© GrandPalaisRmn (Musée du Louvre) / Michel Urtado
Ecole française
Portrait de Claude Crébillon fils.Claude Prosper Jolyot de Crébillon, dit Crébillon fils (1707-1777).INVENTAIRES ET CATALOGUES :Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 35160, Recto
Anciens numéros d'inventaire :
NIII34976
LOCALISATION :Réserve des pastels
ATTRIBUTION ACTUELLE :GAUTIER-DAGOTY Jean-Baptiste André
ANCIENNES ATTRIBUTIONS : ANONYME FRANCAIS XVIIIè s
TECHNIQUES :Pastel sur papier beige marouflé sur châssis. Signé en haut à droite : 'Gautier pinxit'. Les mesures du cadre sont : H : 00,74 ; L : 00,63 et profondeur : 00,055. Au verso, étiquette annotée : 'Crébillon fils / donné par M. Lanjon / membre de l'académie / française et président du / Caveau moderne, / à son ami Capelle.
La restauration de cette œuvre a été rendue possible grâce au soutien de Joan et Mike Kahn en 2016.
H. 00,648m ; L. 00,545m
COMMENTAIRE :Geneviève MONNIER 'Pastels XVIIè et XVIIIè s.' Paris, Musée du Louvre, 1972, n° 53.
Neil Jeffares donne ce portrait à Jean-Baptiste-André Gauthier-Dagoty, identification, Claude-Prosper Jolyot de Crébillon (1707-1777) (Dictionary of pastellists before 1800, Londres, 2006, p. 207).
A comparer avec l'INV 34894.
Longtemps négligée, la signature « Gautier / pinxit »inscrite en haut à droite du pastel a permis en 1972 à Geneviève Monnier de l'attribuer avec vraisemblance à Jean-Baptiste André
Gautier-Dagoty. Membre d'une importante famille de graveurs,celui-ci fut le fils de Jacques Fabien Gautier (1710 ? - 1781 ?). Surnommé « Gautier fils » pour le distinguer de son père, puis « Gautier l'Aîné » ou « Gautier Major » après la naissance de ses frères Honoré Louis, Jean-Fabien, Édouard et Arnauld Éloi, il se fit également appeler le « Chevalier Dagoty » après avoir été nommé chevalier de l'ordre de Saint-Philippe, et non pas de Saint-Jean-de-Latran comme l'indiquait Heinecken. S'illustrant par ses travaux de gravure, en particulier à la manière noire ou mezzotinto, il fut également portraitiste et obtint en 1775 sa commande la plus célèbre, le portrait de Marie-Antoinette en grand habit de cour (Château de Versailles, inv. MV 8061). Achevée en juillet 1775 après avoir été exécutée « d'après nature conformément aux ordres reçus », l'œuvre ne fit pas l'unanimité, certainement parce qu'elle avait été exécutée par un artiste obscur ne faisant pas partie de l'Académie royale de peinture et de sculpture et parce qu'elle faisait de la souveraine une poupée sans psychologie. Si la toile ne fut finalement pas envoyée par Marie-Antoinette à sa mère Marie-Thérèse à Vienne et ne fut offerte au prince Starhemberg qu'en 1777, elle permit néanmoins à l'artiste d'arborer le titre de « peintre de la reine ». La même année 1775, sans que l'on puisse préciser si ce fut avant ou après l'exécution de l'effigie de Marie-Antoinette, l'artiste avait également livré les petits portraits de Marie-Joséphine Louise de Savoie, comtesse de Provence, et de sa soeur Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d'Artois(Château de Versailles, inv. MV 7852 et MV 7853). Grâce au petit texte d'autopromotion publié le 16 mai 1777 dans les Annonces,affiches, nouvelles et avis divers de l'Orléannais (Jeffares, www.pastellists.com,Jean-Baptiste André Gautier-Dagoty), on sait que l'artiste travaillait aussi au pastel : « Le Sr. Dagoty, Peintre du Margrave de Bade, qui s'est fait annoncer dans nos dernières Feuilles, prévient de nouveau le Public qu'il peint le portrait au pastel, à l'huile, en miniature & le paysage, & qu'il donne des leçons dans tous ces genres. Les tableaux qu'il a fait ici, pour plusieurs personnes, annoncent un talent décidé, par l'accord d'une parfaite ressemblance & d'un pastel moëlleux & agréable. On trouvera au Grand Café le portrait de la Reine, dessiné aux différens crayons, dans un genre nouveau ; il y exposera ensuite la perspective du nouveau Quay, & d'autres morceaux de son exécution. On pourra voir au Bureau d'avis quelques-uns de ses Ouvrages. » D'une psychologie peu exacerbée, le visage allongé suivant une pratique coutumière à l'artiste, le traitement des matières manquant un peu d'illusionnisme, le portrait du Louvre s'inscrit dans le style des tableaux peints à l'huile par Gautier-Dagoty. Ainsi que le précise une
inscription portée sur une ancienne étiquette, on doit y reconnaître Claude Prosper Jolyot de Crébillon, dit Crébillon fils afin de le distinguer de son père, Prosper Jolyot de Crébillon, qui s'illustra comme auteur dramatique de tragédies et fut élu à l'Académie française. Décrit par Louis Sébastien Mercier dans son Tableau de Paris comme « taillé en peuplier, haut, long, menu », « la politesse, l'aménité et la grâce fondues ensemble », d'une « conversation piquante », Crébillon fils connut le succès dès 1730 en publiant son premier conte, Le Sylphe. Cultivant le genre licencieux, il se distingua nettement des sujets sérieux traités par son père. Plusieurs de ses œuvres le conduisirent en prison ou en exil hors de Paris, en 1734, Tanzaï et Néadarné, en 1742, le Sopha. Protégé du duc d'Orléans à partir de 1753, nommé à la suite de son père et grâce à l'appui de Mme de Pompadour censeur royal de la Librairie, Crébillon cessa d'écrire en 1771, estimant qu'il avait « perdu le fil de son siècle » (Lettres athéniennes). En 1729, il avait été avec le chansonnier Pierre Gallet, Piron et Charles Collé, l'un des fondateurs de la Société du Caveau, goguette réunissant carrefour de Bussy, à l'angle de la rue de Bussy et de la rue Dauphine, faubourg Saint-Germain, une joyeuse assemblée pour un repas très arrosé où chansons et épigrammes aiguisaient l'esprit. Réunissant une vingtaine de convives, dont Moncrif, Helvétius, Boucher et Rameau, le
Caveau disparut en 1739 et se reforma à partir de 1759 avec plusieurs des membres de la première société et les invités des repas que donnait tous les mercredis le fermier général Jean-Baptiste Pelletier. Parmi les nouveaux venus, on comptait ainsi le poète chansonnier Pierre Laujon. Transférée au Palais-Royal après le mariage de Pelletier,la seconde Société du Caveau élut Crébillon fils son président à vie. On peut imaginer qu'il s'entendit si bien avec Laujon qu'il lui fit présent dans les années 1770 du pastel peint par Gautier-Dagoty. ( Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 64, p.134-135).
neiljeffares.wordpress.com/2018/07/12/the-louvre-pastels-catalogue-errata-and-observations, n° 64.
INDEX :Personnes : Crébillon, Claude, fils
Sujets : portrait
Techniques : papier gris - pastel
REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :vol. 14, p. 326