Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 09/11/2024 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

SILVESTRE Israël


Ecole française

Vue de Mariembourg

1665

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 33070, Recto

Anciens numéros d'inventaire :
NIII15644
MA12514

LOCALISATION :
Réserve des grands albums
Album Silvestre Israël
Folio 58
rapporté au recto

ATTRIBUTION ACTUELLE :
SILVESTRE Israël

TECHNIQUES :
Graphite, plume et encre brune, aquarelle Annoté, à la plume et encre brune, en haut à droite : 59 ; I ; au milieu : Marienbourg ; près de l'horizon, à droite : bleu, noir, jaune rouge ; ver ; ver ; et au graphite, effacé, à gauche au-dessus du promontoire qui ferme le village : cavalier
H. 00,354m ; L. 00,908m

INVENTAIRE DU MUSEE NAPOLEON :
Inventaire du Musée Napoléon. Dessins. Vol.8, p.1573, chap. : Ecole française, Volume 3. (...) Numéro : 12514. Désignation des sujets : Volume 3 [n° 34] [[à l'encre]]. Ce volume est de forme oblongue et relié en veau. Cote : 1DD40

COMMENTAIRE :
"Cette vue annotée « Marienbourg » (et non « Manonbourg » ou Manonville) représente la petite ville parfois nommée Mariebourg ou Marianbourg, aujourd'hui Mariembourg, en Belgique, qui se trouvait alors dans le Hainaut français. L'histoire de la ville est intimement liée à celles de Rocroi, au sud (cat. 48), et de Philippeville, au nord (Inv. 33081), que Silvestre a également dessinées mais qu'il n'a pas davantage gravées. La ville fut fondée à la suite du traité de Binche en 1546 par la princesse Marie de Hongrie, sœur de Charles Quint et gouvernante des Pays-Bas espagnols, à laquelle elle doit son nom, afin de barrer la route de la Meuse depuis la vallée de l'Oise. Elle fut prise par Henri II en 1554 et devint pour un temps Henribourg. Pour remplacer son rôle défensif, Charles Quint fonda alors une nouvelle place à laquelle il donna le nom de son fils Philippe. Mariembourg fut rendue aux Pays-Bas espagnols dès 1559, puis cédée à la France avec Philippeville un siècle plus tard, en 1659, lors du traité des Pyrénées, en échange du pardon accordé au duc d'Enghien passé dans le camp espagnol. Elle demeura française jusqu'en 1815. Placé au sud, à distance de la ville, Silvestre met particulièrement en valeur le Vieux moulin sur l'Eau blanche (détruit en 1914), qui était antérieur à la fondation du bourg. Selon une disposition familière à l'artiste, la ville se déploie à l'arrière-plan. Conçue par l'ingénieur italien Donato di Boni, elle adopte un plan radioconcentrique inscrit dans un quadrilatère presque carré. De la place centrale rectangulaire partaient huit rues. Les quatre voies dans les angles menaient aux quatre bastions à orillons des fortifications entourées de fossés. Silvestre représente deux bastions à droite et à gauche et offre un point de vue frontal sur la porte de la ville, protégée par une demi-lune en talus gazonnés. Entre la porte et le pont-levis, à l'ouest, se devine le clocher de l'église Sainte-Marie-Madeleine. Le dessin offre ainsi une rare vue des remparts du xvie siècle avant leur transformation par Vauban, à qui ils n'inspiraient que sarcasmes. Le caractère vivant et paisible que suggèrent le moulin et les promeneurs, malgré la présence d'une colonne de soldats au second plan, tranche avec les autres vues de l'est de la série, où la fortification l'emporte sur la flânerie... Au verso se trouve une vue de Moyenvic (1). Bien que les fortifications du XVIe siècle aient été transformées en 1627 sur ordre du duc de Lorraine Charles IV et de l'empereur, la ville fut occupée par la France dès 1631, première conquête du royaume dans les Trois-Évêchés. Juridiquement acquise en 1648 en vertu du traité de Münster, elle fut exclue en 1659 de la restitution du duché de Lorraine au duc de Lorraine par le traité des Pyrénées. Silvestre s'y est rendu au début de son voyage. Aussi ce qui nous apparaît aujourd'hui comme un verso à cause de son inachèvement est-il vraisemblablement antérieur à la vue de Mariembourg que nous nommons recto. Silvestre manquait-il de papier à la fin de son périple ? Avait-il décidé de ne pas présenter à Colbert cette vue de Moyenvic ? C'est ce que laisse supposer l'existence d'une seconde vue de la ville, entièrement relevée d'aquarelle (2.) Le 3 octobre 1665, l'artiste écrivait à Colbert, de Marsal, et regrettait de n'avoir pu rassembler en une seule vue Marsal, Moyenvic et Vic, qu'il représenta donc séparément (3). Très proches, les trois villes et leurs fortifications sont gravées sur une même carte par l'ingénieur militaire Sébastien de Beaulieu en 1662 (4). À Moyenvic, Silvestre prend soin de se placer sur un promontoire à l'ouest afin de figurer Marsal, à l'arrière-plan à gauche, derrière le moulin, et de dresser un vaste panorama (rogné de part et d'autre), depuis le mont Saint-Jean, à gauche, jusqu'à l'Alsace, à droite. Il représente la ville pentagonale, dans l'axe du bastion de Schomberg, entre celui de Richelieu, à gauche, et, à droite, celui de La Force, du nom du maréchal ayant assiégé la ville en 1631. Sur le mur d'enceinte qui mène à ce dernier bastion, Silvestre indique la porte de Vic (alors murée). Au-delà s'étend l'ouvrage à corne d'où n'émergent que des arbres et une église. C'est cette dernière que met en valeur l'autre vue de Moyenvic, prise depuis le sud. Entièrement exécuté au graphite, ponctuellement relevé d'encre brune, ce verso porte quelques annotations de lieux et de très nombreuses mentions de couleurs, restées à l'état d'indications. Au recto, en revanche, le graphite, qui a de même servi au premier tracé, a presque disparu sous les reprises à la plume et encre brune et la mise en couleur à l'aquarelle. On ne le perçoit plus que par endroits, à l'occasion de légers décalages entre les deux tracés pour l'architecture, ou de manière plus significative pour les arbres, que Silvestre dessine différemment dans les deux techniques : avec le crayon de graphite, il ébauche une silhouette en quatre ou cinq grands arcs de cercle, alors qu'avec sa plume, il multiplie de petits arcs pour évoquer le feuillage, avant de déposer une touche d'aquarelle verte avec une liberté qui ne s'embarrasse pas de respecter un contour. Notes : 1. Voir Penin, 1988. 2. Louvre, Arts graphiques, Inv. 33069. 3. Dessin perdu ; Louvre, Arts graphiques, Inv. 33069 et Inv. 33070 verso ; Inv. 33068. 4. BnF, Cartes et Plans, GE DD 2987. Bibl. [voir document associé] : Bibl. : Belin, 1968, no 44 (Manonbourg ou Manonville). Exp. : Jamais exposé. (Bénédicte Gady in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), cat. sous la dir. de Bénédicte Gady & Juliette Trey, n°49).

DESCRIPTION DE L'ALBUM :
« Soixante-seize feuilles proviennent de l'« album Silvestre » (Inv. 33011 à 33086)(80) .../... il s'agit d'un album factice, manifestement constitué au XVIIIe siècle, en réutilisant une reliure en veau, pleine peau lisse, dont les fers laissent penser qu'elle est d'origine nordique (83). L'examen du dos révèle que la reliure a été prise à l'envers par rapport à l'orientation des dessins dans l'album : les fleurons gravés au fer sont renversés, une étiquette de papier masque le caisson de tête et un cuir a été rapporté sur le septième, vraisemblablement pour cacher un ancien titre. Les pages de l'album portent un filigrane (aigle à deux têtes couronnées) et la contremarque de Thomas Marie Dupuy, famille de papetiers de Riom, moulin Grand-Rive à Ambert, actif de 1725 à 1778 (84).../...L'album est entré dans les collections royales à une date inconnue et se trouvait au Louvre pendant la Révolution (85). .../...la plupart des dessins du volume ont d'abord été collés sur une feuille ou sur des bandes de papier bleu, papier ensuite fixé sur la page d'album. L'examen révèle plusieurs étrangetés : les bandes bleues n'entourent que la partie collée des dessins pliés, dont la partie repliée présente des traces d'anciens collages ; certains dessins recto-verso sont attachés par une charnière au papier bleu alors qu'ailleurs c'est le papier bleu lui-même qui est mobile pour donner accès à un dessin collé sur son verso. ../...Depuis la Révolution, les dessins de l'album ont fait l'objet de traitements variés : cer- tains feuillets en ont été détachés, puis réintégrés ou non), d'autres ôtés après découpe des pages d'album, puis réintégrés ou non. Dans certains cas, les bandes de papier bleu ont même été refaites. Tous souffraient d'un empoussièrement dû au caractère non compact de l'album. Le tiers des dessins, de dimensions supérieures à celles de l'ouvrage, avaient dû être pliés lors de sa confection, ce qui créait des zones de fragilité au niveau des pliures et des zones de frottement sur le motif.../... C'est probablement aussi lors de la constitution de l'album que des dessins qui n'en formaient qu'un autrefois ont été coupés et séparés .../... Enfin, le collage des feuilles dans l'album s'était parfois fait sans égard pour la présence de dessins sur leur verso, parfois à demi cachés , parfois entièrement." Notes : 83. Nous remercions Valentine Dubard et Peter Fuhring pour leurs observations éclairantes sur l'album. Les dimensions de l'album sont H. 47,5 ; L. 64 ; ép. 8,5 cm. 84. Raymond Gaudriault & Thérèse Gaudriault, Filigranes et autres caractéristiques des papiers fabriqués en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, 1995, p. 79, signalé par Valentine Dubard. 85. Lorsque Morel d'Arleux dresse l'inventaire Napoléon, il mentionne le volume comme provenant de la collection ancienne (AMN 1 DD 40, vol. 8, p. 1573). (Bénédicte Gady & Juliette Trey, in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), pp. 26-31).

INDEX :
Lieux : Mariembourg
Personnes : Di Boni, Donato+
Techniques : encre brune à la plume - aquarelle - graphite

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 13, p. 363