© GrandPalaisRmn (Musée du Louvre) / Michel Urtado
Attribué à
Ecole française
Portrait de M. de Rozeville, assis sur une chaise.INVENTAIRES ET CATALOGUES :Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
RF 29662, Recto
LOCALISATION :Réserve des pastels
ATTRIBUTION ACTUELLE :Attribué à DELATOUR Maurice Quentin
PROPOSITIONS D'ATTRIBUTIONS : LEFEVRE Jean-Baptiste
Jeffares, Neil, 2006
FREY Franz Bernhard
Salmon, Xavier, 2018
TECHNIQUES :Pastel sur deux feuilles de papier bleu assemblées à joints couvrants et marouflées sur toile tendue sur châssis
Mesures du cadre : H : 01,06; L : 00,905 et prof : 00,10.
H. 00,811m ; L. 00,650m
HISTORIQUE :Ce pastel est en relation avec RF 29661.
En possession des deux modèles puis de leur descendance, peut-être Louis François Fossard de Rozeville (1750-1831) ou son frère Charles Louis Narcisse Thomas Fossard de Rozeville (1751-1835), seigneur de Verneuil, mousquetaire de la première Compagnie de la Garde du roi, marié le 20 août 1779 à Louise Élisabeth Lefebvre des Boulleaux. Le portrait
de Mme de Rozeville a été réencadré en 1857 ou après car cette date apparaît sur une feuille de journal réutilisée pour le bordage. Collection de Lucien et Agathe Laveissière, 68, rue Pergolèse, Paris. Legs fait au musée du Louvre en 1947 (comité d'avril et conseil de décembre 1947) par leur neveu Jacques Lenté (1890-1967), en leur souvenir et en respect
du legs fait par voie testamentaire le 28 novembre 1946 par Agathe Laveissière, née Delahalle (1870-1946). Restaurés en 2017 (dépoussiérage des toiles de marouflage, nettoyage des fragments de papier collés sur le châssis, suppression des moisissures et consolidation des déchirures sur les tranches).
Dernière provenance : Lenté, Jacques
Mode d'acquisition : legs
Année d'acquisition : 1947
COMMENTAIRE :Ce pastel est à mettre en relation avec son pendant, RF 29661.
Neil Jeffares donne ce portrait et son pendant (RF 29661) à Jean-Baptiste Lefèvre (av. 1719-ap. 1779) (Dictionary of pastellists before 1800, London, 2006, p. 325).
On est malheureusement peu renseigné sur les modèles, dont le nom de famille s'orthographie indifféremment avec un d ou un t final. Alexis Thomas Édouard Fossard de Rozeville fut écuyer et avocat au Parlement de Paris. Ses généalogistes le font naître soit en 1720, soit en 1730, et mourir soit en 1791, soit en 1820. De noble extraction, sa famille portait des armes « d'azur au chevron d'or et d'argent, surmonté d'un soleil aussi d'argent et accompagné en chef de deux grappes de raisin et, en pointe, d'une gerbe de blé, le tout d'or ». Il avait épousé Marguerite Angélique Collignon de Freneuse, dont les frères étaient tous deux écuyers et l'un mousquetaire du roi. Si l'on en juge par leurs portraits de grandes dimensions et par les riches habits portés, le couple vivait grand train. Cet apparat où la passementerie au fil d'or le dispute à la fourrure et à la dentelle ainsi que la psychologie des modèles avaient conduit à attribuer les deux pastels à Maurice Quentin de La Tour. C'est sous cette prestigieuse attribution qu'ils étaient conservés dans la collection de Lucien et Agathe Laveissière et que Geneviève Monnier les publia en 1972,en les comparant aux portraits de Silvia Balletti et de Marguerite Le Comte respectivement exposés par le maître aux Salons de 1751 et de 1753, et à celui de Duval de l'Épinoy montré au Salon de 1745. L'examen attentif des deux œuvres permet aujourd'hui de ne plus les maintenir sous le nom de La Tour. Si le portrait de M. Fossard de Rozeville a anciennement souffert du bris de son verre de protection et de problèmes d'humidité ayant marqué et usé la surface du pastel, celui de son épouse est encore dans un très bel état de conservation et offre une matière qui a conservé toute sa fleur. Les carnations et la perruque sont traitées d'une manière fondue et estompée. Avec ses accents de bleu, la fourrure présente plus de hardiesse et nécessite pour gagner en réalisme d'être vue à une certaine distance,tout comme l'échelle de nœuds et les motifs de la robe bleue, qui contrastent avec la précision du point de dentelle des engageantes. Ce métier se distingue de celui de La Tour, où l'illusionnisme est encore plus brillant. Il est donc nécessaire de proposer une autre attribution. Celle faite par Neil Jeffares à Jean-Baptiste Lefèvre, artiste actif entre 1743 et 1779 (www.pastellists.com), ne nous semble pas devoir être retenue. Fils du directeur de l'Académie de Saint-Luc, dont il fut membre à partir de 1751 et où il exposa certains de ses pastels à l'occasion des Salons de 1753, 1756 et 1774, l'artiste s'affirme moins psychologue et d'une technique qui joue davantage des aplats de couleur sans recherche de l'effet flouté. La comparaison nous semble en revanche plus adaptée avec les œuvres de Franz Bernhard Frey. Né à Guebwiller en 1716, il avait rapidement acquis une belle maîtrise de la peinture à l'huile et du pastel, sans que l'on sache qui avait été son ou ses maîtres. Présent à Paris de 1754 à 1777, où il est domicilié rue de Suresnes, faubourg Saint-Honoré, il entra au service des filles de Louis XV, Mesdames, dont il multiplia les portraits entre 1754 et 1766 (Engerand, 1900, p. 200-202). Bien que son œuvre au pastel soit à ce jour encore réduit, on conserve de lui au musée Jacquemart-André à Paris un ambitieux portrait dit de la marquise du Châtelet signé et daté de 1758 (fig. 27. 0,77 × 0,605 m.Inv. MJAP-P. 1498). Richement vêtu d'une robe de soie ivoire ornée de fleurs et de galons froncés, le modèle anonyme est assis sur un siège couvert de velours bleu, accoudé sur une console et tenant une lettre. L'attitude se fait aussi naturelle et familière que sur le portrait de Mme Fossard de Rozeville. La présence des pièces de mobilier contribue au faste de la composition. La fidélité aux traits du modèle est similaire, l'artiste cherchant à faire aussi bien que La Tour. La technique offre également de nombreux points communs. Même si l'œuvre du musée Jacquemart-André souffre malheureusement d'une surface un peu trop usée, on y devine encore la même volonté de traiter les chairs et les cheveux en jouant de l'estompe, la même manière traditionnelle d'utiliser le brun pour les ombres du visage,les mêmes accents illusionnistes de couleur pour transcrire un motif,un pli ou une matière (Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 61, p. 129-131).
neiljeffares.wordpress.com/2018/07/12/the-louvre-pastels-catalogue-errata-and-observations, n° 61-62, Neil Jeffares indique que les dates de M. de Rozeville sont 1706-1768. Il précise également que Lefèvre était le beau-frère de Jean-Nicolas Vernezobre (1719-1789), fabricant de pastels et que sa famille était liée à Claude Dupouch, le maître de Maurice Quentin Delatour.
Neil Jeffares, Pastels du Louvre : questions d'attribution, La Gazette Drouot, 28, 13 juillet 2018, p. 104-107.
INDEX :Collections : Laveissière - Lenté
Lieux : Paris, Musée du Louvre, oeuvre en rapport
Personnes : Rozeville, M. de - Vernezobre, Jean-Nicolas (1719-1789)+ - Dupouch, Claude+ - Delatour, Maurice-Quentin+
Sujets : portrait
Techniques : pastel - papier toilé
REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :vol. 26, p. 78