Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 11/10/2022 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

SILVESTRE Israël


Ecole française

Vue du Campo Vaccino à Rome

Vers 1638/1644

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 32999, Recto

Anciens numéros d'inventaire :
NIII10680
MA9847

LOCALISATION :
Petit format

ATTRIBUTION ACTUELLE :
SILVESTRE Israël

TECHNIQUES :
Plume et encre brune, lavis brun-roux H. 10 ; L. 18,1 cm. Auparavant monté avec le dessin Inv. 33004.
H. 00,100m ; L. 00,181m

HISTORIQUE :
Cabinet du Roi ; marques du Louvre (L. 1899 et L. 2207).
Mode d'acquisition : cabinet du roi

INVENTAIRE DU MUSEE NAPOLEON :
Inventaire du Musée Napoléon. Dessins. Vol.7, p.1231, chap. : Ecole française, carton 101. (...) Numéro : 9847. Nom du maître : Silvestre, Israel. Numéro d'ordre dans l'oeuvre du maître : 7. Désignation des sujets : Deux dessins à la plume et lavés, attachés sur papier. Ils représentent des vues du Campo Vaccino, à Rome. Dimensions : H. 10 x L. 18 cm [[chaque dessin]]. Origine : Collection ancienne. Emplacement actuel : Idem [[ Calcographie du Musée Napoléon ]]. Signe de recollement : [Vu] [[au crayon]] [Vu] [[au crayon]]. Cote : 1DD39

COMMENTAIRE :
Mentionné dans "Dessins français du XVIIè siècle, Collections du département des Estampes et de la Photographie", sous la direction de Brejon de Lavergnée, Bibliothèque nationale de France, 2014, p. 64. "Dans ces deux dessins [avec l'inv 33000] probablement issus d'un même carnet (mais le cat. 11, légèrement déchiré sur la frange droite, serait alors un verso), Silvestre s'attache à juxtaposer l'ancien et le moderne, comme le font les guides de l'époque, en utilisant un angle de vue assez original et à travers deux conceptions différentes de la veduta. Ces deux croquis représentent un endroit rarement figuré du Forum romain, avec les trois mêmes monuments. Les trois colonnes cannelées qui supportent un entablement sont les restes du temple consacré aux Dioscures, Castor et Pollux, édifié au Ve siècle avant J.-C. et reconstruit au début de notre ère. L'église Santa Maria Liberatrice, détruite en 1900, avait été édifiée au xviie siècle sur le site de Santa Maria Antiqua, qui s'élevait elle-même sur l'emplacement de l'ancienne bibliothèque du temple d'Auguste. On voit enfin la fontaine de Juturne, une ancienne source romaine agrémentée d'une vasque. Ce coin du Forum devait plaire à Silvestre, qui dessina ces monuments à plusieurs reprises. La planche no 5 du Recueil de vue de plusieurs édifices tant de Rome que des environs (1), intitulée Autre veue du Campo Vacine, représente l'église et la fontaine, avec une des colonnes du temple des Dioscures fermant la composition à droite selon une disposition topographique exacte, mais avec une vue orientée vers le Palatin. Une autre vue du Campo Vaccina du recueil Vues de Rome (2) reprend les mêmes édifices, mais cette fois dans l'ombre (avec d'ailleurs la fontaine beaucoup plus réduite) et avec un plus grand sens de l'espace - cette gravure constitue en quelque sorte le pendant de notre dessin. L'appellation « Campo Vaccino », ou « champ des vaches », était au XVIe siècle la désignation commune du Forum romain, où se tenait alors un marché aux bestiaux, lesquels s'abreuvaient à la fontaine antique. Dans le premier dessin (cat. 10), Silvestre utilise la lumière pour mettre en valeur l'architecture. L'ombre dessine en quelque sorte la structure de la façade de l'église, mettant les pilastres en relief et creusant les niches. Elle fait tourner les colonnes antiques cannelées et trace le profil de l'entablement du temple. Les édifices au second plan sont traités de façon beaucoup plus sommaire, par grandes masses, avec des traits obliques pour distinguer les toits des murs, dans un jeu de pénombre. Silvestre parvient à composer ensemble ces deux parties en insistant sur une grande oblique qui relie la fontaine, les restes du temple des Dioscures et l'alignement des maisons au second plan. Des feuillages répétant les masses verticales qui vont en s'amenuisant, quelques traits et un peu de lavis pour faire croire à des nuages filant dans le ciel suffisent à animer la composition. La seconde feuille (cat. 11), avec les trois monuments assez distants les uns des autres, montre une topographie moins exacte, néanmoins vraisemblable, et qui surtout donne un plus grand sens de l'espace dans une disposition scénique. Silvestre laisse les édifices du premier plan dans la pénombre et s'attache à rendre la masse de l'église plutôt que le dessin de son élévation. Les trois colonnes du temple des Dioscures sont l'écran qui sépare la zone d'ombre du vaste champ éclairé, avec la fontaine de Juturne presque au centre. Dans le fond, cet espace est clos par une suite d'édifices formant pour ainsi dire un arc de cercle avec une représentation de bâtisses assez rapide mais vraisemblablement précise. Cet espace est peuplé de figures réelles : des vaches, dont une se retourne vers le spectateur ; à gauche, deux personnages devisant au pied de l'église, et d'autres rassemblés autour de la fontaine. Dans le dessin précédent, au contraire, les figures du second plan sont de simples signes traités très sommairement, sans que l'on puisse distinguer les têtes. Silvestre a pu reprendre à Jacques Callot cette distinction entre deux conceptions du rendu du paysage : les deux premières planches des Caprices 3 montrent, la première une vue en oblique structurée par l'architecture, la seconde un espace scénique ouvert par l'arc du Ponte Vecchio, vu à contrejour. L'influence de Callot est importante dès les années de formation de Silvestre, qui possédait à sa mort quatre volumes de son œuvre ainsi qu'un grand volume de ses dessins (4). Ces vues de Rome, rapidement gravées (une série gravée, Alcune vedute di giardini e fontane di Roma (5), date de 1646, alors que Silvestre était âgé de vingt-six ans, et le style des gravures montre qu'elle n'est pas la première), firent certainement beaucoup pour la renommée de l'artiste, qui les diffusa à un moment où les guides se multipliaient et où Claude Lorrain peignait le Forum romain pour les Français de passage. Il est cependant difficile de les dater. L'artiste semble avoir effectué trois voyages à Rome (1638-1641, 1643-1644, 1653 6), mais il n'a daté aucun dessin et c'est dans les états des édifices représentés qu'il faut trouver des éléments de datation. Le style de Silvestre évoluait alors probablement rapidement, mais il est aussi possible qu'il ait fait des retours en arrière en retrouvant le genre de la veduta romaine." Notes : 1. Faucheux, 7-5. 2. Faucheux, 8-8. 3. Lieurre, 219 et 220. 4.Faucheux, p. 26, 27. 5. Faucheux, 6. Voir l'introduction de ce catalogue Bibl. [voir document associé] : Belin, 1968, no 10. Exp. : Paris, 1978-1979, no 104. (Olivier Bonfait in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), cat. sous la dir. de Bénédicte Gady & Juliette Trey, n°10-11).

INDEX :
Collections : Cabinet du Roi
Lieux : Rome, Campo Vaccino, Rome, Temple des Dioscures, Rome, Fontaine de Juturne, Rome, Santa Maria Liberatrice
Personnes : Castor+ - Pollux+ - Silvestre, Israël, gravure en rapport
Techniques : encre brune - lavis brun - plume

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 13, p. 353