Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 12/02/2024 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.
Gravé par

DURER Albrecht


Ecole allemande

Melencolia I
dit aussi "La Mélancolie"

1514

Estampe

ETAT :
Épreuve du 2e état

TECHNIQUES :
burin

INVENTAIRES :
Collection Edmond de Rothschild
574 LR/ Recto

Anciens numéros d'inventaire :
18290

LOCALISATION :
Réserve Edmond de Rothschild, petit format

ATTRIBUTION ACTUELLE :
Gravé par DURER Albrecht

TECHNIQUES ET DIMENSIONS :
Gravure au burin. Etat II/II
Dimensions à la feuille : H. 00,240m ; L. 00,186m
Dimensions au trait carré : H. 00,238m ; L. 00,184m

HISTORIQUE :
Œuvre conservée dans le portefeuille n°42 du baron Edmond de Rothschild jusqu'en 2016.
Dernière provenance : Rothschild, baron Edmond de
Mode d'acquisition : don
Année d'acquisition : 1935

COMMENTAIRE :
'Le sujet principal de ce burin de 1514 est une géométrie ailée dont la main, soutenant la tête dans un état d'abattement, traduit le tempérament mélancolique.... Les conséquences de l'excès de de cette dernière pouvaient être funestes : fièvres et visions menant le malade jusqu'à la folie voire au suicide. Cette dépréciation se transforme à la fin du XVe siècle en une interprétation positive grâce à ka relecture des traités d'Aristote par des néoplatoniciens comme Marsile Ficin : le mélancolique devient par essence un génie créateur. Dürer donne donc à sa Mélancolie tous les attributs de l'artiste qui, grâce aux outils de l'architecte, du charpentier, du géomètre et du mathématicien, cherche à représenter la nature selon les lois de la perspective. Le polyèdre facetté - au milieu des rabot, scie, règle, marteau, creuset, pinces, sphère, sablier, balance, carré magique et compas, - constitue donc un élément de cette création respectueuse des proportions. Mais il est sans doute plus qu'un simple outil ou un symbole : sa taille, comme son emplacement dans l'image suggère qu'il constitue l'objet même du travail de la figure principale.... Nombreux sont arrivés à la conclusion qu'il s'agit d'un rhomboèdre tronqué, dont les angles ne sont pas compatibles avec ceux observables sur les cristaux de cette forme. L'interprétation donnée par E. Panofsky et F. Saxl dès 1923, à savoir un rhomboïde tronqué en pierre symbolisant la géométrie descriptive, en particulier la stéréographie et la perspective, reste donc pertinente. La construction des polyèdres fut l'un des principaux problèmes de géométrie pratique à la Renaissance. Elle occupa Dürer toute sa vie.... Pour l'estampe de La Mélancolie, Dürer jugea bon, fait rarissime, de s'entraîner à dessiner le polyèdre dans un carnet à dessin aujourd'hui conservé à Dresde (Dresde, bibliothèque d'Etat de Saxe - Bibliothèque universitaire de Dresde, Mscr.Dresd.R.147.f.)... L'importance du rhomboïde avait déjà été soulignée par Pacioli qui considérait qu'en tronquant les angles et en les remplaçant p des facettes, on obtenait des corps de plus en plus complexes susceptibles de fournir une bonne approximation de la représentation du corps humain, rejoignant cette idée si caractéristique de la Renaissance que toute créature est composée de la combinaison de cinq corps simples. Dès lors, cette pierre massive plantée devant la Géométrie mélancolique pourrait signifier le travail de l'artiste s'efforçant d'atteindre au moyen de lois mathématiques la perfection du corps humain. Mais contrairement à l'allégorie gravée de la Géométrie de Gregor Reisch pour sa 'Margarita Philosophica' de 1504, dont on a souligné l'influence sur Dürer, ou à la 'Mélancolie' de Hans Sebald Beham de 1539, ce n'est ni un cube, ni une sphère que Dürer choisit de représenter mais bien un solide tronqué qui, par sa complexité, amène l'artiste à éprouver un douloureux sentiment de l'imperfection humaine.' (S. Lepape, 2023). Bibliographie : A.Bartsch, 'Le Peintre graveur', Vienne P. Mechetti, 1808, t. VIII, n°144 G. Pauli, 'Hans Sebald Beham. Ein kritisches Verzeichniss seiner Küpferstiche, Radirungen und Holzschnitte, Starsbourg, Heitz, 1901, n° 145 E. Panofsky & F. Saxl, 'Dürers Melancolia I. Eine Quellen-und typengeschichtliche Untersuchung', Leipzig, Teubner, 1923, pp.319-320 E. Panofsky, 'Iconography and Iconology. Meaning in the Visual Arts', Chicago, University of Chicago Press, 1945, t. I, pp.151-155 B. Degenhart & A. Schmitt, 'Corpus der italianischen Zeichnungen 1300-1450', Berlin, Gebr. Mann, vol. II, pp.402-405 M. Préaud, 'Mélancolies', Paris, Herscher, 1982, pp.11-15 J. Peiffer, 'Albrecht Dürer. Géométrie', Paris, Seuil, 1995, pp.33-45 R. Schoch, M. Mende & A. Scherbaum, 'Albrecht Dürer. Das Druckgraphische Werk. I. Küpferstiche Eisenradierungenund Kaltnadelblätter', Munich, Prestel, 2001, n°71, pp.179-185 (avec bibliographie exhaustive sur l'etampe) H. Weizel, 'Zum Polyeder auf A. Dürers Stich Melencolia I. Ein Nürnberger Skizzenblatt mit Darstellungen archimedischer Körper' in 'Sudhoffs Archiv', 2007, vol. XCI, n°2, pp.129-173 M. Deldicque & C. Vrand in "Albrecht Dürer. Gravure et Renaissance", Chantilly, musée Condé, 4 juin - 2 octobre 2022, Chantilly, 2022, p. 231-232, 236 S. Lepape in '« Voyage dans le cristal', cat. exp., Paris, musée de Cluny, Paris, Grand Palais, 26 septembre 2023 - 14 janvier 2024, Paris, 2023, n°145, repr.

INDEX :

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 1, p. 31