Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 06/09/2021 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.
Attribué à

PERELLE Adam


Ecole française

Vue perspective de Versailles du côté des écuries du château
[vue vers l'ouest]

Vers 1685

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 33093, Recto

Anciens numéros d'inventaire :
NIII33735

Numéros de catalogue :
Inv. français, t. XIII B966

LOCALISATION :
autres

ATTRIBUTION ACTUELLE :
Attribué à PERELLE Adam
Gady, Alexandre

ANCIENNES ATTRIBUTIONS :
SILVESTRE Israël

TECHNIQUES :
Pierre noire, plume et encre brune. Au verso, inscription ancienne : "Dix-hit. Desseing de veüe de Pérelle". Anciennement rapporté au recto du folio 26 de l'album Pérelle-Silvestre.
H. 00,380m ; L. 00,493m

HISTORIQUE :
P. J. Mariette (sa vente, Paris, 1775-1776, lot 1416 ; vacation du 23 novembre 1775) ; acquis à la vente Mariette par Jacques Augustin Silvestre (sa vente, Paris, février-mars 1811, no 638) ; Pierre Defer ; achat à ce dernier par le musée du Louvre le 10 juillet 1839.
Dernière provenance : Defer, Pierre
Mode d'acquisition : achat
Année d'acquisition : 1839


COMMENTAIRE :
"L'avènement monumental et politique du château de Versailles s'accompagne d'une importante production de vues dessinées, peintes et surtout gravées, qui va croissant dans le dernier tiers du XVIIe siècle. Dans cet ensemble, qu'inaugurent dès 1663 les belles estampes de Silvestre, ces trois dessins font figure d'exception : ils sont en effet destinés à retranscrire la puissance versaillaise, au moyen d'une perspective « à vol d'oiseau » très spectaculaire qui combine trois points de vue sur les quatre qu'offrait le site. Si Pierre Patel avait choisi ce type de présentation dans son fameux tableau de 1668 (musée de Versailles), ces vues témoignent d'un nouvel état du chantier royal, figurant largement la ville, à côté du château et de ses jardins. Pour la première fois à cette échelle est donc montrée la « trinité » versaillaise. Autrefois attribués à Silvestre, ces dessins doivent être rendus à un Pérelle (1 ): il s'agit en l'occurrence d'Adam, plutôt que de son frère aîné Nicolas, paysagiste dont la manière est proche de celle de leur père, Gabriel (1603 ? - 1677). Auteur d'un œuvre d'une abondance stupéfiante où dominent les vues topographiques et architecturales, Adam a connu un grand succès auprès de ses contemporains et quelques-unes de ses estampes ont été réunies en volume sous le titre Recüeil des Vues et perspectives des Palais, des Places, des Eglises et des plus beaux Bâtimens de Paris et des Châteaux de France. Ses dessins, plus secs que ceux de Silvestre, sont également plus maladroits ; une fois transcrites par la gravure, ses vues - parfois signées « APerelle » sont par ailleurs peuplées d'une foule de personnages. Aux dires de Mariette, sa manière devint plus lourde avec l'âge, « à cause des excès qu'il faisoit dans le vin » (2). Lié à Nicolas Poilly et à Nicolas Ier Langlois, chez lesquels il publia une partie de son œuvre, Adam Pérelle était établi rive gauche, paroisse Saint-Benoît (3). Marié à Madeleine Marion, il n'eut pas d'enfant ; il forma deux élèves, Jean-Baptiste Fouard et, surtout, Pierre Aveline (1656-1722), autre védutiste parisien, au talent plus anecdotique. L'examen de ces trois dessins - l'analyse des édifices présents comme la mise en évidence de quelques erreurs - permet de fixer leur exécution autour de 1685. La première vue (cat. 73) montre le château depuis la ville, d'est en ouest donc. Au premier plan, la patte d'oie de Le Nôtre et les deux écuries royales, achevées en 1683 par Hardouin-Mansart, servent à caler l'image. À droite s'étend le quartier Notre- Dame, où l'on distingue la Petite place (disparue après 1945) ; en face, le futur quartier Saint-Louis est dominé par le lanternon de l'église des Récollets, autre œuvre de Mansart (1684). Au second plan, le château apparaît dans son état transformé à partir de 1678 : trois cours avec jeux de grille côté ville, deux grandes ailes sur le jardin - bien que seule celle du sud fût alors bâtie. Il n'y manque que l'actuelle chapelle royale, entreprise après 1689. Enfin, au troisième plan s'étendent les jardins avec leurs bosquets. On reconnaît à gauche la seconde orangerie, œuvre de Mansart achevée en 1686 ; au centre, le parterre d'Eau dans son état définitif et l'ancien bassin de Latone, modifié après 1687 ; au fond, enfin, le Grand canal, dont l'achèvement par un bassin de plan carré long est inexact. Si la Ménagerie, à l'extrémité du bras gauche du canal, est reconnaissable, le Trianon, à l'opposé, est figuré sous la forme d'un bâtiment élevé de forme cubique, invention qui ne correspond ni au Trianon de porcelaine ni au futur Trianon de marbre (1687). La deuxième vue (cat. 74) est prise dans le sens inverse de la précédente, des jardins vers la ville. Le dessin est inachevé, comme le montrent le parterre de la Reine et l'orangerie, à droite du château. Il comporte aussi deux erreurs manifestes : les deux dômes qui couronnent les Récollets, à droite du Grand Commun, et l'église paroissiale Notre-Dame, à gauche, n'ont jamais existé. Faut-il y voir l'indice d'une feuille plus ancienne, avant que ces édifices ne soient dessinés selon leur projet définitif ? De même, les hôtels de Chaulnes et de Bellefonds, situés derrière les Écuries royales, ont des élévations trop importantes. Tout à fait en haut à gauche de la feuille, en revanche, on reconnaît le château de Clagny. La dernière vue (cat. 75) adopte un point de vue original, depuis la route de Saint- Cyr au premier plan vers le nord, déjà exploré à moindre ampleur par Silvestre et Van der Meulen vingt ans plus tôt. Au premier plan, les Cent Marches sont curieusement écrasées, on n'en compte en effet qu'une quarantaine ! Au fond, par-delà les bosquets du Nord et le bassin de Neptune, se détachent les moulins de l'étang de Clagny, dont le château est visible sur la droite. Ce point de vue latéral, depuis le sud, a été repris par Antoine Coquart dans sa grande vue gravée de Versailles (1712), dont le détail est beaucoup plus exact (4). Le type de représentation à forte perspective aérienne se retrouve chez Pérelle dans certaines vues gravées, comme celles des châteaux de Louvois ou d'Ancy-le-Franc, mais c'est certainement sa vue dessinée de Fontainebleau et de ses jardins qui s'en rapproche le plus (5). On note qu'en 1684 Lievin Cruyl a exécuté deux vues à vol d'oiseau de Versailles avec la même ambition que Pérelle, l'une vers le parc et l'autre vers la ville : mais, en se décalant chaque fois légèrement sur la droite, il a donné à ses feuilles une autre dynamique (6)." Notes : 1. Au verso du numéro 33093, inscription ancienne : « Dix hit [sic]. Desseing de veüe de Perelle ». 2. Pierre Jean Mariette, Notes manuscrites, BnF, Est., pet. in-fol., VI, fo152. 3. Les Pérelle n'ont pas encore suscité d'études solides, et aucun essai de catalogue ; voir Avel, 1972, article tiré de sa maîtrise. Bibl. [voir document associé° : Nolhac, 1911, II, p. 25 ; Teyssèdre, 1967, p. 278, pl. 162 ; Pérouse de Montclos, 1989, p. 22 ; Scart, 1997, no 966 ; Gady (A.), 2011, p. 104 ; Rosenberg, 2011, II, no F3238, p. 1155. Exp. : Paris, 1964-1965, sans cat. ; Lunéville, 1967, no 3. (Alexandre Gady in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), cat. sous la dir. de Bénédicte Gady & Juliette Trey, n°73-75, n°73).

INDEX :
Collections : Mariette, Pierre-Jean - Defer, Pierre - Silvestre, Jacques Augustin
Lieux : Versailles, château, Versailles, Fontainebleau, château+, Clagny, château, Louvois, château+, Ancy-le-Franc, château+
Personnes : Mariette, Pierre-Jean+ - Silvestre, Israël+ - Mansart, Jules Hardouin+ - Cruyl, Lievin+ - Poilly, Nicolas de+ - Langlois, Nicolas Ier+ - Patel, Pierre+ - Fouard, Jean-Baptiste+ - Aveline, Pierre+ - Coquart, Antoine+ - Meulen, Jan Frans van der + - Pérelle, Gabriel+ - Pérelle, Nicolas+
Techniques : encre brune - mine de plomb - pierre noire (traits) - plume

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 13, p. 366