Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
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SICIOLANTE DA SERMONETA Girolamo


Ecole romaine et ombrienne

Pépin le bref conduisant captif Astolphe, roi des Lombards, et remettant à l'Eglise l'exarchat de Ravenne

1565

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 1960, Recto

Anciens numéros d'inventaire :
NIII2797
MA2669

LOCALISATION :
Grand format

ATTRIBUTION ACTUELLE :
SICIOLANTE DA SERMONETA Girolamo
Pouncey, Philip (note ms)

ANCIENNES ATTRIBUTIONS :
Attribué à TITO Santi di

TECHNIQUES :
Tracé préparatoire à la pierre noire, plume et encre brune, lavis brun, rehauts de blanc, sur papier lavé d'ocre jaune. Mis au carreau à la pierre noire. Numérotation des carreaux en bas à gauche : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9.
H. 00,455m ; L. 00,428m

HISTORIQUE :
Giorgio Vasari, page du Libro de' Disegni (Vasari éd. Milanesi, VII, p. 573) - Everhard Jabach (L. 2959) ; « dessin d'ordonnance » collé et doré, avec au verso du montage, à la sanguine : 324, indication de format : f°. f°. (L. 969a) et, à la plume : A. Lombarde (L. 1963b et 2991b; Inventaire Jabach : Ecole florentine, n° 324 (Santi di Tito) - Acquis pour le Cabinet du Roi en 1671 ; paraphe de J. Prioult (L. 2953) et annotation : trois cent vingt quatre ; marque de la Commission du Museum (L. 1899) et du Conservatoire (L. 2207).
Dernière provenance : Jabach, Everhard
Mode d'acquisition : cabinet du roi
Année d'acquisition : 1671

INVENTAIRE JABACH :
Dessin dit d'ordonnance collé et doré de la collection d'Everhard Jabach, acquis pour le roi en 1671 A. Critères de l'identification Le dessin a conservé tous les signes attestant sa provenance et son acquisition en 1671 : - montage Jabach ivoire à large bande d'or fin ; - numéro d'inventaire Jabach à la sanguine, au verso du montage ; - paraphe Jabach à l'encre brune [L. 2959], au verso du montage ; - marques, au verso du montage, du récolement du fonds Jabach effectué en 1690 par Jean Prioult, commissaire-enquêteur au Châtelet de Paris, à la suite du décès de Charles Le Brun, premier peintre du roi, directeur et garde général du Cabinet des tableaux et dessins : - transcription en toutes lettres du numéro d'inventaire Jabach ; - paraphe Prioult [L. 2953]. L'iconographie, la technique et les dimensions du montage sont en accord avec la description donnée par la notice de l'inventaire Jabach correspondant au numéro d'inventaire à la sanguine. B. Notice de l'Inventaire Jabach, février 1671. Minute. Paris, Archives nationales, O1 1967. Invantaire de 517 desseins d'ordonnances escole florentinne : 324 Un prince qui fait amener un autre prisonnier ou il y a quantité de prelat figures entiere a la plume lavé et rehausé sur de papier jaune de 18 1/2 pouce de long sur 19 1/2 pouce de haut dudit [de Santi Titi [Santi di Tito]]
INVENTAIRE DU MUSEE NAPOLEON :
Inventaire du Musée Napoléon. Dessins. Vol.2, p.354, chap. : Ecole florentine D, carton 21. (...) Numéro : 2669.Idem [[ Maîtres inconnus /&. Numéro d'ordre dans l'oeuvre du maître : 40. Désignation des sujets : Un roi mené prisonnier par un autre souverain. Dessin à la plume, lavé et rehaussé de blanc. Dimensions : H. 46 x L. 43cm. Origine : Idem & Collection ancienne /&.Prix de l'estimation de l'objet : 10francs. Emplacement actuel : Idem & Calcographie du Musée Napoléon /&. Observations : Idem & [Remis le 24 mars 1828 pour être relié] [[à l'encre]] ]]. Signe de recollement : [Vu] [[au crayon]] [[trait oblique / au crayon / sur le n° d'ordre]] [[petit trait oblique / à l'encre / sous le n° Morel d'Arleux]]. Cote : 1DD34

COMMENTAIRE :
Identifié par Ph. Pouncey (note ms au verso du montage) comme une étude pour une fresque exécutée en 1565 par G. Siciolante da Semoneta dans la Sala Regia au Vatican, commandée par Pio IV (repr. in A. Venturi, Storia dell'Arte Italiana, IX/5, fig. 326), illustrant 'La soumission d'Astolphe, roi des Lombards, et la donation de Pépin le Bref'. On y voit Pepin, roi de Francs, qui donne Ravenne à l'Eglise romaine et amène prisonnier le roi Astolphe. Les armes papales des Médicis apparaissent sur un étendard à gauche de la composition. Pépin le bref, vêtu à l'antique, est entouré de prélats probablement issus de la curie de Pie IV. (D. Cordellier in cat. d'exp. "De Raphaël à Carracci, l'art de la Rome pontificale", Ottawa, 2009, n° 81) Voir : F. Viatte, in cat. exp. Le XVIè siècle européen : Dessin du Louvre, Paris, Musée du Louvre, 1965, n° 127 ; J. A. Gere et Ph. Pouncey, 'Italian Drawings in the Department of Prints and Drawings in the British Museum, Artists working in Rome c.1550 to c.1640, avec la collaboration de R. Wood, Londres, 1983, p. 161 ; J. Hunter, 'The Drawings and Draghtsmanship of Girolamo Siciolante da Sermoneta'' in Master Drawings, XXVI (printemps 1988), 1, 25, repr. Xavier Salmon, "Et le dessin entra dans les collections de Louis XIV..." in Grande Galerie, juin-août 2017, n°40, pp. 45-53. Notice plus développée sur le dessin : Attribué au XVIIe siècle dans la collection d'E. Jabach, à Santi di Tito, un artiste de culture florentine actif dans la seconde moitié du XVIe siècle, ce dessin a été rendu à Girolamo Siciolante da Sermonetta par Ph. Pouncey qui y a reconnu le projet arrêté d'une fresque réalisée par l'artiste dans la Sala Regia du Vatican (Note manuscrite au verso du montage publiée par Coulanges Rosenberg 1965, n° 127 ; Gere 1970, pl. XXVIII ; Stock et Scrase 1985, n° 57). Commandée par le pape Pie IV Médicis, qui fut souverain pontife de 1559 à 1565 et dont les armes figurent sur l'étendard déployé en haut à gauche de la composition, l'¿uvre représente le roi des Francs, Pépin le bref (714-768) vainqueur des Lombards, conduisant captif leur roi Aistolf (ou Astolphe) et remettant à l'Eglise l'exarchat de Ravenne. Le sujet, tout en prenant des libertés avec les sources historiques qui situent l'épisode en 756 et en lui donnant une valeur allégorique (Perali 1931, p. 38), s'inscrit bien dans le programme iconographique de la Sala Regia qui, suivant la révision dont il fit l'objet à la fin du pontificat de Pie IV sous le contrôle du cardinal Marco Antonio Amulio et de Baldo Farratini, évêque de Forlì, en 1563-1565, devait raconter les actes des rois du Moyen Age ayant servi les desseins temporels du Saint-Siège (Hunter 1996, p. 68, 112). La représentation des autres sujets occupant les dessus de porte fut confiée à Livio Agresti, Taddeo Zuccari, Giovanni Battista Fiorini et Zamaria Zoppelli et s'apparentent assez étroitement à l'¿uvre de Siciolante (Hunter 1996, p. 69-70, 110). Dans l'ensemble, Siciolante s'était vu confier la réalisation de deux fresques (Vasari, éd. Milanesi, VII, p. 93-94, 573), l'une, grande, montrant l'Autorité conférée par le Saint-Siège aux Electeurs de l'Empire, l'autre, plus modeste, placé en dessus de porte au dessus de l'accès à la chapelle Sixtine, donnant à voir le sujet qui nous intéresse, Pépin le bref conduisant captif le roi des Lombards Aistolf (ou Astolphe) et remettant à l'Eglise l'exarchat de Ravenne. Seule cette seconde composition, qui prit la forme d'une tapisserie feinte suivant un principe raphaélesque, fut achevée avant la mort de Pie IV le 9 décembre 1565 (La Bataille de Lépante, La Flotte de la Ligue devant Messine ou Coligny blessé ; Hunter 1996, p. 111, 115-116 note 25), la première étant sans doute restée à l'état de carton et ayant laissé place en 1572 à une fresque de Vasari (Hunter 1996, p. 110). Les paiements pour les deux ¿uvres s'échelonnent du 9 février 1565 au 4 décembre 1568 (Hunter 1996, p. 303-305). Giorgio Vasari, qui, en 1572-1573, sous Pie V puis sous Grégoire XIII, fut d'ailleurs chargé de mener à son terme le décor de la Sala Regia, affirme dans ses Vite en 1568, qu'il a dans son Libro de' Disegni, « il disegno di propria mano di Girolamo » pour la « storia, che fu molto lodata » où « Pepino re de'Franchi dona Ravenna alla chiesa romana, e mena prigione Astulfo re de' Lombardi » (Vasari, « Di diversi artefici italiani », éd. Milanesi, VII, p. 573). Ce dessin est très probablement celui qui passa ensuite à un collectionneur colonais établi à Paris, Everhard Jabach, avant d'être acheté pour le Cabinet du roi Louis XIV et d'entrer au Louvre (Coulanges Rosenberg 1965, n° 127 ; Ragghianti Collobi, 1974, I p. 157, II, p. 284 fig. 485 ; Monbeig Goguel 1977, n° 69 et 1989, p. 406-407). Sur cette feuille très achevée et déjà mise au carreau pour le report du dessin sans doute sur le carton, la composition est déjà pratiquement celle de la fresque. Pourtant, même si l'artiste n'a pas introduit de modifications très visibles entre son projet et l'¿uvre achevée, les différences entre le dessins et la peinture ne sont pas négligeables et concernent aussi bien l'aspect des figures, leur nombre, le détail de leur disposition que certaines particularités de l'architecture et de la perspective (Hunter 1988, p. 25 ; Hunter 1996, p. 69, 268-269). D'un point de vue iconographique, les variantes les plus importantes dans la fresque sont, d'une part, l'adjonction d'une statuette de femme qui, portée par le jeune homme qui précède le roi des Lombards tombé en captivité, personnifie la cité de Ravenne, son territoire ou l'exarchat de Ravenne (Hunter 1996, p. 75 note 9), d'autre part la plus grande importance donnée au temple rond au fond de la perspective urbaine qui, en rappelant par sa forme l'église de San Pietro in Montorio érigée à Rome par Bramante sur le lieu du martyre de saint Pierre, souligne que l'action temporelle du pape s'inscrit dans la ligne de celui-ci (Böck 1997, p. 34). Dans le dessin comme dans la fresque, Pépin le Bref, qui est présenté comme le « double » civilisé et positif d'Astolphe, apparaît contre toute vraisemblance mais suivant une convention iconographique sans doute déjà adoptée par Raphaël et Giulio Romano (Vasari éd. Milanesi IV, p. 361, V, p. 524), puis par Francesco Salviati en 1541 (Davidson 1966 sous n° 47 p. 48-49 ; Redig de Campos, 1971, p. 80 note 2 ; Parma Armani, 1986, p. 287) dans les peintures du soubassement de la Chambre de l'Incendie du Bourg au Vatican (Jacoby, 1987), vêtu à la façon d'un général romain antique (Böck 1997, p. 34) mais le type de sa couronne est en revanche moderne. Il est entouré de cardinaux dont les traits, même s'ils varient un peu du dessin à la peinture, sont bien individualisés. Il s'agit à l'évidence de prélats de la curie de Pie IV mais ceux-ci restent encore à identifier précisément. Si l'on peut compter au nombre des candidats possibles ceux qui furent proclamés cardinaux lors des consistoires du 30 janvier 1560, du 26 février 1561 et du 6 janvier 1563, on doit en revanche en écarter, pour de simples raisons chronologiques, ceux qui furent élevés à cette dignité lors du consistoire du 12 mars1565. Il n'est pas impossible par ailleurs que le cardinal Ranuccio Farnese, titulaire de l'évêché Ravenne du 11 octobre 1549 au 28 avril 1564, figure dans cette suite, immédiatement à droite de Pépin le Bref, ainsi que le cardinal Alessandro Farnese, plus à droite derrière lui. Alessandro Farnese, on l'a vu, exerçait, comme Marcantonio da Mula, le cardinal Marco Antonio Amulio et l'évêque de Forli, Baldo Farratini, des responsabilités sur le chantier de la Sala Regia. De toute évidence, Girolamo Siciolante a cherché à accorder son ambition artistique au prestige du lieu et à celui des agents du commanditaire. Son dessin très rigoureux, profondément sérieux et même un peu froid et compassé (Coulanges Rosenberg 1965, n° 127), d'une technique habituelle à ses modelli (notamment celui pour le tableau d'autel de San Martino Maggiore à Bologne, Paris, Louvre, Cabinet des Dessins, Inv. 10055 ; Hunter 1988, p. 25 ; 1996, p. 269) et d'un style comparable à celui des études pour la Sainte Agathe de Santa Maria sopra Minerva et pour la chapelle Fugger à Santa Maria dell'Anima, à Rome (Rome, Gabinetto Nazionale delle Stampe e Disegni, FC124183 ; Hunter 1988, p. 25, pl. 6, 7-12 ; 1996, p. 269), compose avec les principes et les motifs des grands décors romains antérieurs à 1520 : l'emmarchement du premier plan, le palais en perspective, l'homme se tenant à une colonne, la figure antique du captif marchand au premier plan sont des variations sur des motifs des fresques de Raphaël dans les chambres du Vatican (respectivement dans L'Incendie du Bourg, Héliodore chassé du Temple, La Bataille d'Ostie ; Hunter 1996, p. 68) mais aussi de la Présentation au Temple peinte par Baldassare Peruzzi à Santa Maria della Pace (Monbeig Goguel 1989, p. 406 ; Hunter 1996, p. 68, qui indique que cette fresque de Peruzzi avait déjà servi de modèle à Siciolante dans sa Présentation de la Vierge au Temple de Santa Maria dell'Anima comme l'a indiqué Perali, 1930). De la même façon, la perspective urbaine est traitée suivant des codes apparentés à ceux de la scénographie théâtrale la plus savante, celle d'un Peruzzi et d'un Serlio (Hunter 1996, p. 68). Cependant, comme la plupart des artistes de sa génération, Girolamo Siciolante donne moins de respiration à sa composition que les artistes de la Haute Renaissance et accentue la densité du récit. Bibliographie Angela Böck, Die Sala Regia im Vatikan als Beispeil der Selbstarstellung des Papsttums in der zweiten Hälfte des 16. Jahrhunderts, Hildesheim, 1997. Françoise Coulanges Rosenberg, in cat. exp. Le XVIè siècle européen : Dessin du Louvre, Paris, Musée du Louvre, 1965. John A. Gere, Il manierismo a Roma, (I disegni dei Maestri), Milan, 1971. John A. Gere et Philip Pouncey, Italian Drawings in the Department of Prints and Drawings in the British Museum, Artists working in Rome c.1550 to c.1640, avec la collaboration de R. Wood, Londres, 1983 John Hunter, "The Drawings and Draghtsmanship of Girolamo Siciolante da Sermoneta" dans Master Drawings, XXVI (printemps 1988), 1, p. 3-35. John Hunter, Girolamo Siciolante, pittore da Sermoneta (1521-1575), Rome, 1996 (traduction italienne de Nicoletta Coppini). Joachim W. Jacoby, Den Päpsten zu Diensten Raffaels Herrscherzyklus in der Stanza dell'Incendio im vatikansichen Palast, Hildesheim, 1987. Catherine Monbeig Goguel, dans cat. exp. Collections de Louis XIV, dessins, albums, manuscrits, Paris, Orangerie des Tuileries, 7 octobre 1977- 9 janvier 1978 (sous la direction de Roseline Bacou et de Marie-Rose Séguy). Catherine Monbeig Goguel dans Giorgio Vasari, Les vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, édition commentée sous la direction d'André Chastel, vol. 12 : Vasari illustré, Du texte à l'image, dessins du Libro, avec le concours de Christiane Lorgue-Lapouge et Catherine Monbeig Goguel, Paris, 1989. Licia Ragghianti Collobi, Il Libro de' Disegni del Vasari, 2 vol. Florence, 1974. Pericle Perali, "I fasti del pontificato nella Sala Regia", dans L'Illustrazione vaticana, II, 4,1931, p. 33-38. Julien Stock & David Scrase, cat. exp. The Achievment of a Connoisseur, Philip Pouncey, Italian Old Master Drawings (First Sotheby Fitzwilliam Exhibition), Cambridge, Fitzwilliam Museum, 15 octobre - 15 décembre 1985. Giorgio Vasari, Le opere di Giorgio Vasari, con nuove annotazioni e commenti di Gaetano Milanesi, t. VII, Florence, 1906 (réimpression, Florence, 1981). Bernice F. Davidson, cat ; exp. Mostra di disegni di Perino del vaga e la sua cerchia, Florence, galleria degli Uffizi, 1966 Deoclecio Redig de Campos, Raphaël dans les chambres du Vatican, Milan, 1971 (réédition italienne, Milan 1973); Elena Parma Armani, Perin del Vaga, l'anello mancante. Studi sul Manierismo, Gênes, 1986

INDEX :
Collections : Jabach, Everhard - Cabinet du Roi
Lieux : Rome, Vatican, Sala Regia, oeuvre en rapport
Personnes : Pépin Le Bref, roi des Francs - Aistolf, ou Astolphe, roi des Lombards - Pio IV, Giovan Angelo de' Medici, pape+
Sujets : Armes papales des Médicis - Soumission d'Astolphe à Pépin le Bref - Histoire de Pépin le Bref
Techniques : encre brune à la plume - lavis (brun) - pierre noire - rehauts de blanc - mise au carreau - papier lavé d'ocre jaune

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 1, p. 321