© GrandPalaisRmn (Musée du Louvre) / Michel Urtado
Ecole française
Portrait de Charles de France, duc de Berry (1686-1714).INVENTAIRES ET CATALOGUES :Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 33292, Recto
Anciens numéros d'inventaire :
NIII30884
LOCALISATION :Réserve des pastels
ATTRIBUTION ACTUELLE :VIVIEN Joseph
TECHNIQUES : Pastel sur quatre feuilles de papier bleu assemblées à joints couvrants et marouflées sur une toile couverte d'une préparation brune et tendue sur un châssis à écharpes et traverse centrale horizontale. Au dos du carton de protection de la toile de marouflage, numéro à la plume et encre brune : 1, 048, annotation à la craie bleue : P. Pastel Versailles
et annotation au crayon : 1913, Tauzia. Au dos de la toile de marouflage, numéros à la craie blanche : no 6, a (?) 81 et 1048 -, numéro au pochoir : 24 et annotation à la pierre noire :
pr M r Elshoëcht / b. Les mesures du cadre sont : H : 01,30 ; L : 01,10 et profondeur : 00,105.
H. 01,050m ; L. 00,810m
COMMENTAIRE :Ce pastel est à mettre en relation avec d'autres œuvres conservés également au Louvre, INV 33293, INV 33288 et MI 895.
Neil Jeffares confirme l'attribution à Joseph Vivien et l'identification du modèle, Charles, duc de Berry (1686-1714), (Dictionary of pastellists before 1800, Londres, 2006, p. 556).
Œuvres en rapport : Chacun des trois portraits a donné lieu à une réplique destinée à Maximilien Emmanuel de Bavière, dont la sœur, Maria Anna Christine Victoria, avait épousé le Grand Dauphin, Louis de France (1661-1711).
Citées à la Résidence de Munich en 1729 (Magazin d'en bas sous la salle de l'Empereur), puis au château de Schleißheim à partir de 1748, elles appartiennent toujours aux Bayerische Staatsgemäldesammlungen à Munich. Le château de Versailles possède des copies à l'huile de chacun des pastels: les portraits du duc de Bourgogne et du duc de Berry sont probablement du XVIIIe siècle (MV 3619 et MV 2104). Celui figurant le duc d'Anjou (MV 3630) a été peint en 1840 par Louis Édouard Rioult.
Longtemps après sa disparition, Joseph Vivien jouissait encore d'une grande renommée. Fils d'un négociant teinturier lyonnais qui avait été recteur de la Charité, il s'était formé dans le cercle de Charles Le Brun auprès de François Bonnemer (1638-1689). Rapidement, on constata qu'il maîtrisait le génie du portrait, dont il se fit une spécialité. En 1752, dans la biographie qu'il lui avait dédiée (p. 285), Antoine Joseph Dezallier d'Argenville soulignait que, pour faire un beau portrait, il le peignait de face entière, quoique cela fût plus difficile à exécuter. Vivien essaya pour se distinguer de dessiner au pastel. La légèreté de sa main lui acquit une grande facilité dans cette technique et il fut le premier à l'utiliser pour des portraits en pied grands comme nature dont la fraîcheur et la vérité étonnèrent. Le biographe ajoutait aussi que ce prodige nouveau fut extrêmement goûté : « On ne croyait qu'à peine ce que les yeux confirmaient, le coloris vigoureux de ces beaux morceaux faisait douter s'ils étaient peints à l'huile ou au pastel. » Le pastel avait assurément l'avantage sur l'huile d'être plus frais, plus brillant, plus vrai et plus approchant de la chair. On y trouvait un moelleux, des fraîcheurs, des passages du sang qui n'étaient point dans l'huile. Une telle maîtrise de cette technique permit à Vivien d'être sollicité dès 1696 par les Bâtiments du roi. Les premiers paiements faits l'année suivante ne précisent malheureusement pas la nature du travail effectué. Après avoir été agréé en 1698 à l'Académie royale de peinture et de sculpture, Vivien fut invité en 1699 ou 1700 à peindre les portraits du Grand Dauphin et de sa famille. Particulièrement prestigieuse, cette commande resta longtemps marquée dans les esprits. En décembre 1734, après la disparition du maître, le Mercure de France (p. 2901) la mentionnait encore dans sa nécrologie en précisant que Vivien avait peint des portraits grands comme nature, dessinés et colorés d'un goût admirable, avec « entre autres la Famille de Monseig. Louis Dauphin, Père, et des trois Princes ses Fils, le Duc de Bourgogne, le Duc d'Anjou, à présent Roy d'Espagne, et le Duc de Berry » dont les tableaux étaient conservés dans le Cabinet du roi. En 1752, Dezallier d'Argenville les mentionnait toujours, précisant que ces grands tableaux qui reproduisaient les princes en pied [sic] avaient le plus distingué le maître. Il est vrai que par leur technique jamais auparavant utilisée à une telle échelle, par le fini dans leur traitement et par le rendu réaliste des matières obtenu simplement en estompant délicatement la poudre, les portraits n'avaient plus rien à envier à la peinture à l'huile et ne pouvaient que susciter la curiosité et l'admiration.
Peut-être peints pour leur père le Grand Dauphin ou pour leur mère Maria Anna Christine Victoria de Bavière, les portraits des trois princes ne restèrent pas longtemps présentés dans les appartements, s'ils le furent jamais, puisque dès 1709 ils étaient conservés au Cabinet de la direction des Bâtiments du roi à Versailles. Ils avaient cependant donné complète satisfaction. Vivien était en effet invité en 1700 et 1701 à fixer les traits du Grand Dauphin, portrait pour lequel il recevait 500 livres le 12 décembre 1701 (cité par Börsch-Supan, 1963, p. 135). Il livrait également en 1700 des répliques de plus petites dimensions des trois portraits des ducs de Bourgogne, d'Anjou et de Berry et de celui de leur père. Destinées à Maximilien Emmanuel, prince électeur de Bavière, beau-frère et oncle des modèles, ces œuvres également peintes au pastel appartiennent toujours aux collections bavaroises après avoir été conservées au XVIIIe siècle en premier lieu à la Résidence de Munich puis au château de Schleissheim. Toutes signées et datées, elles présentent
aussi l'intérêt d'être encore encadrées des bordures en bois doré et sculpté qui avaient été faites par Jacques Vivien, le frère de Joseph, et qui permettent de connaître l'aspect des cadres qui avaient été livrés pour les exemplaires versaillais de ces portraits. Avec l'estampe de Cornelis Vermeulen, la version bavaroise du portrait du duc d'Anjou ayant conservé le nom exact de son modèle permet de confirmer que les identités du duc de Bourgogne et du duc d'Anjou avaient bien été interverties au XIXe siècle sur les exemplaires conservés au Louvre (Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 17, p. 59-63).
neiljeffares.wordpress.com/2018/07/12/the-louvre-pastels-catalogue-errata-and-observations, n° 18.
INDEX :Lieux : Paris, Musée du Louvre, oeuvre en rapport, Munich, Bayerische Staatgemäldesammlungen, oeuvre en rapport
Personnes : Berry, Charles de, duc de France
Sujets : portrait
Techniques : pastel
REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :vol. 13, p. 403