Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 04/11/2021 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

COYPEL Charles Antoine


Ecole française

La France rend grâce au ciel pour le rétablissement de la santé de Louis XV en août 1744 à Metz.

1744

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
RF 31419, Recto

LOCALISATION :
Réserve des pastels

ATTRIBUTION ACTUELLE :
COYPEL Charles Antoine

TECHNIQUES :
Pastel sur quatre feuilles de papier gris-bleu assemblées à joints couvrants et marouflées sur une toile imprimée d'une couche de préparation de couleur rouge-brun tendue sur châssis. L'œuvre a été agrandie sur les quatre côtés au moyen de tasseaux cloués sur le châssis puis recouverts de papier bleu. La composition se poursuit sur les agrandissements. Trace de mise au carreau à la craie blanche. H. 0,594 ; L. 0,500 m. Avec les agrandissements : H. 0,627 ; L. 0,530 m Signé et daté en bas à gauche : C. Coypel 1744. Annotation manuscrite à la plume et encre brune indiquant sur les planches de protection arrière du pastel le nom du prince Stirbey, ancien propriétaire de l'œuvre. Étiquette collée sur le tasseau d'agrandissement inférieur annoté à la plume et encre brune : Coypel / Adrienne Lecouvreur. Les mesures du cadre sont : H : 00,712 ; L : 00,825 et profondeur : 00,10.
H. 00,625m ; L. 00,530m

HISTORIQUE :
Probablement peint pendant le mois d'août 1744 et resté en possession de l'artiste. Apparaît dans la vente après décès de son frère Philippe Coypel à Paris le 11 juin 1777, lot 42, adjugé 39 livres 19 sols (exemplaire annoté du catalogue, Paris, BnF, Impr., 80 V36 1685). Vente Georges Rothan (1822-1890), diplomate et historien, Paris, galerie Georges Petit, 29-31 mai 1890, lot 133, comme portrait d'Adrienne Lecouvreur, adjugé 620 francs au prince Georges Barbu ¿tirbei ou Stirbey (1832-1925), ainsi que le précise l'exemplaire annoté du catalogue de l'ancienne étude Baudoin conservé à la Chambre des commissaires-priseurs de Paris. Collection du prince Stirbei. Acquis par le musée du Louvre en 1963. Restauré en mars 2015 (élimination mécanique des moisissures, dépoussiérage du dos, mise en place dans un cadre emboîtant).
Dernière provenance : Galerie Marcus
Mode d'acquisition : achat
Année d'acquisition : 1963


COMMENTAIRE :
Esquisse au pastel du tableau de 1744, placé dans les appartements de la Reine à Versailles et gravé par Pierre-Louis Surugue le Fils, l'estampe fut exposée au Salon de 1745. A propos d'une autre étude sur papier bleu, préparatoire au tableau de Charles Antoine Coypel (Château de Versailles, INV.DESS 1114, pierre noire et rehauts de craie blanche sur papier bleu, mis au carreau à la pierre noire, H. 0,464 ; L. 0,31 m, achat en 1995) (Xavier Salmon, Château de Versailles. Nouvelles acquisitions du Cabinet des dessins, 1988-1998, Société des Amis de Versailles, Cahiers Versalia, cat. exp. Versailles, Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, 4 mars - 2 juin 1999, n° 27, p. 36.) L'auteur pense que l'étude de Versailles précède celle du pastel du Louvre, si celui-ci n'est pas un ricordo d'après le tableau. Neil Jeffares confirme l'attribution à Antoine Coypel et le sujet, La France rendant grâces au ciel pour la guérison de Louis XV, (Dictionary of pastellists before 1800, Londres, 2006, p. 147). (Voir Xavier Salmon, Parler à l'âme et au cœur. La peinture selon Marie Leszczynska, cat. exp., Fontainebleau, Château de Fontainebleau, 18 juin - 19 septembre 2011, fig. 17, p. 39) A propos du tableau, il fut concédé en juin 1808 par le Musée impérial de Versailles à l'église de Clairvaux dans le Jura, où il est toujours conservé. Pour l'analogie conservée à Versailles : (voir Juliette Trey, Anita Chiron-Mrozowska, Le Versailles de Marie Leszczynska : l'art à la cour de France au XVIIIe siècle. Wersal Marii Leszczynskiej : Sztuka dworska we Francji XVIII wieku, Varsovie, Château royal, 20 septembre 2013 - 5 janvier 2014, n° 57, p. 214-215, repr.), Christian Baulez, Sous le plafond de l'antichambre des Nobles de la Reine, dans Versalia, n° 19, 2016, p. 71-86, fig. 7, p. 76. Les faits ont déjà été publiés à plusieurs reprises (Schnapper,1968, p. 255 ; Lefrançois, 1994, p. 330-331 ; Salmon,1999a, p. 36). Sur la route de l'Alsace où il devait prendre le commandement des armées engagées dans la guerre de Succession d'Autriche, Louis XV fut soudainement atteint d'une forte fièvre le 7 août 1744 à Metz. Après qu'il eut été saigné et purgé plusieurs fois, son état s'aggrava entre le 12 et le 14, au point que les derniers sacrements lui furent administrés. Le 14 août, à la demande du roi, son épouse Marie Leszczynska, le Dauphin et Mesdames prenaient le chemin de Metz. Dans la nuit du 15 au 16, l'état du souverain s'améliora et ne suscita ensuite plus aucune crainte. On put annoncer et fêter la guérison. À Paris, le peintre préféré de la reine, Charles Antoine Coypel, décida de célébrer l'événement à sa manière en faisant acte de courtisanerie. Sans avoir reçu de commande officielle, il peignit rapidement un grand tableau figurant la France rendant grâce au ciel pour la guérison de Louis XV. Avec la complicité de l'administration royale et afin de surprendre la reine et de lui faire plaisir, la toile fut installée sur la cheminée du Grand cabinet dans l'appartement de Marie Leszczynska à Versailles avant qu'elle ne soit revenue de Lorraine. À son retour, la souveraine manifesta le plus grand contentement. L'œuvre fut aussitôt gravée par Pierre Louis Surugue le fils et l'estampe fut exposée au Salon de 1745. Le tableau allégorique demeura en place à Versailles au moins jusqu'au décès de l'épouse de Louis XV en 1768, peut-être même jusqu'en 1785, année au cours de laquelle Richard Mique fut chargé à la demande de Marie-Antoinette de renouveler le décor de la salle, actuel salon des Nobles. Dès lors conservée dans les magasins, la grande toile de Coypel fut finalement donnée par le musée impérial de Versailles à l'église de Clairvaux (Jura), où Antoine Schnapper l'identifia à la fin des années 1960 (Lefrançois, 1994, p. 329-331,no P. 228, repr.). Incarnée par une jeune femme couronnée, un bouclier fleurdelysé à ses pieds, levant les bras au ciel dans un geste de gratitude, l'allégorie fut soigneusement préparée par Coypel. Si, sous l'influence du théâtre, l'artiste avait déjà fait usage d'une attitude similaire pour le personnage d'Armide apparaissant sur la toile représentant Le Sommeil de Renaud (Neuchâtel, musée d'Art et d'Histoire, inv. AP 45. Lefrançois, 1994, no P. 191), composition peinte vers 1738 et reprise en 1741 pour le grand carton de tapisserie appartenant aux « Fragments d'opéra » (Nantes, musée des Beaux-Arts, inv. 615. Lefrançois, 1994, no P. 207), il lui sembla néanmoins nécessaire de tracer à la pierre noire des études préparatoires. La première dans la chronologie est celle que publia Pierre Rosenberg en 1972 (p. 150-151, no 36, repr. pl. 83). Alors conservé dans la collection Suida-Manning à New York, ce dessin mis au carreau décrit la totalité de la figure à la pierre noire avec quelques traces de sanguine (Blanton Museum of Art, Austin, 0,302 × 0,200 m). L'agencement du drapé est déjà celui du tableau peint mais avec d'infimes variantes. Acquis en 1995 par le château de Versailles, le second dessin (fig. 14. 0,464 × 0,310 m. Inv. MV 8932) est très proche du premier. Tracé à la pierre noire et craie blanche sur papier bleu et également mis au carreau, il accorde plus d'importance à la draperie, qui gagne en volume grâce aux rehauts de blanc et présente un agencement des plis plus proche de la toile de Clairvaux. Daté par l'artiste de 1744, le pastel du Louvre ne s'inscrit pas à notre sens dans cette séquence préparatoire. La feuille de Versailles n'étant pas connue de Thierry Lefrançois lorsqu'il publia sa monographie dédiée à Charles Antoine Coypel, il avait considéré que le petit tableau au pastel pouvait être une étude minutieuse de draperies préparant directement le tableau, et qui, « dans le but d'analyser rigoureusement les masses et les lumières », faisait « volontairement abstraction de la couronne et des fleurs de lys ornant le bouclier ». En 1972, Pierre Rosenberg considérait que l'absence de la couronne et quelques autres variantes de détail sur le pastel interdisaient d'y reconnaître une œuvre préparatoire à la toile peinte. Nous serions enclin à partager ce dernier avis, Coypel désirant conserver dans son atelier le souvenir de la composition grâce à un ricordo. Privilégiant l'attitude et le corps amplement drapé, couronne et fleurs de lys lui avaient paru anecdotiques, mais il avait cependant pris soin de reproduire les cabochons ornant la partie basse de l'étoffe. Demeuré en sa possession, le pastel l'avait ensuite peut-être aidé à composer en 1748 le modello et le carton de tapisserie de la tenture de Dresde décrivant Psyché abandonnée par l'Amour (Lille, musée des Beaux-Arts, inv. P. 1854, et Boulogne-sur-Mer, musée des Beaux-Arts et d'Archéologie,inv. 191/13. Lefrançois, 1994, nos P. 255 et P. 256, repr.). Vêtue d'une manière différente, la jeune héroïne mythologique y paraît en effet dans une gestuelle très similaire (Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 46, p. 108-110). neiljeffares.wordpress.com/2018/07/12/the-louvre-pastels-catalogue-errata-and-observations, n° 46.

INDEX :
Lieux : Versailles, Musée national du château, oeuvre en rapport, Versailles, Musée Impérial, oeuvre en rapport, Clairvaux, église, oeuvre en rapport
Personnes : Louis XV, roi de France+ - Surugue, Louis, gravure en rapport
Sujets : Allégorie de la France - Salon de 1745 - Coypel, Charles Antoine, La France rendant grâces au ciel pour la guérison du roi
Techniques : pastel

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 27, p. 1