© GrandPalaisRmn (Musée du Louvre) / Tony Querrec
Ecole française
Portrait de Hermann Maurice de Saxe (1696-1750), maréchal de France.INVENTAIRES ET CATALOGUES :Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 27611, Recto
Anciens numéros d'inventaire :
NIII30804
LOCALISATION :Réserve des pastels
ATTRIBUTION ACTUELLE :DELATOUR Maurice Quentin
TECHNIQUES :Pastel sur papier bleu marouflé Pastel sur papier bleu marouflé sur toile tendue sur châssis assemblé à tenons et mortaises renforcé par des équerres à mi-bois aux angles
H. 0,608 ; L. 0,518 m. Avant dépoussiérage de la toile de marouflage et suppression des moisissures, numéro à la craie blanche : 1078. Les mesures du cadre sont : H : 00,795 ; L : 00,70 et profondeur : 00,08. Restauré en 2003 et 2004.
La restauration de cette œuvre a été rendue possible grâce au soutien de Thaddee Georg Kahn avec la collaboration des American Friends of the Louvre en 2012.
H. 00,580m ; L. 00,480m
HISTORIQUE :La Tour expose peut-être l'oeuvre au Salon de 1747 sous le numéro 111 parmi plusieurs portraits au pastel. L'exemplaire du livret conservé dans la collection Deloynes à la Bibliothèque nationale de France porte en effet le détail des portraits et mentionne celui « Du Maréchal de Saxe ». L'année suivante, est à nouveau présentée, sous le numéro 81, une effigie du maréchal de Saxe. Le pastel est entré au musée du Louvre avant 1802, date à laquelle il est présenté dans les salles pour la première fois. Inscrit par Morel d'Arleux avant 1827 sur l'inventaire général du musée Napoléon devenu Musée royal, sous le numéro 12846 (A.N., 1 DD 41,p. 1722), il est alors montré dans la galerie d'Apollon. La provenance précisée à cette occasion est la collection de l'ancienne Académie. Le pastel n'apparaît cependant pas parmi les œuvres ayant appartenu à l'Académie royale de peinture et de sculpture. Il est à nouveau inscrit sur l'inventaire général des musées royaux en 1832 sous le numéro 12846 (A.N., 1 DD 97, p. 1704). Le pastel a été restauré en 2012 (décadrage,dépoussiérage de la toile de marouflage et suppression des moisissures,suppression des moisissures sur le pastel, consolidation des déchirures, ré encadrement). Le cadre avait été restauré en 1992.
Mode d'acquisition : ancien fonds
COMMENTAIRE :Geneviève Monnier, Inventaire des Collections Publiques Françaises, Pastels des XVIIe et XVIIIe siècles, Musée du Louvre, 1972, n° 65.
Pastel exposé aile Sully, 2ème étage, salle 45.
Christine Debrie, Maurice-Quentin de La Tour, Peintre de portraits au pastel et Peintre du Roi, 1704 - 1788, p. 22-31, repr. p. 26, dans Versalia, Revue de la Société des Amis de Versailles, n° 1, 1998.
Neil Jeffares donne ce pastel à Maurice-Quentin de La Tour, portrait de Hermann-Maurice, comte de Saxe (1696-1750), maréchal de France, en armure (Dictionary of pastellists before 1800, Londres, 2006, p. 305).
Le pastel du Louvre a donné lieu à deux répliques conservées au château de Chambord (0,58 × 0,47 m) et au musée de la Vie romantique à Paris (inv. D. 8948. 0,605 × 0,498 m. Dépôt du musée Carnavalet) et à plusieurs copies, l'une offerte en 1952 par Aurore Lauth-Sand à la maison de George Sand à Nohant (inv. NT 0667. 0,74 × 0,67 m), une autre conservée dans les collections royales britanniques (inv. RCIN 406911. 0,635 × 0,522 m),une troisième offerte en 1888 par la vicomtesse de Janzé à la Comédie- Française à Paris (inv. I 0188. 0,60 × 0,52 m). Plusieurs copies sont également passées sur le marché de l'art : à Paris le 4 mai 2011 (hôtel Drouot,Mes Binoche et Giquello, lot 21), le 12 avril 2013 (hôtel Drouot, Piasa,lot 115, repr.) puis pour la même copie à Troyes le 30 novembre 2013 (Mes Boisseau-Pomez, lot 676, repr.), et enfin une copie à Reims le 10 juillet 2016 (Mes Guizzetti et Collet, lot 309, repr.). Madeleine Charageat citait également en 1954 une copie peinte par Edmond Tapissier (1861-1943) et une copie moderne conservée par Aurore Lauth-Sand.
C'est autour de 1747-1748 que La Tour fixa les traits de Maurice de Saxe. L'homme était alors tout auréolé de la gloire acquise sur le champ de bataille. Après son installation à Paris en 1720, il s'était distingué à Fontenoy (1745), à Rocourt (1746) et à Lawfeld (1747) et avait été nommé par décision personnelle de Louis XV maréchal de France le 26 mars 1744 et maréchal général des camps et des armées du roi le 11 janvier 1747. Fils naturel de l'électeur Frédéric Auguste Ier de Saxe, il fut aussi l'un de ceux qui aidèrent au mariage de sa nièce par consanguinité, Marie-Josèphe de Saxe, avec le dauphin de France le 9 février 1747. Héros militaire,Maurice fut l'un des grands séducteurs de Paris, obtenant successivement et parfois en même temps les faveurs de l'épouse du prince de Conti, Louise Élisabeth de Bourbon, de la duchesse de Bouillon et de trois des actrices les plus renommées de son temps, Adrienne Lecouvreur, Mlle Dangeville et Mme Favart. Les deux effigies laissées par le pastelliste cernent à la perfection la personnalité du modèle. Celle où il paraît en veste rouge avec un col de fourrure rend hommage à sa beauté presque léonine. Conservé à Dresde (Gemäldegalerie Alte Meister, inv. Gal. Nr. P 164), le pastel est cité dans les collections royales de Saxe dès 1765. On doit très certainement y reconnaître celui que le marquis de Prohengues annonce avoir envoyé au roi de Pologne peu avant le 26 mars 1753 (cité par Besnard et Wildenstein, 1928, p. 52). Le pastel fut peut être peint à l'aide de la préparation ayant appartenu à Horace His de La Salle (Dijon, musée des Beaux-Arts, inv. CA861). L'étude présente en effet la même orientation du visage et le même traitement de la chevelure, mais avec un graphisme qui nous semble un peu sec comparativement aux autres travaux préparatoires du maître. Il ne faut donc pas exclure qu'il puisse s'agir d'une copie, tout comme le dessin à la pierre noire vendu aux enchères à Paris le 17 novembre 2003 et le 15 décembre 2016 (hôtel Drouot, Mes Delorme et Collin du Bocage, lot 66). Le second portrait, celui conservé au Louvre, est à caractère plus martial. Exécuté en reprenant la préparation restée dans le fonds d'atelier à Saint-Quentin (inv. LT 9), il présente Maurice de Saxe le visage de face, le cou serré dans une cravate noire,portant l'armure avec le cordon bleu du Saint-Esprit et l'écharpe blanche du commandement. Il serait tentant d'y reconnaître le pastel que La Tour avait exposé en 1747 et dont l'abbé Le Blanc avait indiqué qu'il était alors agrémenté de quatre vers (« Héros sans vanité,Courtisan sans bassesse, / Jamais d'aucun revers il n'éprouva les coups ; / Condé de sa valeur aurait été jaloux ; / Turenne eût vanté sa sagesse ») célébrant ostensiblement l'homme de guerre (Lettre sur l'exposition des ouvrages de peinture et sculpture de l'année 1747). On ne sait s'il fut à nouveau montré au Salon de 1748, ou si ce fut le portrait en habit rouge. Cette année-là, le portrait ne suscita malheureusement nul commentaire. Des deux images, celle qui connut le plus de succès fut indéniablement l'effigie en armure. Outre les copies plus ou moins anciennes, elle fit l'objet de deux autres exemplaires. L'une appartenant au musée Carnavalet (fig. 38), qui l'a déposée au musée de la Vie romantique à Paris, a été offerte par Mme Lauth, la petite fille de George Sand, elle-même arrière-petite-fille du maréchal de Saxe (Besnard et Wildenstein, 1928, no 473, repr. pl. XVI, fig. 23, et Debrie et Salmon, 2000, repr. p. 127, fig. 55). L'autre (fig. 39), acquise par le château de Chambord après avoir été mise en vente par Christie's à Paris le 3 novembre 2015 (lot 58), fut successivement en possession de Charles Simon Favart, directeur du théâtre des troupes du maréchal de Saxe en Flandres, et de son épouse Marie-Justine Benoîte, de leur descendance jusqu'en 1887, puis de Georges Pannier et enfin d'Élie de Rothschild et de son épouse, après avoir été vendue à la galerie Charpentier à Paris les 1er et 2 avril 1954 (lot 12,repr. pl. III). L'une comme l'autre offrent un traitement moins libre que celui du pastel du Louvre, devant lequel, ainsi que le soulignait Ratouis de Limay (1925, p. 12), l'on ne peut que rester saisi par la solidité du dessin, la puissance du modelé, l'intensité de la vie et les larges hachures que le maître utilisa à plusieurs reprises pour animer l'espace autour de la tête de certains de ses modèles. Cette présence exacerbée du héros avait aux yeux de l'abbé Duplaquet une seule explication : la connivence qui s'était établie entre les deux hommes. Dans son éloge historique, il indiquait dès 1789 : « Le fameux vainqueur de Fontenoy, ce Général aussi aimable dans la société que redoutable à la tête d'une armée, cet appréciateur éclairé de tous les genres de mérite, le maréchal de Saxe, avoit distingué et chéri celui de M. De Latour. Il se plaisoit à sa compagnie, il suspendoit souvent, pour s'entretenir familièrement avec lui, les plans de campagnes qui devoient décider du sort des Nations, et lorsque le Peintre Philosophe, lorsque l'ami de l'humanité osoit lui reprocher un art meurtrier, le Guerrier ne pouvoit refuser son estime à l'homme sensible. » C'est aussi sans doute pourquoi il lui avait demandé plusieurs exemplaires d'un portrait qui lui avait donné toute satisfaction (Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 87, p.174-175).
neiljeffares.wordpress.com/2018/07/12/the-louvre-pastels-catalogue-errata-and-observations, n° 87.
Lire Marie-Laure de Rochebrune, La porcelaine de Meissen, un remarquable instrument diplomatique, La Revue des Musées de France, Revue du Louvre, 2019, n° 1, p. 66 à 72.
INDEX :Personnes : Saxe, Maurice comte de, dit le maréchal
Sujets : portrait
Techniques : pastel
REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :vol. 11, p. 325