Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
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ALTDORFER Albrecht


Ecole allemande

Le Départ pour le sabbat

1506

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 18867, Recto

Anciens numéros d'inventaire :
NIII8248
MA7749

Numéros de catalogue :
Allemands A8

LOCALISATION :
Petit Format (S)

ATTRIBUTION ACTUELLE :
ALTDORFER Albrecht

ANCIENNES ATTRIBUTIONS :
ANONYME ALLEMAND XVIè s

TECHNIQUES :
Plume, encre noire, rehauts de gouache blanche sur papier préparé rouge brique. En bas à gauche, de la main de l'artiste, à la plume et encre noire, monogramme et la date : 1506. Au verso, en bas à droite, à la plume et encre brune, annoté : 311 transformé en 611. Filet d'encadrement à la plume et encre noire. Collé en plein.
H. 00,179m ; L. 00,124m

HISTORIQUE :
Charles Jean Baptiste de Bourgevin Vialart, comte de Saint-Morys ; saisie des biens des Émigrés en 1793 , remise au Muséum en 1796-1797 ; musée du Louvre, marque en bas à droite (L. 1955). ; montage ancien conservé à la réserve Rubens.
Dernière provenance : Saint-Morys, Ch.-P.-J.-B. de Bourgevin Vialart de
Mode d'acquisition : saisie des Emigrés
Année d'acquisition : 1793

INVENTAIRE DU MUSEE NAPOLEON :
Inventaire du Musée Napoléon. Dessins. Vol.6, p.987, chap. : Ecole allemande, Carton 80. (...) Numéro : 7749. Nom du maître : Idem [[ Durer, Albert /&. Numéro d'ordre dans l'oeuvre du maître : 36. Désignation des sujets : Le Départ pour le Sabat. Dessin à la plume, rehaussé de blanc. Il est collé sur papier. Dimensions : H. 18 x L. 12,5cm. Origine : Idem & Collection nouvelle ]]. Emplacement actuel : Calcographie du Musée Napoléon. Observations : [Remis au Musée le 16 juin 1830] [[à l'encre]]. Signe de recollement : [Vu] [[au crayon]] [[trait oblique / au crayon / sur le n° d'ordre]]. Cote : 1DD38 Note relative à la saisie informatique : Observations : la mention de remise au musée, précisée dans la notice n ° 7700, concernerait les notices n° 7700 à 7999..

COMMENTAIRE :
Voir le dessin RF 1083 et la gravure 784 LR. « Au début des Temps modernes, chacun était convaincu qu'il existait des sociétés secrètes dont les participants, hommes et femmes mus par le diable, se livraient a des actes de violence. C'est ce type de complot qui est représenté dans Le Départ pour le sabbat exécuté en 1506 par Altdorfer, ou l'on voit a l'orée d'une forêt un groupe de femmes au regard mauvais, nues pour la plupart ; leurs mouvements paroxystiques les font tomber en transe avant de leur permettre finalement de prendre la voie des airs. Différents attributs témoignent du caractère répréhensible de leurs agissements: les quenouilles déposées au fond à droite, le crâne d'un animal, le couvercle lié aux pratiques alchimistes et la fourche, qui va bientôt permettre à la sorcière du milieu, celle qui a le bras gauche tendu, de se propulser dans les airs. Cette dernière ainsi que celle de gauche portent une bourse a la ceinture, un privilège réservé aux citadines1 et qui révèle l'omniprésence des femmes capables de pactiser avec le diable, un danger quotidien jusqu'au coeur des foyers. Environnées de volutes de vapeur et de fumée, leurs sœurs chevauchent des boucs au moment de prendre leur envol. Elles s'éloignent ainsi de la ferme représentée en arrière-plan, à gauche entre les buissons, qui symbolise un monde humain censé être synonyme de sécurité, tandis que les femmes restées à terre se félicitent en jubilant a la perspective du malheur à venir. Pour le fond de cette feuille en clair-obscur, Altdorfer a choisi un brun rouge en contraste avec les nuances en noir et blanc du dessin, ce qui lui permet d'amener la fureur, la violence et l'énergie de la scène a un paroxysme d'exaltation bruyante. Ce dessin d'Altdorfer fait suite aune gravure de Dürer qui s'était déjà intéressé au même sujet avec ses Quatre sorcières2, des sorcières dont il ne présentait pas les débordements éhontés, préférant mettre en avant leurs avantages charnels. Mais avec la Sorcière chevauchant un bouc avec quatre angelots3, une gravure exécutée en 1500, le même Dürer ose aborder lui aussi les excès a la fois redoutés et fascinants attribués aux liaisons contre nature avec le démon, tels qu'ils sont décrits en mots et en images dans les traités de criminologie du Moyen Âge tardif4. A noter qu'Altdorfer ne se préoccupe pas comme Dürer de reproduire le corps féminin avec exactitude. Quant à la référence aux Bacchanales de Mantegna, dont l'influence serait évidente dans la position et le geste de la sorcière du milieu5, elle n'est guère convaincante. L'oeuvre de Hans Baldung Grien Les Sorcières se présente semble-t-il comme une suite à la scène dépeinte par Altdorfer près d'une décennie plus tôt : si les quatre sorcières, un enfant et un chat sont représentés en train de festoyer, l'ambiance est étrange, car dénuée de communication entre les protagonistes, qui semblent absentes, comme droguées. Une femme est assise sur le sol et, négligeant son grimoire de magie posé à côté d'elle, elle utilise une bougie pour mettre le feu aux puissantes flatulences qui émanent de ses entrailles. De la gueule du chat s'échappent aussi des gaz enflammé sou des vomissures. Dans le dos de la sorcière assise se tient la deuxième larronnesse, qui, de ses bras tendus, présente avec adresse un plateau d'ossements humains, tandis que la troisième, cheveux flottant encore au vent, revient à peine de la chevauchée qu'elle n'a pas craint d'entreprendre en compagnie de l'enfant tout juste descendu de la fourche posée devant elle. Comme autant de trophées sont suspendues une amulette magique avec des dés et une tête de mort miniature dans laquelle la femme aux flatulences introduit deux doigts de sa main droite levée. La doyenne de l'assemblée pose des saucisses évoquant clairement des attributs masculins sur le bâton qui lui a servi de monture et qu'elle glisse entre les jambes de la sorcière debout, dans une parodie de castration. Baldung donne ici la préférence au type de la femme bien en chair qu'il a toujours privilégié: toute l'image est en effet dominée par des corps aux formes épanouies. Le fond est traité dans un ton vert-bleu froid qui fait peser une étrange chape de plomb sur cette scène pour le moins turbulente. Cependant, à la suite des frottements imposés a sa surface, la feuille a quelque peu perdu la richesse des contrastes existant à l'origine. (1.Voir Albrecht Dürer Nurembergeoise en robe d'intérieur, 1500, Vienne, Albertina, inv. 3071 ; voir Vienne 2019-2020, no 70 et p. 182-183. 2. Schoch, Mende et Scherbaum 2001-2004, I, no 17. 3. Schoch, Mende et Scherbaum 2001-2004, I, no 28. 4. Voir les sept illustrations gravées sur bois dans Ulricus Molitoris, De lamiis et phitonicis mulieribus, Reutlingen, vers 1489. 5. Voir Berlin et Ratisbonne 1988, p. 34. 6. La copie exécutée a l'époque par Urs Graf et conservée a l'Albertina, Vienne, inv. 3048, a été faite sur un papier préparé d'un brun chaud) » (C. Metzger, 2020) Bibliographie : L. Demonts, 'Inventaire général des dessins du Nord. Écoles allemande et suisse, I, Paris, 1937., no 8 F. Winzinger, 'Albrecht Altdorfer Zeichnungen, Gesamtausgabe', Munich, 1952, no 2 S. Schade, 'Schadenzauber und die Magie des Körpers. Hexenbilder der frühen Neuzeit', Worms, 1983, pp. 62-67 H. Mielke in 'Albrecht Altdorfer Zeichnungen Deckfärbenmalerei, Druckgraphik', Berlin et Ratisbonne 1988, n° 7 E. Starcky in 'Dessins de Dürer et de la Renaissance germanique' (Paris, musée du Louvre, 1991-1992), Paris, 1991., n° 114 S. Söll-Tauchert in 'Hans Baldung Grien sacré / profane', H. Jacob-Friesen, J. Carrasco, J. Scherrer, cat. exp. Karlsruhe, Staatliche Kunsthalle, 30 novembre 2019 - 8 mars 2020, Berlin - Munich, 2019, voir le n°152, pp. 318-319 et note 7 p. 318 H. Grollemund, 'Albrecht Altdorfer Maître de la Renaissance allemande' in 'Arts & métiers du livre', n° 340, septembre - octobre 2020, pp. 41-49, repr. p. 42 C. Metzger in 'Albrecht Altdorfer. Maître de la Renaissance allemande', Hélène Grollemund, Olivia Savatier Sjöholm, Séverine Lepape, cat. exp. Paris, musée du Louvre, 1er octobre 2020 - 4 janvier 2021, Paris, 2020, n° 15a, pp. 80-81, repr. p. 81

INDEX :
Collections : Saint-Morys
Lieux : Paris, Bibliothèque Nationale, département des Etampes et de la Photographie, oeuvre en rapport, Karlsruhe, Staatliche Kunsthalle, oeuvre en rapport, Vienne, Albertina, Graphische Sammlung, oeuvre en rapport, Nuremberg, Germanisches National Museum, oeuvre en rapport, Paris, Musée du Louvre, département des Arts graphiques, Cabinet des Dessins, oeuvre en rapport, Strasbourg, musées de la Ville de Strasbourg, Cabinet des estampes et des dessins, oeuvre en rapport
Sujets : sorcière
Techniques : encre brune à la plume - pinceau - rehauts de gouache blanche - papier lavé d'ocre

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 8, p. 77