Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 25/08/2023 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.
Gravé par

BURGKMAIR Hans l'Ancien


Ecole allemande

L'Empereur Maximilien Ier à cheval

1508

Estampe

TECHNIQUES :
gravure sur bois

INVENTAIRES :
Collection Edmond de Rothschild
737 LR/ Recto

Anciens numéros d'inventaire :
18074

LOCALISATION :
Réserve Edmond de Rothschild, petit format

ATTRIBUTION ACTUELLE :
Gravé par BURGKMAIR Hans l'Ancien

TECHNIQUES ET DIMENSIONS :
Gravure sur bois. État I/V (Dodgson état II/VII). Inscription gravée : .IMP. CAES. MAXIMIL.AVG. / 1508 / .H. BVRGKMAIR Filigrane : Haute couronne avec perles surmontée d'une croix à deux lignes (proche de Piccard online n° 52801 : Celle, 1508 ; n° 52802 : Kaisheim, monastère, 1514 ; n° 52805 : Augsbourg, 1516 ; n° 52812 : sans lieu, 1519)
Dimensions à la feuille : H. 00,323m ; L. 00,226m
Dimensions au trait carré : H. 00,323m ; L. 00,226m

HISTORIQUE :
Collection Defer-Dumesnil, sa marque au verso (L. 739) ; vente Defer-Dumesnil, 17-18 mai 1901, n° 61 (1 940 francs) ; achat auprès du marchand Auguste Danlos ; baron Edmond de Rothschild (1845-1934) ; don au musée du Louvre en 1935. Œuvre conservée dans le portefeuille n°48 du baron Edmond de Rothschild jusqu'en 2016.
Dernière provenance : Rothschild, baron Edmond de
Mode d'acquisition : don
Année d'acquisition : 1935

COMMENTAIRE :
Cette gravure est une réponse au 'Saint Georges' que Lucas Cranach avait exécuté en 1507 pour Frédéric III le Sage (épreuve conservée au British Museum, 1895,0122.264). Un an plus tard, Conrad Peutinger demanda à Hans Burgkmair de surpasser la feuille saxonne en produisant deux estampes de cavaliers, Maximilien Ier à cheval et Saint Georges (Bartsch 23), avec les mêmes matériaux, sur parchemin ou sur papier. Une épreuve conservée à Oxford (WA1863.3055) est un rare exemple de ces impressions exécutées dans des matériaux précieux à la demande de Peutinger : une planche de noir imprimée sur une feuille teintée en rouge (référence implicite à la pourpre impériale), et une matrice sur laquelle on a appliqué en même temps à la poupée une encre d'or et une encre d'argent donne les rehauts de lumière. Cette gravure allait connaître une longue vie et plusieurs modifications, dont une essentielle : l'ajout d'une planche de teinte. Parallèlement aux épreuves en or et argent (état I) ou peu de temps après, la planche de trait a été imprimée seule, (épreuve de Rothschild : deuxième état pour Dodgson, premier état pour nous car la matrice n'a subi aucun changement). Puis la matrice imprimée à l'or et à l'argent a été abandonnée, une planche de teinte fut gravée (troisième et quatrième états pour Dodgson, troisième état pour nous) avec le nom de Jost de Negker imprimé en typographie sur les différentes épreuves et le « 0 » de la date de 1508 altéré. Dans les cinquième et sixième états décrits par Dodgson (quatrième et cinquième états pour nous), la planche de teinte est identique, mais la date sur la planche de trait a été corrigée en 1518, d'abord avec un petit « 1 » assez maladroit (cinquième état pour Dodgson, quatrième pour nous -épreuve unique, Berlin, Kupferstichkabinett, 5085-1877-), puis avec un « 1 » composé d'une barre plus épaisse (sixième état pour Dodgson, cinquième état pour nous). On en a déduit que ce changement de date correspondait à une nouvelle publication de l'estampe, à l'occasion de la tenue de la Diète impériale à Augsbourg en 1518. Dans le septième état décrit par Dodgson (sixième état pour nous car il n'y a pas de changement dans la matrice, hormis d'avantage d'usures), seul le bois de trait a été imprimé, et il est vraisemblable que ces tirages ont été faits tout au long du XVIe siècle. À en juger par cette chronologie, on pourrait penser que la création de la planche de teinte fut le fait de Jost de Negker. Un deuxième état inconnu de Dodgson (épreuve conservée à Erlangen) (Universitatsbibliothek, A H 223), à notre connaissance unique et très endommagée, réunit une planche de teinte et une planche de trait portant la date de 1508, mais dépourvue du nom de Jost de Negker typographié. Le fait que cet état ne soit aujourd'hui connu que par un seul exemplaire peut signifier deux choses : soit il s'agit d'une épreuve d'essai faite par Jost de Negker avant qu'il ne se décide à apposer son nom, ce qui signifierait qu'il est bien le créateur de la planche de teinte, soit il s'agit d'un tirage fait par un autre atelier, peut-être le premier responsable de l'état I. Il existe également des tirages du Saint Georges de Burgkmair imprimés en couleurs avec la date de 1508 et sans le nom de Negker (Innsbruck, Universitatsbibliothek,inv. Sammlung Roschmann, Bd. 1, Mappe 1, blatt 24,et Cambridge, Fitzwilliam Museum.) Il est difficile de dater précisément la création de cette planche de teinte, car la date de 1508 appartient à la planche de trait déjà créée au moment de l'état I, mais elle intervient sans nul doute avant 1518. En effet, ce que Dodgson considérait comme des épreuves des troisième (collection Rothschild, 736 LR, et Brunswick, Herzog Anton Ulrich Museum, 2897), quatrième (Londres, British Museum, Prints and Drawings,1895,0122.377, et Washington, National Gallery of Art,1948.11.14, Rosenwald Collection) et cinquième états (Berlin, Kupferstichkabinett, 5085-1877) (troisième et quatrième états pour nous) sont en réalité des estampes exécutées au même moment, en 1518, quand l'atelier de Jost de Negker décida de réimprimer l'image à l'occasion de la Diète impériale réunie à Augsbourg en 1518 : le « 0 » de la date sur la planche de trait a été gratté, signe manifeste que l'on souhaitait modifier la décennie et non l'année. En outre, l'examen des épreuves de ces trois états montre qu'il n'y a quasiment pas d'usure d'un état à l'autre et les filigranes orientent vers les années 1516-1518. À l'évidence, la réédition de l'estampe lors de cet événement a suscité des tâtonnements dans l'atelier de l'imprimeur : dans les deux épreuves que nous connaissons du troisième état décrit par Dodgson, on peut voir un nouveau « 0 » qui a été ajouté à la place du « 0 » gratté. L'examen approfondi de ces deux feuilles révèle que ce « 0 » est identique, mais que sa position diffère légèrement dans l'épreuve de Rothschild, où il apparaît davantage collé au « 8 » et placé plus bas que dans l'épreuve de Brunswick. L'analyse physico-chimique de l'encre du « 0 » n'a pas révélé de différences avec celle employée pour imprimer la matrice de trait. Il faut donc en déduire que le « 0 » est un élément allogène au bois de trait, ajouté peut-être à l'aide d'un petit tampon et encré avec la même substance que l'ensemble de la matrice de trait, ce qui laisse entendre qu'il y eut une intervention au sein de l'atelier de Jost de Negker (Les filigranes de l'epreuve Rothschild et de celle de Brunswick sont identiques). Pourquoi ce dernier a-t-il souhaité ajouté un « 0 », alors même qu'il venait d'ôter cet élément de la planche de trait ? S'agit-il d'un repentir de Jost de Negker, qui, n'ayant plus de stock d'épreuves datées de 1508 et ayant déjà ôté le « 0 » de la date du bois de trait, pensait qu'il y aurait néanmoins une demande pour des épreuves datées de 1508 ? Il est pour l'heure impossible de trouver une explication satisfaisante, mais ces nombreux changements dans les bois indiquent que l'estampe du Maximilien à cheval avait une importance symbolique et commerciale considérable. (Séverine Lepape avec la collaboration d'Elisabeth Savage, dans cat. expo. 'Gravure en clair-obscur Cranach, Raphaël, Rubens', Musée du Louvre, Paris, 17 octobre 2018 - 14 janvier 2019, p.40 à 45, n° 2b) Bibliographie : Bartsch, 1808, t. 7, p. 283, no 58 ; Dodgson, 1911, t. 2, p. 74-77, no 15 et p. 419 ; Dodgson, 1921, p. 68-69 ; Burkhard, 1932, no 14 ; Hollstein German, 1957, t. 5, no 323 ; Exp. Maximilian I, 1459-1519, Vienne, 1959, p. 125, n° 404 Haverkamp-Begemann, 1962-1963, p. 12 ; cat. exp. Paris, 1965-1966, p. 7, n° 20; Falk, 1968, p. 69-71 ; Strauss, 1973, no 12 ; cat. exp. Brunswick, 1973, no 10 ; Falk et Biedermann, dans cat. exp. Augsbourg et Stuttgart, 1973, no 22a, b et c ; Landau et Parshall, 1994, p. 184-198 ; Bartrum, dans cat. exp. Londres, 1995, nos 132 et 133 ; Dackerman, dans cat. exp. Baltimore et Saint Louis, 2002-2003, no 12 ; Kemmer, dans cat. exp. Brunswick, 2003-2004, p. 14-15 ; Silver, 2008, p. 102-108, 112-120 ; P. Torres dans cat. exp., Sao Paulo, MASP, 2012, p. 103 et 104; Jecmen, dans cat. exp. Washington, Austin et Poughkeepsie, 2012-2014, p. 74-78, no 82, p. 110 ; Silver, dans cat. exp. Vienne, 2012-2013, p. 93-95 ; Gnann, dans cat. exp. Vienne, 2013-2014, no 2 (avec bibliographie complète) ; Gnann, dans cat. exp. Londres, 2014, p. 28-31 ; Savage et Stijnman, dans cat. exp. Düsseldorf, 2017, p. 64 ; Savage, 2018, p. 345-346 et no 11, p. 361-362. M. Deldicque, C. Vrand, Albrecht Dürer. Gravure et Renaissance (expo., Château de Chantilly, 04/VI-02/X/2022), Chantilly, musée Condé, 2022, p. 209.

INDEX :
Collections : Defer-Dumesnil - Danlos, Auguste
Lieux : Oxford, Ashmolean Museum, oeuvre en rapport, Londres, British Museum, oeuvre en rapport, Cambridge, Fitzwilliam Museum, oeuvre en rapport, Washington, National Gallery of Art, oeuvre en rapport, Berlin, Kupferstichkabinett, oeuvre en rapport, Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum, oeuvre en rapport, Erlangen, Graphische Sammlung der Universitätsbibliothek, oeuvre en rapport, Innsbruck, Universitätbibliothek, oeuvre en rapport
Personnes : Maximilien Ier d'Autriche, empereur - Cranach, Lucas, oeuvre en rapport - Peutinger, Konrad+
Sujets : portrait équestre

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 1, p. 39