Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 10/11/2023 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

SILVESTRE Israël


Ecole française

Hommage rendu au cardinal Chigi dans la salle de bal du château de Fontainebleau

1664

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 33041, Recto

Anciens numéros d'inventaire :
NIII15615
MA12514

LOCALISATION :
Grand format
Album Silvestre Israël
Folio 32
rapporté au recto

ATTRIBUTION ACTUELLE :
SILVESTRE Israël

TECHNIQUES :
Graphite, sanguine, plume et encre brune H. 50,2 ; L. 42,5 cm Annoté, en haut à droite, à la plume et encre brune : 'les deux teste au milieu'
H. 00,502m ; L. 00,425m

INVENTAIRE DU MUSEE NAPOLEON :
Inventaire du Musée Napoléon. Dessins. Vol.8, p.1573, chap. : Ecole française, Volume 3. (...) Numéro : 12514. Désignation des sujets : Volume 3 [n° 34] [[à l'encre]]. Ce volume est de forme oblongue et relié en veau. Cote : 1DD40

COMMENTAIRE :
"Le séjour du cardinal Flavio Chigi en 1664 au château de Fontainebleau est aujourd'hui connu par l'audience dont le prélat bénéficia auprès de Louis XIV, au cours de laquelle il put lui présenter les excuses du Saint-Siège après l'assassinat en 1661 d'un page du duc de Créqui, ambassadeur de France à Rome, par un garde du corps du pape. La scène, qui eut lieu en présence des princes et des grands officiers de la Couronne, a été illustrée dans l'une des tapisseries de la tenture de l'Histoire du roi, conçue par Le Brun. Grâce à une relation détaillée, attribuée à Chantelou (1), on sait qu'au lendemain de cet entretien, le 30 juillet 1664, le légat eut droit à un bel hommage à Fontainebleau : après avoir entendu la messe et rencontré le souverain, il fut surpris, quand il pénétra dans la « salle du bal » du château, par « les trompettes du Roy, les timbales, les fifres et les tambours », qui « firent force fanfares et grand bruit ». C'est l'instant qu'a voulu retenir ici Silvestre. Venu de la porte située à gauche de la cheminée, l'ecclésiastique est reconnaissable, parmi les personnages du cortège déjà arrivés au milieu de la pièce, à la chasuble dont il est vêtu et au porte-croix qui le précède. À ses côtés, dans l'assistance, quatre tambours ont été également esquissés, afin de rappeler le concert aux accents héroïques qu'ils étaient chargés d'interpréter en son honneur. Pour accorder plus d'importance à cet éloge, Silvestre a restitué le volume et la magnificence de la salle où il se déroule, l'une des pièces de réception les plus grandes et les plus prestigieuses des résidences royales. Il ne manqua pas de signaler par les chiffres d'Henri II et de son épouse, Catherine de Médicis, l'époque à laquelle elle fut achevée et d'évoquer la richesse de sa décoration, les fresques d'après Primatice, la composition des plafonds à caissons et la variété des sculptures, allant jusqu'à préciser en quelques mots le détail d'un trophée. Dans ce cadre majestueux où il étudie les dimensions au moyen de traits à la sanguine, il a également souhaité prendre de la hauteur pour mieux embrasser la vue de la foule réunie en bas, sur l'un des côtés. Son regard en diagonale pourrait se situer au niveau de la tribune destinée aux musiciens les jours de bal, mais que l'on pouvait utiliser en d'autres circonstances. On sait notamment qu'elle accueillit la reine, Monsieur, frère du roi, et quelques dames, installés pour voir en face, devant la cheminée, le festin offert par Louis XIV au cardinal Chigi (2). L'identification du dessin de Silvestre n'a donc pas seulement permis de mieux connaître le séjour du légat à Fontainebleau. Elle a aussi donné l'occasion d'apprécier les méthodes de travail de l'artiste, quand il introduit dans un vaste espace quelques personnages essentiels, mêlés à la multitude des gens fréquentant la Cour." Notes : 1. Chantelou, BnF, Manuscrits, 500 Colbert 175, fol. 27 vo. Pour une édition critique, Del Pesco, 2011a et 2011b. 2. Ibid., fol. 31. Bibl. : Belin, 1968. Exp. : Paris, 1959, no 10 ; Paris, 1977-1978, no 298, p.286-287 (notice par Roseline Bacou). (Jérôme de La Gorce in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), cat. sous la dir. de Bénédicte Gady & Juliette Trey, n°31).

DESCRIPTION DE L'ALBUM :
« Soixante-seize feuilles proviennent de l'« album Silvestre » (Inv. 33011 à 33086)(80) .../... il s'agit d'un album factice, manifestement constitué au XVIIIe siècle, en réutilisant une reliure en veau, pleine peau lisse, dont les fers laissent penser qu'elle est d'origine nordique (83). L'examen du dos révèle que la reliure a été prise à l'envers par rapport à l'orientation des dessins dans l'album : les fleurons gravés au fer sont renversés, une étiquette de papier masque le caisson de tête et un cuir a été rapporté sur le septième, vraisemblablement pour cacher un ancien titre. Les pages de l'album portent un filigrane (aigle à deux têtes couronnées) et la contremarque de Thomas Marie Dupuy, famille de papetiers de Riom, moulin Grand-Rive à Ambert, actif de 1725 à 1778 (84).../...L'album est entré dans les collections royales à une date inconnue et se trouvait au Louvre pendant la Révolution (85). .../...la plupart des dessins du volume ont d'abord été collés sur une feuille ou sur des bandes de papier bleu, papier ensuite fixé sur la page d'album. L'examen révèle plusieurs étrangetés : les bandes bleues n'entourent que la partie collée des dessins pliés, dont la partie repliée présente des traces d'anciens collages ; certains dessins recto-verso sont attachés par une charnière au papier bleu alors qu'ailleurs c'est le papier bleu lui-même qui est mobile pour donner accès à un dessin collé sur son verso. ../...Depuis la Révolution, les dessins de l'album ont fait l'objet de traitements variés : cer- tains feuillets en ont été détachés, puis réintégrés ou non), d'autres ôtés après découpe des pages d'album, puis réintégrés ou non. Dans certains cas, les bandes de papier bleu ont même été refaites. Tous souffraient d'un empoussièrement dû au caractère non compact de l'album. Le tiers des dessins, de dimensions supérieures à celles de l'ouvrage, avaient dû être pliés lors de sa confection, ce qui créait des zones de fragilité au niveau des pliures et des zones de frottement sur le motif.../... C'est probablement aussi lors de la constitution de l'album que des dessins qui n'en formaient qu'un autrefois ont été coupés et séparés .../... Enfin, le collage des feuilles dans l'album s'était parfois fait sans égard pour la présence de dessins sur leur verso, parfois à demi cachés , parfois entièrement." Notes : 83. Nous remercions Valentine Dubard et Peter Fuhring pour leurs observations éclairantes sur l'album. Les dimensions de l'album sont H. 47,5 ; L. 64 ; ép. 8,5 cm. 84. Raymond Gaudriault & Thérèse Gaudriault, Filigranes et autres caractéristiques des papiers fabriqués en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, 1995, p. 79, signalé par Valentine Dubard. 85. Lorsque Morel d'Arleux dresse l'inventaire Napoléon, il mentionne le volume comme provenant de la collection ancienne (AMN 1 DD 40, vol. 8, p. 1573). (Bénédicte Gady & Juliette Trey, in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), pp. 26-31).

INDEX :
Lieux : Fontainebleau, château, Fontainebleau, château, Salle de Bal
Personnes : Chigi, Flavio, cardinal (1631-1693) - Louis XIV, roi de France+ - Chantelou, Paul Fréart de, oeuvre en rapport
Techniques : encre brune - sanguine - graphite - plume

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 13, p. 359