Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 24/09/2024 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

BECCAFUMI Domenico


Ecole florentine

Le supplice de l'estrapade

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 256, Recto

Anciens numéros d'inventaire :
NIII1255
MA1211

LOCALISATION :
Petit format

ATTRIBUTION ACTUELLE :
BECCAFUMI Domenico

TECHNIQUES :
Plume et encre brune, lavis brun, tracé préparatoire à la pierre noire, papier beige. Annoté, en bas au milieu sur une bande de papier rapportée, à la plume et encre brune, vraisemblablement de la main de Vasari : DOMENICO BECCAFVMI Po :- Collé en plein sur un montage Mariette : H. 384 ; L. 509 mm Sur le montage, dans un cartouche, à la plume et encre noire : G. Vasari / nunc P. J. Mariette. / 1741.
H. 00,240m ; L. 00,306m

HISTORIQUE :
Giorgio Vasari (1511-1574), cartouche d'une page du Libro dei' Disegni rapporté au bas du dessin avec inscription : DOMENICO BECCAFUMI P. Vraisemblablement P. Crozat (1665-1740), ne porte pas sa numérotation habituelle ; sa vente après décès, Paris, 1741, peut-être partie du lot 79 : « Dominique BECCAFUMI, dit le MICARINO. Vingt-trois Des-seins, dont un Christ détaché de dessus la Croix, qui vient du livre du Vasari », acquis par Huquier pour 20 livres 1 sol. Gabriel Huquier (1695-1772). P. J. Mariette, sa marque en bas à gauche ; sa vente, Paris, 19 décembre 1775, partie du lot 180 : « BÉCAFUMI. (Dominique) Sien. Un Souverain Pontife, admettant à son audience les Députés d'une Ville, qui viennent lui présenter les clefs : la plume en est savante, & il est lavé au bistre. « Trois Etudes de Figures, supérieurement bien faites de même, de la Collection du Vasari, dont une représente un criminel auquel on donne l'estrapade, ou, ce qu'on nomme en Italie, la corde, en présence de ses Juges » [I 141 à I 145 ; I 589]. Lempereur pour 71 livres. N'est pas dessiné par Saint-Aubin. Cabinet du Roi, acquis en 1775, par l'intermédiaire de Lempereur, lors de la 23e vacation (Courajod, 1872, p. 363) ; versé au musée du Louvre, L. 2207 en bas à gauche et L. 1899 en bas à droite.
Dernière provenance : Mariette, Pierre-Jean
Mode d'acquisition : cabinet du roi
Année d'acquisition : 1775

INVENTAIRE DU MUSEE NAPOLEON :
Inventaire du Musée Napoléon. Dessins. Vol.1, p.158, chap. : Ecole de Sienne, carton 11. (...) Numéro : 1211. Nom du maître : Idem [[ Beccafumi, Domenico /&. Numéro d'ordre dans l'oeuvre du maître : 5. Désignation des sujets : Suplice de l'estrapade infligé à un malheureux dans une prison. Dessin à la plume et lavé. Dimensions : H. 21 x L. 30,5cm. Origine : Collections ancienne et de Mariette.Prix de l'estimation de l'objet : 30francs. Emplacement actuel : Idem & Calcographie du Musée Napoléon /&. Observations : Idem & [Remis le 27 décembre 1828 pour être relié.] [[à l'encre]] ]]. Signe de recollement : [Vu] [[au crayon]] [[trait oblique / au crayon / sur le n° d'ordre]]. Cote : 1DD33

COMMENTAIRE :
Ce dessin représente le supplice de l'estrapade où la personne soumise à la question est suspendue en l'air par les mains après les avoir eues liées derrière le dos. Si l'on considère que la torture est administrée par un tribunal dont l'autorité est placée sous l'image de la Vierge et de l'Enfant (voir cat. exp. Le bruit des nuages, Paris, musée du Louvre, 1992-1993, p. 200-201 n° 91), il est peu probable que le dessin ait été préparatoire, ainsi que le suppose D. Sanminiatelli ('Domenico Beccafumi', Milan, 1967, p. 155 n° 79) en s'appuyant sur sa ressemblance avec le dessin d'une 'Messe de saint Grégoire' (? ; ancienne collection R. Longhi, repr. par C. Brandi « Per Domenico Beccafumi: alcuni disegni del Beccafumi », dans Critica d'Arte, 1, 1936, pl. 191, fig. 2 ; voir aussi dans E. Baccheschi, , 'L'Opera completa del Beccafumi', avec une présentation de G. Briganti, [I Classici dell'Arte], Milan, 1977, p. 105 fig. 131/1), à un panneau de prédelle du 'Couronnement de la Vierge' aujourd'hui dans l'église San Spirito à Sienne. Cela est d'autant moins probable que les éléments de cette prédelle ont été identifiés par B. Berenson ('Italian Pictures of the Renaissance : a List of the principal Artists and their Works with an Index of Places : central Italian and north Italian Schools', Londres, 1968, 3 vol., I, p. 35, 37) avec la 'Présentation au Temple', la 'Visitation' et 'L'Adoration des Mages' de la collection Asquith et qu'ils ne s'apparentent guère à la 'Scène de l'estrapade'. Celle-ci a dû être inspirée par un événement de l'actualité siennoise (A. De Marchi dans cat. exp. Domenico Beccafumi e il suo tempo, Sienne, Chiesa di Sant'Agostino, Pinacoteca Nazionale, Duomo, Palazzo Pubblico, Oratorio di San Bernardino, Spedale di Santa Maria della Scala, Palazzo Bindi Sergardi, 1990, p. 422, 476 sous n° 140), peut-être par une scène de l'Inquisition (réactivée en 1542). L'hypothèse de D. Sanminiatelli (cit.), ne peut donc être retenue, mais cela n'écarte pas définitivement la recherche du sujet du dessin dans l'iconographie religieuse. En effet, certains historiens (B. P. Gordley, 'The Drawings of Beccafumi, Princeton Univ., Ph. D., 1988, p. 399-400 n° 92) estiment que la Madone n'est pas concrètement figurée dans la pièce, mais que, image rayonnante, c'est une apparition qui vient soutenir la foi d'un martyr. Quoi qu'il en soit, Beccafumi réactive ici les codes narratifs de la peinture siennoise du siècle précédent : la pièce est une boîte, son pavement une scène et un échiquier, le tondo de la Vierge la lumière d'un oculus, les bourreaux des danseurs, le supplice une chorégraphie et les principes de la perspective ne s'appliquent jamais avec autant d'évidence que dans la mise en place du tribunal, c'est-à-dire du côté de la règle, de la rigueur et du droit : la scène est symbolique, c'est un théâtre de la cruauté où, avec esprit, P. Greenaway (cat. exp. Le bruit..., cit., 1992, p. 174 n° 91) voit, dans l'élévation contrainte du coupable, le secret du vol révélé par le supplice de la pesanteur. Ce théâtre, Beccafumi le dessine avec les moyens qui sont ceux de sa maturité (vers 1539-1540 selon C. Monbeig Goguel, cat. exp. Le Cabinet d'un grand amateur : P.-J. Mariette, Paris, musée du Louvre, 1967, n° 14 et D. Sanminiatelli, cit. ; 1535-1540 selon B. P. Gordley, cit. ; 1540-1545, selon A. De Marchi, cit., et P. Giannattasio dans P. Torriti, 'Beccafumi : Opera Completa', Milan, 1998, p. 323 D146). Des dessins conservés à Florence (GDSU, n. 15072F, 1251F, 1255F, 10747F) ont été invoqués en faveur de la datation la plus tardive, mais les analogies les plus étroites, relevées par B. P. Gordley (cit.), se trouvent d'abord dans une étude des années 1535-1536 pour le 'Saint Paul' de l'abside du Duomo de Sienne (Florence, GDSU, n. 1262F), ensuite dans les gravures d'illustrations alchimiques, notamment celle représentant une fonderie de canon et de cloches, sans doute réalisées vers 1530-1535 (A. De Marchi, cit. p. 502-504 n° 174 ; E. Tenducci, dans P. Torriti, cit., 1998, p. 302-306 D112), et enfin dans les panneaux de la prédelle du retable de San Bernardino (Paris, musée du Louvre) qui datent de 1537 ou peu avant : sur le même genre de plan montant dont le centre apparaît, dégagé, l'espace est partagé entre des spectateurs au premier plan, en repoussoir, pris dans un vibrant contre-jour et des acteurs longilignes un peu schématisés. Par ces caractères, le dessin est un excellent témoignage de l'art de Beccafumi et l'on comprend que Vasari, à qui l'on doit l'inscription DOMENICO BECCAFUMI P. au bas de la feuille, ait tenu à l'avoir dans son 'Libro de' Disegni', comme l'a rappelé plus tard, au XVIIIe siècle, P.-J. Mariette, dans une annotation sur le montage : 'Ex Collect. olim G.Vasari/nunc P.J. Mariette' (voir aussi le catalogue de la vente Mariette, Paris, 15 novembre 1775, p. 30, partie du n° 180 ; C. Monbeig Goguel, 1967, cit. ; R. Bacou, 'The famous Italian Drawings from the Mariette Collection at the Louvre in Paris', Milan, 1981, p. 248 ; C. Monbeig Goguel, cat. exp. Giorgio Vasari : dessinateur et collectionneur, Paris, musée du Louvre, 1965, n° 68 ; L. Ragghianti Collobi, 'Il Libro de'Disegni del Vasari', 2 vol., Florence, 1974, I, p. 132, II, p. 232 fig. 409 ; 'G. Vasari, Sodoma und Beccafumi. Neu Übersetzt und Kommentiert', traduit par V. Lorini, commenté par K. Lemelsen (Sodoma) et J. Witan (Beccafumi), Berlin, 2006, p. 141 note 108). Voir : D. Cordellier, 'Domenico Beccafumi' (Cabinet des dessins), avec la collaboration de L. Angelucci et R. Serra, Milan, 2009, n° 32. Voir aussi : J. Judey, 'Domenico Beccafumi', Berlin, 1932 [Freiburg i. B., Ph. D., v. 23. Sept. 1932]., p. 131, 145 n° 164 ; Pierre Rosenberg, Laure Barthélemy-Labeeuw, Marie-Liesse Delcroix, Stefania Lumetta, 'Les dessins de la collection Mariette, Ecoles italienne et espagnole', Tome I, Paris, 2019, n° 141, p. 132, ill.

INDEX :
Collections : Huquier, Gabriel - Vasari, Giorgio - Cabinet du Roi - Mariette, Pierre-Jean - Crozat, Pierre ?
Lieux : Sienne, Santo Spirito, oeuvre en rapport, Sienne, Duomo+, Florence, Galleria degli Uffizi, oeuvre en rapport, Paris, Musée du Louvre, oeuvre en rapport, Collection Roberto Longhi, oeuvre en rapport, Collection Asquith, oeuvre en rapport
Personnes : Vierge Marie - Paul, saint+ - Grégoire, saint+ - Jésus Enfant - Bernardin, saint+
Sujets : ICONOGRAPHIE RELIGIEUSE - Vierge à l'Enfant - Scène de supplice - martyre - bourreau - Inquisition - Estrapade
Techniques : encre brune à la plume - lavis (brun) - papier beige - pierre noire

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 1, p. 41