Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
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MAÎTRE DES CHIMERES


Ecole française

Costumes d'armures grotesques pour Arlequin et deux acolytes (Scaramouche à droite et le Capitan à gauche ?)
Costumes des Fêtes, Mascarades. Théâtres, etc., de Louis XIV

Seconde moitié du XVIIe siècle

Dessin

TECHNIQUES :
encre brune - lavis gris - aquarelle - plume - esquisse à la pierre noire

INVENTAIRES :
Collection Edmond de Rothschild
1551 DR/ Recto

LOCALISATION :
Réserve Edmond de Rothschild
Recueil de dessins : Costumes des Fêtes, Mascarades. Théâtres, etc., de Louis XIV - Tome I - 1542 DR à 1603 DR

ATTRIBUTION ACTUELLE :
MAÎTRE DES CHIMERES
Bouffard, Mickaël

PROPOSITIONS D'ATTRIBUTIONS :
ANONYME FRANCAIS
Inventaire Edmond de Rothschild, 1935

TECHNIQUES ET DIMENSIONS :
Plume et encre brune, lavis gris et aquarelle sur une esquisse à la pierre noire. Filigrane dit d'Écu aux Trois O ou aux Trois annelets couronné et entouré de branches de laurier (Relevée dès 1647 et mentionnée par le Conseil d'État en 1659, cette marque a été relevée dans la seconde moitié du xvIIe siècle. Elle se distingue des Trois O du filigrane aux armes de Gênes par son écu de type français entouré de branches de laurier liées par un ruban noué (Gaudriault, 1995, p. 158-159).
Dimensions à la feuille : H. 00,200m ; L. 00,321m

HISTORIQUE :
Claude Pioche sieur du Rondray (1660/1665 -1733) (?), Paris, mars 1733 ; Gilbert Paignon-Dijonval (?) (1708-1792), 1810 ; Charles-Gilbert, vicomte de Morel-Vindé (?), sa vente, Londres, 1819 ; Samuel Woodburn (?), Londres ; Paul et Dominic Colnaghi (?), Londres ; acquis par Auguste Danlos pour Edmond de Rothschild en août 1889, 6900 francs ; don au musée du Louvre en 1935.
Dernière provenance : Rothschild, baron Edmond de
Mode d'acquisition : don
Année d'acquisition : 1935

COMMENTAIRE :
Ce dessin montre Arlequin et ce qui semble être le Capitan et Scaramouche en armures. On reconnaît le masque et les losanges colorés du premier, de même que les moustaches, les boutons et les brandebourgs des deux autres. C'est un procédé habituel de la commedia dell'arte de travestir ses 'tipi fissi' de diverses manières en laissant toujours au spectateur la possibilité de les identifier sous leur déguisement. Malgré un style qui rappelle l'époque de Daniel Rabel, ce dessin daterait plutôt de la seconde moitié du XVIIe siècle, comme en témoigne le filigrane que l'on ne rencontre pas avant 1647. C'est la première fois que l'on trouve des oeuvres de ce dessinateur anonyme, dont l'existence a été relevée par Philippe Cornuaille grâce à ses costumes gravés (Les Décors de Molière, Paris, Presses de l'Université Paris-Sorbonne, 2015, p. 279-282. Voir les épreuves conservées à la Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la Photographie, RESERVE QB-201 (31)-FOL. 24 et 25). On les retrouve sur des écrans à mains ronds intitulés 'La Bradamante ridicule représentée devant le roi', une pièce jouée par la troupe de Molière qui reçut 100 louis d'or « pour la dépense des habits qui étaient extraordinaires » selon le registre de La Grange (Molière, éd. 2010, I, p. 1066). La collection Edmond de Rothschild conserve plusieurs copies de ces dix-huit costumes. Ce dessinateur se caractérise par un style grotesque très archaïque et une affection toute particulière pour les formes en ergots ou en éperons. Le Louvre conserve une autre série de dessins de la même main (du moins pour la plume) (Inv. 33612 à Inv. 33628) qui furent conçus pour la scène des ambassadeurs du Banqueroutier, écrite en 1687 par Anne Mauduit de Fatouville pour les Comédiens-Italiens. Cette scène montre Arlequin déguisé en prince des chimères, Mezzetin et Pasquariel en ambassadeurs, un concert d'« instruments ridicules » avec d'autres chimères, dont Pierre Chaalons, qui dansa enfant dans Atys en 1676 et dans Le Triomphe de l'Amour en 1681. On reconnaît dans cette série, comme dans le dessin présenté ici, l'utilisation quasi exclusive des trois couleurs primaires en plus du vert, de même que les couvre-chefs montés en épi, les pattes de griffon écaillées où les griffes sont marquées par de petits cercles, les lambrequins coupés largement, les postures et surtout le tracé mal défini des mains, où l'auriculaire, l'annulaire et souvent le majeur sont à peine suggérés. (M. Bouffard, dans « En scène! Dessins de costumes de la collection Edmond de Rothschild », cat. exp. Paris, musée du Louvre, du 27 octobre 2021 au 31 janvier 2022, sous la direction de Mickaël Bouffard, Victoria Fernández Masaguer et Jérôme de La Gorce, éditions Liénart et musée du Louvre, 2021, p. 106, p.150-152, cat. 46b). Voir aussi : Victoria Fernández Masaguer, "Dessiner le costume pour le spectacle", dans 'Grande Galerie, Le Journal du Louvre', automne 2021, n°56, p. 44-47.

INDEX :
Lieux : Paris, Bibliothèque Nationale, département des Estampes et de la Photographie, oeuvre en rapport
Personnes : Molière, Jean-Baptiste Poquelin, dit+ - Mauduit de Fatouville, Anne+ - Chaalons, Pierre

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 1, p. 14