© GrandPalaisRmn (Musée du Louvre) / Michel Urtado
Ecole française
Portrait du graveur Gabriel Huquier (1695-1772).1747
INVENTAIRES ET CATALOGUES :Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
RF 35521, Recto
LOCALISATION :Réserve des pastels
ATTRIBUTION ACTUELLE :PERRONEAU Jean-Baptiste
TECHNIQUES :Pastel sur papier bleu marouflé sur toile tendue sur châssis. Signé et daté, vers le centre, à gauche, à la mine de plomb : 'Perroneau / en 1747 février'. Mesures du cadre : H : 00,83 L : 00,74 et profondeur : 00,105
H. 00,630m ; L. 00,530m
HISTORIQUE :Mme André Lazard ; legs 1972.
Exposé au Salon de 1747 sous le numéro 127 : « Autre [Un Portrait au Pastel], M. Huquer, Orléans ». Collection du modèle, puis de sa veuve Marie-Anne Huquier née Desvignes (vers 1697 - 1775), au deuxième étage de leur maison rue de la Sorbonne à Paris avec deux autres portraits au pastel : « [...] trois tableaux passetelle sous verre dans leurs bordures de bois doré [...] l'un feu M. Huquier père, le second Mlle Huquier d'Orléans, le troisième M. Desvignes Jacobin, frère de la défunte » (A.N.,M.C., XCVIII, 26 juillet 1775, inventaire après décès de Marie-Anne Huquier, fo 4 vo, cité par Arnoult, 2014, p. 214). Dans la descendance de Mme Huquier. Cité en 1909 dans la collection d'Élie Léonce André Lazard (1869-1931) à Neuilly-sur-Seine, puis à sa veuve, née Georgette Berthier (1885-1973), qui en fit don au musée du Louvre en 1972 en souvenir de son mari. Restauré en 2015 (décadrage, démontage du papier de protection arrière pour permettre le dépoussiérage de la toile de marouflage et du châssis par micro-aspiration, élimination mécanique des moisissures, ré encadrement dans un cadre emboîtant).
Dernière provenance : Lazard, Georgette
Mode d'acquisition : legs
Année d'acquisition : 1972
COMMENTAIRE :Geneviève Monnier, 'Pastel XVIIe et XVIIIe siècles, musée du Louvre, cabinet des Dessins' Inventaire des collections publiques françaises, 18, Paris, 1972, n° 91 à 96 ; Jean-François Méjanès, dans cat. exp. 'Acquisitions 1984-1989, département des Arts graphiques', Musée du Louvre, Paris, n° 109.
Neil Jeffares donne ce pastel à Jean-Baptiste Perronneau, portrait de Gabriel Huquier (1696-1772), graveur (Dictionary of pastellists before 1800, Londres, 2006, p. 403).
A propos de la publication de Dominique d'Arnoult, Jean-Baptiste Perronneau, ca. 1715-1783. Un portraitiste dans l'Europe des Lumières, Arthena, 2014, lire : Xavier Salmon, Jean-Baptiste Perronneau la main virtuose, Histoire de l'art / Jean-Baptiste Perronneau, Grande Galerie, Le Journal du Louvre, n° 32, 2015, p. 86-89.
Embauché en 1737-1738 dans l'atelier de Gabriel Huquier,rue Saint-Jacques au coin de celle des Mathurins à Paris, où il avait commencé à graver, Jean-Baptiste Perronneau conserva des liens d'amitié avec celui qui lui avait mis le pied à l'étrier. En 1747, soit peu de temps après avoir été agréé à l'Académie royale de peinture et de sculpture le 6 août 1746, il lui rendait hommage en fixant ses traits, ceux de son fils âgé de six ans, André Prosper Huquier, et ceux de sa fille Marie-Anne. Le garçonnet tenait un lapin, la jeune fille,un petit chat (voir cat. 113). Il présentait ensuite au Salon le portrait d'Huquier (no 127) et celui de son fils (no 129 bis), avec trois autres de ses pastels. Il s'agissait pour l'artiste de sa deuxième exposition publique. Encore méconnu et devant affronter la redoutable concurrence de La Tour, qui montrait lui aussi plusieurs œuvres peintes au pastel, dont les effigies du maréchal de Saxe, de Mme de Montmartel en habit de bal et du musicien Cassanéa de Mondonville, Perronneau réussit cependant à se faire remarquer par l'abbé Jean-Bernard Le Blanc, qui, dans sa « Lettre sur l'exposition des ouvrages de peinture et sculpture de l'année 1747, ... à R.D.R » (p. 98), écrivit : « Près de ce tableau [une marine de Le Bel], on voit un portrait en pastel, par un jeune homme nommé M. Perroneau qui est plein d'esprit & de vie, & qui est d'une touche si vigoureuse & si hardie qu'on le prendroit pour être d'un Maître consommé dans son Art. Que ne doit-on pas espérer de quelqu'un qui marque tant de talents dans ses premiers Ouvrages ? » Il y a tout lieu de croire que le portrait qui avait ainsi fixé l'attention de l'amateur était celui de Gabriel Huquier. Traitée dans une gamme chromatique presque monochrome, l'oeuvre est éblouissante dans son exécution. Dominique d'Arnoult l'a encore récemment souligné, notant la liberté et l'adresse avec lesquelles l'artiste avait joué du reflet du fond beige foncé éclairé de vert sur la partie ombrée du visage, des tons de gris,de beige ou de brun et des traits de lumière jaune posés sous le menton,des reflets verts sur les pupilles bleues. Cette science des accords chromatiques permet à l'oeil, à distance, de restituer une harmonie ainsi que le dessin et la forme. Perronneau juxtapose toujours les tons avec audace lorsqu'on s'approche au plus près du pastel. C'est là ce qui avait conduit l'abbé Le Blanc à qualifier la touche de vigoureuse et hardie. C'est là ce qui permit au maître, en magicien de la couleur,de se distinguer de la plupart des pastellistes de son temps (Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 112, p. 234-235).
neiljeffares.wordpress.com/2018/07/12/the-louvre-pastels-catalogue-errata-and-observations, n° 112.
INDEX :Personnes : Huquier, Gabriel
Sujets : portrait
Techniques : papier bleu - pastel - sanguine
REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :vol. 28, p. 77