Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 04/12/2024 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

SILVESTRE Israël


Ecole française

Vue du château de Fontainebleau depuis l'Etang

Avant 1655

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 33032, Recto

Anciens numéros d'inventaire :
NIII15606
MA12514

LOCALISATION :
Grand format
Album Silvestre Israël
Folio 24
rapporté au recto

ATTRIBUTION ACTUELLE :
SILVESTRE Israël

TECHNIQUES :
Graphite et lavis gris H. 33,4 ; L. 51,4 cm
H. 00,334m ; L. 00,514m

INVENTAIRE DU MUSEE NAPOLEON :
Inventaire du Musée Napoléon. Dessins. Vol.8, p.1573, chap. : Ecole française, Volume 3. (...) Numéro : 12514. Désignation des sujets : Volume 3 [n° 34] [[à l'encre]]. Ce volume est de forme oblongue et relié en veau. Cote : 1DD40

COMMENTAIRE :
"Après les gravures de Du Cerceau et l'ouvrage du père Dan (1642), les vues de Silvestre constituent une source de première importance pour l'histoire du château de Fontainebleau : ses gravures, dont les premières, de petit format, remontent à 1649 (I. Henriet exc.) (1), comme ses vues dessinées, représentent en effet des états soit modifiés (voir cat. 37), soit disparus, comme cette feuille, la plus ancienne que nous possédions : elle prend place en effet avant le chantier effectué sous la direction de l'architecte Louis Le Vau pour Anne d'Autriche en 1654-1655, chantier qui devait affecter le grand pavillon que l'on voit à gauche (2). Pour composer sa vue, dans laquelle s'opposent l'architecture finement tracée et les arbres très enlevés, l'artiste s'est placé de l'autre côté de l'Étang : ce point de vue original lui permet de tirer parti de l'eau formant miroir, dans lequel il a brossé à grands traits l'image des bâtiments de la cour de la Fontaine. Si l'édicule auquel elle doit son nom a déjà disparu, on voit au premier plan la plate-forme bastionnée d'Henri IV, submergée depuis (3). À droite, vue de profil grâce à une légère torsion de son orientation, on reconnaît l'aile dite de la Belle-Cheminée, avec son grand escalier extérieur à rampes affrontées, œuvre classique de Primatice (1570) : à l'arrière, sa toiture est dominée par celle du pavillon de la porte Dorée (à droite) et par la pointe du donjon (à gauche). Puis vient l'aile de la grande galerie, au décor fameux, dans son état modifié par Henri IV, qui a fait ajouter les piliers à bossages du rez-de- chaussée ; au-dessus, en revanche, on lit bien la façade de François Ier, avec sa travéation alternant vides et larges pleins, à laquelle répond la disposition du comble avec ses souches de cheminées et ses lucarnes, une disposition ruinée par les travaux de Louis-Philippe. À gauche se dresse le pavillon des Poêles, et enfin, rapidement croqué, le jardin des Pins ; la façade de l'édifice, avec ses deux grands étages et son haut comble, est encore dans son état de la Renaissance (4). On y reconnaît très bien, sur la dernière travée de droite, au bel étage, le petit cabinet que Philibert Delorme avait lancé sur la terrasse ; peu après l'achèvement de ce dessin, Le Vau devait le compléter pour Anne d'Autriche en édifiant un second pavillon à dôme carré. Abattu sous Louis XV, l'ensemble sera reconstruit par Ange Jacques Gabriel. Les transformations ordonnées par Louis XIV dans les jardins et effectuées par André Le Nôtre en 1661-1665 offrent le sujet de nouvelles vues, dont témoigne le grand dessin recto-verso ici exposé (cat. 37), qui prépare une estampe de 1678. Silvestre y représente les « Cascades », ensemble aménagé en 1662-1663, à l'articulation du Grand Jardin, alors refait complètement, et du canal d'Henri IV, situé en contrebas. Très proches de celles qu'il avait exécutées quelques années plus tôt à Vaux-le-Vicomte, ces cascades étaient formées, selon l'abbé Guilbert (1731), de « vingt-cinq ou trente cascades en forme de girandoles... répandant une quantité prodigieuse de cierges ou de jets d'eau qui formaient un magnifique bassin terminé par quatre grottes rustiques... le plus riche point de vue qu'il fût possible d'imaginer ». Les jeux hydrauliques étaient dus aux neveux de Tommaso Francini et le décor sculpté à Lespagnandel. Dressées face au canal, les cascades servaient à la fois à racheter la forte dénivellation et à la circulation : elles sont ainsi encadrées par deux passages clos de grilles aux armes de France, qu'entourent deux grottes donnant accès chacune à une rampe pour gagner le parterre du Tibre et le château. Le percement de l'avenue des Cascades (1857) a perturbé toute la topographie du secteur, tandis que l'ouvrage, lourdement restauré et re-décoré, prenait sa forme actuelle. Le dessin de Silvestre constitue donc une précieuse source pour la connaissance des travaux de Le Nôtre à Fontainebleau. Nerveux, avec un usage appuyé de l'encre et de la sanguine, le recto adopte un point de vue frontal : la vue est prise depuis le milieu du canal, sur lequel passe un bateau (avec l'inscription « vaisseau 6 toises de long ») et dont l'eau reflète les cascades. Venant de la gauche, un cortège avec chevaux et carrosse central anime la vue. À droite, les arbres cachent les offices d'Henri IV ; ensuite, en raccourci, on reconnaît le revers des bâtiments de la Cour ovale : pavillon du Tibre, chapelle Saint-Saturnin et salle de Bal, que domine la haute toiture de la porte Dorée. En retour d'équerre se dresse le revers de l'aile de la Belle-Cheminée, sobre façade que seule souligne une lucarne monumentale. À l'extrémité opposée, en revanche, il n'y a presque aucun bâtiment, sinon les toits de l'hôtel du Grand Maître, que l'on devine à peine. Ce dessin diffère sensiblement de la gravure publiée en 1678 : si celle-ci reprend le principe d'une vue frontale, elle adopte un point de vue plus élevé, amenant la suppression du reflet des cascades dans l'eau et l'apparition du parterre du Tibre, vu en raccourci ; enfin, on note que le cortège s'en va à gauche. Sans doute témoin des recherches de Silvestre pour la meilleure représentation possible de cet élément original, le verso montre les cascades vues de biais, vers le sud cette fois, tandis que le cortège, très rapidement croqué, s'engage dans la rampe nord. Au fond se dressent les bâtiments de l'hôtel d'Albret, devenu le siège du Grand Maître." Notes : 1. BnF, Estampes, Ed 45 (D), pet. fol. ; Faucheux, 216. 2. Cojannot, 2012, p. 268-272. 3. Cat. exp. Fontainebleau, 2010-2011, p. 24. 4. Blécon et Boudon, 1998, p. 62-63 Bibl. : Belin, 1968, no 51. Exp. : Jamais exposé (Alexandre Gady in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), cat. sous la dir. de Bénédicte Gady & Juliette Trey, n°36-37).

DESCRIPTION DE L'ALBUM :
« Soixante-seize feuilles proviennent de l'« album Silvestre » (Inv. 33011 à 33086)(80) .../... il s'agit d'un album factice, manifestement constitué au XVIIIe siècle, en réutilisant une reliure en veau, pleine peau lisse, dont les fers laissent penser qu'elle est d'origine nordique (83). L'examen du dos révèle que la reliure a été prise à l'envers par rapport à l'orientation des dessins dans l'album : les fleurons gravés au fer sont renversés, une étiquette de papier masque le caisson de tête et un cuir a été rapporté sur le septième, vraisemblablement pour cacher un ancien titre. Les pages de l'album portent un filigrane (aigle à deux têtes couronnées) et la contremarque de Thomas Marie Dupuy, famille de papetiers de Riom, moulin Grand-Rive à Ambert, actif de 1725 à 1778 (84).../...L'album est entré dans les collections royales à une date inconnue et se trouvait au Louvre pendant la Révolution (85). .../...la plupart des dessins du volume ont d'abord été collés sur une feuille ou sur des bandes de papier bleu, papier ensuite fixé sur la page d'album. L'examen révèle plusieurs étrangetés : les bandes bleues n'entourent que la partie collée des dessins pliés, dont la partie repliée présente des traces d'anciens collages ; certains dessins recto-verso sont attachés par une charnière au papier bleu alors qu'ailleurs c'est le papier bleu lui-même qui est mobile pour donner accès à un dessin collé sur son verso. ../...Depuis la Révolution, les dessins de l'album ont fait l'objet de traitements variés : cer- tains feuillets en ont été détachés, puis réintégrés ou non), d'autres ôtés après découpe des pages d'album, puis réintégrés ou non. Dans certains cas, les bandes de papier bleu ont même été refaites. Tous souffraient d'un empoussièrement dû au caractère non compact de l'album. Le tiers des dessins, de dimensions supérieures à celles de l'ouvrage, avaient dû être pliés lors de sa confection, ce qui créait des zones de fragilité au niveau des pliures et des zones de frottement sur le motif.../... C'est probablement aussi lors de la constitution de l'album que des dessins qui n'en formaient qu'un autrefois ont été coupés et séparés .../... Enfin, le collage des feuilles dans l'album s'était parfois fait sans égard pour la présence de dessins sur leur verso, parfois à demi cachés , parfois entièrement." Notes : 83. Nous remercions Valentine Dubard et Peter Fuhring pour leurs observations éclairantes sur l'album. Les dimensions de l'album sont H. 47,5 ; L. 64 ; ép. 8,5 cm. 84. Raymond Gaudriault & Thérèse Gaudriault, Filigranes et autres caractéristiques des papiers fabriqués en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, 1995, p. 79, signalé par Valentine Dubard. 85. Lorsque Morel d'Arleux dresse l'inventaire Napoléon, il mentionne le volume comme provenant de la collection ancienne (AMN 1 DD 40, vol. 8, p. 1573). (Bénédicte Gady & Juliette Trey, in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), pp. 26-31).

INDEX :
Lieux : Fontainebleau, château
Personnes : Silvestre, Israël, gravure en rapport
Techniques : lavis (gris) - graphite

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 13, p. 358