille : H. 00,253m ; L. 00,145m

HISTORIQUE :
Claude Pioche sieur du Rondray (1660/1665 -1733) (?), Paris, mars 1733 ; Gilbert Paignon-Dijonval (?) (1708-1792), 1810 ; Charles-Gilbert, vicomte de Morel-Vindé (?), sa vente, Londres, 1819 ; Samuel Woodburn (?), Londres ; Paul et Dominic Colnaghi (?), Londres ; acquis par Auguste Danlos pour Edmond de Rothschild en août 1889, 6900 francs ; don au musée du Louvre en 1935.
Dernière provenance : Rothschild, baron Edmond de
Mode d'acquisition : don
Année d'acquisition : 1935

COMMENTAIRE :
Ce costume, conçu pour Apollon ou un personnage de sa suite, est un des prototypes d'une longue tradition dont fera partie le célèbre habit de Soleil porté par Louis XIV dans le Ballet royal de la nuit (1653) (Paris, BnF, département des Estampes et de la Photographie, Rés. QB-201 (41)-FOL). Les rayons droits et ondulants, disposés en alternance, l'effigie du Soleil et la couronne de laurier furent les attributs favoris des dessinateurs qui eurent à habiller ce dieu solaire. Ces éléments distinctifs ornent un habit dit « à l'antique » ou « à la romaine ». Élaboré dans le cadre du ballet de cour au début du XVIIe siècle, le modèle s'exportera vers la tragédie parlée autour de 1660 (possiblement par la revente des vieux habits de ballets aux comédiens par l'intermédiaire de fripiers : Verdier, 2007, et Dorothée, 2012), puis vers l'opéra (comme on peut le voir pour Isis (2645 DR) et Phaëton (Chantilly, musée Condé, inv. 2013.0.1)). Trois types de sources nous permettent d'en déterminer la terminologie et la composition : un véritable costume du XVIIe siècle5 (Paris, Bibliothèque nationale de France, Bibliothèque-Musée de l'Opéra, Musée-918), des dessins annotés par Daniel Rabel et des archives comptables pour le Ballet des fées des forêts de Saint-Germain (1625) auquel il participa (Archives nationales, KK 20, fol. 1-22v : Rôle des paiements extraordinaires de l'Argenterie du roi pour l'année 1625). Pour imiter la cuirasse antique, on utilisait un « pourpoint » rigidifié par une doublure de taffetas, de bougran ou de boucassin et coupé de façon à conformer le buste. Pour simuler la tunique romaine qui va dessous, on ne fabriquait que les parties visibles du public, à savoir les « grands hauts de manches à lambrequins » et le « bas de saye » (espèce de jupe) que l'on attachait au pourpoint par des aiguillettes de ruban. Dessous, on portait généralement une chausse étroite qui arrivait au genou ou des bas d'attache fixés à des grègues (ou trousses) comme en portaient encore les pages de la Cour. Le côté bouffant des grègues devait permettre de garder le bombé du bas de saye pour l'empêcher de s'affaisser sous le poids des broderies et des galons métalliques. Ce dessin révèle l'identité de son auteur par le choix de l'une de ses postures favorites (espèce de « pieds largys » combinés à des poignets cassés), mais aussi par le traitement des jambes (évocation des genoux avec de petits traits nerveux, contraste entre la petitesse des pieds et la grosseur des mollets, profil des brodequins et façon négligée de tracer les pieds...). Les volumes sont eux aussi typiques de l'esthétique de Rabel. Proche d'un costume qu'il dessina pour Louis XIII (collection particulière McGowan 1986, cat. 93), il montre la même alternance des parties amples et moulantes : d'un côté, les jambes, les avant-bras et le buste sont affinés par des bas d'attaches, des manches serrées et un pourpoint cintré, de l'autre, la taille, les épaules et le cou sont « enflés » par un bas de saye en cloche, des hauts de manches touffus et une fraise dite à la confusion. (M. Bouffard dans « En scène! Dessins de costumes de la collection Edmond de Rothschild », cat. exp. Paris, musée du Louvre, du 27 octobre 2021 au 31 janvier 2022, sous la direction de Mickaël Bouffard, Victoria Fernández Masaguer et Jérôme de La Gorce, éditions Liénart et musée du Louvre, 2021, p. 34, 108-109, cat. 26). Voir aussi : Anne Verdier, « Distance antique et réalité scénique en 1646 : les véritables habits "à la romaine" dans le Véritable Saint-Genest », Littératures classiques, no 63, 2007, p. 197-206; Vincent Dorothée, « Des dessins de costumes "grottesques" pour de grotesques costumes sans desseins ? », dans Leconte, 2012, p. 200-201; Victoria Fernández Masaguer, "Dessiner le costume pour le spectacle", dans 'Grande Galerie, Le Journal du Louvre', automne 2021, n°56, p. 44-47 (repr. p. 47).

INDEX :
Lieux : Chantilly, Musée Condé, oeuvre en rapport, Paris, Archives nationales, oeuvre en rapport, Paris, Bibliothèque Nationale, département des Estampes et de la Photographie, oeuvre en rapport, Paris, Bibliothèque Nationale, Bibliothèque-Musée de l'Opéra, oeuvre en rapport
Personnes : Apollon - Louis XIV, roi de France+ - Louis XIII, roi de France+
Sujets : Apollon - costume de ballet

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 1, p. 14