Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 09/01/2023 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

SILVESTRE Israël


Ecole française

Vue de Rocroi

1665

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 33071, Recto

Anciens numéros d'inventaire :
NIII15645
MA12514

LOCALISATION :
Nouvelle réserve des pièces encadrées
Album Silvestre Israël
Folio 59
rapporté au recto

ATTRIBUTION ACTUELLE :
SILVESTRE Israël

PROPOSITIONS D'ATTRIBUTIONS :
MEULEN Adam Frans van der

TECHNIQUES :
Graphite, pierre noire, plume et encre brune, aquarelle. Annotations à la plume et encre brune en haut à droite : '60' ; 'I' ; au centre : 'rocroy' ; à gauche, au milieu : 'Chemin Royal' ; 'Marés' ; et annotations au graphite presque effacées à gauche, au niveau de l'horizon. Filigrane : raisin ; contremarque : dans un cartouche, B[ cœur]
H. 00,378m ; L. 01,027m

INVENTAIRE DU MUSEE NAPOLEON :
Inventaire du Musée Napoléon. Dessins. Vol.8, p.1573, chap. : Ecole française, Volume 3. (...) Numéro : 12514. Désignation des sujets : Volume 3 [n° 34] [[à l'encre]]. Ce volume est de forme oblongue et relié en veau. Cote : 1DD40

COMMENTAIRE :
"Véritable verrou de la défense du royaume, situé aux marches de la Champagne, Rocroi fut le théâtre d'une bataille restée célèbre : le 19 mai 1643, cinq jours après la mort de Louis XIII, le duc d'Enghien, futur Grand Condé, âgé de vingt-deux ans, vint au secours de la ville assiégée et, contre toute attente, stoppa l'invasion des Impériaux. En 1653, ces derniers, menés par le même duc d'Enghien qui avait changé de camp, prirent la ville, qui fut rendue à la France six ans plus tard par le traité des Pyrénées. Silvestre se rend à Rocroi dans les premiers jours de décembre 1665, à la fin de son voyage pour le compte de la surintendance des Bâtiments du Roi (1). La ville se pré- sente alors telle qu'elle avait été reconstruite en 1554, vraisemblablement sur les dessins de l'ingénieur italien Girolamo Marini, sur un plan radioconcentrique inscrit dans un pentagone irrégulier (2). Dix rues rayonnent depuis la place d'armes centrale, sur l'un des côtés de laquelle s'élève l'église Saint-Nicolas, édifiée entre 1624 et 1669 (reconstruite au XIXe siècle), dont le clocher domine la ville. L'ensemble est entouré de fortifications bastionnées. La précision du dessin traduit jusqu'aux escarpes à semi-revêtement dont la partie supérieure est à terre coulante. Placé au nord, Silvestre représente au centre le bastion du Roi, précédé de la contre-garde du même nom ; à gauche, la demi-lune de Charlemont et le bastion du Petit-Fort ; à droite, la demi-lune des Écossais et le bastion du Dauphin, sur lequel un effet de perspective semble poser le moulin à vent sur pivot, situé plus au sud sur le bastion de Nevers. Un profil similaire accompagnera vers 1677 le plan de Rocroi inclus dans le Recueil des plans des places de Picardie, Champagne et Trois Eveschez, avec païsages des environs de chacune place (3), dans lequel contre-gardes et demi-lunes, jusqu'alors simples talus gazonnés dotés de palissades, apparaissent maçonnées après l'intervention de Vauban. Sans doute Silvestre est-il marqué par le souvenir de la victoire de Rocroi, abondamment illustrée dans le royaume. Stefano della Bella, son ami et collaborateur (voir cat. 35), a ainsi dessiné le plan de la bataille pour l'ingénieur militaire Sébastien de Beaulieu (4). Aussi n'est-il probablement pas fortuit que la vue de Rocroi soit la seule à mettre en scène un exercice de l'armée. Tracées au graphite, rehaussé d'encre pour les premières figures, les troupes occupent le quart inférieur droit de la feuille, l'officier à leur tête venant se placer sur l'axe vertical du dessin, sous le clocher de l'église Saint-Nicolas. Pareil choix peut être lu comme une discrète évocation d'une bataille mythique, un hommage délicat à Della Bella, voire un artifice pour animer la représentation du plateau des Ardennes d'où émerge à peine un profil urbain singulièrement linéaire." Notes : 1. Voir annexe, lettre du 30 octobre 1665. 2. Faucherre, 1986, p. 25 ; Sartelet, 2008. 3. Catalogue, 1743, p. 5. ; 4. BnF, Estampes et Photographie, Id 17, ft 4. 5. BnF, Cartes et Plans, GE D-13605 et GE D-13606. Bibl. [voir document associé] : Belin, 1968, no 49. Exp. : Blérancourt, 1927, no 95, p. 37 (attribué à Van der Meulen). (Bénédicte Gady in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), cat. sous la dir. de Bénédicte Gady & Juliette Trey, n°48).

DESCRIPTION DE L'ALBUM :
« Soixante-seize feuilles proviennent de l'« album Silvestre » (Inv. 33011 à 33086)(80) .../... il s'agit d'un album factice, manifestement constitué au XVIIIe siècle, en réutilisant une reliure en veau, pleine peau lisse, dont les fers laissent penser qu'elle est d'origine nordique (83). L'examen du dos révèle que la reliure a été prise à l'envers par rapport à l'orientation des dessins dans l'album : les fleurons gravés au fer sont renversés, une étiquette de papier masque le caisson de tête et un cuir a été rapporté sur le septième, vraisemblablement pour cacher un ancien titre. Les pages de l'album portent un filigrane (aigle à deux têtes couronnées) et la contremarque de Thomas Marie Dupuy, famille de papetiers de Riom, moulin Grand-Rive à Ambert, actif de 1725 à 1778 (84).../...L'album est entré dans les collections royales à une date inconnue et se trouvait au Louvre pendant la Révolution (85). .../...la plupart des dessins du volume ont d'abord été collés sur une feuille ou sur des bandes de papier bleu, papier ensuite fixé sur la page d'album. L'examen révèle plusieurs étrangetés : les bandes bleues n'entourent que la partie collée des dessins pliés, dont la partie repliée présente des traces d'anciens collages ; certains dessins recto-verso sont attachés par une charnière au papier bleu alors qu'ailleurs c'est le papier bleu lui-même qui est mobile pour donner accès à un dessin collé sur son verso. ../...Depuis la Révolution, les dessins de l'album ont fait l'objet de traitements variés : cer- tains feuillets en ont été détachés, puis réintégrés ou non), d'autres ôtés après découpe des pages d'album, puis réintégrés ou non. Dans certains cas, les bandes de papier bleu ont même été refaites. Tous souffraient d'un empoussièrement dû au caractère non compact de l'album. Le tiers des dessins, de dimensions supérieures à celles de l'ouvrage, avaient dû être pliés lors de sa confection, ce qui créait des zones de fragilité au niveau des pliures et des zones de frottement sur le motif.../... C'est probablement aussi lors de la constitution de l'album que des dessins qui n'en formaient qu'un autrefois ont été coupés et séparés .../... Enfin, le collage des feuilles dans l'album s'était parfois fait sans égard pour la présence de dessins sur leur verso, parfois à demi cachés , parfois entièrement." Notes : 83. Nous remercions Valentine Dubard et Peter Fuhring pour leurs observations éclairantes sur l'album. Les dimensions de l'album sont H. 47,5 ; L. 64 ; ép. 8,5 cm. 84. Raymond Gaudriault & Thérèse Gaudriault, Filigranes et autres caractéristiques des papiers fabriqués en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, 1995, p. 79, signalé par Valentine Dubard. 85. Lorsque Morel d'Arleux dresse l'inventaire Napoléon, il mentionne le volume comme provenant de la collection ancienne (AMN 1 DD 40, vol. 8, p. 1573). (Bénédicte Gady & Juliette Trey, in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), pp. 26-31).

INDEX :
Lieux : Rocroi
Personnes : Della Bella, Stefano, oeuvre en rapport
Techniques : encre brune - aquarelle - graphite - plume

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 13, p. 363