© GrandPalaisRmn (Musée du Louvre) / Michel Urtado
Ecole suédoise
Portrait de François Boucher (1703-1770).INVENTAIRES ET CATALOGUES :Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 30868, Recto
Anciens numéros d'inventaire :
NIII8350
MA7834LOCALISATION :Réserve des pastels
ATTRIBUTION ACTUELLE :LUNDBERG Gustaf
TECHNIQUES :Pastel sur papier bleu préparé avec une matière légèrement granuleuse puis marouflé sur toile tendue sur châssis.
Mesures du cadre : H : 00,965, L : 00,73 et profondeur : 00,08. Etiquette blanche sur le revers du cadre "Cadre 1175".
H. 00,675m ; L. 00,515m
INVENTAIRE DU MUSEE NAPOLEON :Inventaire du Musée Napoléon. Dessins. Vol.6, p.1000, chap. : Ecole allemande, Carton 80. (...) Numéro : 7834. Nom du maître : Lundberg. Numéro d'ordre dans l'oeuvre du maître : 1er et 2. Désignation des sujets : Portrait de Charles Natoire. Portrait de François Boucher. Ils sont tous deux peints au pastel, et ont été exposés en 1811 sous les n° 459 et 460. Dimensions : [H. 67 x L. 50 cm ; H. 67 x L. 50 cm] [[à l'encre]]. Origine : [Collection ancienne] [[à l'encre]]. Emplacement actuel : Galerie d'Apollon. Observations : [Ils sont portés de l'extrait de l'Inventaire dans les pastels sous les n° 6 et 7.] [[à l'encre]]. Signe de recollement : [Vu] [[au crayon]] [Vu] [[au crayon]] [[trait oblique / au crayon / sous le n° Morel d'Arleux]]. Annotations marginales sur l'inventaire : [Pastels nouveaux n° 6 et 7] [[à l'encre]]. Cote : 1DD38 Note relative à la saisie informatique : Observations : la mention de remise au musée, précisée dans la notice n ° 7700, concernerait les notices n° 7700 à 7999..
COMMENTAIRE :Morceau de réception à l'Académie Royale de peinture le 28 janvier 1741 avec le portrait de Natoire, INV 30867. Il est à comparer avec le Portrait de Boucher d'Alexandre Roslin, maintenant conservé au Musée de Versailles. (G. Monnier, 1972).
Neil Jeffares donne ce pastel à Gustaf Lundberg, portrait de François Boucher (1703-1770), peintre (Dictionary of pastellists before 1800, Londres, 2006, p. 359).
Ce pastel et le portrait de Charles Natoire (INV 30867) ont été copiés à l'huile sur toile par Tadeusz Kuntz (1733-1793) en 1756 et sont conservés au château de Wilanów en Pologne (inv. 1725 pour Natoire, inv. 1846 pour Boucher). Le portrait de Natoire a été gravé (Stockholm, Nationalmuseum, collection de l'institut Tessin à Paris), copié à l'huile sur toile par Pierre Joseph Célestin François (1759-1851) avant 1793, date à laquelle l'œuvre est citée dans l'inventaire de la collection de l'Académie royale de peinture et de sculpture (A.N., F17 12674, no 640). Une copie au pastel signée « A. Bun » a été vendue à l'hôtel Drouot à Paris le 12 juillet 2016 (Me Le Floc'h, lot 91, repr. 0,635 × 0,495 m). Deux copies au pastel du portrait de Boucher sont répertoriées : l'une conservée au Nationalmuseum à Stockholm (inv. NMB 485.0,59 × 0,49 m), l'autre vendue à Poitiers le 2 mai 2012 (Me Segeron) puis à Chinon le 10 septembre 2014 (Me Herbelin, lot 114, repr.0,64 × 0,525 m).
Formé à Stockholm par le peintre de cour David von Krafft, Gustaf Lundberg se perfectionna ensuite à Paris à partir de 1717 auprès de Pierre Jacques Cazes et des maîtres portraitistes Nicolas de Largillierre, Hyacinthe Rigaud et François de Troy. Le séjour parisien de Rosalba Carriera en 1720-1721 fut également déterminant pour sa pratique du pastel, le jeune Suédois regardant avec la plus grande attention les œuvres de la Vénitienne. La protection du diplomate Niclas Peter von Gedda, proche de Stanislas Leszczynski, lui permit de fixer les traits de Marie Leszczynska dès 1725 et de livrer un portrait de Louis XV inspiré d'un modèle de Jean-Baptiste Van Loo. Vers 1730, il travaillait à nouveau pour la famille royale (Salmon, 1997, p. 109-114). Ses œuvres ayant donné toute satisfaction, Lundberg put se prévaloir en 1740 du soutien du roi et de celui de Carl Gustaf Tessin, alors ambassadeur du roi de Suède à Paris, lorsqu'il décida de briguer la position de membre de l'Académie royale de peinture et de sculpture. Le règlement de la prestigieuse Compagnie en interdisait l'accès aux artistes de religion réformée. Aussi dut-il bénéficier de soutiens influents. Philibert Orry,le contrôleur général des Bâtiments, intervint auprès de l'Académie pour rappeler qu'elle avait déjà fait un précédent en recevant en 1717 le miniaturiste protestant Charles Boit. Le directeur Nicolas de Largillierre lui répondit que l'Assemblée s'était alors soumise aux ordres du Régent et que, « toujours soumise aux intentions de Sa Majesté », elle recevrait le sieur « Luneberk » avec plaisir si le contrôleur général jugeait à propos d'en obtenir l'ordre du roi. À l'occasion de la séance du 28 janvier 1741, les académiciens prenaient connaissance de la décision de Louis XV : « Informé du mérite du sieur Lundberg, son intention étoit qu'il fut reçu comme Etranger quoique de la Religion prétendue réformée, et cela sans tirer à conséquence » (cité par Ratouis de Limay, 1946, p. 123). Aussitôt, « toujours soumise aux intentions de Sa Majesté », l'Académie agréait Lundberg comme étranger. Un mois après, Largillierre lui demandait comme morceaux de réception les portraits de François Boucher et de Charles Natoire. Afin de respecter les délais d'exécution accordés,Lundberg peignit rapidement les deux oeuvres et les soumit lors de la séance du 23 février 1742. D'une indéniable habileté dans le dessin et dans le modelé, d'une réelle intensité d'expression et d'un coloris sobre, ainsi que le soulignait Ratouis de Limay, les pastels ouvraient à leur auteur la reconnaissance espérée. Exposé au Salon de 1743, le portrait de Boucher était favorablement accueilli. Avec son pendant décrivant l'épouse du peintre, il était cité par le Mercure de France (septembre 1743, p. 2043-2060) comme ayant suscité beaucoup d'éloges de la part du public. Dans les Observations sur les écrits modernes (XXXIV, Paris, 1743, p. 48), sans doute l'abbé Pierre François Guyot Desfontaines notait également que les portraits du pastelliste étaient d'une bonne touche et que l'on y remarquait principalement des tons agréables dans les mains et une couleur fraîche qui plaisait beaucoup. Tout ostentatoire à la fois dans son attitude d'artiste à la renommée désormais assurée, Boucher paraissait aussi, selon les mots d'André Michel (cité par Jean-Richard, 1971, p. 104), l'œil bien ouvert mais un peu battu et gardant l'empreinte des soirées de plaisir au moins autant que des journées de travail. D'un tempérament plus modeste, Natoire était figuré avec plus de simplicité, tenant un carton à dessins. Les deux pastels sont d'une technique presque picturale où la matière colorée semble posée en touches larges, épaisses et souples, chargées en eau et où les blancs ont en partie été peints à la gouache. Ils sont caractéristiques de cette douceur, de cette luminosité et de ce mélange subtil des tons qui marquent certaines des œuvres les plus psychologiques de la période parisienne (X. Salmon, 2018).
Bibliographie :
G. Monnier, « Inventaire des Collections Publiques Françaises, Pastels des XVIIe et XVIIIe siècles », Musée du Louvre, 1972, n° 85
neiljeffares.wordpress.com/2018/07/12/the-louvre-pastels-catalogue-errata-and-observations, n° 104.
X. Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 104, p. 218- 222
Xavier Salmon, "La plus belle collection de pastels au monde" in Grande Galerie, été 2018, n°44, pp.34-35, 50-59.
O. Jehle, « Bouchers Techniken der Natürlichkeit » in « François Boucher Künstler des Rokoko », ed. A. Reuter, cat. Exp. Karlsruhe, Staatliche Kunsthalle, 14 novembre 2020 - 6 avril 2021, Köln, Wienand, 2020, pp.196-199, p. 196, fig.1
INDEX :Lieux : Paris, Musée du Louvre, oeuvre en rapport
Personnes : Boucher, François - Natoire, Charles Joseph+
Techniques : pastel
REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :vol. 12, p. 411