© Musée du Louvre
Ecole française
Portrait de Jean Dorieu1660
INVENTAIRES ET CATALOGUES :Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
RF 2812, Recto
LOCALISATION :inconnue (manquant au récolement)
ATTRIBUTION ACTUELLE :NANTEUIL Robert
TECHNIQUES :Pastel et mine de plomb sur papier beige collé sur carton.Signé et daté à droite à mi-hauteur : 'Nanteuil / faciebat / 1660'.
Cadre conservé dans la réserve des pastels, épi 30.
H. 00,330m ; L. 00,255m
HISTORIQUE :Collection du graveur Louis Pierre Henriquel-Dupont (1797-1892), puis de sa fille Louise, épouse de l'historien Paul Thureau-Dangin (1837-1913). Don au musée du Louvre en 1903 par Mme Paul Thureau-Dangin. Pastel entreposé autrefois à la réserve des pièces encadrées.
Volé, au musée du Louvre le 10 juillet 1994
Manque au récolement de 1999-2000. Absence confirmée en 2004. Absence confirmée au récolement 2004-2014. Plainte portée auprès du procureur le 10 juillet 1999.
Dernière provenance : Thureau-Dangin, Anne-Louise
Mode d'acquisition : don
Année d'acquisition : 1903
COMMENTAIRE :Neil Jeffares confirme l'attribution à Robert Nanteuil et l'identification du modèle, Jean Dorieu ( 1596-1679),conseiller au Grand Conseil. (Dictionary of pastellists before 1800, Londres, 2006, p. 385).
Œuvres en rapport : Le pastel a été gravé en contrepartie par Nanteuil en 1660, probablement pour être utilisé comme frontispice de thèse. Le seul état connu de l'estampe (0,327 × 0,246 m) est signé et daté en bas à droite : Nanteuil ad viuum faciebat 1660. La bordure ovale armoriée au sein de laquelle s'inscrit le portrait porte l'inscription : IOANNES DORIEV SAC. CONSISTORII COMES ET PRAESES IN CVRIA SVBSIDIORM. Sous plusieurs épreuves,on trouve imprimés les vers suivants : Quand tu representes Dorieu / L'ornement du Siecle ou nous sommes, / Ce Dorieu que les plus grands hommes / Estiment comme un Demy-Dieu : / Ton art fameux Nanteüil, et ton puissant Genie / Qui iamais ne réüssit mal, / Fait le miracle en la copie / Que la nature a fait en son original.Audrey Adamczak signale également au musée des Beaux-Arts de Reims (inv. 898.2.2) une copie dessinée à la pierre noire et au fusain, rehaussée de craie blanche sur papier brun, qui est traditionnellement attribuée à Nanteuil et considérée comme un portrait de François de La Mothe Le Vayer, dont l'artiste grava les traits en 1661 d'après un dessin original perdu (Adamczak, 2011, p. 204, no 157). Ainsi que l'ont souligné tour à tour Yane Fromrich et Audrey Adamczak dans leurs travaux monographiques, Robert Nanteuil accorda une plus large place au pastel à partir de 1660. Formé à la gravure auprès de Nicolas Regnesson dans sa ville natale de Reims, il s'était fait connaître à Paris à partir de 1647 par ses portraits finement tracés à la mine de plomb et au crayon noir et par leur transcription au burin. Dès 1657, le maître bénéficiait de gages en qualité de dessinateur et graveur de Sa Majesté. Le 15 avril 1658, il recevait un brevet de dessinateur et graveur ordinaire en taille-douce du roi, en raison de « son génie pour la portraiture, sa capacité pour la connaissance des belles-lettres, aussi bien que des règles de son art, et son secret pour rendre infaillible par le crayon et par le burin la ressemblance des sujets dont l'air est le plus difficile à prendre » (A.N., E 9289, fol. 216, et O1 1049, fol. 216. Cité par Adamczak, 2011, p. 48). Le 15 juin 1659, une nouvelle ordonnance gratifiait l'artiste d'une pension de 1 000 livres par an. Le 26 octobre 1661, il obtenait également de Louis XIV le privilège de graver et de faire graver toutes ses œuvres « en crayon blanc et noir, pastel, peinture et autres manières qu'il aura desseignez, de son invention, ou sur le naturel », et de les vendre, faire vendre et débiter « en telle grandeur et Volume qu'il voudra, conjoinctement ou separement » (Paris, BnF, Mss, ms. fr. 22119, collection Anisson, t. 59, pièce XXIV. Adamczak, 2011, p. 50). Loué par Abraham Bosse en 1653 notamment pour ses « pourtraits, de la plupart desquels il fai[sai]t les crayons après nature très excellement exécutez, et ressemblans » (Moyen universel de pratiquer la perspective sur les tableaux ou surfaces irrégulières, ensemble quelques particularitez, concernant cet art et celuy de la graveure en taille douce, Paris, 1653, chap. xiii, p. 37), Nanteuil avait trouvé avec le pastel le matériau le plus apte à renforcer l'introspection psychologique de ses petits portraits. Réduit à moins de vingt-cinq oeuvres, le corpus des portraits rehaussés de pastel se révèle aujourd'hui fort limité mais témoigne cependant de l'exceptionnelle maîtrise acquise par le maître. Malheureusement volée au musée du Louvre en 1994 et non réapparue, l'effigie de Jean Dorieu est actuellement la toute première de l'œuvre, car datée de 1660 par l'artiste, à offrir une utilisation aussi large du pastel. Vêtu de la robe noire à rabat blanc du second président à la Cour des Aides, charge qu'il assura à partir de 1636 après avoir été nommé conseiller au Grand Conseil en 1623, l'homme compta parmi les magistrats de la chambre de justice chargés des délits financiers après la disgrâce de Nicolas Fouquet en 1661. Il s'acquit une réputation de droiture et de mérite jusqu'à son décès en 1679, qui transparaît aisément dans l'œuvre laissée par Nanteuil. Toute la simplicité de l'habit, toute l'austérité de la gamme chromatique servent un visage dépeint sans flatterie où le regard appuyé manifeste la sûreté du jugement (Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 9, p. 50-51).
neiljeffares.wordpress.com/2018/07/12/the-louvre-pastels-catalogue-errata-and-observations, n° 9.
INDEX :Collections : Henriquel-Dupont, L. P.
Personnes : Dorieu, Jean
Techniques : pastel
REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :vol. 20, p. 53