Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 24/09/2024 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

SILVESTRE Israël


Ecole française

Vue du Collège des Quatre-Nations

1670

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 33011, Recto

Anciens numéros d'inventaire :
NIII15585
MA12514

LOCALISATION :
Réserve des grands albums
Album Silvestre Israël
Folio 3
rapporté au recto

ATTRIBUTION ACTUELLE :
SILVESTRE Israël

TECHNIQUES :
Plume et encre brune, noire et grise, lavis gris et brun-vert H. 33,8 ; L. 49,6 cm
H. 00,338m ; L. 00,496m

INVENTAIRE DU MUSEE NAPOLEON :
Inventaire du Musée Napoléon. Dessins. Vol.8, p.1573, chap. : Ecole française, Volume 3. (...) Numéro : 12514. Désignation des sujets : Volume 3 [n° 34] [[à l'encre]]. Ce volume est de forme oblongue et relié en veau. Cote : 1DD40

COMMENTAIRE :
"Préparatoire à la gravure de 1670 (1), ce dessin, qui compte parmi les plus aboutis et les plus vivants de l'artiste, représente le collège des Quatre-Nations, alors à peine achevé, dans son environnement urbain. Fondé en 1661 en vertu du testament du cardinal Mazarin, qui avait laissé à cet effet une somme de deux millions de livres, cet établissement était destiné à l'éducation de soixante gentilshommes issus des quatre nations ou provinces rattachées à la France sous le ministériat du cardinal. Conçu par le Premier architecte du roi Louis Le Vau, l'édifice fut construit entre 1662 et 1669, et le chantier poursuivi après la mort de Le Vau par son fidèle second, François d'Orbay. L'architecte avait proposé d'établir le collège sur la rive gauche de la Seine, à l'emplacement de la tour de Nesle, sur un terrain accidenté dont les défauts étaient compensés par son vis-à-vis avec le palais du Louvre, où l'architecte œuvrait au même moment. Les deux édifices entretiennent en effet un rapport dialectique et formel, comme le montre bien Silvestre - qui s'est placé sur la rive droite -, dans cette vue à la fois frontale et légèrement en perspective : on sent que le collège forme un point de vue depuis le Louvre, dont il reprend la composition ternaire. Les deux pavillons latéraux et la chapelle centrale sont soulignés par les trois ressauts du puissant mur du quai qui semble en constituer le soubassement. Surtout, Silvestre restitue finement le bel ovale de la place, qu'épousent les bras de l'édifice, solution qui lui donne une dynamique encore bien sensible aujourd'hui. Seuls les pots-à-feu en acrotère sur les deux ailes et les statues qui entourent le tambour du dôme ne sont pas conformes à ce qui devait être exécuté peu après. Par sa mise en page, son fini très soigné et son format, le dessin de Silvestre est l'un des plus efficaces « portraits » de monument du Grand Siècle : le contraste entre la majesté de l'architecture et le premier plan, où la Seine est parcourue de nombreux bateaux, lui donne une force et une vérité particulièrement frappantes - il suffit de le comparer à la même vue par Adam Pérelle pour s'en convaincre. En bon védutiste, Silvestre n'a pas manqué de compléter son dessin en y faisant figurer les maisons voisines, qui donnent son échelle à l'édifice : à gauche, on reconnaît trois maisons, qui existent toujours quai Conti, et, au bord de la feuille, la moitié du portail de l'hôtel de Conti, œuvre fameuse de François Mansart ; à gauche, on distingue deux des petits hôtels du quai Malaquais, issus du lotissement de l'hôtel de la reine Margot au début du règne de Louis XIII. Enfin, les trois clochers de Saint-Germain- des-Prés, qui dépassent à droite de la chapelle, situent l'édifice dans le paysage de la rive gauche. Le dessin de Silvestre n'est pas daté, mais il est nécessairement proche de la gravure : il montre en effet le parti définitif du dôme, dont la mise au point date de 1668, et non de 1665 comme on l'a longtemps cru (2). Le collège Mazarin devait ouvrir ses portes en 1688 seulement, et le tombeau du cardinal être installé dans la chapelle dix ans plus tard. Bien conservé, à la différence du splendide quai de Le Vau, l'édifice abrite depuis 1806 l'Institut de France. Notes : 1. Faucheux, 90-10. 2. Cat. exp. Paris, 2017-2018, p. 332-335. Bibl. : Ballon, 1999, p. 43. Exp. : Paris, 1927, hors cat. ; Versailles, 1937, hors cat. ; Paris, 1972, no 41 (notice par Gérard Monnier) ; Paris, 1983, no 360 (notice par Brigitte Scart et Nicole Felkay). (Alexandre Gady in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), cat. sous la dir. de Bénédicte Gady & Juliette Trey, n°25).

DESCRIPTION DE L'ALBUM :
« Soixante-seize feuilles proviennent de l'« album Silvestre » (Inv. 33011 à 33086)(80) .../... il s'agit d'un album factice, manifestement constitué au XVIIIe siècle, en réutilisant une reliure en veau, pleine peau lisse, dont les fers laissent penser qu'elle est d'origine nordique (83). L'examen du dos révèle que la reliure a été prise à l'envers par rapport à l'orientation des dessins dans l'album : les fleurons gravés au fer sont renversés, une étiquette de papier masque le caisson de tête et un cuir a été rapporté sur le septième, vraisemblablement pour cacher un ancien titre. Les pages de l'album portent un filigrane (aigle à deux têtes couronnées) et la contremarque de Thomas Marie Dupuy, famille de papetiers de Riom, moulin Grand-Rive à Ambert, actif de 1725 à 1778 (84).../...L'album est entré dans les collections royales à une date inconnue et se trouvait au Louvre pendant la Révolution (85). .../...la plupart des dessins du volume ont d'abord été collés sur une feuille ou sur des bandes de papier bleu, papier ensuite fixé sur la page d'album. L'examen révèle plusieurs étrangetés : les bandes bleues n'entourent que la partie collée des dessins pliés, dont la partie repliée présente des traces d'anciens collages ; certains dessins recto-verso sont attachés par une charnière au papier bleu alors qu'ailleurs c'est le papier bleu lui-même qui est mobile pour donner accès à un dessin collé sur son verso. ../...Depuis la Révolution, les dessins de l'album ont fait l'objet de traitements variés : cer- tains feuillets en ont été détachés, puis réintégrés ou non), d'autres ôtés après découpe des pages d'album, puis réintégrés ou non. Dans certains cas, les bandes de papier bleu ont même été refaites. Tous souffraient d'un empoussièrement dû au caractère non compact de l'album. Le tiers des dessins, de dimensions supérieures à celles de l'ouvrage, avaient dû être pliés lors de sa confection, ce qui créait des zones de fragilité au niveau des pliures et des zones de frottement sur le motif.../... C'est probablement aussi lors de la constitution de l'album que des dessins qui n'en formaient qu'un autrefois ont été coupés et séparés .../... Enfin, le collage des feuilles dans l'album s'était parfois fait sans égard pour la présence de dessins sur leur verso, parfois à demi cachés , parfois entièrement." Notes : 83. Nous remercions Valentine Dubard et Peter Fuhring pour leurs observations éclairantes sur l'album. Les dimensions de l'album sont H. 47,5 ; L. 64 ; ép. 8,5 cm. 84. Raymond Gaudriault & Thérèse Gaudriault, Filigranes et autres caractéristiques des papiers fabriqués en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, 1995, p. 79, signalé par Valentine Dubard. 85. Lorsque Morel d'Arleux dresse l'inventaire Napoléon, il mentionne le volume comme provenant de la collection ancienne (AMN 1 DD 40, vol. 8, p. 1573). (Bénédicte Gady & Juliette Trey, in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), pp. 26-31).

INDEX :
Lieux : Paris, Collège des Quatre-Nations
Personnes : Silvestre, Israël, gravure en rapport - Mansart, François+ - Orbay, François d', architecte du roi+ - Le Vau, Louis, architecte du roi+
Techniques : encre brune à la plume - lavis (gris) - lavis (brun-vert)

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 13, p. 355