© GrandPalaisRmn (Musée du Louvre) / Michel Urtado
Ecole française
Paysage de montagne : sur une plate-forme, un berger et deux femmesLe Repos dans la montagne.1784
INVENTAIRES ET CATALOGUES :Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
RF 29471, Recto
LOCALISATION :Réserve des pastels
Cote 33
ATTRIBUTION ACTUELLE :PILLEMENT Jean
TECHNIQUES :Gouache et pastel sur toile préparée au plâtre tendue sur son châssis d'origine. Signé et daté en bas à droite au pastel noir : J. Pillement / 1784. Au dos, collée sur la traverse supérieure du châssis, découpure de catalogue de vente : PILLEMENT (Jean) / (Lyon, 1707-1808) / 66 - Deux pendants : / Le chemin de montagne. / On voit des bergers au premier plan ; à droite, un torrent et des rochers. / Signé à gauche, en bas : J. Pillement, 1784. / Le repos dans la montagne. / Un berger vêtu d'une cape rouge se tient debout devant deux femmes assises. / Signé à droite, en bas : J. Pillement, 1784. / Gouache et pastel. Chacun : Haut. 0m52 ; Larg. 0m67.
H. 00,054m ; L. 00,067m
HISTORIQUE :Don en 1945 de Mme Paul Mottard, née Bonehill. Avec le RF 29472, déposés au ministère de l'Éducation nationale par arrêté du 14 décembre 1951 pour décorer les appartements. Rentré au Louvre. Arrêté de fin de dépôt du 28 octobre 1994.
Dernière provenance : Mottard, Laure
Mode d'acquisition : legs
Année d'acquisition : 1945
COMMENTAIRE :Ce dessin est actuellement conservé à plat dans le meuble TGF 18. Ce pastel et son pendant (RF 29472) se situent assez tardivement dans son oeuvre, peu de temps après son voyage au Portugal (1780). Ils sont tout à fait caractéristiques du style des paysages décoratifs crées par l'artiste dont l'oeuvre fut abondamment gravé en France et en Angleterre. (G. Monnier, 'Pastels XVIIe et XVIIIe siècles, musée du Louvre, cabinet des Dessins', Inventaire des collections publiques françaises, 18, Paris, 1972, n°97 repr.)
Neil Jeffares donne ce pastel à Jean-Baptiste Pillement, sujet Le Repos dans la montagne (Dictionary of pastellists before 1800, Londres, 2006, p. 420).
Principal biographe de l'artiste, Pillement avait trouvé les mots justes. Il écrivait en 1943 au sujet des paysages de Jean Pillement (Visages du monde, no 81, 1943, p. 12-15) : « Pillement a su tirer de ce genre toutes les variations qu'il pouvait donner. Il s'agissait de réunir sur la même toile le pittoresque de deux ou trois paysages : une rivière ou un torrent, des ruines sur un rocher, le toit de chaume d'une ferme, un pont rustique, des bergers avec leurs troupeaux, des pêcheurs avec leurs filets, des voyageurs en marche. Parfois, la rivière devient une cascade, la chaumière une vieille tour, les voyageurs des pèlerins, les bergers des cavaliers. Ce que peut lui fournir de ressources ce paysage animé est inconcevable, son inépuisable fantaisie fait chaque fois de nouvelles découvertes. Il a tant voyagé, tant vu de sites, que sa mémoire en reconstitue chaque jour de nouveaux. Il varie sa technique, il emploie non seulement l'aquarelle et la peinture à l'huile, mais aussi la gouache, le pastel, les crayons de couleurs, ce qui lui permet d'obtenir les nuances les plus délicates, les teintes les plus propices à la rêverie. Car la plupart de ces paysages sont des prétextes à la rêverie, des invitations à une méditation poétique. Nous laissons au siècle qui précède son amour de la réalité et du matérialisme, les synthèses de Jean Pillement qui lui semblaient si peu esclaves du réel nous enchantent au contraire par leur atmosphère de poésie, de mélancolique douceur qui n'exclut d'ailleurs pas la sincérité, le sentiment de la nature. Il varie à l'infini aussi bien le choix de ses sujets que les effets de lumière. Il étudie l'éclairage de ses paysages avec un soin minutieux, de l'aube au couchant. Les effets qu'il obtient du pastel et de la gouache sont d'une virtuosité de touche étonnante, il est, sans conteste, dans le paysage,le plus grand pastelliste du XVIIIe siècle. » Les deux pastels conservés au Louvre ne démentent pas la justesse de l'analyse. Peints en pendants en 1784, ils appartiennent à ces trente dernières années au cours desquelles l'artiste se fixa à Lyon, après avoir sillonné l'Europe, et se fit une spécialité de ces paysages d'invention où le pittoresque le disputait à la fantaisie tout en s'inscrivant dans la lignée des pastorales nordiques de Jan Both et Nicolaes Berchem, mais traités avec la palette vénitienne d'un Francesco Zuccarelli ou d'un Giuseppe Zaïs. À Madrid (1745), Lisbonne, Londres (1750), Rome, Milan, Vienne (1763-1764), Varsovie (1765-1767), Paris, Avignon, puis encore à Londres et dans la péninsule. Ibérique, le maître avait su plaire par ses talents d'ornemaniste et par sa capacité à réinventer le paysage avec poésie et fantaisie. Ses nombreux sujets de pâtres et de troupeaux accordaient tour à tour de l'importance soit aux animaux qui occupaient le premier plan de ses compositions, soit au cadre champêtre ou montagneux animé de petits personnages. En 1783, la margravine Karoline Luise de Bade faisait ainsi l'acquisition de deux pastels appartenant à la seconde catégorie, paysages peints en 1782 où les bergers prenaient place au bord de l'eau (Karlsruhe, Staatliche Kunsthalle, Inv. Nr. 699 et 700). De deux ans postérieures, les œuvres du Louvre donnent une vision grandiose de la nature, les bergers cheminant ou prenant repos sur d'étroits chemins inscrits entre les rocs et les eaux tumultueuses ou paisibles. Pillement apprécia tout particulièrement cette manière de recomposer la nature. Dans la vente du citoyen ***, organisée à Paris du 13 au 17 juillet 1795, apparaissent ainsi sous le lot 55 « deux paysages de sites montagneux, enrichis de cascades, sur le devant du premier une femme et une enfant paroissent indiquer la route à un jeune garçon, monté sur un âne ; le second offre une jeune fille qui garde des chèvres et des moutons ». S'ils n'étaient datés de 1779 et présentaient des dimensions un peu inférieures (0,527 × 0,648 m), on pourrait presque y reconnaître les pastels du Louvre. Cela n'a en soi rien d'étonnant, car Pillement déclina souvent les mêmes compositions en y apportant constamment des variantes. Il suffit pour s'en convaincre de considérer deux compositions traitées à la gouache appartenant à la collection de Jeffrey E. Horvitz à Wilmington. Non datées et légèrement plus larges (0,528 × 0,767 m pour l'une, 0,530 × 0,770 m pour l'autre), elles présentent des paysages très similaires à ceux du Louvre, un rocher calant la composition à droite ou à gauche, un sentier cheminant à sa base, une rivière ménageant des effets de cascade ou de plan d'eau dans lequel le ciel se reflète comme dans un miroir, des perspectives ouvrant sur les montagnes, quelques bergers et bergères conduisant leurs bêtes. La manière précautionneuse de poser la matière et les couleurs en petits aplats superposés ou juxtaposés ou en accents graphiques qui soulignent les anfractuosités et les ombres de la roche, la feuillée, le détail des habits paysans ou bien encore les reflets rosés d'une fin de journée sont également communs à chacune des quatre compositions. C'est là tout le génie de Jean Pillement (Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 120, p. 250-252).
neiljeffares.wordpress.com/2018/07/12/the-louvre-pastels-catalogue-errata-and-observations, n° 120/121.
INDEX :Lieux : France+, Portugal+, Angleterre+
Sujets : paysage - berger - femme - montagne
Techniques : gouache - pastel
REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :vol. 26, p. 41