Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 13/05/2024 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

FLANDRIN Paul


Ecole française

Portrait d'Hippolyte Flandrin

1835

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
RF 2795, Recto

LOCALISATION :
Petit format

ATTRIBUTION ACTUELLE :
FLANDRIN Paul

TECHNIQUES :
Crayon graphite 28,7 x 21,3 cm Restauré en 2006
H. 00,287m ; L. 00,213m

HISTORIQUE :
Reversement du musée du Luxembourg en 1930
Dernière provenance : Flandrin, Aline-Agathe
Mode d'acquisition : achat
Année d'acquisition : 1902


COMMENTAIRE :
Cette feuille est un témoignage de l'affection que les deux frères portaient à leur ami Ambroise Thomas, prix de Rome en composition musicale en 1832. En effet, pendant son séjour à Rome, A. Thomas s'est lié d'amitié avec Paul et Hippolyte Flandrin, ce qu'attestent les nombreux portaits de lui faits en 1834 par les deux frères. (A. Hokanson, 2011) « Réciprocité est un mot clé dans l'art des frères Flandrin et la quintessence de ce concept est représentée par le « Double portrait » du musée d'Art de Nantes (cat.16) et par le « Double portrait croisé » de Paul et Hippolyte conservé au département des Arts graphiques du Louvre (cat.11).../... Paul et Hippolyte s'étaient déjà représentés l'un l'autre, mais sur des feuilles distinctes. Paul fixe les traits d'Hippolyte dans trois portraits dessinés (cat.7, 9, 10), remontant à 1834-1835 - les intenses et heureuses années romaines - où son frère apparaît de profil. Hippolyte pour sa part répond par un dessin, de profil également (cat.8). Ces feuilles font partie d'un groupe homogène et bien identifié de portraits (cat.219 à 226) (31) où l'on voir que le caractère archaïsant du profil joue un rôle fondamental dans la définition d'une typologie précise de « Freundschaftsbildnis » - portrait d'amitié. En 1835, à l'apogée de cet échange artistique, les deux frères décident de se représenter mutuellement l'un à côté de l'autre, Hippolyte au premier plan, de profil, Paul en retrait, de face (cat.11). La figure d'Hippolyte, qui semble avoir été tracée au cours de la même séance de pose que le portrait du Louvre (cat.10), se dresse libre et naturelle dans l'espace avec une chaise pour seul élément de décor.../...En ce qui concerne la permanence de la source classique dans l'imaginaire des Flandrin à la base de leurs portraits mutuels (cat.10, 11), u rôle important revient à la frise du Parthénon (cat.52 à 55). ../.. Lorsque les artistes les découvrent [les marbres du Parthénon achetés par la Grande-Bretagne et expédiés à Londres], ils réagissent avec « le désir de tout recommencer » (48) : c'est l'avènement d'u « Greek revival » européen.../...Où qu'ils soient, les Flandrin les copient sans relâche. Le premier souhait exprimé par Hippolyte à son installation en Italie, est de « causer face à face avec Raphaël et Phidias » (49) ; du reste, pensionnaire à la Villa Médicis, il orne son atelier de plusieurs moulages de bas-reliefs grecs (50).../..Un fragment du décor sculpté du Parthénon dans les collections de moulages de la Villa Médicis (fig.3) devient ainsi une source d'inspiration pour le « Double portrait croisé » du Louvre (cat.11).../...L'apparition intermittente du portrait d'amitié dans l'art connaît, après l'Antiquité et la Renaissance, une nouvelle résurgence entre la fin du XVIIIe et les premières années du XIXe siècle (53).../...Pour l'essentiel, cette typologie prend corps dans les années 1810 et parvient à son objectivation complète dans la décennie suivante.../...La première attestation de portrait croisé au XIXe siècle, précédent le plus immédiat pour les Flandrin, est sans aucun doute le portrait d'Overbeck et Peter von Cornelius (fig.5) (61). L'œuvre de 1812, définit une nouvelle iconographie qui bouleverse la formule canonique du double portrait. Les chefs de file des Nazaréens se représentent mutuellement sur une même feuille, essayant d'harmoniser leur style pour créer un ensemble uniforme, en témoignage de leur communion spirituelle. En effet, les artistes sont membres d'une confrérie et s'appellent ' »Brüder » (frères) entre eux. Pour se figurer, ils choisissent le dessin, outil de l'intimité par excellence, et le format du buste sculpté. Le dessin d'Overbeck et Cornelius est dédié à leur ami Christian Schlosser. De façon similaire, dans le portrait croisé de Paul et Hippolyte apparaît en bas la dédicace « à leur ami Thomas / Rome 1835 » (cat.11). La circulation de ces feuilles est totalement privée, celles-ci devant illustrer le lien qui unit des êtres chers éloignés (62).../...Dans le panorama de l'art français du XIXe siècle, la toile de Nantes (cat.6) et la feuille du Louvre (cat.11) se distinguent par la « superbe formulation plastique » (81) de la collaboration artistique de deux des frères Flandrin. Le dessin du Louvre en particulier s'atteste comme le premier exemple du temps de cette typologie singulière, exclusive et secrète qu'est le portrait croisé. » (31.Dont il est question au début de la partie VI du présent ouvrage ; 48. Régis Michel, « Le Beau idéal ou l'art du concept », cat. exp. Paris, musée du Louvre, 1989, Paris, 1989, p.43 ; 49. Delaborde 1865, p.34 ; 50. Flandrin, 1902a, p.44 ; 53. Dans le silence du XVIIe siècle font exception Rembrandt, en particulier dans le genre du « portrait de mariage » (voir Smith 1982), et l'entourage de Philippe de Champaigne ; 61. « Fuseli to Menzel : drawings and watercolours in the age of Goethe from a german private collection », cat. exp. Cambridge/New York/Los Angeles, 1998, New York, 1998, pp.94-95, n°29 ; 62. Dans le principe de réciprocité décrit par Lévi-Strauss, le don joue un rôle essentiel en tant que « fait social total, doué d'une signification à la fois sociale et religieuse, magique et économique, utilitaire et sentimentale, juridique et morale » (Cl. Lévi-Strauss, « Les structures élémentaires de la parenté », Berlin et New York, 2002, p.6) ; 81. Jacques Foucart in « Maesta di Roma, da Napoleone all'unità d'Italia. D'Ingres a Degas, les artistes français à Rome », cat. exp. Rome, Villa Médicis, 2003, Milan, 2003, p.455) (E. Marchetti, 2021). Bibliographie : F. Thiollier, « Paul Flandrin peintre », Saint-Etienne, Impr. Thiollier, 1896, pl.1 A. Hokanson in 'David, Delacroix and Revolutionary France, drawings from the Louvre', cat. exp. New York, Morgan Library & Museum, 2011, n° 69) E. Marchetti, « Trois frères artistes » in « Hippolyte, Paul, Auguste. Les Flandrin artistes et frères », dir. Elena Marchetti & Stéphane Paccoud, cat. exp. Lyon, musée des Beaux-Arts, 27 mars - 27 juin 2021, Paris, 2021, pp.16-43, n°10, repr. p.30

INDEX :
Collections : Paris, Musée du Luxembourg
Personnes : Flandrin, Hippolyte
Techniques : graphite

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 20, p. 51