MAITRE DE L'ECHEVINAGE DE ROUEN
Ecole française
Vers 1450/1485
BIOGRAPHIE :
Enlumineur. Actif à Rouen. '[...] baptisé aujourd'hui d'après les cinq manuscrits qu'il enlumina, entre 1457 et 1480 environ, pour la librairie des échevins de Rouen (Paris, BnF), dont le plus ancien est l'une des douze copies provenant de son atelier de la Chronique de la Bouquechardière de Jean de Courcy (Fr. 2685). Vers 1482-1483 il peint le 'Livre des trois âges de Pierre Choisnet' (BnF, Smith- Lesouëf 70, pour Louis XI ?). De cette période datent aussi le missel des 'Carmes de Rouen' (après 1481 ; Rouen, bibliothèque municipale, ms. 287 [A.22]), des peintures dans le bréviaire de Charles de Neufchâtel (après 1480 ; Besançon, bibliothèque municipale, ms. 69) et deux livres d'heures exceptionnels. Dans Dublin, Chester Beatty Lib., WMs 89, il collabora avec Jean Bourdichon, le Maître de Jean Charpentier et un artiste fouquettien. 'Les Heures de Jean d'Estouteville' (Turin, Biblioteca Reale, Var. 88) sont le jumeau plus tardif des Heures « de Saint-Lô » (v. 1470-1475 ; Sotheby's, New York, 21 avril 1998, lot 37). Le Maître de l'échevinage puise ses sources dans l'enluminure parisienne pratiquée, dans la première moitié du XVe siècle, dans l'orbite du Maître de Bedford. Ses plus anciennes oeuvres le montrent influencé par le Maître de la Légende dorée de Munich (Bayerische Staatsbibliothek, Cod. gall. 3). De facture très soignée, son art apparaît plutôt conservateur. Ses peintures se distinguent par une palette chatoyante où l'or intervient à profusion et par la prédominance accordée au dessin, aux lignes anguleuses. Dans ses compositions répétitives, des personnages maniérés sont figés dans des gestes stéréotypés. Ses lumineux paysages sur fond de villes témoignent, comme la matérialité de certains objets peints, de sa connaissance de l'art flamand. Il emprunte même des motifs marginaux et des compositions entières au 'Livre de prières de Charles le Téméraire' enluminé par Lieven van Lathem et le Maître de Marie de Bourgogne (v. 1469-1471 ; Los Angeles, The J. Paul Getty Museum, ms. 37). Dans ses oeuvres tardives son style devient plus monumental, ses couleurs sont plus assourdies. Sous une forme appauvrie, l'art du Maître de l'échevinage se perpétue à Rouen dans d'innombrables livres d'heures, jusque dans les manuscrits enluminés par Robert Boyvin (actif jusqu'en 1542).' - Claudia Rabel dans 'Les enluminures du Louvre, moyen âge et Renaissance', catalogue raisonné sous la direction scientifique de François Avril, Nicole Reynaud et Dominique Cordellier, assistés de Laura Angelucci et Roberta Serra, Paris, 2011, p. 208.