Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 15/05/2024 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

DELATOUR Maurice Quentin


Ecole française

Préparation présumée pour le visage de Madame de Pompadour
Jeanne Antoinette Lenormant d'Étiolles, marquise de Pompadour (1721-1764)

Vers 1751

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
RF 54682, Recto

LOCALISATION :
Réserve des pastels

ATTRIBUTION ACTUELLE :
DELATOUR Maurice Quentin

TECHNIQUES :
Pastel sur papier bleu.Annoté au crayon en bas à gauche : Mme La Comtesse / Peinte Par / Delatour. Sur le carton de protection du châssis, étiquette de l'exposition des Cent Pastels à la galerie Georges Petit à Paris et fragments d'étiquettes avec la mention tronquée Cte de Ganay.
Forme : ovale
H. 00,298m ; L. 00,227m

HISTORIQUE :
Cité en 1908 dans la collection de la marquise de Ganay ; sa vente, Paris, 8-10 mai 1922, lot 25, comme Mme la comtesse... peinte par Delatour. Vente Paris, hôtel Drouot, 2 avril 2008, lot 96,repr. (Me Fraysse et associés). Acquis à cette occasion par le musée du Louvre (comité consultatif des musées nationaux du 31 mars 2008 ; délégation du conseil artistique du 2 avril 2008). Confirmation de préemption du 11 avril 2008.
Dernière provenance : Drouot, Hôtel, Paris
Mode d'acquisition : achat
Année d'acquisition : 2008


COMMENTAIRE :
Vraisemblablement préparation pour le grand pastel montrant Madame de Pompadour en figure entière, commencé en 1751 et exposé au Salon en 1755, et conservé au musée du Louvre, INV 27614. Neil Jeffares confirme l'attribution à Maurice Quentin Delatour et l'identification du modèle, Madame de Pompadour (Dictionary of pastellists before 1800, Londres, 2006, p. 301). On peut distinguer dans l'œuvre de Maurice Quentin de La Tour trois catégories d'études dessinées ou peintes au pastel en présence du modèle. Toutes sont régulièrement désignées depuis la fin du XIXe siècle comme des « préparations » et ont permis au maître à la fois de fixer la ressemblance et le plus souvent d'emporter l'âme de celles et ceux qu'il était appelé à portraiturer. Les préparations les plus rapidement tracées l'ont été à la seule pierre noire afin de fixer uniquement les linéaments du visage et d'être le plus proches possible de la réalité. Nous pensons que certaines de ces préparations ont probablement été ensuite chargées en couleurs à l'aide des bâtonnets de pastel afin de transcrire les carnations, le ton des chairs, des yeux ou des habits. Certaines préparations à la pierre noire ont été aussi laissées telles quelles et ont donné lieu, en présence ou non du modèle, à une nouvelle préparation où le visage apparaît dans la même orientation ou dans une attitude différente, mais chargé de pastel. Ces feuilles demeuraient dans l'atelier de l'artiste et font aujourd'hui encore, pour un grand nombre d'entre elles, la renommée du musée de la ville natale de La Tour. La troisième catégorie de préparation fut utilisée par le maître lorsqu'il exécuta certains de ses plus grands portraits. En raison de leurs dimensions, quelques effigies comportent en effet plusieurs feuilles de papier raboutées et marouflées sur toile. Sur ce support, l'artiste s'est appliqué à coller en plein une nouvelle feuille de papier dont le format est le plus souvent irrégulier et dont le pourtour a été soigneusement aminci et défibré afin que les joints avec les feuilles situées en dessous soient le moins visibles possible et puissent être recouverts de pastel posé en épaisseur. Cette pièce de papier rapportée était très certainement l'une des préparations préalablement tracées, sans doute seulement à la pierre noire pour pouvoir être facilement collée. C'est donc dans un second temps qu'elle avait été retravaillée au pastel pour s'intégrer parfaitement au portrait livré au modèle. La préparation acquise en 2008 par le musée du Louvre appartient à la seconde catégorie, soit celle des études préparatoires chargées de couleurs. De longue date, on y propose régulièrement de reconnaître les traits de Mme de Pompadour. Cette identification doit à notre avis faire débat. Si les yeux du modèle sont bleus comme ceux de la marquise, le visage semble un peu plus rond et un peu moins allongé et le nez un peu plus pointu et relevé en comparaison avec les autres études préparatoires au célèbre portrait du Louvre (Saint-Quentin, musée Antoine-Lécuyer, inv. LT 12 et LT 71). On sait toutes les difficultés que l'artiste connut lors de l'élaboration du pastel exposé au Salon de 1755 et sa volonté d'être le plus ressemblant possible, multipliant les études à cet effet. Celle de l'ancienne collection Ganay compte-t-elle au nombre des préparations n'ayant pas donné satisfaction au pastelliste car ne répondant pas exactement à la réalité ? Ou bien s'agit-il d'une préparation pour le portrait qui fut envoyé à Vienne au prince Wenceslas Antoine de Kaunitz (1711-1794), qui avait été ambassadeur du Saint-Empire en France entre 1750 et 1753 ? Le 10 octobre 1756, le diplomate écrivait à la marquise qu'il attendait avec la plus grande impatience cette « marque de souvenir » dont elle lui avait fait hommage en précisant: « j'attens ce charmant Portrait, pour lequel ce cruel Mr de la Tour me fait languir depuis si long tems. Tirez moi donc de peine, je vous en Supplie, et faites moi la grâce de me l'envoyer au plutôt »(Vienne, Archives nationales, papiers Kaunitz, document aimablement signalé par Selma Schwartz). Aujourd'hui non identifié, le portrait offert à Kaunitz reprenait-il la préparation du Louvre ? Encore une question aujourd'hui sans réponse (Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 91, p. 192-193). neiljeffares.wordpress.com/2018/07/12/the-louvre-pastels-catalogue-errata-and-observations, n° 91, Neil Jeffares enrichit la bibliographie, précise les expositions de la notice de l'Inventaire(cat. 91, p. 192-193) et discute des différentes techniques utilisées par Delatour. Neil Jeffares, Pastels du Louvre : questions d'attribution, La Gazette Drouot, 28, 13.juillet 2018, p. 104-107, l'auteur écrit que le visage du modèle présente de telles dissemblances avec celui de Madame de Pompadour que désormais dans son dictionnaire en ligne, il l'indique comme Mme de Pompadour ?? .

INDEX :
Collections : Ridgway, Emily
Lieux : Paris, Musée du Louvre, oeuvre en rapport
Personnes : Pompadour, Jeanne Antoinette Poisson, marquise de
Sujets : Salon de 1755
Techniques : pastel