© GrandPalaisRmn (Musée du Louvre) / Michel Urtado
Ecole française
Vue d'Orléans du sudVers 1650
INVENTAIRES ET CATALOGUES :Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 33077, Recto
Anciens numéros d'inventaire :
NIII15651
MA12514LOCALISATION :Nouvelle réserve des pièces encadrées
Album Silvestre Israël
Folio 65
rapporté au recto
ATTRIBUTION ACTUELLE :SILVESTRE Israël
Oeuvre originale BELLA Stefano della
TECHNIQUES :Graphite, plume et encre brune, lavis gris H. 27,5 ; L. 119,2 cm
Annoté au graphite de la main de l'artiste : S. te Croix, S.t Aignan et S.t Euuertre.
H. 00,275m ; L. 01,192m
INVENTAIRE DU MUSEE NAPOLEON :Inventaire du Musée Napoléon. Dessins. Vol.8, p.1573, chap. : Ecole française, Volume 3. (...) Numéro : 12514. Désignation des sujets : Volume 3 [n° 34] [[à l'encre]]. Ce volume est de forme oblongue et relié en veau. Cote : 1DD40
COMMENTAIRE :"Si l'attribution du profil de ville dessiné au graphite fin qui occupe la plus grande part de cette vue panoramique ne va pas de soi, l'artiste responsable du premier plan, exécuté à la plume et au lavis, est plus facile à identifier : que ce soit dans les figures ou dans les arbres, on y reconnaît en effet le style du Florentin Stefano della Bella (1). Lors de son séjour parisien de 1639 à 1650, celui-ci noua des liens étroits avec le milieu des graveurs et des éditeurs d'estampes français, parmi lesquels Israël Henriet, oncle de Silvestre, Pierre Ier Mariette, François Collignon et Silvestre lui- même. Ainsi, pour une série de vues de villes sur la Loire par Collignon d'après des dessins de Louis de Lincler, l'Italien fournit un frontispice gravé à l'eau-forte (2). On pourrait être tenté de penser que la vue d'Orléans présentée ici servit de modèle à l'une des planches de la série, mais les dimensions des gravures (environ 20 × 80 cm) diffèrent trop de celles du dessin pour que cette hypothèse puisse être retenue. Le dessin n'est pas de la main d'amateur de Lincler, dont quelques dessins aquarellés sur parchemin nous sont parvenus (3). La manière de la vue d'Orléans et sa technique - le graphite qui n'est pas repris à la plume, à la différence de la plupart des dessins de ce cata- logue - ne sont pas vraiment typiques de Silvestre, mais l'exactitude avec laquelle la ville est rendue, du pont des Tourelles à la tour de la Brébis, est proche en revanche de son style. L'attribution à Silvestre se fonde sur une estampe signée du nom de l'artiste, gravée par Nicolas Pérelle et publiée par Mariette, qui reproduit le dessin du Louvre dans le moindre détail (4). Les dates du séjour en France de Della Bella et l'année de naissance de Pérelle - 1631 - plaident pour une publication autour de 1650. La gravure est proche d'une vue aux proportions similaires représentant Dijon, dont un dessin préparatoire, principalement à la pierre noire, est conservé au musée des Beaux-Arts de la ville (5). La technique, le style, et même l'écriture des inscriptions, qui correspond à celle des noms d'églises sur la feuille du Louvre (la cathédrale de la Sainte-Croix, et les églises Saint-Aignan et Saint-Euverte), confortent l'attribution de cette dernière à Silvestre. On ignore pour quelle raison Silvestre se fit assister par Della Bella, mais la collaboration entre les deux paysagistes donne un dessin qui allie précision et exubérance. Il est possible que cette collaboration s'étende à plusieurs autres vues de villes françaises de même format, la plupart dessinées ou gravées par Silvestre, y compris celle de Dijon (6). Même si Della Bella n'est pas intervenu dans le dessin en rapport avec cette dernière vue, on peut reconnaître son style enlevé dans l'avant-plan de la version gravée, signe qu'il a pu y avoir un dessin intermédiaire du type de la vue d'Orléans du Louvre entre le dessin dijonnais, peut-être exécuté d'après nature, et la planche finale."
Notes : 1. Comparer, par exemple, avec sa vue de Florence conservée au Louvre, Inv. 431 (Viatte, 1974, no 279, repr. ; Klemm, dans cat. exp. Hambourg, 2013-2014, no 79, repr.). 2. IFF XVII, III (1954), nos 22, 23, 25 à 28, p. 108-110. Pour le frontispice, voir De Vesme, éd. 1971, I, no 949, II, repr. p. 206 ; Alsteens et Buijs, 2008, p. 21. 3. Ibid., p. 20-21.
4. Faucheux, 270-1 ; IFF XVII, III (1954), no 24, p. 109 (comme faisant partie de la série d'après Lincler) 5. Dijon, musée des Beaux-Arts, inv. 1990-2-D (Starcky, 1996, repr.). Pour la gravure, voir Faucheux, 209-1. 6. Faucheux, 170-1 (Avignon), 190-1 (La Charité), 217-1 (Fréjus), 222-1 (Grenoble), 232-14 (Nancy), 234-1 (Lyon), 244-1 (Marseille), 263-1 (Nevers).
Bibl. : Inédit. Exp. : Jamais exposé.
(Stijn Alsteens in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), cat. sous la dir. de Bénédicte Gady & Juliette Trey, n°35).
DESCRIPTION DE L'ALBUM :« Soixante-seize feuilles proviennent de l'« album Silvestre » (Inv. 33011 à 33086)(80) .../... il s'agit d'un album factice, manifestement constitué au XVIIIe siècle, en réutilisant une reliure en veau, pleine peau lisse, dont les fers laissent penser qu'elle est d'origine nordique (83). L'examen du dos révèle que la reliure a été prise à l'envers par rapport à l'orientation des dessins dans l'album : les fleurons gravés au fer sont renversés, une étiquette de papier masque le caisson de tête et un cuir a été rapporté sur le septième, vraisemblablement pour cacher un ancien titre. Les pages de l'album portent un filigrane (aigle à deux têtes couronnées) et la contremarque de Thomas Marie Dupuy, famille de papetiers de Riom, moulin Grand-Rive à Ambert, actif de 1725 à 1778 (84).../...L'album est entré dans les collections royales à une date inconnue et se trouvait au Louvre pendant la Révolution (85). .../...la plupart des dessins du volume ont d'abord été collés sur une feuille ou sur des bandes de papier bleu, papier ensuite fixé sur la page d'album. L'examen révèle plusieurs étrangetés : les bandes bleues n'entourent que la partie collée des dessins pliés, dont la partie repliée présente des traces d'anciens collages ; certains dessins recto-verso sont attachés par une charnière au papier bleu alors qu'ailleurs c'est le papier bleu lui-même qui est mobile pour donner accès à un dessin collé sur son verso. ../...Depuis la Révolution, les dessins de l'album ont fait l'objet de traitements variés : cer- tains feuillets en ont été détachés, puis réintégrés ou non), d'autres ôtés après découpe des pages d'album, puis réintégrés ou non. Dans certains cas, les bandes de papier bleu ont même été refaites. Tous souffraient d'un empoussièrement dû au caractère non compact de l'album. Le tiers des dessins, de dimensions supérieures à celles de l'ouvrage, avaient dû être pliés lors de sa confection, ce qui créait des zones de fragilité au niveau des pliures et des zones de frottement sur le motif.../... C'est probablement aussi lors de la constitution de l'album que des dessins qui n'en formaient qu'un autrefois ont été coupés et séparés .../... Enfin, le collage des feuilles dans l'album s'était parfois fait sans égard pour la présence de dessins sur leur verso, parfois à demi cachés , parfois entièrement."
Notes : 83. Nous remercions Valentine Dubard et Peter Fuhring pour leurs observations éclairantes sur l'album. Les dimensions de l'album sont H. 47,5 ; L. 64 ; ép. 8,5 cm. 84. Raymond Gaudriault & Thérèse Gaudriault, Filigranes et autres caractéristiques des papiers fabriqués en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, 1995, p. 79, signalé par Valentine Dubard. 85. Lorsque Morel d'Arleux dresse l'inventaire Napoléon, il mentionne le volume comme provenant de la collection ancienne (AMN 1 DD 40, vol. 8, p. 1573).
(Bénédicte Gady & Juliette Trey, in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), pp. 26-31).
INDEX :Lieux : Orléans
Personnes : Silvestre, Israël, gravure en rapport - Pérelle, Nicolas, gravure en rapport
Techniques : encre brune à la plume - lavis (gris) - graphite
REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :vol. 13, p. 364