© GrandPalaisRmn (Musée du Louvre) / Michel Urtado
Ecole française
Portrait de Jean Baptiste Siméon Chardin, peintre (1699-1779).1760
INVENTAIRES ET CATALOGUES :Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 27612, Recto
Anciens numéros d'inventaire :
NIII30805
LOCALISATION :Réserve des pastels
ATTRIBUTION ACTUELLE :DELATOUR Maurice Quentin
TECHNIQUES :Pastel sur papier bleu marouflé sur une toile tendue sur un châssis à équerres assemblées à mi-bois. Annoté sur une étiquette au dos du cadre : Peint en 1760 par M. De La Tour
et donné à l'Académie par M. Chardin au mois de juillet 1774. Numéro au dos de la toile de marouflage à la craie blanche : 1080. Au verso du carton de protection arrière, pièce de papier portant à la plume : M Bingham / Photographe / Rue de la Rochefoucauld. 58. / Paris.Restauré en 2004.La restauration de cette œuvre a été rendue possible grâce au soutien de Joan et Mike Kahn en 2016.
H. 00,471m ; L. 00,390m
HISTORIQUE :Don de Jean Siméon Chardin à l'Académie royale de Peinture et de Sculpture, 1774.
Exposé au Salon de 1761 sous le numéro 47 parmi « plusieurs tableaux en pastel ». Un exemplaire du livret illustré par Gabriel de Saint-Aubin (Dacier, 1911, VI, p. 59 ; reproduit par Besnard et Wildenstein, 1928,pl. CXX, fig. 265) donne les croquis des dix portraits et les noms de neuf de leurs modèles : mr de crébillon âgé de 88 ans, mr bertin, mr philipe, employé des Aides, mr de pauche, monseigneur le duc de [berry] bourgogne, madame la dauphine,monseigneur le comte de Lusace, mr chardin, mr Lesdeguive notaire chés lequel demeure mr de la porte. Offert par le modèle à l'Académie royale de peinture et de sculpture lors de la séance du 30 juillet 1774 (Procès-verbaux, VIII, 1888, p. 155-156). L'œuvre est accrochée dans la salle de l'Académie le 7 janvier 1775 (P.V., VIII, 1888, p. 175). Collection de l'Académie au palais du Louvre. Saisie révolutionnaire (inventaire de 1793, no 421/114. Fontaine, 1910,p. 184). Fit probablement partie des collections de l'Académie mises à la disposition du Conservatoire par arrêté du Comité de salut public pris le 19 messidor an II (7 juillet 1794). Exposé pour la première fois au Museum central des Arts dans la galerie d'Apollon le 28 thermidor an V (15 août 1797) avec plusieurs autres pastels. Le pastel est inscrit en 1832 sur l'inventaire général des musées royaux sous le numéro 12847 (A.N.,1 DD 97, p. 1704). Restauré en 2004 (décadrage, dépoussiérage de la toile de marouflage et ré encadrement). Nouvelle restauration en 2016 (mise en place dans un cadre emboîtant, doublage du verre ancien avec un verre Mirogard).
Dernière provenance : Académie royale de Peinture et de Sculpture
Mode d'acquisition : saisie révolutionnaire
Année d'acquisition : 1793
COMMENTAIRE :Geneviève Monnier, Inventaire des Collections Publiques Françaises, Pastels des XVIIe et XVIIIe siècles, Musée du Louvre, 1972, n° 75.
Neil Jeffares donne ce pastel à Maurice-Quentin de La Tour, portrait de Jean-Siméon Chardin (1699-1779), peintre (Dictionary of pastellists before 1800, Londres, 2006, p. 284).
Albert Besnard et Georges Wildenstein font mention en 1928 d'un portrait de Chardin présenté à l'exposition archéologique de Chartres du 10 mai au 10 juin 1858 (no 174) comme appartenant à la collection Justin Courtois à Paris (1928, p. 136, no 60). Sont aussi signalées une étude à la vente A., du 3 novembre 1847 (sans numéro), et une copie à la vente Egmont Massé à Strasbourg, le 15 février 1864, lot 94 (ibid., p. 136, no 61). Nous ne sommes pas sûr que la préparation de la collection Marcille gravée par Jules de Goncourt (ibid., p. 136, no 62, repr. pl. LXXVII, fig. 138) représente bien le peintre.
Les deux hommes s'estimaient. Après avoir été nommé le 22 mars 1755 trésorier de l'Académie royale de peinture et de sculpture, Chardin fut chargé en juillet 1761 de s'occuper de l'arrangement du Salon. La mort de Jacques André Portail, jusqu'alors chargé de cette mission, en novembre 1759, avait été suivie d'une période d'incertitude. Si Jeaurat, garde des Tableaux du roi, s'était dit favorable au fait de reprendre cette charge délicate, Cochin lui avait préféré Chardin, arguant auprès de Marigny que le Salon pourrait être mieux arrangé et plus à la satisfaction de l'Académie, parce que l'artiste serait plus à portée d'y vaquer étant donné qu'il demeurait à Paris, et par son rang à l'Académie, de concilier les esprits en leur conservant les droits d'ancienneté dont les artistes étaient jaloux, sans préjudicier à l'agrément du coup d'oeil (A.N., O1 1925 B, dossier 7, 1761. Cité par Rosenberg, 1979, p. 394). C'est donc dans ce contexte que La Tour s'appliqua à fixer les traits de son confrère et ami. Il décida alors de laisser à la postérité l'image du trésorier nouvellement chargé de l'accrochage plutôt que celle du peintre. Chardin apparaît en effet la mine affable, la perruque soigneusement peignée et poudrée, l'habit gris souris élégamment rehaussé d'un jabot
de dentelles blanches. Au Salon de 1761, l'oeuvre ne donna pas lieu à un commentaire particulier. Diderot considéra que les pastels du maître étaient toujours comme il savait les faire, relevant seulement le vieux Crébillon, à la romaine, la tête nue, et le portrait du notaire Laideguive, deux oeuvres qui ajoutaient beaucoup à la réputation du maître. L'abbé Joseph de La Porte notait la manière savante dont les têtes étaient travaillées (Observations d'une Société d'amateurs sur les tableaux exposés au Salon de 1761, dans L'Observateur littéraire, cité par Besnard et Wildenstein, 1928, p. 62). Chardin conserva son portrait jusqu'en 1774. Cette année-là, le 30 juillet, à l'occasion de l'une des séances de l'Académie, il informa par lettre la Compagnie qu'il démissionnait de sa charge de trésorier. Le procès-verbal de la séance indiquait (VIII, 1888, p. 155-156, cité par Rosenberg, 1979, p. 401) : « Ensuitte, le secrétaire a fait lecture d'une lettre de M. Chardin,Conseiller, Trésorier de l'Académie [...] où il lui expose qu'il y a vingt ans que l'Académie lui a fait l'honneur de le nommer son Trésorier; que, depuis la mort de M. Portail, M. le Marquis de Marigny ayant décidé que le Trésorier soit chargé de la décoration du Salon toutte son ambition avoit été de s'acquitter de cette double fonction d'une manière qui put être agréable à l'Académie, mais que son âge et ses infirmités le forcent à regret à suplier l'Académie de vouloir
bien agréer sa démission ; qu'il continuera cependant à s'acquitter de cet employ jusqu'à ce que la Compagnie ait fait choix de son successeur,et qu'il se fera un plaisir de lui donner les lumières qui pourront dépendre de lui. Le Secrétaire a ajouté que M. Chardin seroit flatté si l'Académie avoit agréable de lui permettre de placer dans l'Académie son portrait peint en pastel par M. de La Tour. » L'assemblée accorda sa retraite à Chardin et lui manifesta sa gratitude pour le zèle qu'il avait déployé tout au long des années et pour le don de son
portrait. Celui-ci fut accroché dans la salle d'assemblée en présence de son modèle lors de la séance du 7 janvier 1775. L'œuvre compta parmi les tout premiers pastels exposés dans les salles du nouveau musée dès 1797 (Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 95, p. 200-202).
neiljeffares.wordpress.com/2018/07/12/the-louvre-pastels-catalogue-errata-and-observations, n° 95.
J. Cabelle Ahn, "Ways of Seeing Drawings, 1797 to 2023", Review, dans "Master Drawings", Review, Vol. 61, Number 2, Summer 2023, p. 266-272 (note 30)
INDEX :Collections : Académie royale de Peinture et de Sculpture - Chardin, Jean Baptiste Siméon
Personnes : Chardin, Jean-Baptiste Siméon
Sujets : portrait
Techniques : pastel
REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :vol. 11, p. 325