Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 04/11/2021 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

GOUNOD François Louis


Ecole française

Portrait présumé du marquis de Wailly, fermier général.

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
RF 29894, Recto

LOCALISATION :
Réserve des pastels

ATTRIBUTION ACTUELLE :
GOUNOD François Louis

TECHNIQUES :
Pastel sur papier bleu marouflé sur toile tendue sur son châssis d'origine. Signé et daté vers le bas à droite, au crayon : Gounod fect / may 1786. Sur le cadre, au dos, étiquette ronde avec initiales à la plume et encre brune : J. C (?) Sur le papier craft protégeant la toile de marouflage, annotation à la plume et encre bleue : Mr de Lassus / 3 bd du Roi, annotation au crayon : Mr. de Wailly fermier général / par François Gounod, et cachet à l'encre : LIBRAIRIE J. MERCIER / MARCEL VASSEUR SUC / 17 RUEHOCHE / VERSAILLES. Également une pièce de papier ancienne portant une annotation à la plume et encre bleue et brune : Pastel mis en dépôt au Musée / de Versailles / appartenant à / Madame la Baronne de Lassus / née Gounod / 3 Bd du Roi / à Versailles / Mis de Wailly par F. Gounod / confié au musée de Versailles du 1er juin au 24 Nov. 44.
H. 00,458m ; L. 00,380m

HISTORIQUE :
Le pastel a appartenu à la petite-fille de l'artiste, Mme Pierre de Lassus Saint-Geniès, née Jeanne Gounod (1863-1946), à Versailles, puis au baron Jacques de Lassus Saint-Geniès, avant d'être acquis par le musée du Louvre en 1951. Inv. RF 29894. (Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, éditions Hazan, Paris, 2018, 66.p.138 à 139).
Dernière provenance : Kastler
Mode d'acquisition : achat
Année d'acquisition : 1951


COMMENTAIRE :
Neil Jeffares donne ce portrait à François-Louis Gounod, identification, M; de Wailly, Charles de Wailly (1730-1798) ?, architecte (Dictionary of pastellists before 1800, Londres, 2006, p. 212). Moins d'une dizaine de pastels témoignent aujourd'hui du talent de François Louis Gounod en ce domaine. On ne peut que le regretter car l'artiste a toujours manifesté de remarquables compétences techniques, posant la matière en épaisseur en usant des tons les plus sombres avant les tons les plus clairs et en les nuançant à l'aide du doigt, jouant de petits accents graphiques au fusain et à la sanguine afin de souligner l'ombre d'un col de veste ou l'implantation des cheveux d'une perruque, multipliant les petits empâtements de blanc destinés à accrocher la lumière ou à la laisser percevoir,modelant un visage plus âgé au moyen de touches laissées visibles. Chacune de ses œuvres démontre aussi qu'il fut un remarquable psychologue. Grâce aux travaux conduits par Paul Ratouis de Limay,l'homme est un peu mieux connu, même s'il continue à s'effacer au profit de son fils Charles (1818-1893), le célèbre compositeur. Formé par Nicolas Bernard Lépicié, François Louis manifesta rapidement une grande aptitude à la peinture et au dessin. Ce qui lui valut d'être distingué par l'Académie royale de peinture et de sculpture par un second prix en 1783 et de recevoir à plusieurs reprises le prix de la tête d'expression fondé par le comte de Caylus, en 1782 avec L'Étonnement, en 1783 avec La Surprise mêlée de joie, et en 1785 avec La Contemplation. D'un tempérament avenant, estimé par le milieu des artistes logés au Louvre où sa famille avait été également accueillie après l'obtention par son père de la charge de « fourbisseur du Roi », Gounod bénéficia en 1788 du soutien du comte d'Angiviller, directeur des Bâtiments, qui lui accorda le 29 mars une pension à l'Académie de France à Rome et lui permit d'y être logé comme surnuméraire avec tous les avantages des autres élèves. Ayant reçu 300 livres prélevées « sur les fonds provenant de la vente des tapisseries», il arriva dans la Ville éternelle le 15 juillet 1788 et y séjourna jusqu'en 1792. Il y poursuivit sa formation auprès des peintres Fabre et Garnier, copia les Carrache dans la galerie du palais Farnèse, s'attacha à mieux composer et fit un voyage à Naples. De retour à Paris, il exposa au Salon de 1799 à 1822 et sut se concilier de nombreuses amitiés. Dans les Mémoires d'un artiste (cité par Ratouis de Limay, 1946, p. 179), Charles Gounod indiquait ainsi : « C'était un peintre distingué, et ma mère m'a dit souvent qu'il était considéré comme le premier dessinateur de son temps par les grands artistes ses contemporains Gérard, Girodet, Guérin, Joseph Vernet, Gros et autres. » Il ajoutait également (p. 180) : « Homme instruit, esprit délicat et cultivé, mon père eut, toute sa vie, une sorte d'effroi à la pensée d'entreprendre une grande œuvre. Doué comme il l'était, peut-être est-ce dans une santé assez frêle qu'il faut chercher l'explication de cette répugnance ; peut-être aussi faut-il tenir compte d'un extrême besoin d'indépendance qui lui faisait redouter de s'engager dans un travail de longue haleine... Au reste, dans ces portraits qui révélaient un sentiment si fin, un talent si sûr, la vaillante énergie de ma mère était souvent indispensable pour que la tâche fût menée jusqu'au bout. Combien d'entre eux seraient restés en route, si elle n'y avait pas mis la main ! Que de fois elle a dû se charger de nettoyer elle-même la palette ! Et ce n'était pas tout. Tant qu'il ne s'agissait que du côté humain du portrait, de l'attitude, de la physionomie, des éléments d'expression du visage, les yeux, le regard, l'être intérieur en un mot, c'était tout plaisir, tout bonheur ! Mais quand il fallait en venir au détail des accessoires, manchettes, ornements, galons,insignes, etc., oh ! alors la défaillance arrivait ; l'intérêt n'y était plus ; il fallait de la patience ; c'est là que la pauvre épouse prenait la brosse et endossait la partie ingrate de la besogne, achevant, par l'intelligence et le courage, l'œuvre commencée par le talent et abandonnée par la crainte de l'ennui. » Daté de mai 1786, le pastel figurant peut-être M. de Wailly n'est pas œuvre de collaboration. Gounod en est assurément le seul auteur et manifeste déjà une remarquable maîtrise. Révélé par Ratouis de Limay dès 1929 alors qu'il était encore en possession de la petite-fille de l'artiste, la baronne de Lassus Saint-Geniès, le portrait avait ébloui le spécialiste du pastel. En 1946, il s'émerveillait de la fermeté de son modelé, de l'harmonie et de la finesse de son coloris et de l'intensité de l'expression. De tradition, le personnage est considéré comme le fermier général De Wailly. On ne peut y reconnaître Noël François de Wailly (1724-1801), le frère de l'architecte Charles de Wailly (1730-1798), qui s'illustra comme grammairien et lexicographe et non dans le domaine de la finance. Communément porté dans le nord de la France, le nom fut aussi celui d'un receveur général des impositions à Amiens prénommé Vincent (1728-1815). Il est malheureusement impossible d'assurer qu'il s'agit bien de l'homme âgé portraituré par Gounod (Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 66, p. 138-139). neiljeffares.wordpress.com/2018/07/12/the-louvre-pastels-catalogue-errata-and-observations, n° 66.

INDEX :
Collections : Kastler
Personnes : Wailly, marquis de
Sujets : portrait
Techniques : pastel - toile

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 26, p. 123