Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 09/11/2024 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

SILVESTRE Israël


Ecole française

Vue de Charleville

1665

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 33063, Recto

Anciens numéros d'inventaire :
NIII15637
MA12514

LOCALISATION :
Réserve des grands albums
Album Silvestre Israël
Folio 52
rapporté au recto

ATTRIBUTION ACTUELLE :
SILVESTRE Israël

TECHNIQUES :
Graphite, plume et encre brune, aquarelle ; mise au carreau au graphite ; numérotation des lignes de 1 à 5, à gauche, de 1 à 8, à droite, et des colonnes de 1 à 32, en haut ; sur deux feuilles de papier raboutées et la bande d'une troisième H. 39,2 ; L. 116,5 cm Annoté, à la plume et encre brune, en haut à droite : 55 ; I ; en haut au milieu : Meziere ; à droite : ouest (?) ; cordelier ; ver., et au graphite (très effacé), en bas à droite : Riviere de Meuse. Filigrane, sur chacune des deux feuilles principales : raisin ; contremarque : BMI dans un cartouche, légèrement distinctes l'une de l'autre
H. 00,388m ; L. 01,102m

INVENTAIRE DU MUSEE NAPOLEON :
Inventaire du Musée Napoléon. Dessins. Vol.8, p.1573, chap. : Ecole française, Volume 3. (...) Numéro : 12514. Désignation des sujets : Volume 3 [n° 34] [[à l'encre]]. Ce volume est de forme oblongue et relié en veau. Cote : 1DD40

COMMENTAIRE :
"Conformément à l'ordre reçu de Jean-Baptiste Colbert, Silvestre a eu soin de « prendre la veue de Mézière, Charleville et Montolimpe ensemble (1 )». Il consacra à ce travail plusieurs journées autour du 30 novembre 1665. Les deux dessins aujourd'hui séparés n'en formaient initialement qu'un, se développant sur quatre feuilles de papier. L'ensemble est mis au carreau, avec une numérotation des colonnes qui court de 1 à 32 par deux fois : le changement correspond au passage de la deuxième à la troisième feuille. L'examen rapproché laisse supposer que les feuilles étaient déjà raboutées lorsque Silvestre a tiré ses traits et appliqué son aquarelle. À une date ultérieure, peut-être pour former l'« album Silvestre », la vue a été rognée à gauche (manque la colonne 1), coupée en deux (au-delà du raccord précité) et privée d'une bande d'environ 2 cm. Dans l'album, les deux parties se sont trouvées en ordre inversé et séparées l'une de l'autre par une autre vue de Charleville (cat. 47). L'exposition offre l'occasion de les réunir. La représentation conjointe des deux villes, l'une médiévale, l'autre moderne, illustre les liens géographiques et historiques, mais aussi stratégiques et démographiques, qui les unissaient, bien avant leur fusion en 1966. Mézières doit son origine et son importance tactique à sa position sur la rive droite de la Meuse, frontière entre deux parties de l'empire de Charlemagne. Fortifiée au début du xiiie siècle, elle fut assiégée en 1521 par les troupes de Charles Quint, qui dut s'incliner devant la résistance menée par Bayard. En 1606, le duc Charles de Gonzague, cousin du roi, décida de fonder au nord une ville neuve qui porte son nom. Le plan régulier de Charleville, marqué au centre par une grande place ordonnancée, a vraisemblablement été conçu par l'architecte parisien Clément Métezeau. Les nombreux avantages octroyés aux nouveaux habitants provoquèrent un exode de la population de Mézières. Placé à l'est, Silvestre dessine à gauche la citadelle de Mézières, édifiée à la fin du XVIe siècle, séparée de la ville par un bras d'eau. S'y distinguent, à l'angle nord-est, la tour d'Arches et, au milieu des arbres, les toitures de la chapelle Saint-Jean. La ville elle-même se développe à l'ouest, marquée par le clocher de la collégiale Saint-Pierre (détruite à la Révolution) et par celui, plus haut, de Notre-Dame-d'Espérance (1499-1615), où Charles IX se maria en 1570. À droite, la porte d'Arches commande le pont, défendu par une tour dite « jumelle », construite au milieu de la rivière. De ce côté s'étend le faubourg d'Arches. Dix ans plus tard, les nouvelles fortifications de Vauban (1675-1698) devaient transformer l'assiette et la physionomie de la ville en incorporant les faubourgs (2). Au nord-ouest, le couvent des Cordeliers se distingue au-delà de la route arborée qui mène à la porte de France de Charleville. Commencées en 1617, inachevées à la mort de Charles de Gonzague en 1637, les fortifications de la ville neuve furent détruites en 1686 sur ordre de Louis XIV, qui exerçait une domination de fait sur cette principauté des Gonzague. À gauche de la porte se déploie le bastion de Bourbon, et, à droite, ceux d'Autriche, de Saxe et de Clèves, jusqu'à la porte de Luxembourg (rasée vers 1838). À l'ouest (sous le numéro 12), le toit de la porte de Flandre précède la rue du même nom (aujourd'hui de Mantoue), un ensemble ordonnancé plus élevé que les autres bâtiments de la ville. Derrière la place ducale se détache le haut comble de l'église Saint-Ignace des Jésuites (sous le numéro 17), de la façade de laquelle on devine le revers du pignon (détruite en 1834). Plus à droite, la haute toiture à clocheton du moulin banal, ou Grand Moulin (subsistant), se dresse dans l'axe de la porte de Luxembourg. Devant celle-ci, un pont mène à la résidence ducale de Mirefleur (rasée vers 1860), dotée d'un grand jardin potager et d'un verger, surnommé « petit bois ». Au nord de la porte s'étend l'ensemble conventuel du Saint-Sépulcre fondé en 1622, dont la silhouette est marquée par un dôme et un petit clocher. À droite, le pont de Meuse (détruit en 1716) conduit à l'ancienne citadelle, dite de Mont-Olympe en référence à l'un des emblèmes des Gonzague. On y accède par une rampe menant à la demi-lune de la Vierge, puis à la porte du même nom. Construite sur un plan pentagonal à l'initiative de Charles de Gonzague en 1624, achetée en 1629 par la France qui en acheva l'édification, la forteresse présente ici à la vue les bastions Royal, Saint-Louis (dans l'axe) et de Biscara. Elle est marquée par la grande tour du Gouverneur et une tour voisine moins haute, vestige du projet originel à cinq tours. Entièrement rasée en 1686, elle ne survit aujourd'hui que par la toponymie. Cette triple vue forme le projet le plus ambitieux jamais mené par Silvestre. Sur un support qui devait mesurer environ 2,30 mètres de large, le dessinateur a dû s'aider d'un quadrillage dont il fait habituellement l'économie, et se déplacer latéralement pour unifier le panorama sans le distordre. Cette difficulté technique l'a-t-elle absorbé au point qu'il renonce presque complètement à représenter la figure humaine et à jouer du contraste entre esquisse libre et relevé minutieux ? Seule l'aquarelle, appliquée dans un second temps, introduit une discrète licence dans l'étagement de teintes vertes, bleues et brunes avec lesquelles joue le papier beige laissé en réserve." Notes : 1. Voir annexe, lettre du 30 novembre 1665 [voir document associé]. 2. Sur les fortifications, voir Sartelet, 2003 ; Blieck, 2007. Bibl. [voir document associé] : Belin, 1968, no 47 ; Sartelet, 1997, p. 24-25 (1675) ; Massary et Sartelet, 2012, p. 40-41 (1675). Exp. : Jamais exposé. (Bénédicte Gady in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), cat. sous la dir. de Bénédicte Gady & Juliette Trey, n°45-46).

DESCRIPTION DE L'ALBUM :
« Soixante-seize feuilles proviennent de l'« album Silvestre » (Inv. 33011 à 33086)(80) .../... il s'agit d'un album factice, manifestement constitué au XVIIIe siècle, en réutilisant une reliure en veau, pleine peau lisse, dont les fers laissent penser qu'elle est d'origine nordique (83). L'examen du dos révèle que la reliure a été prise à l'envers par rapport à l'orientation des dessins dans l'album : les fleurons gravés au fer sont renversés, une étiquette de papier masque le caisson de tête et un cuir a été rapporté sur le septième, vraisemblablement pour cacher un ancien titre. Les pages de l'album portent un filigrane (aigle à deux têtes couronnées) et la contremarque de Thomas Marie Dupuy, famille de papetiers de Riom, moulin Grand-Rive à Ambert, actif de 1725 à 1778 (84).../...L'album est entré dans les collections royales à une date inconnue et se trouvait au Louvre pendant la Révolution (85). .../...la plupart des dessins du volume ont d'abord été collés sur une feuille ou sur des bandes de papier bleu, papier ensuite fixé sur la page d'album. L'examen révèle plusieurs étrangetés : les bandes bleues n'entourent que la partie collée des dessins pliés, dont la partie repliée présente des traces d'anciens collages ; certains dessins recto-verso sont attachés par une charnière au papier bleu alors qu'ailleurs c'est le papier bleu lui-même qui est mobile pour donner accès à un dessin collé sur son verso. ../...Depuis la Révolution, les dessins de l'album ont fait l'objet de traitements variés : cer- tains feuillets en ont été détachés, puis réintégrés ou non), d'autres ôtés après découpe des pages d'album, puis réintégrés ou non. Dans certains cas, les bandes de papier bleu ont même été refaites. Tous souffraient d'un empoussièrement dû au caractère non compact de l'album. Le tiers des dessins, de dimensions supérieures à celles de l'ouvrage, avaient dû être pliés lors de sa confection, ce qui créait des zones de fragilité au niveau des pliures et des zones de frottement sur le motif.../... C'est probablement aussi lors de la constitution de l'album que des dessins qui n'en formaient qu'un autrefois ont été coupés et séparés .../... Enfin, le collage des feuilles dans l'album s'était parfois fait sans égard pour la présence de dessins sur leur verso, parfois à demi cachés , parfois entièrement." Notes : 83. Nous remercions Valentine Dubard et Peter Fuhring pour leurs observations éclairantes sur l'album. Les dimensions de l'album sont H. 47,5 ; L. 64 ; ép. 8,5 cm. 84. Raymond Gaudriault & Thérèse Gaudriault, Filigranes et autres caractéristiques des papiers fabriqués en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, 1995, p. 79, signalé par Valentine Dubard. 85. Lorsque Morel d'Arleux dresse l'inventaire Napoléon, il mentionne le volume comme provenant de la collection ancienne (AMN 1 DD 40, vol. 8, p. 1573). (Bénédicte Gady & Juliette Trey, in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), pp. 26-31).

INDEX :
Lieux : Charleville, Mezières+, Mont-Olympe
Personnes : Colbert, Jean-Baptiste+ - Gonzague, Charles Ier, duc de Mantoue (1580-1637)+
Techniques : encre brune à la plume - aquarelle - graphite

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 13, p. 362