Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 09/11/2024 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

SILVESTRE Israël


Ecole française

Vue de la grande grotte des jardins de Le Brun à Montmorency

Vers 1675/1679

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 33047, Recto

Anciens numéros d'inventaire :
NIII15621
MA12514

LOCALISATION :
Réserve des grands albums
Album Silvestre Israël
Folio 36
rapporté au recto

ATTRIBUTION ACTUELLE :
SILVESTRE Israël

TECHNIQUES :
Graphite, pierre noire, plume et encre brune Annoté à la plume et encre brune, en haut au milieu : 37, et en haut à droite : I
H. 00,290m ; L. 00,417m

INVENTAIRE DU MUSEE NAPOLEON :
Inventaire du Musée Napoléon. Dessins. Vol.8, p.1573, chap. : Ecole française, Volume 3. (...) Numéro : 12514. Désignation des sujets : Volume 3 [n° 34] [[à l'encre]]. Ce volume est de forme oblongue et relié en veau. Cote : 1DD40

COMMENTAIRE :
"L'album du Louvre regroupe huit dessins représentant la maison et les jardins que Charles Le Brun s'était fait bâtir et aménager à Montmorency. Cette demeure de plaisance était assez exceptionnelle si l'on songe qu'elle appartenait à un peintre. Israël Silvestre, qui était l'un de ses amis, se plut à représenter les quatre façades, toutes singulières, ainsi que les jardins qui s'ouvraient devant trois d'entre elles. À l'est, dans le prolongement du canal, se succédaient, dans une perspective ascendante (cat. 60 et 61), des bassins, des fontaines, des grottes, une grande cascade et de petits édifices aménagés sur des terrasses offrant aux visiteurs le plaisir de surprises renouvelées. Brigitte Belin a été la première à rapprocher les dessins des jardins de la maison de Le Brun à Montmorency, aujourd'hui entièrement disparue (1). La demeure était aisé- ment identifiable, car trois estampes furent tirées de ses dessins : la vue du côté du grand canal (cat. 53), celle de la façade ouest (cat. 55) et celle du parterre sud (cat. 56). Cette dernière, restée inachevée à la mort de Silvestre, fut terminée par Simonneau et n'est connue que par un état très rare avant la lettre (2). En effet, lors de son décès, Silvestre ne possédait que deux planches représentant Montmorency (3). Gravées dans le même sens, les estampes restent très fidèles, à l'exception des figures animant le paysage. Seuls quelques ajouts et modifications sont à noter sur la vue de la demeure du côté du grand canal : des bustes ornent désormais la façade tandis que les arbres à droite sont plus élevés et qu'une rangée d'arbustes borde les allées sur les côtés de la maison et le long du canal. Ces transformations pourraient signifier que l'estampe a été exécutée quelques mois ou quelques années après le dessin ; toutefois, les inventaires de la demeure de Le Brun ne mentionnent que deux bustes sur la façade (4). Il pourrait donc s'agir d'ornements ajoutés par Silvestre ou d'un état de projet pensé par Le Brun et traduit dans l'estampe. Le dessin avait déjà été retouché, puisque l'on discerne, à peine esquissés à la sanguine et au crayon, le contour agrandi des feuillages à droite, des bustes sur la façade et de petits arbres devant la maison et le long de l'allée à droite. Les trois dessins qui furent gravés sont les plus aboutis. Silvestre eut recours pour cette suite à des techniques variées. Il semble avoir exécuté sur le motif les vues de la cascade, de la grotte et de la grande perspective, dont il change le point de vue sur une seconde feuille. Ces esquisses, croquées avec vivacité au crayon ou à la plume, diffèrent des représentations de la demeure relevées avec précision et retouchées pour la gravure. Le dessin de la façade sud (cat. 57) semble montrer que la maison était inachevée au moment où Silvestre la représenta, car il paraît hésiter entre un fronton triangulaire et un autre cintré pour couronner le corps de logis. En dessous, il esquisse des fenêtres rectangulaires au premier étage, alors que la visite de la maison en 1692 signale qu'elles étaient cintrées. De plus, les grands parterres de buis en compartiments dans le jardin ouest n'apparaissent pas devant la façade (cat. 55). Cela peut être un indice permettant de dater plus précisément cet ensemble de dessins. Le Brun acheta le principal terrain de son domaine à la fin de l'année 1673. Toutefois, il ne put l'unir qu'en 1675 à sa maison construite sur une parcelle située de l'autre côté du chemin conduisant à Paris. Or, sur la vue de la façade est (53) le chemin qui passait devant la demeure semble déjà avoir été englobé dans la propriété. Il est difficile d'établir une chronologie précise des travaux effectués par Le Brun à Montmorency (5). Toutefois, on peut supposer que lorsque Le Brun reçut une partie de la cour, en mai 1679, tous les travaux importants de sa demeure étaient achevés. Silvestre se rendit ainsi chez son ami, probablement à plusieurs reprises alors que les travaux arrivaient à leur terme, s'installant en divers endroits pour dessiner cette étonnante maison de peintre. Un autre dessin, conservé à l'École des beaux-arts à Paris (cat. 54), se rattache à cet ensemble de vues de Montmorency. Toutefois, il nous semble d'une exécution trop faible pour pouvoir être attribué à Silvestre. Il s'agit d'une représentation de la maison du côté du grand canal qui reprend avec beaucoup d'application le dessin de Silvestre (cat. 53). La manière un peu sèche et sans nuances (notamment dans le reflet de l'eau) évoque plutôt la main d'un élève, tandis que les quelques mots inscrits en haut montrent qu'il s'agissait d'un cadeau « pour mr. Le Brun ». Il serait tentant d'y voir le dessein de la main de monseigneur le Dauphin représentant la maison de Montmorency » décrit dans l'inventaire après décès de Le Brun (6). Israël Silvestre était depuis 1673 le maître à dessiner du Dauphin. Il donna probablement son dessin en modèle à son jeune élève, l'emmenant peut-être chez le Premier peintre du roi pour s'exercer. Quatre dessins du Dauphin conservés à la Bibliothèque nationale de France (7) semblent assez proches dans l'exécution, mais la manière appliquée de l'élève copiant son maître est difficile à saisir. Les enfants de Silvestre, dont quatre eurent pour parrain et marraine Le Brun et sa femme, étaient alors trop jeunes pour exécuter ce dessin. Le Dauphin pourrait donc bien être l'auteur de ce présent, grâce à l'entre- mise de Silvestre. On peut imaginer la fierté du peintre de posséder une représentation de sa maison par le fils aîné du souverain. Grâce à son ami, son domaine de Montmorency, aménagé à grands frais, put passer à la postérité en voisinant avec les demeures royales et princières. Ainsi, aux portraits de Silvestre et de sa femme que Le Brun leur offrit (8), semblent répondre ces vues de Montmorency. Silvestre les conserva afin de les diffuser par la gravure, transmettant l'image de ce beau domaine et avec elle la renommée de son propriétaire. Dans une chambre d'apparat de sa maison, Le Brun avait accroché des estampes de Silvestre. Les deux hommes, morts à une année d'intervalle, conservaient chacun chez soi des œuvres de leur ami dans des recueils et des portefeuilles. Leurs liens étaient étroits, puisque Silvestre s'adressa à Le Brun afin qu'il exécute le portrait mortuaire de sa femme pour son tombeau (voir fig. 7). Il y a plus dans ces dessins de Montmorency que des vues d'une maison et de ses jardins ; transparaissent le plaisir d'un séjour familier ainsi que l'affection et l'admiration mutuelle de deux grands maîtres." Notes : 1. Belin, 1968. ; 2. BnF, Estampes, Va 95 fol., t. 7. 3. AN, 383AP 1, p. 227. ; 4. Inventaire après décès de Le Brun en 1690, AN, MC, LXV, 126 (Rés. 193), p. 178 ; visite de la maison du 9 septembre 1692, AN, Z1J 415, fol. 35 vo. ; 5. Voir notamment Rey, 1908, p. 146-151 ; Rival, 1993 ; Krause, 1996, p. 203-217. ; 6. Inventaire après décès de Le Brun, op. cit. note 4, p. 254. ; 7. BnF, Estampes, Réserve AD 12. ; 8. Reims, musée des Beaux-Arts, 980. 5. Bibl. [voir document associé] : Bibl. : Belin, 1968, no 72 ; Scart, 1993, repr. p. 121 ; Krause, 1996, p. 203-217, fig. 199 ; Beauvais, 2000, II, no 235, p. 676-677 ; Brugerolles, dans cat. exp. Paris, Genève et New York, 2001-2002, no 91 ; Lafage, dans cat. exp. Lens, 2016, nos 13 à 15. Exp. : Jamais exposé. (Gaëlle Lafage in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), cat. sous la dir. de Bénédicte Gady & Juliette Trey, n°53-61, n°59).

DESCRIPTION DE L'ALBUM :
« Soixante-seize feuilles proviennent de l'« album Silvestre » (Inv. 33011 à 33086)(80) .../... il s'agit d'un album factice, manifestement constitué au XVIIIe siècle, en réutilisant une reliure en veau, pleine peau lisse, dont les fers laissent penser qu'elle est d'origine nordique (83). L'examen du dos révèle que la reliure a été prise à l'envers par rapport à l'orientation des dessins dans l'album : les fleurons gravés au fer sont renversés, une étiquette de papier masque le caisson de tête et un cuir a été rapporté sur le septième, vraisemblablement pour cacher un ancien titre. Les pages de l'album portent un filigrane (aigle à deux têtes couronnées) et la contremarque de Thomas Marie Dupuy, famille de papetiers de Riom, moulin Grand-Rive à Ambert, actif de 1725 à 1778 (84).../...L'album est entré dans les collections royales à une date inconnue et se trouvait au Louvre pendant la Révolution (85). .../...la plupart des dessins du volume ont d'abord été collés sur une feuille ou sur des bandes de papier bleu, papier ensuite fixé sur la page d'album. L'examen révèle plusieurs étrangetés : les bandes bleues n'entourent que la partie collée des dessins pliés, dont la partie repliée présente des traces d'anciens collages ; certains dessins recto-verso sont attachés par une charnière au papier bleu alors qu'ailleurs c'est le papier bleu lui-même qui est mobile pour donner accès à un dessin collé sur son verso. ../...Depuis la Révolution, les dessins de l'album ont fait l'objet de traitements variés : cer- tains feuillets en ont été détachés, puis réintégrés ou non), d'autres ôtés après découpe des pages d'album, puis réintégrés ou non. Dans certains cas, les bandes de papier bleu ont même été refaites. Tous souffraient d'un empoussièrement dû au caractère non compact de l'album. Le tiers des dessins, de dimensions supérieures à celles de l'ouvrage, avaient dû être pliés lors de sa confection, ce qui créait des zones de fragilité au niveau des pliures et des zones de frottement sur le motif.../... C'est probablement aussi lors de la constitution de l'album que des dessins qui n'en formaient qu'un autrefois ont été coupés et séparés .../... Enfin, le collage des feuilles dans l'album s'était parfois fait sans égard pour la présence de dessins sur leur verso, parfois à demi cachés , parfois entièrement." Notes : 83. Nous remercions Valentine Dubard et Peter Fuhring pour leurs observations éclairantes sur l'album. Les dimensions de l'album sont H. 47,5 ; L. 64 ; ép. 8,5 cm. 84. Raymond Gaudriault & Thérèse Gaudriault, Filigranes et autres caractéristiques des papiers fabriqués en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, 1995, p. 79, signalé par Valentine Dubard. 85. Lorsque Morel d'Arleux dresse l'inventaire Napoléon, il mentionne le volume comme provenant de la collection ancienne (AMN 1 DD 40, vol. 8, p. 1573). (Bénédicte Gady & Juliette Trey, in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), pp. 26-31).

INDEX :
Lieux : Montmorency, Maison de Charles Le Brun
Personnes : Le Brun, Charles+
Techniques : encre brune à la plume - mine de plomb

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 13, p. 360