Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 07/10/2021 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

NATTIER Jean Marc


Ecole française

La Chute des Anges rebelles

1751

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
RF 37109, Recto

LOCALISATION :
Nouvelle réserve des pièces encadrées

ATTRIBUTION ACTUELLE :
NATTIER Jean Marc

TECHNIQUES :
Pierre noire et rehauts de blanc sur quatre feuilles de papier brun assemblées et marouflées sur toile. Signé et daté, en bas, à gauche, en blanc : Nattier fecit / 1751.
H. 01,105m ; L. 00,815m

HISTORIQUE :
La feuille est décrite dans le catalogue des dessins, tableaux, estampes, bronzes, porcelaines et livres du cabinet de Nattier dont la vente s'est déroulée le lundi 27 juin 1763, dans l'appartement de l'enclos du Temple à Paris : Un très grand dessin en bordure doré et glace representant : La chute des mauvais anges. Elle ne semble pas avoir été cédée à autrui, demeurant en possession des enfants de Nattier et de leurs descendants. P. de Nolhac cite le dessin en 1905 chez A. Dumaine, G. Huard le cite en 1930 chez H. Dumaine. Acquis auprès de ces derniers par Maurice Ségoura, le dessin fut acheté par le musée du Louvre en 1979. Vu au récolement le 22/10/2018 en Réserve des pièces encadrées, marqué sur étiquette (C35 Réserve des pièces encadrées, G. Masson et Ch. Winling).
Dernière provenance : Galerie Segoura
Mode d'acquisition : achat
Année d'acquisition : 1979


COMMENTAIRE :
'Selon le comte de Caylus, le dessin fut exposé au Salon à Paris en 1751 (non cité au Livret). Conçue comme une œuvre aboutie de dimensions extraordinaires, elle ne répondait à aucune commande précise, mais au seul plaisir que Nattier éprouvait à l'art de la composition et au genre de l'histoire. L'artiste avait une connaissance exacte du poème de John Milton (1608-1674) car il en possédait la traduction de Nicolas-François Dupré de Saint-Maur (1695-1774) publiée à Paris en 1729 (l'ouvrage est cité dans le catalogue de sa vente, en 1763). Son choix s'était porté sur le VIe chant, qui décrit les combats opposants les forces du bien à celles du mal, et, plus particulièrement sur ceux du troisième jour, qui sous la conduite de Dieu le Père, avait assuré la victoire du Messie sur les troupes de Satan. Pour une telle scène l'artiste, avait indéniablement utilisé pour modèle La Chute des réprouvés de Rubens, il en possédait l'estampe gravée par Pieter Claesz Soutman, A cette gravure célèbre, peut-être à celle de la Tentation de saint Antoine par Jacques Callot (dont il était aussi propriétaire) et à l'une des compositions peintes par Rubens pour le Luxembourg, La Paix confirmée dans le ciel, il avait emprunté plusieurs de ses êtres monstrueux, en particulier la bête à sept têtes des péchés capitaux, où l'on reconnaît le paon de la Vanité, le bélier de la Luxure, l'âne de la Paresse, le lion de la Colère, le loup de l'Homicide, le serpent de la Fraude et le sanglier de la Gourmandise (X. Salmon, 1999). 'Il a laissé à ses enfants un des plus beaux dessins de composition qu'il ait faits, dont le sujet est la Chute des Anges, tiré du 'Paradis Perdu' de Milton. 'Pour Nattier, il s'agit d'associer une pratique picturale à la lecture qu'il apprécie tout particulièrement. Ainsi sa fille nous rappelle :' (...) On peut dire qu'il a rendu dans ce dessin, qui est digne d'admiration, une grande partie du feu et de l'enthousiasme qui brillent dans l'auteur et qui font un chef-d'oeuvre du sixième chant de ce poème'. Si ce témoignage nous invite à rapprocher cette magnifique composition du chapitre 6, du poème, il est en fait assez difficile d'y voir un épisode précis, tout juste peut-on penser à ce passage où Dieu ordonne à ses armées de chasser les rebelles (dans la traduction de Dupré de Saint-Maur, t. II, p. 58) (...) Celui-ci s'est manifestement servi de modèles comme la 'Chute des réprouvés' de Rubens gravé par Pieter Claesz Soutman, peut-être la 'Tentation de saint Antoine' de Callot et une autre composition peinte par Rubens pour le palais du Luxembourg. Xavier Salmon a noté que plusieurs êtres monstrueux, notamment la bête à sept têtes des péchés capitaux en avaient été tirés (X. Salmon, 1999) (L. Piralla-Heng Vong, 2020). Dessin inspiré par Milton montré dans l'exposition "Soleils noirs" pour montrer la constance de l'association entre la couleur noire et le mal (M. Dillmann, 2020).

INDEX :
Lieux : Paris, Palais du Luxembourg, oeuvre en rapport
Personnes : Caylus, comte de+ - Soutman, Peter Claesz, gravure en rapport - Dupré de Saint-Maur+
Sujets : Allégorie de la Fraude - Allégorie de la Luxure - Allégorie de la Colère - Allégorie de la Paresse - Allégorie de la Vanité - Chute des anges rebelles - Milton, John, Paradis Perdu - Rubens, Peter Paulus, Chute des damnés - Allégorie de la Gourmandise - Salon de 1751 - Callot, Jacques, Tentation de saint Antoine - Rubens, Peter Paulus, La Paix confirmée dans le ciel - Allégorie de l'Homicide
Techniques : pierre noire - rehauts de blanc

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 28, p. 250