Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 04/11/2021 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

ANONYME FRANCAIS XVIIIè s


Ecole française

Portrait d'homme de trois quarts, en uniforme bleu à collet rouge
Joseph II (1741-1790), empereur du Saint Empire romain germanique.

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 35084, Recto

Anciens numéros d'inventaire :
NIII31761

LOCALISATION :
Réserve des pastels

ATTRIBUTION ACTUELLE :
ANONYME FRANCAIS XVIIIè s

PROPOSITIONS D'ATTRIBUTIONS :
DUCREUX Joseph
Salmon, Xavier, 2018
DUCREUX Joseph
Jeffares, Neil, 2006

TECHNIQUES :
Pastel sur parchemin tendu sur châssis. Numéroté sur le carton de protection au verso, à la sanguine : no 371 (biffé), au crayon : 12995 / H (noirci), à la plume et encre brune : no 26525 et au crayon : nouv. No 26525. Pièce de papier collée en bas à gauche portant la mention à la plume et encre brune : salle a manger / Interieur du / Roy. La restauration de cette œuvre a été rendue possible grâce au soutien de Joan et Mike Kahn avec la collaboration des American Friends of the Louvre en 2012.
H. 00,688m ; L. 00,528m


COMMENTAIRE :
Il porte la cravate rouge à laquelle est suspendue la Toison d'Or, le grand cordon de l'Ordre de Marie-Thérèse, ainsi que la grande croix de Marie-Thérèse, visible à droite et, le grand cordon bleu. (Geneviève Monnier, Inventaire des Collections Publiques Françaises, Pastels des XVIIe et XVIIIe siècles, Musée du Louvre, 1972, n° 116). Ce pastel est en relation avec trois autres portraits INV.34899 et INV.34901. Neil Jeffares donne ce portrait à Joseph Ducreux, comme la copie du personnage à droite dans le double portrait par Pompeo Batoni, L'Empereur Joseph II et son frère Pierre Léopold Grand-duc de Toscane (Vienna, Kunsthistorisches Museum, huile sur toile, 173 cm x 122,5 cm, 1769, GG-1628) (Dictionary of pastellists before 1800, Londres, 2006, p. 167). Si, grâce aux annotations, Geneviève Monnier avait correctement identifié en 1972 chacun des trois personnages, elle n'était cependant parvenue à identifier ni l'auteur des pastels, ni l'historique des portraits. Très usées et en grande partie décolorées en raison de manipulations maladroites et d'une trop longue exposition à la lumière, les trois œuvres sont de la même main et doivent être associées à quatre autres pastels également demeurés dans les collections nationales, mais aujourd'hui conservés au château de Versailles après y avoir été déposés par le musée du Louvre avant 1855. Tous représentent les enfants de Marie-Thérèse d'Autriche, frères et sœurs de l'archiduchesse Marie-Antoinette. Au Louvre, on reconnaît ainsi Marie-Anne (1738-1789), l'aînée des quatorze enfants de l'impératrice, abbesse du couvent des Demoiselles nobles de Prague (cat. 54), Marie-Christine (1742-1798), mariée en 1766 à Albert de Saxe (cat. 55), et l'empereur Joseph II (1741-1790), fils aîné de Marie-Thérèse (cat. 56). À Versailles, on identifie aisément Marie-Élisabeth (1743-1808), vêtue de bleu (fig. 18.Inv. Louvre 19179. Inv. Versailles MV 4575), Marie-Amélie (1746-1802), qui épousa en 1769 l'infant d'Espagne Ferdinand II, duc de Parme (fig. 19. Inv. Louvre 19178. Inv. Versailles MV 4576), et les deux petits archiducs, Ferdinand (1754-1806), avant-dernier fils du couple impérial, marié à la princesse Marie-Béatrice d'Espagne (fig. 20. Inv. Louvre 19177. Inv. Versailles MV 4578), et Maximilien (1756-1802), le plus jeune des frères de Marie-Antoinette (fig. 21. Inv. Louvre 19176. Inv. Versailles MV4579). À ces sept pastels peints sur parchemin fut ajouté en 1998 un huitième décrivant Marie-Antoinette, acquis pour le château de Versailles (fig. 22.Inv. Versailles MV 8973). Privilégiant les visages et accordant moins d'importance aux bustes et aux habits, les huit portraits ont tous été exécutés par Joseph Ducreux en 1769 dans des circonstances que nous avons déjà relatées, en particulier en 1997 lors de la parution du catalogue raisonné des pastels conservés au château de Versailles (p. 57-65, nos 9 à 12) et dans un essai rédigé en 2006 pour le catalogue de l'exposition « Marie-Antoinette, femme réelle, femme mythique » organisée à la bibliothèque municipale de Versailles(p. 38-51). L'alliance entre la couronne de France et la maison d'Autriche avait été scellée par le mariage du Dauphin, futur Louis XVI, avec l'archiduchesse Marie-Antoinette, la plus jeune des filles de Marie-Thérèse. Comme à l'accoutumée, ce projet matrimonial avait nécessité l'envoi de portraits, en particulier de la future épouse. La miniature commandée par Vienne au début de l'année 1769 pour être montrée à Versailles n'ayant pas été jugée suffisante pour témoigner du physique agréable de la petite princesse autrichienne, décision avait été rapidement prise de dépêcher un portraitiste français de talent à la cour impériale. À François-Hubert Drouais, en premier lieu approché mais aux prétentions financières exorbitantes, l'administration française avait finalement préféré un plus jeune portraitiste formé par Maurice Quentin de La Tour. Le 14 février 1769, Joseph Ducreux arrivait à Vienne avec le friseur Larseneur. Ce dernier avait reçu pour mission de coiffer l'archiduchesse Marie-Antoinette à la mode de Paris afin de dissimuler en partie son front, considéré comme un peu trop haut. Marie-Thérèse avait alors saisi cette occasion pour faire portraiturer ses autres enfants avant de poser à son tour. La correspondance du marquis de Durfort, ambassadeur de France à Vienne, avec le ministre Choiseul, et celle du comte de Mercy-Argenteau, ambassadeur de Marie-Thérèse à Paris, avec le prince Kaunitz révèlent que l'artiste avait peint entre février et novembre onze portraits destinés à la cour de Versailles : ceux des archiduchesses Marie-Thérèse et Marie-Antoinette, partis de Vienne le 2 mai, ceux des archiduchesses Marie-Christine et Marie Élisabeth, partis le 20 mai, ceux des archiduchesses Marie-Anne et Marie-Amélie, partis vers le 26 juillet, et enfin ceux de l'impératrice Marie-Thérèse, de l'empereur Joseph II, des deux archiducs Ferdinand et Maximilien, et un second portrait de Marie-Antoinette, partis de Vienne le 16 novembre. Pour Marie-Thérèse, Ducreux avait été également invité à livrer des effigies de Marie-Christine, du prince Albert de Saxe, et de l'électeur de Trèves Clément Wenceslas de Saxe, toutes trois probablement exécutées lors d'un déplacement à Presbourg, ainsi que des répliques de certains des portraits peints pour la cour de Versailles (en particulier celui de l'impératrice appartenant à l'Académie des beaux-arts de Vienne, inv. 207, et ceux de Marie-Amélie et Marie-Élisabeth conservés au Kunsthistorisches Museum à Vienne, inv. 2123 et 8732. À propos de ces deux derniers portraits, nous avions par erreur reconnu en 2006 sur le second le visage de Marie-Christine, ce qui était impossible, la princesse ayant les yeux marron et non pas bleus. Une copie à l'huile conservée au couvent des Elisabethinen à Klagenfurt, inv. no 64, porte une inscription confirmant cette identité). Bien qu'exécutés avec rapidité, les portraits avaient donné toute satisfaction à Louis XV, le souverain ayant ainsi pu juger de la beauté de la future dauphine et découvert les traits de ses frères et sœurs. Certains des pastels furent même disposés dans ses appartements à Versailles, dans le cabinet intérieur ou cabinet d'angle ou dans la salle à manger intérieure ou salle à manger aux salles neuves. S'il est aujourd'hui bien difficile de juger de leur qualité en raison de leur mauvais état de conservation, ils aidèrent pourtant à lancer le jeune Ducreux. (Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 56, p. 118-122). neiljeffares.wordpress.com/2018/07/12/the-louvre-pastels-catalogue-errata-and-observations, n° 56, Neil Jeffares précise que l'envoi du tableau de Batoni, de Florence à Vienne est documenté dans la Gazette de Vienne du 12 juillet 1769. Ducreux alors présent en réalisa au moins trois versions, une pour la comtesse de Brionne, gravée par Louis-Jacques Cathelin (1739 ?-1804) qui suit scrupuleusement le tableau de Batoni, tandis que pour les pastels de Klagenfurt (Couvent de l'Ordre de Sainte-Élisabeth, inv. 419) et du Louvre, il modifia les plis de l'habit pour masquer les étoiles des ordres autrichiens ; il cite également une autre réplique de ce portrait par Jakob Matthäus Schmutzer (Louvre, département des Arts graphiques, Inv. 18783).

INDEX :
Lieux : Vienne, Kunsthistorisches Museum, oeuvre en rapport, Paris, Musée du Louvre, département des Arts graphiques, oeuvre en rapport, Klagenfurt, Couvent de l'Ordre de Sainte-Élisabeth, oeuvre en rapport
Personnes : Joseph II, empereur germanique - Cathelin, L.J., gravure en rapport - Batoni, Pompeo, oeuvre en rapport - Schmutzer, Matthäus, oeuvre en rapport - Brionne, comtesse de+
Sujets : portrait - Ordre de la Toison d'or - Ordre de Marie-Thérèse - Batoni, Pompeo, L'Empereur Joseph II et son frère Pierre Léopold Grand-duc de Toscane - La Gazette de Vienne
Techniques : pastel

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 14, p. 313