Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 05/05/2023 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

BERAIN Jean I


Ecole française

Costume pour l'Indien chantant dans la treizième entrée du « Triomphe de l'Amour »
Costumes des Fêtes, Mascarades. Théâtres, etc., de Louis XIV

Vers 1681

Dessin

TECHNIQUES :
encre brune - lavis gris - eau-forte - plume - traces de pierre noire

INVENTAIRES :
Collection Edmond de Rothschild
1988 DR/ Recto

LOCALISATION :
Réserve Edmond de Rothschild
Recueil de dessins : Costumes des Fêtes, Mascarades. Théâtres, etc., de Louis XIV - Tome V - 1903 DR à 2013 DR

ATTRIBUTION ACTUELLE :
BERAIN Jean I
Bouffard, Mickaël

ANCIENNES ATTRIBUTIONS :
ANONYME FRANCAIS
Inventaire Edmond de Rothschild, 1935

TECHNIQUES ET DIMENSIONS :
Plume et encre brune, lavis gris avec des traces de pierre noire sur une silhouette à l'eau-forte.
Dimensions à la feuille : H. 00,225m ; L. 00,154m

HISTORIQUE :
Claude Pioche sieur du Rondray (1660/1665 -1733) (?), Paris, mars 1733 ; Gilbert Paignon-Dijonval (?) (1708-1792), 1810 ; Charles-Gilbert, vicomte de Morel-Vindé (?), sa vente, Londres, 1819 ; Samuel Woodburn (?), Londres ; Paul et Dominic Colnaghi (?), Londres ; acquis par Auguste Danlos pour Edmond de Rothschild en août 1889, 6900 francs ; don au musée du Louvre en 1935.
Dernière provenance : Rothschild, baron Edmond de
Mode d'acquisition : don
Année d'acquisition : 1935

COMMENTAIRE :
Prévu pour le chanteur Antoine I Morel, ce dessin a pu être identifié grâce à une gravure d'après Jean Berain due à un proche collaborateur : Jean Dolivar (voir l'exemplaire L 71 LR/237). Cette estampe et celle qui représente le Mystère chantant font partie d'une série de six costumes commémorant le Triomphe de l'Amour. Pour les figures de l'Indien et du Mystère, Berain emploie l'un de ses mannequins favoris (pour des femmes (2494 DR, 1547 DR, 2529 DR), pour des hommes (1548 DR, 1725 DR, 1755 DR, 1988 DR, 2461 DR) ou même pour des démons (1742 DR), avec ou sans recours à un mannequin à l'eau-forte), qui synthétise à lui seul l'esthétique corporelle de la rhétorique classique, dont la cinquième partie, nommée actio, régissait le maintien, le geste et le jeu de l'acteur-chanteur dans la seconde moitié du XVIIe siècle : la pointe des pieds est bien tournée en dehors, les coudes sont correctement détachés de la taille, les doigts sont répartis avec art - le majeur et l'annulaire ayant moins de distance entre eux qu'avec l'index et l'auriculaire -, et la tête se porte dans la direction opposée à l'appui du corps. Tout cela concourt à rendre la posture à la fois héroïque, gracieuse et contrastée, conformément aux standards de l'époque. Cependant, dans le but de varier les attitudes de leur série, l'Indien est présenté dans le même sens que le dessin alors que le Mystère est gravé en contrepartie. Comme l'expliquait Michel Le Faucheur : « Il faut faire tous les gestes de la main droite, et si on y emploie la gauche, que ce soit seulement pour accompagner la droite, et encore en s'élevant toujours moins haut qu'elle. » L'Indien de la suite de Bacchus connaît deux versions colorées, conservées au Victoria and Albert Museum (DT. 19C, 8898.18,) ainsi qu'au Nationalmuseum de Stockholm (NMH THC 4937). Ce dernier dessin est incarnat et or, avec, pour le panache d'autruche et le manteau, un mélange en dégradé de rose saumon et de bleu violacé, qui évoque une étoffe changeante. Une pâle inscription à la pierre noire l'identifie toutefois comme un Africain. Cela ne doit pas nous étonner, car, comme l'a montré Petra Dotlacilová (2020, p. 86), les dessinateurs de costumes entretiennent un certain flou dans la caractérisation des Africains, des Indiens, des Américains et des Maures, dont les attributs sont souvent interchangeables : plumes multicolores, étoffes rayées, bracelets, pendants d'oreilles, peau sombre, arc et flèches. Cela est dû à la confusion qui règne dans les recueils d'images que consultaient les dessinateurs, où se confondaient souvent les deux Indes (occidentales et orientales) et les deux Éthiopies (dont l'une correspond à l'Inde actuelle). Berain n'a pas hésité, pour son Indien, à emprunter le manteau rayé de l'Américain ou Africain de Gissey (1590 DR) (M. Bouffard dans « En scène! Dessins de costumes de la collection Edmond de Rothschild », cat. exp. Paris, musée du Louvre, du 27 octobre 2021 au 31 janvier 2022, sous la direction de Mickaël Bouffard, Victoria Fernández Masaguer et Jérôme de La Gorce, éditions Liénart et musée du Louvre, 2021, p. 126 note 3, p. 130-133 cat. 37b, p. 142 note 2).

INDEX :
Lieux : Londres, Victoria and Albert Museum, oeuvre en rapport, Stockholm, Nationalmuseum, oeuvre en rapport
Personnes : Gissey, Henri de, oeuvre en rapport - Dolivar, Jean, oeuvre en rapport
Sujets : Lully, Jean-Baptiste, Le Triomphe de l'Amour - costume de ballet

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 1, p. 14