Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 06/09/2021 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

BECCAFUMI Domenico


Ecole florentine

Putti jouant autour d'une ancre

Vers 1533/1535

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 280, Verso

Anciens numéros d'inventaire :
NIII4159
MA3934

LOCALISATION :
Petit format

ATTRIBUTION ACTUELLE :
BECCAFUMI Domenico
Reiset, Frédéric (inv. ms)

ANCIENNES ATTRIBUTIONS :
ANONYME ITALIEN
Morel d'Arleux, Louis-Marie-Joseph (inv. ms)

TECHNIQUES :
Pierre noire.
H. 00,107m ; L. 00,122m

HISTORIQUE :
Cabinet du Roi ; paraphe de J.-Ch. Garnier d'Isle (L.2961, au verso) ; marques de la Commission du Museum (L. 1899, au recto et au verso) et du Conservatoire (L. 2207, au recto et au verso).
Dernière provenance : Jabach, Everhard
Mode d'acquisition : cabinet du roi
Année d'acquisition : 1671

INVENTAIRE DU MUSEE NAPOLEON :
Inventaire du Musée Napoléon. Dessins. Vol.3, p.508, chap. : Ecole italienne B, carton 35. (...) Numéro : 3934.Idem [[ Maîtres inconnus /&. Numéro d'ordre dans l'oeuvre du maître : 168. Désignation des sujets : Sur le même carton deux dessins au crayon noir, sur le R° et le V°. Dimensions : H. 10,5 x L. 12,5 cm ; H. 12 x L. 14,5 cm. Origine : Idem & Collection ancienne /&.Prix de l'estimation de l'objet : 1francs. Emplacement actuel : Idem & Calcographie du Musée Napoléon ]]. Signe de recollement : [Vu] [[au crayon]]. Cote : 1DD35

COMMENTAIRE :
Dans la vie de Pordenone, publiée en 1550, Giorgio Vasari raconte qu'Andrea Doria avait fait décorer les salles de son palais de Gênes, c'est-à-dire de sa villa de Fassolo, par Perino del Vaga et que, dans un moment de relâchement de l'activité de ce peintre, il avait fait venir du Frioul un autre artiste, Giovanni Antonio Licinio da Pordenone, afin d'inciter Perino à se remettre au travail par émulation (G. Vasari, 'Le vite de' più eccellenti pittori scultori e architettori, nelle redazioni del 1550 e 1568', éd. par R. Bettarini et P. Barocchi, 6 vol., Florence, 1966-1987, IV, [1976], p. 434, vol. V [1983] p. 142). Pordenone commença alors sur 'uno terrazzo scoperto (...) un fregio di fanciulli con la sua solita maniera, i quali vòtano una barca piena di cose marittime, che girando fanno bellissime attitudini' [« une terrasse découverte (...) une frise d'enfants suivant sa manière habituelle, qui déchargent une barque pleine d'objets marins et qui, en se retournant, adoptent des très belles attitudes »]. Il fit aussi 'una storia grande quando Giasone chiede licenza al zio per andare per il vello d'oro' [« une grande histoire du moment où Jason demande à son oncle la permission d'aller conquérir la Toison d'or »] (ibidem). Puis, constatant la différence entre l'oeuvre de Perino et celle de Pordenone, Doria congédia celui-ci et fit venir Beccafumi qui fit 'una storia sola e non più' [« une seule histoire et pas plus »], parce que Perino finit par conduire son oeuvre à son terme (ibidem). On situe généralement vers 1532-1533 le passage de Pordenone à Gênes (C. Furlan, 'Il Pordenone', Milan, 1988, p. 323 ; Ch. E. Cohen, 'The Art of Giovanni Antonio da Pordenone, between Dialect and Language', Cambridge, Cambridge University Press, 1996, I, p. 348-350 ; II, p. 663-666). Celui de Beccafumi pourrait se situer vers 1533-1535 si l'on en croit le manque de mention de sa présence à Sienne durant cette période (D. Sanminiatelli, 'Domenico Beccafumi', Milan, 1967, p. 177-178). Les peintures de Pordenone qui se trouvaient sur la façade méridionale du palais, du côté du jardin, sont perdues mais en partie connues par des photographies anciennes et par des dessins préparatoires (Louvre, Inv. 10666 et Berlin, Staatliche Museen, inv. KdZ 5176). De même pour celle de Beccafumi, dont Vasari ne dit pas le sujet mais qui représentait sans doute Jason jurant fidélité à Médée (Furlan, cit.). D. Sanminiatelli (cit., p. 159 n° 95, p. 177 sous n° 7) suppose que l'artiste avait également projeté de réaliser une frise de 'putti'. On sait en effet, par un 'modello' de Perino del Vaga, préparatoire au décor de la façade nord du palais (Amsterdam, Rijksmuseum, inv. RP-T-1948 : 133), qu'une telle frise, interrompue par des baies carrées, courait au niveau de l'attique de l'édifice, au-dessus des « histoires » proprement dites. Une série de dessins de frises de 'putti', divisée entre Florence (GDSU, n. 1650 Orn ; Giannattasio dans P. Torriti, 'Beccafumi : Opera Completa', Milan, 1998, p. 286 D84, p. 285 sous D81, p. 286-287 sous D85) et Paris (Louvre, INV 279, 10757, 10758 et, peut-être, INV 10771, 10759), pourrait être préparatoire à cette partie du décor d'autant plus que notre dessin comporte un attribut marin bien reconnaissable, une ancre, une autre un canon (INV 10758), une troisième un captif (INV 10757) qui font très probablement allusion aux fonctions militaires exercées sur mer par Andrea Doria (D. Sanminiatelli, cit., suivi par toute la critique). Il s'agit à l'évidence d'études pour une frise placée en hauteur comme l'indique la vue légèrement 'di sotto in su' des figures et la jambe pendante de l'un des 'putti' sur le dessin de Florence. Elles sont toutes de dimensions voisines, de même technique et ont peut-être été découpées dans une même feuille. Un trait en haut et en bas y délimite toujours le cadre horizontal de la composition occupée entièrement par les 'putti', comme en bas-relief. Dans leur enchaînement énergique, Beccafumi retient moins la rondeur giorgionesque des danses et des cortèges d'enfants de Pordenone que l'animation un peu désarticulée des 'giochi di putti' de Perino del Vaga dans les lunettes de la Loggia degli Eroi du Palazzo Doria (A. De Marchi dans cat. exp. Domenico Beccafumi e il suo tempo, Sienne, Chiesa di Sant'Agostino, Pinacoteca Nazionale, Duomo, Palazzo Pubblico, Oratorio di San Bernardino, Spedale di Santa Maria della Scala, Palazzo Bindi Sergardi, 1990, p. 418, 420 fig. 11, p. 461-462 sous n° 128). Certains dessins (INV 10757) semblent pourtant entretenir une forme de dialogue avec les expériences contemporaines du peintre frioulan, notamment avec la représentation du groupe des anges aux pieds de saint Marc dans la 'Pala di San Marco' au Duomo de Pordenone (1533-1535). Par ailleurs, la graphie de Beccafumi, qui démêle l'écheveau des formes possibles en brouillant le trait et en troublant les ombres, n'appartient qu'à lui : personne, parmi ses contemporains, n'a poussé aussi loin la dissémination des traits de contour et de la nébuleuse des ombres. Cette écriture à contre-jour, où le repentir et l'accident de la ligne sont les signes d'une assurance sans pareille, apparaît aussi dans les études à la sanguine comme celle représentant 'Le Tribun Publius Mutius condamnant les tribuns au bûcher' (Brunswick, Bowdoin College Museum of Art, Inv. 1811.85). Elle témoignerait d'une évolution du style de Beccafumi intervenue lors de son séjour à Gênes, entre les deux phases de réalisation du décor de la Sala del Concistoro au Palazzo Pubblico de Sienne (1529-1535 ; Giannattasio, cit. p. 284 sous D 80). Voir : D. Cordellier, 'Domenico Beccafumi' (Cabinet des dessins), avec la collaboration de L. Angelucci et R. Serra, Milan, 2009, n° 22. Voir aussi : J. Judey, 'Domenico Beccafumi', Berlin, 1932 [Freiburg i. B., Ph. D., v. 23. Sept. 1932]., 1932, p. 146 n° 184.

INDEX :
Collections : Jabach, Everhard - Cabinet du Roi
Lieux : Amsterdam, Rijksmuseum, oeuvre en rapport, Fassolo (Gênes), Palazzo Doria Pamphili, oeuvre en rapport, Gênes+, Berlin, Staatliche Museen, oeuvre en rapport, Sienne, Palazzo Pubblico, oeuvre en rapport, Florence, Galleria degli Uffizi, oeuvre en rapport, Paris, Musée du Louvre, oeuvre en rapport, Brunswick, Bowdoin College Museum of Art, oeuvre en rapport, Pordenone, Duomo di San Marco, oeuvre en rapport
Personnes : Marc, saint+ - Perino del Vaga+ - Jason+ - Médée+ - Vasari, Giorgio+ - Sacchiense, Giovanni Antonio+ - Doria, Andrea+ - Publius Mutius+
Sujets : putto - ancre - frise - Jeux d'enfant
Techniques : pierre noire

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 1, p. 44