BERAIN Jean I

Ecole française

Costume du Fleuve Sangar pour l'acte IV d'"Atys"

Vers 1675

Dessin

TECHNIQUES :
encre brune à la plume - lavis (gris) - rehauts d'or - rehauts de gouache - aquarelle - rehauts d'argent - pierre noire (traces)

INVENTAIRES :
Collection Edmond de Rothschild
1714 DR/ Recto

LOCALISATION :
Réserve Edmond de Rothschild
Recueil de dessins : Costumes des Fêtes, Mascarades. Théâtres, etc., de Louis XIV - Tome III - 1696 DR à 1761 DR

ATTRIBUTION ACTUELLE :
BERAIN Jean I
La Gorce, Jérôme de

ANCIENNES ATTRIBUTIONS :
ANONYME FRANCAIS XVIIè s
(Inventaire Edmond de Rothschild)

TECHNIQUES ET DIMENSIONS :
Plume et encres brune, noire et grise, lavis gris, aquarelle, rehauts de gouache, d'or et d'argent, traces de pierre noire. Traces en arc de cercle en bas à gauche
Dimensions à la feuille : H. 00,240m ; L. 00,200m

HISTORIQUE :
Claude Pioche sieur du Rondray (1660/1665 -1733) (?), Paris, mars 1733 ; Gilbert Paignon-Dijonval (?) (1708-1792), 1810 ; Charles-Gilbert, vicomte de Morel-Vindé (?), sa vente, Londres, 1819 ; Samuel Woodburn (?), Londres ; Paul et Dominic Colnaghi (?), Londres ; acquis par Auguste Danlos pour Edmond de Rothschild en août 1889, 6900 francs ; don au musée du Louvre en 1935.
Dernière provenance : Rothschild, baron Edmond de
Mode d'acquisition : don
Année d'acquisition : 1935

COMMENTAIRE :
Connu par des copies (Chantilly, musée Condé, 2013.0.34), ce dessin était destiné au rôle du Fleuve Sangar dans la tragédie en musique Atys. Grâce au papier qui correspond à celui d'une autre feuille (1730 DR) tracée pour la création de 1676, on peut certifier que cette figure a été conçue pour « monsieur Godenesche » (la version annotée de ce dessin (BnF, Bibliothèque-Musée de l'Opéra, D216-O4 [23,1]) porte le filigrane de la série exécutée pour la création de 1676 (grappe de raisins inscrite dans un double cercle contenant B- fleur de lys-Colombier). Le dieu-fleuve est d'emblée reconnaissable à la rame qu'il tient d'une main et à sa noble tête de vieillard barbu, coiffée de coquilles et de plantes aquatiques, obéissant ainsi à la tradition iconographique perpétuée depuis l'Antiquité. Au XVIIe siècle, ces allégories avaient connu un merveilleux essor dans le domaine de la sculpture en envahissant les parcs des résidences princières pour agrémenter de manière pérenne des bassins et des fontaines. Sur la scène, leur nudité étant inconvenante, elles durent se couvrir d'algues, de coquillages, de motifs argentés susceptibles d'évoquer le mouvement de l'onde, mais aussi des atours de la mode du temps. Pour le Fleuve Sangar, Berain ne se priva pas de recourir à cet héritage décoratif en proposant de riches ornements, comme l'attestent les instructions de sa main, notées sur un projet pour le même habit, que l'on peut consulter à Paris, à la Bibliothèque de l'Opéra : « Tous les feuillages de satin brodé ; le tonnelet moire d'or, brodé argans ; les cocquilles d'or, les lambrequins de poisson de moire d'argens, escailles d'or. » (Paris, BnF, Bibliothèque-Musée de l'Opéra, D216O-4 (23,1). Malgré le soin accordé aux motifs conçus pour scintiller à la lumière de la scène, cette parure, comme le rôle qu'elle servait, prêtait à sourire. Dans son palais aux voûtes humides décorées de congélations et de branches de corail, Sangar paraissait en effet au milieu d'une cour composée à la fois de « grands, petits et vieux Fleuves, de Ruisseaux » et de « vieilles Nymphes de Fontaines », appelés à danser au cours d'un divertissement insolite. Aussi, à la vue d'une coiffure surchargée d'éléments aquatiques, d'un costume envahi de grandes feuilles, de larges coquilles Saint-Jacques, de lambrequins en forme de nageoires et de nombreuses écailles de poisson, est-il permis de se demander si l'artiste ne voulut pas donner à ce monarque vieillissant, dont la chemise pourrait être celle d'un déshabillé, un caractère ridicule ? Une autre représentation du fleuve Sangar pour une reprise plus tardive vers 1680 / 1682 est conservée au musée Condé de Chantilly (2013. 0.24). (J. de La Gorce dans « En scène! Dessins de costumes de la collection Edmond de Rothschild », cat. exp. Paris, musée du Louvre, du 27 octobre 2021 au 31 janvier 2022, sous la direction de Mickaël Bouffard, Victoria Fernández Masaguer et Jérôme de La Gorce, éditions Liénart et musée du Louvre, 2021, p. 178-179, cat. 57a). Bibliographie : J. de La Gorce, « Aux sources de l'opéra français », Connaissance des arts, no 389-390, juillet-août 1984, p. 33; J. de La Gorce in 'Féeries d'opéra. Décors, machines et costumes en France, 1645-1765', Chambord, 1997, p. 86; Jérôme de La Gorce, dans cat. expo. 'Fastes de cour au XVIIe siècle : Costumes de Bellange et de Berain', Chantilly, Musée Condé, 13 mai - 13 août 2015, n °15a, p.200-203; Mickaël Bouffard et Jérôme de La Gorce dans 'The Convergence of Dancing and Drawing Practices in the Reign of Louis XIV: Costume Designs from the Edmond de Rothschild Collection in the Louvre', in 'Dance Research', 34.1, 2016, pp. 1-29, Edinburgh University Press.

INDEX :
Lieux : Chantilly, Musée Condé, oeuvre en rapport, Paris, Bibliothèque Nationale, Bibliothèque-Musée de l'Opéra, oeuvre en rapport
Personnes : Lully, Jean-Baptiste+ - Sangar
Sujets : fleuve - Lully, Jean-Baptiste, Atys, opéra - costume d'opéra

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 1, p. 14