Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 04/11/2021 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

VIGEE-LEBRUN Elisabeth


Ecole française

Portrait du duc Louis-Philippe d'Orléans ( 1725-1785) surnommé le " gros duc".

1779

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
RF 55296, Recto

LOCALISATION :
Réserve des pastels

ATTRIBUTION ACTUELLE :
VIGEE-LEBRUN Elisabeth

TECHNIQUES :
Pastel sur cinq morceaux de papier bleu recouverts d'une préparation rosée et marouflés sur toile tendue sur un châssis. Signé et daté au-dessus du bras, à la mine de plomb : Mme Le Brun / 1779. Au dos, sur le carton de montage, feuille de papier collée en plein portant un texte à la plume et encre brune : 'Louis Philippe Duc d'Orléans né en 1725 à Paris / mort en 1785. Ce portrait fut donné à M.r Le Mis de / Roncherolles en 1773 ainsi que son pendant M.e de / Montesson lorsque le Roi autorisa le Mariage de / M.r Le Duc avec cette dernière dans la / ... M.r Le M.is de Roncherolles était son premier gentilhomme de la Chambre' . Étiquette ancienne imprimée : Ci-devant rue de la Paix, 24 / Lemarchand, / Doreur sur bois, / N o 11, rue de la Chaussée-d'Antin, / A PARIS. Une étiquette collée sur le cadre au verso en bas portant le numéro 13 et fragment d'une feuille de papier imprimé portant la mention : 13 LOUISPHILIPPE, DUC D'ORLÉANS (1725-1785).
H. 00,801m ; L. 00,609m

HISTORIQUE :
Avec le RF 55297, auraient appartenu au marquis de Roncherolles, premier gentilhomme de la Chambre du duc d'Orléans, après 1779, date d'exécution des deux œuvres, et non pas à partir de 1773 comme le laisse croire l'inscription portée sur le carton de montage du portrait du duc d'Orléans. En 1841, le portrait de Mme de Montesson est proposé à l'achat au musée du Louvre par la marquise de Roncherolles (AMN, sér. DA5, lettre du 27 avril 1841). Les pastels passent par descendance dans la famille de Lévis-Mirepoix. Vers 1950, ils sont conservés au château de Léran, propriété du duc de Mirepoix dans l'Ariège (Arnoult, 2014, p. 268, repr. fig. 187 Pa). Vente aux enchères à Versailles, le 24 novembre 2013, lot 117 (comme école française du XVIIIe siècle. Portrait présumé de Mme de Montesson et de Louis d'Orléans), repr. (Mes Perrin Royère Lajeunesse). Retirés de la vente. Vente aux enchères à Versailles, le 23 mars 2014, lot 41 (comme de Mme Vigée Le Brun), repr. (Mes Perrin Royère Lajeunesse). Préemptés à cette occasion en faveur du musée du Louvre. Délégation de la Commission du 17 mars 2014. Délégation du Conseil du 21 mars 2014. Confirmation de préemption du 28 mars 2014. Décision du 7 avril 2014. Restaurés en octobre 2014 (RF 55296) et en juillet 2015 (RF 55297) (opération de dépoussiérage de la toile, de marouflage, consolidation des tranches, suppression des moisissures et réencadrement).
Mode d'acquisition : achat
Année d'acquisition : 2014


COMMENTAIRE :
Père de Philippe-Egalité, le duc Louis-Philippe d'Orléans a souhaité obtenir de l'artiste son portrait ainsi que celui de son épouse morganatique, la marquise de Montesson (1737-1806). Grâce à un mémoire conservé à la fondation Custodia à Paris, nous savons que l'artiste a du exécuter deux portraits originaux et cinq copies, tant au pastel qu'à l'huile. Des deux portraits originaux peints en présence des modèles, il ne subsiste que le portrait du duc. Les deux pastels du Louvre sont assurément les répliques mentionnées par le mémoire. Exécutés rapidement, ils étaient destinés à être offerts au marquis de Roncherolles, premier gentilhomme de la Chambre du duc d'Orléans. Ils n'avaient pas besoin d'être aussi aboutis que les portraits originaux. (X. Salmon in cat. d'exp. 'Elisabeth Louise Vigée Le Brun', Paris, New York, Ottawa, 2015-2016, n° 83-84) Mettre en relation INV. RF 55296 et RF 55297. Œuvres en rapport : - Le duc Louis-Philippe d'Orléans avec la Toison d'or, la grand-croix et le cordon de l'ordre du Saint-Esprit et l'ordre de Saint-Louis. 1779 Pastel sur papier marouflé sur toile de format ovale H. 0,80 ; L. 0,62 m (à vue) Paris, collection particulière hist. : Marquise de Montesson, puis comte de Valence, puis par descendance. bibl. : Salmon, 2015a, p. 212-214, no 83, repr. - Le duc Louis-Philippe d'Orléans avec la Toison d'or, la grand-croix et le cordon de l'ordre du Saint-Esprit et l'ordre de Saint-Louis Huile sur toile de format ovale H. 0,81 ; L. 0,645 m, Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. inv. MV 6336 hist. : Don en 1847 au château de Versailles par Mme Testard. Classé comme de l'atelier de Louis Michel Van Loo (1707-1771). bibl. : Constans, 1995, II, p. 903, no 5097, repr. ; Salmon, 2015a, p. 214, repr. fig. 3.- Le duc Louis-Philippe d'Orléans avec la Toison d'or, la grand-croix et le cordon de l'ordre du Saint-Esprit et l'ordre de Saint-Louis Huile sur toile de format ovale H. 0,72 ; L. 0,58 m Paris, collection particulière bibl. : Salmon, 2015a, p. 214, repr. fig. 2. - François-Xavier Dupré (1803-1871), d'après Élisabeth Louise Vigée Le Brun Le duc Louis-Philippe d'Orléans avec la Toison d'or, la grand-croix et le cordon de l'ordre du Saint-Esprit et l'ordre de Saint-Louis Huile sur toile H. 0,73 ; L. 0,68 m Dreux, musée d'art et d'histoire Marcel-Dessal, inv. 925.006.001 hist. : Commandé pour Versailles en 1838 d'après un portrait alors conservé au Palais-Royal (inventaire Louis-Philippe no 3676). Dépôt du musée national du château de Versailles (inv. MV 3816. Constans, 1995, I, p. 289, no 1609, repr.). - D'après Élisabeth Louise Vigée Le Brun Charlotte Jeanne Béraud de La Haye de Riou, marquise de Montesson Huile sur toile H. 0,807 ; L. 0,65 m (à vue) Au dos du cadre, étiquette portant le numéro 16948 et à la craie le numéro 28. L'œuvre a été acquise en 1998 par son actuel propriétaire auprès de la galerie Fabian de Montjoye, 177 rue Saint-Honoré à Paris. Montpellier, collection particulière. La toile nous a été signalée en mars 2016. Nous ne la connaissons que par sa photographie. - D'après Élisabeth Louise Vigée Le Brun Charlotte Jeanne Béraud de La Haye de Riou, marquise de Montesson Huile sur toile, Paris, collection particulière hist. : Marquise de Montesson, puis comte de Valence, puis par descendance. - Joseph Albrier (1791-1863), d'après Élisabeth Louise Vigée Le Brun Charlotte Jeanne Béraud de La Haye de Riou, marquise de Montesson Huile sur toile H. 0,45 ; L. 0,30 m hist. : Commandé pour Versailles en 1840. Copie d'un tableau d'Eugénie Tripier-Lefranc d'après Vigée Le Brun alors conservé au château d'Eu. Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon (inv. MV 3920. Constans, 1995, I, p. 38, no 187, repr.). Récemment acquis par le musée du Louvre, les deux pastels témoignent non seulement du talent de Mme Vigée Le Brun lorsqu'elle utilisa cette technique à laquelle elle avait très certainement été familiarisée par son père, Louis Vigée, mais aussi des pratiques attachées au portrait de cour. Petit-fils du régent Philippe d'Orléans, père de Philippe Égalité et grand-père du futur roi Louis-Philippe, le duc Louis-Philippe d'Orléans fut rapidement surnommé le « gros duc » en raison de son embonpoint. Cependant, ce physique épais ne l'empêcha aucunement de solliciter régulièrement les portraitistes. Plus aptes à saisir les traits à l'occasion de séances de pose écourtées, plusieurs pastellistes reçurent ainsi commande. L'un des tout premiers semble avoir été Jean Étienne Liotard (1702-1789), qui, dès 1749-1750, livra une image du prince. Aujourd'hui perdu, ce portrait représentait le duc d'Orléans, soit en habit brodé avec la grand-croix et le cordon du Saint-Esprit, ainsi qu'en témoigne la gravure en manière noire de François-Xavier Vispré annoncée par le Mercure de France en juillet 1750 (Roethlisberger et Loche, 2008,p. 392-393, voir cat. 186, repr. t. II, fig. 304), soit en armure, afin de souligner combien le modèle s'était illustré à la bataille de Fontenoy en 1745 (voir Roethlisberger et Loche, 2008, pour une copie au pastel, p. 393, repr. t. II, fig. 305). Quelques années auparavant,Louis-Philippe d'Orléans avait également posé de face vêtu de l'habit de Saint-Cloud sur un intéressant pastel dont l'auteur demeure malheureusement pour le moment anonyme (0,66 × 0,53 m,Paris, collection particulière). En 1789, le duc d'Orléans passait commande d'un nouveau portrait à Mme Vigée Le Brun. Si l'on en croit l'artiste, elle avait eu déjà l'occasion de travailler pour la famille du prince. Peu après le second mariage de sa mère avec l'orfèvre Jacques François Le Sèvre, le 26 décembre 1767, elle s'était installée chez son beau-père rue Saint-Honoré, vis-à-vis la terrasse du Palais-Royal. Il semble qu'elle ait alors rapidement attiré la curiosité de la belle fille du duc d'Orléans,la duchesse de Chartres, qui lui demanda de peindre un premier portrait. Dix ans plus tard, en 1778, Élisabeth Vigée Le Brun fut encore sollicitée par le même modèle et donna toute satisfaction puisque le duc d'Orléans lui confiait l'année suivante une nouvelle commande. Louis-Philippe vivait ouvertement depuis 1759 avec la marquise de Montesson. Cette année-là, son épouse Louise Henriette de Bourbon s'était éteinte, ce qui lui avait laissé plus de liberté pour afficher sa liaison avec Mme de Montesson. Charlotte Jeanne Béraud de la Haye de Riou était, elle, mariée depuis 1754 avec le marquis Jean-Baptiste de Montesson. Le couple présentait une grande différence d'âge, puisque au moment du mariage la jeune femme n'avait que seize ans et que son époux était déjà sexagénaire. La mort de ce dernier en 1769 avait aidé la marquise à donner à sa liaison avec le duc d'Orléans un caractère plus public, sans pour autant se concilier les bonnes grâces du duc de Chartres, Philippe-Égalité, qui s'opposait à l'union de son père avec elle. Longtemps, Louis XV demeura sourd à tout projet de mariage et le couple dut attendre 1772 pour obtenir l'autorisation royale, à la condition que l'union fût morganatique et secrète et que Mme de Montesson ne pût porter le titre de duchesse. La bénédiction nuptiale fut donnée le 23 avril 1773 à la Chaussée d'Antin chez la nouvelle épouse. À la Cour comme à la ville, les bons mots circulèrent. Louis-Philippe d'Orléans n'ayant eu la possibilité de faire de la marquise une duchesse d'Orléans, il s'était fait marquis de Montesson! Le duc et la marquise en firent peu de cas et, avec leur cercle de proches et d'amis, vécurent au château du Raincy et à celui de Sainte-Assise à Seine-Port, en Seine-et-Marne. La commande passée en 1779 auprès de Mme Vigée Le Brun entendait diffuser l'image officielle de ce couple désormais heureux. Conservé à la fondation Custodia à Paris (Collection FritsLugt, inv. 7111d), le mémoire des tableaux révèle que deux portraits originaux furent peints pour 480 livres chacun et qu'ils donnèrent lieu à cinq « copies », de la main de l'artiste, soit des répliques,tant au pastel qu'à l'huile, payées chacune 360 livres. Soit au total 2 760 livres. Le 23 janvier 1780, Vigée Le Brun avait reçu 1 200 livres sur un acompte finalement plus élevé de 3 300 livres. Dans le document,il était également précisé que devaient être livrées deux bordures ovales de 4 pouces à trois ornements avec leurs verres, deux autres, identiques, toujours avec leurs verres, deux autres encore, mais sans verre, et une dernière, plus petite, également ovale. Ces précieuses informations au sujet des encadrements permettent d'établir que les deux portraits originaux avaient été peints au pastel puisque leur bordure comportait un verre de protection,et que, parmi les cinq répliques, deux étaient exécutées au pastel, deux autres à l'huile et la dernière, plus petite et figurant très probablement le duc, également à l'huile. Elles conduisent aussi à croire que des deux portraits originaux peints au pastel très certainement en présence des modèles, seul celui du duc est aujourd'hui identifié. Offerte par Mme de Montesson à Jean-Baptiste Cyrus Adélaïde de Timbrune de Thiembronne, comte de Valence (1757-1822), puis restée dans sa descendance, l'oeuvre se caractérise par un traitement plus soigné tant dans les carnations que dans l'habit où figurent les trois ordres, la Toison d'or, le Saint-Esprit et Saint-Louis. D'une exécution plus rapide, les deux pastels, acquis en 2015 par le musée du Louvre, reproduisent les effigies faites d'après le modèle vivant, mais en supprimant sur le portrait du duc certains des ordres. Si les carnations y sont encore traitées avec beaucoup de soin et de maîtrise, les vêtements ne présentent pas le même brio, les couleurs étant posées plus sommairement et rehaussées de quelques touches de blanc afin de transcrire les brillances des étoffes. Les versions peintes à l'huile, deux connues pour l'effigie masculine, deux également pour l'effigie féminine, sont de qualité inégale. Celles du duc d'Orléans sont assurément d'une exécution plus fine que celles figurant Mme de Montesson. Sans doute faut-il l'expliquer par la volonté du duc d'Orléans de pouvoir offrir des versions de ces portraits à ses proches et à ses amis, mais en faisant appel à des copistes moins onéreux qu'Élisabeth Vigée Le Brun (Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 141, p. 280 -283). neiljeffares.wordpress.com/2018/07/12/the-louvre-pastels-catalogue-errata-and-observations, n° 141/142.

INDEX :
Collections : Lévis-Mirepoix, Famille - Roncherolles, marquis de
Lieux : Paris, Fondation Custodia, oeuvre en rapport, Versailles, Musée national du château, oeuvre en rapport, Collection particulière, oeuvre en rapport
Personnes : Orléans, Louis-Philippe, duc d' (1725-1785) - Montesson, marquise de (1737-1806)+ - Roncherolles, marquis de+
Techniques : pastel - papier marouflé sur toile