Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 04/12/2024 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

SILVESTRE Israël


Ecole française

Bal masqué dans la Grande Antichambre du roi au Louvre, vraisemblablement donné par la reine le 17 février 1665 à l'occasion du mardi gras

1665

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 33043, Recto

Anciens numéros d'inventaire :
NIII15617
MA12514

LOCALISATION :
Grand format
Album Silvestre Israël
Folio 33
rapporté au recto

ATTRIBUTION ACTUELLE :
SILVESTRE Israël

TECHNIQUES :
Plume et encre noire, lavis gris avec traces de pierre noire et rehauts de blanc H. 46,7 ; L. 37,7 cm Inscription à la plume et encre brune, en haut à droite : 33 et I et à la plume et encre noire, en contrepartie : HENRI IIII
H. 00,467m ; L. 00,377m

INVENTAIRE DU MUSEE NAPOLEON :
Inventaire du Musée Napoléon. Dessins. Vol.8, p.1573, chap. : Ecole française, Volume 3. (...) Numéro : 12514. Désignation des sujets : Volume 3 [n° 34] [[à l'encre]]. Ce volume est de forme oblongue et relié en veau. Cote : 1DD40

COMMENTAIRE :
"Silvestre représente ici la cour du jeune Louis XIV s'adonnant à un divertissement nouveau : le bal en masque (1). S'il est vrai que l'on dansait déjà à visage couvert à la Renaissance, lors des mômeries du carnaval ou des bals qui terminaient presque toujours les ballets de cour, le bal masqué tel que nous le connaissons aujourd'hui prend forme vers 1660. Dans sa lettre du 23 janvier 1665, le duc d'Enghien confie que « depuis que l'on a trouvé l'invention des bals en masque, on ne peut plus souffrir les autres [...] ; il y a une liberté sans désordre, on se met où on veut, on parle à qui on veut parler, et l'on y fait comme si tout le monde était égal ; si on veut être connu, on l'est, et si on veut, on ne l'est pas. Pour moi, je trouve qu'après ces bals-là, les autres ennuient furieusement (2) ». Au centre de la salle, une troupe de masques, ou momons, se donnent la main pour un branle, danse collective exécutée en chaîne ou en rond en guise d'ouverture au bal (3). Il est composé successivement du branle simple, « grave et sérieux », du branle gay, qui « ne fait que sauter », et du branle à mener, où l'on « court toujours (4) ». Ce bal prend place dans la Grande Antichambre du roi, dont les travaux d'agrandissement de Le Vau en 1660 avaient épargné le « vieil plafond » de menuiserie réalisé par l'Italien Scibec de Carpi pour Henri II, les menuisiers Bergerat et Turie s'étant contentés de le compléter tel qu'on peut encore l'admirer aujourd'hui (5). Le dessin fut autrefois associé au bal du 29 janvier 1662, le premier mentionné pour cette salle dans la Gazette de France depuis la fin des travaux. Or il pourrait tout aussi bien s'agir de celui du 10 décembre 1668, tenu dans cette même antichambre, ou des dizaines d'autres que l'on sait avoir eu lieu quelque part au Louvre. On peut néanmoins avancer l'hypothèse selon laquelle il s'agirait du bal donné par la reine en présence du nonce au mardi gras du 17 février 1665 dans l'antichambre du roi - et non dans la sienne, comme l'écrivit à tort la Gazette de France (6). Le chroniqueur Jean Loret affirme avoir été assis près d'un peintre et d'un graveur qui dessinèrent toute la soirée par ordre du roi, afin de produire des traces de la manifestation pour la postérité. Or la seule représentation sûre d'un bal au Louvre dont nous disposions pour cette période est justement ce dessin de Silvestre, dont l'inscription en contrepartie évoque un projet de gravure." Notes : 1. Voir Raviart, 1998, p. 36-41 ; Lecomte, 2010. 2. Magne, 1920, p. 131. 3. Voir Semmens, 1997 ; Raviart, 1998 ; Guilcher, 2003 ; Hazebroucq, 2013. 4. De Pure, 1668, p. 279. 5. Gady (A.), 2015, p. 76 ; Bresc-Bautier, 2016, I, p. 187-188, 337-338. 6. Voir le récit de d'Ormesson qui passa par là juste avant les festivités : Chéruel, 1862, II, p. 308. (Mickaël Bouffard in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), cat. sous la dir. de Bénédicte Gady & Juliette Trey, n°32). Bénédicte Gady & Juliette Trey, "Le védutiste de Louis XIV" in Grande Galerie, mars-mai 2018, n°43, pp. 84-87.

DESCRIPTION DE L'ALBUM :
« Soixante-seize feuilles proviennent de l'« album Silvestre » (Inv. 33011 à 33086)(80) .../... il s'agit d'un album factice, manifestement constitué au XVIIIe siècle, en réutilisant une reliure en veau, pleine peau lisse, dont les fers laissent penser qu'elle est d'origine nordique (83). L'examen du dos révèle que la reliure a été prise à l'envers par rapport à l'orientation des dessins dans l'album : les fleurons gravés au fer sont renversés, une étiquette de papier masque le caisson de tête et un cuir a été rapporté sur le septième, vraisemblablement pour cacher un ancien titre. Les pages de l'album portent un filigrane (aigle à deux têtes couronnées) et la contremarque de Thomas Marie Dupuy, famille de papetiers de Riom, moulin Grand-Rive à Ambert, actif de 1725 à 1778 (84).../...L'album est entré dans les collections royales à une date inconnue et se trouvait au Louvre pendant la Révolution (85). .../...la plupart des dessins du volume ont d'abord été collés sur une feuille ou sur des bandes de papier bleu, papier ensuite fixé sur la page d'album. L'examen révèle plusieurs étrangetés : les bandes bleues n'entourent que la partie collée des dessins pliés, dont la partie repliée présente des traces d'anciens collages ; certains dessins recto-verso sont attachés par une charnière au papier bleu alors qu'ailleurs c'est le papier bleu lui-même qui est mobile pour donner accès à un dessin collé sur son verso. ../...Depuis la Révolution, les dessins de l'album ont fait l'objet de traitements variés : cer- tains feuillets en ont été détachés, puis réintégrés ou non), d'autres ôtés après découpe des pages d'album, puis réintégrés ou non. Dans certains cas, les bandes de papier bleu ont même été refaites. Tous souffraient d'un empoussièrement dû au caractère non compact de l'album. Le tiers des dessins, de dimensions supérieures à celles de l'ouvrage, avaient dû être pliés lors de sa confection, ce qui créait des zones de fragilité au niveau des pliures et des zones de frottement sur le motif.../... C'est probablement aussi lors de la constitution de l'album que des dessins qui n'en formaient qu'un autrefois ont été coupés et séparés .../... Enfin, le collage des feuilles dans l'album s'était parfois fait sans égard pour la présence de dessins sur leur verso, parfois à demi cachés , parfois entièrement." Notes : 83. Nous remercions Valentine Dubard et Peter Fuhring pour leurs observations éclairantes sur l'album. Les dimensions de l'album sont H. 47,5 ; L. 64 ; ép. 8,5 cm. 84. Raymond Gaudriault & Thérèse Gaudriault, Filigranes et autres caractéristiques des papiers fabriqués en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, 1995, p. 79, signalé par Valentine Dubard. 85. Lorsque Morel d'Arleux dresse l'inventaire Napoléon, il mentionne le volume comme provenant de la collection ancienne (AMN 1 DD 40, vol. 8, p. 1573). (Bénédicte Gady & Juliette Trey, in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), pp. 26-31).

INDEX :
Lieux : Paris, Palais du Louvre, Paris, Palais du Louvre, Grande Antichambre
Personnes : Louis XIV, roi de France - Loret, Jean+
Sujets : bal masqué
Techniques : encre noire à la plume - lavis (gris) - rehauts de blanc - pierre noire (traces)

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 13, p. 359