Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 04/11/2021 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

PERRONEAU Jean-Baptiste


Ecole française

Portrait d'Abraham van Robais ( 1698-1779).

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
RF 4146, Recto

LOCALISATION :
Réserve des pastels

ATTRIBUTION ACTUELLE :
PERRONEAU Jean-Baptiste

TECHNIQUES :
Pastel sur deux feuilles de papier bleu assemblées à joint couvrants, marouflées sur une toile tendue sur châssis. La toile est imprimée avec une préparation comprenant de l'huile afin de protéger le pastel de l'humidité ou de faciliter le marouflage en limitant la dilatation et la rétractation de la toile. Le châssis a été agrandi au moyen d'une baguette en partie supérieure.Signé et daté en haut, à droite, à la mine de plomb : Perronneau 1769. Mesures du cadre : H : 01,01; L : 00,895 et profondeur 00,115. La restauration de cette œuvre a été rendue possible grâce au soutien des American Friends of the Louvre en 2014.
H. 00,073m ; L. 00,059m

HISTORIQUE :
Une version du portrait fut exposée au Salon de 1773, sous le numéro 62 : « Le Portrait de M. V. R. Tableau en pastel de 27 pouces sur 22 ».L'exemplaire du Louvre appartint au fils d'Abraham, Jacques Isaac Van Robais (1725-1781), à Abbeville, marié en 1751 à Marguerite Julie Van Robais ; puis à leur fils Samuel Isaac Van Robais (1754-1800), officier du 3e dragons, marié en 1781 à Antoinette Louise Angélique Charlotte de Bombelles (1767-1828), à Abbeville, puis à Villebour-sous-les-Montauban. Le pastel est ensuite passé dans la descendance de la belle-mère de Samuel Isaac, Marthe Camp (1743-1778), auprès de laquelle Jacques Doucet (1853-1929) l'a acquis avant 1896 dans la région de Montauban comme un portrait de M. du Mas de Puyssac. Paris, collection Jacques Doucet. Sa vente, Paris, galerie Georges Petit, Mes Lair-Dubreuil et Baudoin,5-8 juin 1912, lot 89, repr., adjugé 87 000 francs. Acquis à cette vente par le musée du Louvre (A.M.L., P6, 25 juin 1912). Restauré en 2013-2014 (décadrage, élimination mécanique des moisissures à l'aide d'un pinceau et des déjections d'insectes, dépoussiérage de la toile de marouflage, ré encadrement dans un cadre emboîtant).
Mode d'acquisition : achat
Année d'acquisition : 1912


COMMENTAIRE :
Provient des environs de Montauban, de la famille Camp, alliée à Samuel van Robais, petit fils d'Abraham qui était fabricant de draps à Abbeville. On en connaît deux répliques : collection C. Groult et collection H. M. Levy. Geneviève Monnier, 'Pastel XVIIe et XVIIIe siècles, Musée du Louvre, Cabinet des Dessins', Inventaire des collections publiques françaises, 18, Paris, 1972, n° 91 à 96 ; Jean-François Méjanès, dans cat. exp. 'Acquisitions 1984-1989, département des Arts graphiques', musée du Louvre, Paris, n° 109 ; revue de l'art, 1908, LXXIV, p. 289. Neil Jeffares donne ce pastel à Jean-Baptiste Perronneau, portrait de Abraham Van Robais (1698-1779) (Dictionary of pastellists before 1800, Londres, 2006, p. 409). Perronneau peignit au pastel trois versions du portrait d'Abraham Van Robais pendant l'automne et l'hiver 1769-1770. Chacune d'entre elles était destinée à l'un des fils du modèle. La version conservée au Louvre fut offerte à Jacques Isaac Van Robais (1725-1781). Celle qui appartint avant 1896 au comte André Van Robais jusqu'à ce qu'il la vende peu avant 1905 à Londres et qu'elle passe ensuite en possession d'Henry Michel-Lévy, où elle est signalée en 1909 (sa vente, Paris, galerie Georges Petit, 12-13 mai 1919, lot 106, repr.), puis de M. Schoeller (sa vente, Paris, galerie Georges Petit, 4 juin 1923, lot 24, repr.), avait été donnée à son fils aîné Josse Abraham Van Robais (1724-1788). Elle n'est aujourd'hui plus localisée (0,72 × 0,57 m. Arnoult, 2014, p. 317-318, no 319 Pa, repr.p. 122-123). Datée à deux reprises de 1769 et de 1770 par Perronneau,la troisième version fut offerte à Théophile Van Robais (1732-1799). Acquise avant 1903 par Camille Groult (1837-1908), elle est restée dans sa descendance au moins jusqu'en 1971 et fut ensuite en possession de la galerie Aaron à Paris, où elle est citée en 2005 (0,705 × 0,575 m.Ibid., p. 318-319, no 321 Pa, repr. p. 121-123). Des variantes de couleur et de traitement distinguent chacune des trois répliques. Le portrait d'Abraham Van Robais ne peut laisser indifférent. « Profonde et saisissante étude de la physionomie d'un vieillard au front jaune, au regard voilé, aux yeux enfoncés dans l'orbite [...], à la bouche démeublée », ainsi que Paul Ratouis de Limay l'avait si justement caractérisée en 1946, l'œuvre est un morceau de bravoure qui fait assurément de Perronneau l'un des plus grands coloristes du siècle et l'un des magiciens de l'âme. Si l'une des trois répliques du portrait avait semble-t-il été exposée au Salon de 1773, elle n'avait cependant suscité aucun commentaire. Tout au plus L'Année littéraire (1773, V, lettre 10, p. 116 et suivantes) soulignait-elle que la réputation du maître ne s'était pas démentie et que, bien au contraire, elle avait acquis un nouvel éclat grâce à plusieurs portraits à l'huile et au pastel où l'on voyait les détails les plus spirituellement rendus. Sans doute fallait-il aussi expliquer ce silence par le peu d'attrait que l'on accordait à la « touche grave et pesante, propre à sillonner un front de rides, à rendre les physionomies dures, maussades et rembrunies» dont Perronneau faisait usage (Mémoires secrets, 7 novembre 1773, « Lettre [première]. Sur les peintures, sculptures et gravures de Messieurs de l'Académie Françoise exposées au Sallon du Louvre le 25 août 1773 », peut-être par Mathieu François Pidansat de Mairobert). Il est vrai que le visage du vieillard en offre un exemple magistral, avec cette manière de laisser la touche apparente, d'écraser la matière, de jouer des contrastes de tonalités, des lumières et des ombres, sans jamais chercher à transcrire avec réalisme la texture de la peau et les délicats passages colorés de la carnation, comme s'appliquaient à le faire de nombreux autres pastellistes du temps. Le peu de renommée dont jouissait Abraham Van Robais auprès du milieu des amateurs parisiens n'avait certainement pas non plus aidé à faire remarquer son effigie. L'homme avait pourtant eu pour aïeul Josse Van Robais, dit Rixdorp, qui, à l'invitation de Colbert en 1665, avait quitté la Zélande pour créer à Abbeville la « manufacture royale de draps fins façon d'Angleterre et de Hollande », qui, dès lors, n'avait cessé de prospérer. Abraham la dirigeait avec ses fils et trois de ses frères, Isaac, Samuel et Salomon. Ainsi qu'il le révèle dans une lettre adressée le 2 janvier 1770 à son ami Aignan Thomas Desfriches (Arnoult, 2014, citée p. 380-381), Perronneau s'était déplacé à Abbeville à l'automne 1769 à l'invitation de Théophile Van Robais (1732-1799) afin de fixer les traits de son père Abraham. Trois versions du portrait avaient été peintes à la fin de 1769 et au début de 1770. Elles étaient destinées à trois des fils du modèle. L'artiste avait alors pris soin de varier la couleur de l'habit et le motif de la cravate de dentelles. Il avait aussi donné des accents différents dans le traitement du visage, privilégiant un métier qu'il qualifia lui même de « vigoureux » (lettre à Desfriches du 5 juin 1772, citée ibid.,p. 381). L'image du patriarche avait certainement su plaire puisque décision avait été prise de la présenter au Salon. Peut-être le portrait exposé avait-il été celui qui appartenait à Théophile Van Robais. Perronneau précisait en effet le 5 juin 1772 qu'il possédait à Paris quatre des « tableaux » qu'il avait peints à Abbeville (Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 119, p. 247-249). neiljeffares.wordpress.com/2018/07/12/the-louvre-pastels-catalogue-errata-and-observations, n° 119.

INDEX :
Collections : Camp, Marthe - Robais - Doucet, Jacques
Personnes : Robais, Abraham van - Groult, collection particulière, oeuvre en rapport - Lévy, M.H., collection particulière, oeuvre en rapport
Sujets : portrait
Techniques : pastel

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 20, p. 175