Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 04/11/2021 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

VIVIEN Joseph


Ecole française

Portrait de François Girardon, sculpteur ( 1628-1725).

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 33291, Recto

Anciens numéros d'inventaire :
NIII30807

LOCALISATION :
Réserve des pastels

ATTRIBUTION ACTUELLE :
VIVIEN Joseph

TECHNIQUES :
Pastel sur deux feuilles de papier gris-bleu agrandi de cinq morceaux, le tout assemblé à joints couvrants et marouflé sur toile tendue sur châssis agrandi de quatre tasseaux. Numéroté à la craie blanche en haut au milieu sur la toile de marouflage :1286 (ou 1280). Numéroté sur la planche de protection du châssis, au fusain : 1849, et à la craie blanche : 19-3 et 1986.
H. 00,965m ; L. 00,795m


COMMENTAIRE :
Reproduit dans Anna Grochala (dir.), Mistrzowie pastelu, od Marteau do Witkacego, kolekcja Muzeum Narodowego w Warszawie, Musée National de Varsovie , le 29 Octobre 2015 - 31 Janvier 2016, Warszawa : Muzeum Narodowe w Warszawie, 2015, ill.4 p.27. Neil Jeffares donne le pastel à Joseph Vivien et l'identification du modèle, François Girardon (1628-1725), sculpteur, chancelier de l'Académie royale, avec le modèle de Proserpine, (Dictionary of pastellists before 1800, Londres, 2006, p. 557). Le procès-verbal de la séance de l'Académie royale de peinture et de sculpture tenue le 28 juin 1698 précisait que, ce jour-là,plusieurs aspirants s'étaient présentés pour être reçus académiciens. Parmi eux, on comptait « le sr Joseph Vivien, Peintre en portraicts de pastèle ». Huit jours après, le 5 juillet, l'Académie demandait à l'artiste de peindre les effigies de Girardon et de Coysevox qu'il devait protéger chacune par une glace. Occupé par les commandes passées par l'administration royale, en particulier celle des portraits du Grand Dauphin, de son épouse et de leurs trois fils, le duc de Bourgogne, le duc d'Anjou et le duc de Berry (voir cat. 16 à 18), le pastelliste n'avait finalement livré ses morceaux de réception qu'en 1701. Le 30 juillet de cette année, il était reçu, mais en ayant, sans doute avec l'accord de l'Académie, modifié les exigences premières puisque s'il avait bien fixé les traits de Girardon, le second portrait représentait le premier architecte Robert de Cotte et non pas le sculpteur Antoine Coysevox, comme cela lui avait été initialement demandé. Élève de Jules Hardouin-Mansart, qui avait épousé le 3 février 1668 Anne Bodin, Robert de Cotte s'était quant à lui marié avec Catherine Bodin et était ainsi devenu son beau-frère. De 1685 à 1708, il avait été le principal collaborateur du premier architecte de Louis XIV. Reçu à l'Académie d'architecture en 1687, il venait d'être nommé contrôleur des Bâtiments du roi au département de Paris lorsque Vivien avait peint son portrait. François Girardon n'était pas moins célèbre. Membre de l'Académie depuis 1657, il s'était déjà illustré sur les chantiers de Vaux-le-Vicomte, du Louvre, de Fontainebleau et de Versailles et avait été élu recteur de l'Académie en 1674 puis nommé chancelier par le roi en 1695. En 1699, son groupe de L'Enlèvement de Proserpine par Pluton avait été placé au centre du bosquet de la Colonnade à Versailles. Ayant déjà posé pour les morceaux de réception de Jacques d'Agar en 1675 puis de Gabriel Revel en 1682,(Château de Versailles. Inv. MV 3636 et MV 5817), Girardon se pliait de manière exceptionnelle une troisième fois à l'exercice pour Vivien, probablement au début de l'année 1701. Il s'agissait là d'un très grand honneur pour le sculpteur, et ce d'autant plus que, lors de la séance du 5 juillet 1698, le graveur Louis Simonneau le jeune avait lui aussi été chargé de fixer pour la postérité les traits de l'artiste vieillissant. Suivant la tradition, Vivien mit en scène Girardon avec l'une de ses œuvres. Jean-René Gaborit y avait reconnu le modèle de la Proserpine du groupe de L'Enlèvement placé à Versailles. Le sculpteur possédait effectivement dans la célèbre galerie de son appartement au Louvre deux « modèles en grand des testes de Pluton et de Proserpine». Dean Walker a proposé en 1982 (p. 184) de plutôt identifier le buste avec celui de Doris, l'une des nymphes servant Apollon dans le groupe en marbre cité en 1671 dans la grotte de Téthys à Versailles avant d'être transporté en 1684 dans le nouveau bosquet des Bains d'Apollon. Cette nouvelle hypothèse est celle qu'a retenue Alexandre Maral dans sa récente et monumentale somme dédiée à Girardon (2015, p. 55). Sous les crayons de Vivien, Robert de Cotte apparaissait avec un traité d'architecture et un porte-mine, outil indispensable à son métier. Coiffés de leurs hautes et longues perruques léonines, les deux modèles sont figurés dans toute la pompe, pour l'un, et le négligé, pour l'autre, de leurs fonctions respectives. Totalement maîtrisées tant dans la transcription des ombres et des lumières que dans le sentiment des matières, les œuvres n'ont rien à envier aux portraits peints à l'huile et démontrent combien Vivien pouvait avec le seul pastel égaler cette technique. En 1699, dans la Description des peintures, sculptures et estampes exposez dans la grande Gallerie du Louvre, dans le mois de Septembre 1699 (cité par Ratouis de Limay, 1946, p. 19),le sculpteur et peintre Florent Le Comte s'en étonnait déjà : « À ce propos, il faut que je m'écarte encore une fois pour vous marquer jusques à quel degré Monsieur Vivien a poussé la Peinture au Pastel,dans les grands sujets de Portraits historiez qu'il peint journellement de cette manière, dans laquelle il nous fait découvrir la même grâce, la même force, la même naïveté, et délicatesse que l'on trouve dans les ouvrages à l'huile de nos grands maîtres ; et l'on pourroit dire que la France peut se vanter d'avoir en luy le Vandick du siècle pour le Pastel. » (Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 20, p. 65- 68). neiljeffares.wordpress.com/2018/07/12/the-louvre-pastels-catalogue-errata-and-observations, n° 21.

INDEX :
Personnes : Girardon, François
Sujets : portrait
Techniques : pastel

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 13, p. 402