Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
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PERRONEAU Jean-Baptiste


Ecole française

Portrait de Mademoiselle Marie-Anne Huquier (vers 1735-1740-après 1775) tenant un petit chat

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
MI 1119, Recto

LOCALISATION :
Réserve des pastels

ATTRIBUTION ACTUELLE :
PERRONEAU Jean-Baptiste

TECHNIQUES :
Pastel sur parchemin tendu sur un châssis chanfreiné. Avant qu'il soit fixé sur ce châssis, une feuille intermédiaire de papier blanc avait été disposée au dos du parchemin. Signé et daté en haut à droite, à la mine de plomb : Perronneau pinx /Octobre / 1749. Mesures du cadre : H : 00,71; L : 00,605 et profondeur : 00,068. La restauration de cette œuvre a été rendue possible grâce au soutien des American Friends of the Louvre en 2014.
H. 00,473m ; L. 00,378m

HISTORIQUE :
Férel Cusson ; achat par le Louvre en 1870. En possession du père du modèle, Gabriel Huquier (1695-1772) à Paris. Exposé au Salon de 1750 sous le numéro 138 : « Mlle** tenant un petit chat ». En possession après la mort de Gabriel Huquier de sa veuve Marie-Anne, née Desvignes (vers 1697 - 1775), l'œuvre est citée dans son inventaire après décès, au deuxième étage de sa maison, rue de la Sorbonne à Paris : « [...] trois tableaux passetelle sous verre dans leurs bordures de bois doré [...] l'un feu M. Huquier père, le second Mlle Huquier d'Orléans,le troisième M. Desvignes Jacobin, frère de la défunte » (A.N., M.C., XCVIII, 26 juillet 1775, fo 4 vo, cité par Arnoult,2014, p. 214). Puis dans sa descendance. Paris, collection Eugène Féral- Cussac (1832-1900). Acquis 300 francs auprès de ce dernier par le musée du Louvre en avril 1870, comme « Portrait d'une jeune fille » (A.M.L.,DA6, 4 avril 1870, 1 BB 19). Restauré en 2015. Une fois décadré, le portrait présentait de nombreuses moisissures sur son recto et sur la feuille de papier protégeant le verso, une importante déchirure du parchemin dans l'angle inférieur gauche qui avait conduit à adapter le cadre afin de la dissimuler,des déformations, un renfort ancien en partie supérieure gauche,le parchemin ayant été cousu sur un morceau de toile fine, et plusieurs faiblesses dans la fixation sur le châssis. L'opération de restauration a consisté en un dépoussiérage de l'arrière du châssis avec un aspirateur à filtre et un démontage de la feuille de papier moisie au dos du parchemin,découpée selon les contours intérieurs de ce châssis. Les moisissures sur la face du pastel ont été éliminées de manière mécanique à l'aide d'un pinceau sur lequel sont venus se coller les mycéliums. Après un démontage ponctuel et progressif des semences assurant le maintien du parchemin sur le châssis, la déchirure et les bords ont été repris avec un papier japonais résistant (Sekishu Shi) permettant de reprendre les déformations et de maîtriser la tension. Les semences ont été remises en place avec un carton fin intermédiaire assurant une isolation de la corrosion entraînée par le métal. Le pastel ainsi traité a ensuite été disposé à l'intérieur d'un cadre emboîtant.
Dernière provenance : Férel Cusson
Mode d'acquisition : achat
Année d'acquisition : 1870


COMMENTAIRE :
Voir : Geneviève Monnier, 'Pastel XVIIe et XVIIIe siècles, musée du Louvre, cabinet des Dessins' Inventaire des collections publiques françaises, 18, Paris, 1972, n° 91 à 96 ; Jean-François Méjanès, dans cat. exp. 'Acquisitions 1984-1989, département des Arts graphiques', musée du Louvre, Paris, n° 109. Neil Jeffares donne ce pastel à Jean-Baptiste Perronneau, portrait de Mlle Huquier tenant un chat (Dictionary of pastellists before 1800, Londres, 2006, p. 403). A propos de la publication de Dominique d'Arnoult, Jean-Baptiste Perronneau, ca. 1715-1783. Un portraitiste dans l'Europe des Lumières, Arthena, 2014, lire : Xavier Salmon, Jean-Baptiste Perronneau la main virtuose, Histoire de l'art / Jean-Baptiste Perronneau, Grande Galerie, Le Journal du Louvre, n° 32, 2015, p. 86-89. Perronneau a exécuté trois versions du pastel, celle destinée aux parents de la jeune fille, celle peut-être destinée au modèle (pastel sur papier.0,455 × 0,362 m. Arnoult, 2014, p. 215, no 26 Pa, repr.), qui appartint à Hippolyte Huau (1827-1894), légataire universel de la famille Huquier, et qui passa en vente pour la dernière fois le 13 décembre 2001 à Londres,chez Sotheby's (lot 377, repr.), et celle que l'artiste peignit en 1749-1750 à la demande de Caroline Luise de Hesse-Darmstadt (1723-1783). Exécutée sur parchemin (0,495 × 0,390 m. Arnoult, 2014, p. 215, no 26 Pa, repr.p. 40 et 74), cette troisième version fut payée « dix louis d'or » (240 livres) le 6 juin 1750 et est aujourd'hui conservée à la Staatliche Kunsthalle de Karlsruhe (inv. 2747). L'œuvre a également fait l'objet de très nombreuses copies postérieures citées par Neil Jeffares (www.pastellists.com). Le pastel compte parmi les œuvres les plus populaires de Jean-Baptiste Perronneau. La grâce de cette jeune fille fardée et la délicatesse avec laquelle elle semble caresser son petit chat n'y sont sans doute pas étrangères. Identifiée par Vaillat et Ratouis de Limay comme l'une des filles du graveur Gabriel Huquier grâce à la réplique qui avait appartenu à Hippolyte Huau, légataire de la famille, et qui passa à l'encan à Paris sous le titre de « mademoiselle Huquier » (13-15 avril 1905, lot 299), la jeune demoiselle était en effet l'aînée des filles du couple Huquier, Marie-Anne, née vers 1735-1740. Dominique d'Arnoult a pu le préciser grâce à l'inventaire après décès de sa mère, Marie-Anne, née Desvignes, qui cite l'oeuvre le 26 juillet 1775,comme « Mademoiselle Huquier d'Orléans ». Marie-Anne vivait en effet dans cette ville tandis que sa cadette, Marie-Marguerite, veuve en 1775 de Claude Antoine Richard de Landec, était installée à Paris, rue des Noyers. Tour à tour lue « octobre 1746 », « octobre 1747 » ou « octobre 1749 », la date apposée par Perronneau à la suite de sa signature a pu être soigneusement examinée lors de la restauration de l'œuvre. Il semble qu'il faille bien y reconnaître « octobre 1749 », ainsi que l'avaient proposé Vaillat et Ratouis de Limay dans l'édition de 1923 de leur monographie dédiée à l'artiste. Le portrait est donc de peu antérieur à son exposition au Salon. À cette occasion,il n'avait pas fait l'objet de mention particulière, pas plus que les douze autres œuvres présentées. La critique avait cependant loué le talent du portraitiste. Pour Louis Guillaume Baillet de Saint-Julien (Lettre sur la peinture à un amateur, Genève, 1750), Perronneau semblait avoir pris Maurice Quentin de La Tour pour modèle, et ce choix était déjà une preuve de son goût. On pouvait assurément espérer de ses talents et il était probable qu'il prendrait un jour des mains de son confrère le sceptre du pastel lorsque celui-ci, satisfait de la grande multitude de ses triomphes, songerait enfin à se reposer à l'ombre de ses lauriers. Pour Louis Petit de Bachaumont (Liste des meilleurs peintres,sculpteurs, graveurs et architectes des Académies royales de peinture, sculpture et architecture suivant leur rang à l'Académie, 1750, p. 33), Perronneau faisait mieux le portrait au pastel qu'à l'huile. Cherchant à imiter la matière de Rosalba Carriera, il n'en avait cependant pas la « grandeur ». Sa touche était pourtant pleine d'esprit, peut-être légèrement maniérée et s'écartant quelque peu de la nature, et il était du coup nécessaire d'admirer ses portraits d'un peu loin, surtout ceux peints à l'huile. Ce n'est que de loin qu'ils faisaient de l'effet. D'un métier plus fondu, sans doute en raison de la jeunesse du modèle, l'effigie de Marie-Anne Huquier le laisse percevoir. Si l'artiste usa volontairement d'un outil contondant pour griffer le parchemin afin de permettre à la poudre de mieux tenir sur le support, et s'il emprisonna entre le parchemin et le châssis une feuille de papier blanc afin d'aider à renvoyer la lumière dans les zones les plus claires et les moins chargées en pastel, il ne renonça pas pour autant à une certaine liberté de traitement. Les reflets et les zigzags verts sur le cou et la joue en offrent un exemple aisé à remarquer. Cela est fait de manière tout à fait volontaire, car, sur la réplique légèrement postérieure peinte à la demande de Caroline Luise de Hesse-Darmstadt, le métier est beaucoup plus fondu et la touche bien moins hardie. Sans doute Perronneau avait-il alors mesuré combien un métier trop libre risquait de ne pas être du goût de sa très prestigieuse cliente (Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 113, p. 235-237). neiljeffares.wordpress.com/2018/07/12/the-louvre-pastels-catalogue-errata-and-observations, n° 113. Xavier Salmon, "La plus belle collection de pastels au monde" in Grande Galerie, été 2018, n°44, pp.34-35, 50-59.

INDEX :
Collections : Férel Cusson
Personnes : Huquier, Marie-Anne
Sujets : portrait
Techniques : pastel

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 18, p. 87