Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 04/11/2021 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

BOZE Joseph


Ecole française

Portrait de Mme de Provence en robe blanche.
Marie Joséphine Louise de Savoie, comtesse de Provence (1753-1810)

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 25041, Recto

Anciens numéros d'inventaire :
NIII30914

LOCALISATION :
Réserve des pastels

ATTRIBUTION ACTUELLE :
BOZE Joseph

TECHNIQUES :
Pastel sur parchemin. tendu sur châssis. Cadre : H : 00,81, L: 00,706 et profondeur : 00,10. Signé, à droite, à côté de son épaule "boze. f.". Etiquette d'exposition au revers : 'Quentin de La Tour et des pastelistes français des XVII et XVIII siècles / en Hôtel Jean Charpentier, 26, Feaubourg Saint Honoré, Paris / du 23 Mai au 25 Juin 1827.' Restauré en 2005
Forme : ovale
H. 00,685m ; L. 00,574m


COMMENTAIRE :
Pastels du XVIIème et XVIIIème siècles, Paris, Musée du Louvre, Cabinet de Dessins, Geneviève Monnier, Paris, 1972, repr.34. Gérard Fabre, Joseph Boze, 1745-1826, Portraitiste de l'Ancien Régime à la Restauration, Martigues, Musée Ziem, 18 novembre 2004 - 20 février 2005, Paris, Somogy, Martigues, Musée Ziem, 2004, cat. n° 24, p. 102-103, repr. Ainsi que le révèlent les archives, le pastel a donné lieu à plusieurs versions. Seules certaines sont aujourd'hui réapparues. On citera au château de Versailles (inv. V. 2012.6) le pastel ovale signé et daté boze. f. / 1785 (0,64 × 0,53 m) qui fut acquis à Londres, chez Christie's, le 16 mars 2012 (lot 11, repr.), et au musée des Beaux-Arts de Nancy l'exemplaire signé à droite Boze / fecit (0,71 × 0,57 m. Inv. 1009) qui fut offert en septembre 1786 par la comtesse de Provence à Mme Arnault et qui demeura en possession de ses descendants jusqu'au 15 mars 1903, date à laquelle il fut légué au musée par Mlle Lucie Arnault (cat. exp. Martigues, 2004-2005,p. 104-106, no 25, repr.). Trois exemplaires peints au pastel ou à l'huile sont également passés sur le marché de l'art : - Lyon, hôtel des ventes des Tuiliers, 25 novembre 1987. Huile sur toile ovale. 0,63 × 0,52 m. Repassé en vente à Paris, hôtel Drouot, 29 mars 2000, lot 105, repr. (Me Delvaux) ; - Paris, vente Crédit municipal, 9 novembre 1995, lot 9, repr. Pastel ovale sur papier. 0,62 × 0,53 m. L'œuvre porte au dos une inscription précisant : « donné par Mme à Csse de la Marlière en 1785 » ; - Tours, hôtel des ventes Giraudeau, 21 octobre 2017, lot 16, repr. Pastel ovale sur papier signé au milieu à droite : boze.f. 0,63 × 0,53 m. Le pastel a également donné lieu à une lithographie exécutée en contrepartie par Delpech (Paris, BnF, collection Larnelle, Ne 63 Fol. T. 104, p. 125). Joseph Boze fut sollicité par l'administration royale à partir de 1784. On ne sait par quel soutien il obtint un tel honneur. Peut-être dut-il d'être choisi grâce à l'appui du comte de Tessé, premier écuyer de la reine, qui avait été appelé à juger de l'intérêt de la machine à dételer rapidement les chevaux inventée par l'artiste, ou bien grâce au soutien du maréchal duc Louis Antoine de Noailles, dont il avait peint le portrait en 1783. En 1784, l'artiste fixait au pastel les traits de Louis XVI et livrait une miniature figurant son frère, le comte de Provence, payée 144 livres (livre de comptes de l'artiste pour les années 1784-1788, Paris, Institut national d'histoire de l'art, fonds Jacques Doucet, manuscrit 72,(folio 11). À la suite de ces premières commandes, qui soulignèrent son talent à capter la ressemblance, il travailla tout particulièrement pour la comtesse de Provence. D'avril 1785 à novembre 1787, elle lui fit exécuter de nombreux exemplaires de son portrait. Ainsi que le révèle le livre de comptes, l'effigie originale avait été peinte au pastel et estimée par l'artiste en décembre 1785 au prix de 1 200 livres (folio 12). À la demande du modèle, qui aimait à distribuer son portrait, Boze en avait ensuite peint treize copies. Toujours à la date de décembre, il précisait que les cinq premières valaient chacune 360 livres et étaient destinées à Mme de La Marlière. (le pastel a été vendu à Paris le 9 novembre 1995), à Élisabeth Chastelain Sigrais, première femme de chambre de la princesse à partir de son mariage en 1771, à Jeanne Louise Filleul de Belleville, l'une de ses autres femmes de chambre, à Jeanne Marguerite Gallois de Gourbillon, sa lectrice et son amie, et à Mme Patri, également l'une de ses femmes de chambre. En janvier 1786, Boze faisait état de deux nouvelles copies, l'une estimée 480 livres destinée à Mme Gojard, épouse du premier commis des Finances, futur surintendant des Finances du comte d'Artois à partir de 1788, l'autre estimée 360 livres livrée pour Mme Champion. En mars de la même année, trois autres copies à 360 livres avaient été offertes à une autre de ses femmes de chambre, Marie Louise Genty Cardonne, dont l'époux était sans doute Nicolas Dominique Cardonne, premier commis au contrôle général de la maison de la comtesse de Provence en 1771, et à MM. Vezien et Delaunay. En septembre 1786, l'artiste livrait encore trois nouvelles copies à 360 livres pour Mme Begnet, Mme Feraud et Mme Arnauld (l'exemplaire conservé au musée des Beaux-Arts de Nancy). Sur toutes ces versions, la princesse apparaissait de face, en buste, vêtue de blanc. Le soin apporté au portrait n'avait pas conduit Boze à travestir la réalité dont Pidansat de Mairobert se faisait écho le 19 mai 1771 (cité par Fabre, 2004, p. 102-104) : « M. le comte de Provence paraît enchanté de sa nouvelle conquête, elle n'est pourtant pas jolie. Cette princesse est très brune, elle a d'assez beaux yeux, mais ombragés de sourcils très épais, un front petit, un nez long et retroussé, un duvet déjà très marqué aux moustaches et une tournure de visage qui ne présente rien d'auguste ni d'imposant. » Aujourd'hui seul à être signé et daté, le pastel acquis par le château de Versailles en 2012 peut avoir été celui que Boze peignit en premier d'après le modèle (Trey, 2013, p. 73). Non daté, celui du Louvre était encore à Versailles au début du XIXe siècle et peut aussi être celui resté en possession de la princesse. Jugé ressemblant par la comtesse de Provence, le visage servit de modèle pour une ultime composition, sans doute peinte après novembre 1786, où la princesse apparaît en pied dans son intérieur (Hartwell House, près d'Aylesbury,Buckinghamshire, inv. NT 1548062. Cat. exp. Martigues,2004-2005, no 26). Particulièrement ambitieuse et ayant nécessité la collaboration de Robert Lefèvre (1756-1830), la toile et son pendant figurant le comte de Provence (même localisation. Cat. exp. Martigues,2004-2005, no 27) ne furent finalement pas acquis par l'administration royale. Le prix demandé de 6 000 livres (livre de comptes, folio 12, juin 1787) fut-il jugé trop important ? Boze avait-il été seul à l'initiative de ces deux toiles monumentales, espérant convaincre les modèles de leur achat ? Les éléments manquent pour répondre à ces questions (Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 35, p. 88- 89). Une autre version de ce portrait, qui fut donné à Madame de la Marlière en 1785, est proposée à la vente le vendredi 15 octobre 2021, salle 4 à Drouot Paris, par Copages Auction, estimation 20000/50000 euros.

INDEX :
Personnes : Marie-Joséphine de Savoie - Provence, comtesse de
Sujets : portrait
Techniques : pastel

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 10, p. 237