Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 04/10/2022 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

DELATOUR Maurice Quentin


Ecole française

Portrait de René Frémin, sculpteur ( 1672-1744).

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 27624, Recto

Anciens numéros d'inventaire :
MI48
NIII35437

LOCALISATION :
Réserve des pastels

ATTRIBUTION ACTUELLE :
DELATOUR Maurice Quentin

TECHNIQUES :
Pastel sur six feuilles de papier bleu raboutées à joints couvrants et marouflées sur une toile tendue sur un châssis à clés renforcé par deux entretoises en croix. L'œuvre a été agrandie sur le bord droit au moyen d'un tasseau fixé sur le châssis. Les feuilles de papier de l'œuvre sont rabattues sur le châssis et passent entre le châssis et le tasseau Sur le châssis, numéro au crayon : 2 Sur le panneau de bois protégeant l'arrière, coupures de journaux dont une datée de 1852. .Les mesures du cadre sont : H : 01,22 ; L : 01,035 et profondeur : 00,155. Restauré en 2004
H. 00,920m ; L. 00,725m

HISTORIQUE :
Exposé au Salon de 1743 sans être mentionné au livret. Pierre Jean Mariette nota cependant sur son exemplaire du livret à la suite du numéro 105 correspondant au portrait de Mlle de Beaupré qui ne fut pas exposé, « autre représentant M. Frémin, sculpteur, très beau portrait jusqu'aux genoux, fait en sept jours » (Paris, BnF, collection Deloynes). En possession du modèle et de son épouse, Suzanne Cartaud, l'œuvre est exposée à la mort de Frémin dans le salon de son appartement aux Galeries du Louvre (Rambaud, 1971, II, p. 445-446), puis à sa descendance jusqu'à son arrière-petite-fille Mme Piot, à qui le musée du Louvre l'achète en 1853 pour 2 000 francs (A.L., DA 6 1853, 18 décembre). Peut-être le pastel avait-il été proposé au musée dès 1834, puis à deux reprises en 1852 (A.L., DA 5/6 1834, 11 avril ; 1852, 17 février et 26 avril). Il a été agrandi à une date indéterminée très certainement pour prendre place dans le cadre à tableau en bois sculpté et doré du XVIII siècle dans lequel il est aujourd'hui présenté. Restauré en 2004 (décadrage, dépoussiérage de la toile de marouflage, suppression des moisissures).
Dernière provenance : Piot, Mme
Mode d'acquisition : achat
Année d'acquisition : 1853


COMMENTAIRE :
Geneviève Monnier, Inventaire des Collections Publiques Françaises, Pastels des XVIIe et XVIIIe siècles, Musée du Louvre, 1972, n° 61. Neil Jeffares donne ce pastel à Maurice-Quentin de La Tour, portrait de René Frémin (1672-1744), sculpteur (Dictionary of pastellists before 1800, Londres, 2006, p. 290). Le portrait a été gravé en contrepartie par Pierre Louis Surugue le fils (1710-1772) pour sa réception à l'Académie le 29 juillet 1747 (le cuivre est conservé à la Chalcographie du musée du Louvre, no 8172). L'effigie en buste de la collection Mahot de La Quérantonnais à Paris, que Besnard et Wildenstein présentaient en 1928 comme celle de René Fremin (p. 143, no 153, repr. pl. LVIII, fig. 99), figure non pas le sculpteur mais le fermier général Louis Antoine Mirleau de Neuville (1701-1781). Voir à ce sujet Debrie et Salmon, 2000, p. 164. L'oeuvre est passée en vente le 26 avril 2017 (Me Kalck et associés) et a été acquise à cette occasion par la galerie Coatalem. Autant Louis Autreau (1692-1760), lorsqu'il portraitura René Fremin pour l'un de ses morceaux de réception à l'Académie royale en 1741, s'appliqua à décrire le sculpteur élégamment vêtu mais interrompu dans son travail de taille d'un buste masculin (Château de Versailles, inv. MV 5934), autant Maurice Quentin de La Tour s'attacha à décrire l'homme dans toute sa réussite sociale,avec gilet fleuri, engageantes de dentelles et canne à pommeau d'or. Quelques mois avant sa mort, survenue le 17 février 1744, à l'âge de soixante et onze ans, l'homme pouvait assurément se prévaloir d'une carrière exceptionnelle. Élève de François Girardon et Antoine Coysevox,pensionnaire de l'Académie royale de France à Rome, reçu à l'Académie à Paris le 27 août 1701, il était entré en 1721 au service de Philippe V d'Espagne et avait obtenu en 1727 le titre de premier sculpteur de Sa Majesté catholique. Anobli par le monarque espagnol, Fremin regagnait la France en 1738, fortune faite, et obtenait la position d'adjoint à recteur en 1743, l'année où La Tour fixait ses traits. Dressé le 30 janvier 1734 après le décès de son épouse Suzanne Cartaud, morte le 4 novembre 1730, l'inventaire des biens du couple témoignait d'une aisance financière exceptionnelle pour un artiste, avec un peu moins de 670 000 livres de biens. Grâce à cette fortune, le sculpteur, qui, selon Mariette, n'avait plus manié le ciseau après son retour d'Espagne, avait acquis le 10 mai 1734 pour 90 666 livres la charge de conseiller secrétaire du Roi, Maison,Couronne de France et de ses Finances. À son décès aux Galeries du Louvre, il laissait 25 000 livres en espèces et un actif de plus de 700 000 livres (Rambaud, 1971, II, p. 440-441, 445-446). Exposé au Salon de 1743, le portrait peint par La Tour avait bien évidemment attiré l'attention de Mariette, qui, eu égard à ses dimensions imposantes, s'était sans doute étonné qu'elle ait pu être achevée en sept jours et l'avait soigneusement consignée sur son exemplaire du livret (Paris, BnF, collection Deloynes). Selon une pratique attestée par de nombreuses autres œuvres, La Tour avait exécuté le visage seul sur une feuille de papier de format rectangulaire, très certainement en présence du modèle, puis il était parvenu à la coller sur les autres feuilles marouflées sur la toile tendue sur son châssis. On peut imaginer que pour que cette opération soit sans risque, le visage n'était pas encore chargé de pastel mais offrait simplement les linéaments de la préparation tracée à la pierre noire. C'est très certainement seulement après avoir collé cette étude au trait que le maître s'était appliqué à la colorer, à la modeler et à l'achever. On ne peut sinon expliquer cette manière régulière d'inscrire les visages sur une feuille de papier de dimensions réduites collée sur les autres feuilles de papier servant de support au pastel pour les œuvres de grandes dimensions. Si le visage est particulièrement abouti, avec ses multiples estafilades de couleur construisant le modelé et donnant du caractère à l'expression, l'habit n'offre pas ce même fini dans toutes ses parties. On notera ainsi la manière dont la plupart des dentelles sont traitées, en de simples accents de blanc posé sur un ton plus sombre, et se distinguent ainsi des nombreux autres pastels où le maître s'est appliqué à détailler le point. Sans doute faut-il l'expliquer par les sept jours qu'il dédia à l'exécution du portrait (Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 80, p. 160-162). neiljeffares.wordpress.com/2018/07/12/the-louvre-pastels-catalogue-errata-and-observations, n° 80.

INDEX :
Personnes : Frémin, René
Sujets : portrait
Techniques : pastel

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 11, p. 327