Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 04/11/2021 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

BORNET Claude


Ecole française

Portrait de monsieur Jacques Gosseaume (1742-1817).

1763

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
RF 31366, Recto

LOCALISATION :
Réserve des pastels

ATTRIBUTION ACTUELLE :
BORNET Claude

TECHNIQUES :
Pastel sur papier tendu sur châssis entoilé. Signé et daté, vers le centre, à droite, à la mine de plomb : 'Bornet 1763'. Mesures du cadre ; H : 00,795, l : 00,687, prof : 00,06. La restauration de cette œuvre a été rendue possible grâce au soutien de la Stockman Family Foundation avec la collaboration des American Friends of the Louvre en 2012.
H. 00,654m ; L. 00,554m

HISTORIQUE :
En possession de Jacques Gosseaume puis par descendance directe jusqu'à Gaston Brière (1871-1962), conservateur au Louvre puis au château de Versailles. Legs au musée du Louvre en 1963. Le pastel a été restauré en 2012 grâce au soutien de la Stockman Family Foundation avec la collaboration des American Friends of the Louvre. A cette occasion, il a fait l'objet d'un décadrage, d'un dépoussiérage, d'une consolidation des déchirures sur les bords, d'une suppression des mycéliums, avant d'être placé dans un cadre emboîtant.
Dernière provenance : Briere, Gaston
Mode d'acquisition : legs
Année d'acquisition : 1963


COMMENTAIRE :
Ce pastel est en relation avec l'autre pastel de Claude Bornet, RF 31367. Neil Jeffares donne le pastel à Claude Bornet et l'identification du modèle, Jacques Gosseaume (1742-1817), paumier des enfants d'Apollon, au violon (Dictionary of pastellists before 1800, Londres, 2006, p. 64). Connu pour avoir été un brillant miniaturiste, Claude Bornet s'est aussi exercé à l'art du pastel entre 1760 et 1780, décennies auxquelles appartiennent les dix œuvres signées et datées actuellement connues et l'une des œuvres citées en 1782. Parisien, il fut reçu à l'Académie de Saint-Luc en 1766, où il fut nommé conseiller. Présentées au Salon de Saint-Luc en 1774, à ceux de la Correspondance en 1781 et 1782 et au Salon de 1798, ses œuvres lui valurent rapidement la réputation de bon portraitiste. Le Mercure de France signalait ainsi, en octobre 1774, que les effigies exposées en août avaient fait connaître son talent. L'Almanach historique et raisonné des architectes, peintres et sculpteurs ajoutait en 1776 qu'il peignait supérieurement la miniature en émail ainsi que le portrait. À la fin de sa carrière, Bornet se livra également à l'illustration, donnant des dessins d'après l'opéra de Grétry (Richard Coeur de Lion, 1786) et pour plusieurs ouvrages, telles l'Histoire de Gil Blas de Santillane par Alain René Lesage (1795), La Nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu du marquis de Sade (1797), ou bien encore une nouvelle édition du Décaméron de Boccace (1801). Marié à Charlotte de Noireterre, la tante de la miniaturiste Marie-Thérèse de Noireterre, élève de Mme Labille-Guiard, l'artiste avait peut-être des liens familiaux avec Claude Pierre Bornet, ordinaire de l'Académie royale de musique, et son frère Louis Bornet, dit Bornet l'aîné, violoniste, professeur et marchand de musique installé rue Croix-des-Petits-Champs puis rue des Prouvaires (Jeffares, 2017, www.pastellists.com). Cela pourrait expliquer l'amitié qu'il semble avoir développée avec le violoniste Jacques Gosseaume. En effet, il le portraitura une première fois au pastel en 1763, en même temps que sa mère, puis à nouveau en miniature (fig. 4. Musée du Louvre. Inv. RF 31368. Jean-Richard, 1994, p. 54, no 57, repr.) probablement peu après 1781, date à laquelle Gosseaume avait également posé pour Charles Nicolas Cochin fils (fig. 5. Musée du Louvre. Inv. RF 31369). Gravé par Louis Jacques Cathelin, le profil de Cochin présente en effet beaucoup d'affinités avec la miniature de Bornet, mais en donnant au modèle un aspect qui nous semble un peu plus juvénile. Fils du maître paulmier Jean-Charles Louis Gosseaume et de Marie-Louise Doré, qui firent fortune en ouvrant et gérant une salle de jeu de paume rue Saint-Hyacinthe, près de la porte Saint-Jacques à Paris, où ils tinrent une assemblée publique de jeu (A.N., Y 9499, cité par Bernard-Tambour, 2001, p. 94), Jacques Gosseaume s'illustra en appartenant comme violoniste à la Société académique des Enfants d'Apollon. Créée en 1741, cette association réunissait cinquante musiciens professionnels et cinquante musiciens amateurs. À partir de 1784, elle donna chaque année un concert gratuit qui avait pour but de familiariser le public avec la musique et la lui faire aimer. Malgré cette noble cause, l'association fut dissoute en 1790 (Mirimonde, 1966, p. 207). Les deux pastels de Bornet rendent admirablement hommage à Jacques Gosseaume et à sa mère. Âgé d'un peu plus de vingt ans, le jeune homme exhibe avec fierté son instrument de musique. Richement vêtue d'une robe à engageantes de dentelles et à échelle de nœuds, Marie-Louise Gosseaume témoigne par sa toilette de l'aisance du foyer. Sans nulle complaisance avec le physique des deux modèles et traitées dans une belle harmonie de blanc, de bleu et de rose, les deux œuvres sont soigneusement exécutées, les pigments fondus avec le doigt afin de transcrire un modelé ou les reflets de la soie. À la vue de ses pastels, Ratouis de Limay avait jugé que Claude Bornet avait été un artiste habile et un coloriste agréable, capable de communiquer à ses portraits, à défaut de puissance, l'expression et la grâce. Les effigies des Gosseaume lui donnent entièrement raison (Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 25, p. 73-76). neiljeffares.wordpress.com/2018/07/12/the-louvre-pastels-catalogue-errata-and-observations, n° 25/26.

INDEX :
Collections : Brière, Gaston
Lieux : Paris, Musée du Louvre, oeuvre en rapport
Personnes : Gosseaume, Jacques
Sujets : portrait
Techniques : pastel

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 26, p. 320