Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 06/09/2021 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

LIOTARD Jean Etienne


Ecole suisse

Dame de Constantinople chaussée de socques de bain, à l'entrée d'un hammam

1738/1742

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
RF 1378, Recto

LOCALISATION :
Petit format

ATTRIBUTION ACTUELLE :
LIOTARD Jean Etienne

TECHNIQUES :
Pierre noire et sanguine.
H. 00,205m ; L. 00,140m

HISTORIQUE :
Vendu par l'artiste en 1778 au comte de Montigny, trésorier général des Etats de Bourgogne ; collection Etienne Anisson- Duperron, vente Paris 1795 ; collection Chevallier en 1850, legs au chanoine Auguste Gallet, acquis en 1882 par le Louvre.
Dernière provenance : Gallet, Auguste Frédéric
Mode d'acquisition : achat
Année d'acquisition : 1882


COMMENTAIRE :
'Né à Genève d'un père originaire de Montélimar ayant quitté sa patrie après la Révocation de l'Edit de Nantes, comme nombre de protestants à la même époque, Liotard se spécialise très tôt dans le travail de la miniature et du portrait. Après un apprentissage auprès de Jean-Baptiste Massé à Paris, il part pour l'Italie en 1736 et rencontre à Rome un groupe d'aristocrates anglais qui l'engagent pour les accompagner lors de leur voyage vers la Méditerranée orientale. Dirigée par Lord Sandwich, futur Premier Lord de l'Amirauté, cette expédition s'inscrit dans la tradition anglaise du Grand Tour, elle est destinée à parfaire l'expérience des membres mais également à nouer des contacts, prospecter des pays peu connus et en rapporter des témoignages autant militaires que commerciaux. Le bateau, Le Clifton, parti de Naples en avril 1738, atteint Malte, puis aborde Milo, Paros, Chio, Smyrne et enfin, en juin, atteint Constantinople où l'artiste décide de rester pour quelque temps, laissant le bateau anglais se diriger vers l'Egypte. Il ne quittera la ville qu'en 1742 pour se rendre en Moldavie à l'invitation du prince Constantin Mavrocordato, souverain éclairé au courant des travaux des Encyclopédistes français. Puis, en 1743, c'est de nouveau le départ, vers Vienne où les commandes de portraits affluent à la cour des Habsbourg. Pastelliste renommé, l'artiste mènera presque jusqu'à la fin de sa longue activité, une carrière européenne, perpétuellement à la recherche de nouveaux commanditaires, de Venise à Darmstadt, puis Paris, Londres, la Hollande et Genève. Même si sa technique de dessinateur était parfaitement maîtrisée avant son séjour à Constantinople on peut affirmer que cette expérience a été essentielle pour lui. D'une part, il y apprécia le cosmopolitisme, la tolérance à d'autres modes de vie et de pensée, qui ont conforté sa personnalité et il se plut à adopter l'habit turc et la barbe, façonnant ainsi son image publique pour le restant de sa carrière. Mais également il multiplia les portraits lors des escales et sur place, se constituant une réserve de modèles exotiques et pittoresques. On le voit, utilisant de manière virtuose les accents de la pierre noire et de la sanguine finement aiguisée, créant la luminosité à partir du papier blanc en réserve, pour décrire minutieusement les usages vestimentaires des femmes des îles grecques et de la colonie franque et grecque de Constantinople. Certains de ses modèles sont représentés au travail : les membres de la famille Abelgrade, des brodeuses chrétiennes, ou les musiciens turcs (Louvre, inv. RF 1372), mais la plupart du temps il s'agit de portraits de femmes ou d'Occidentaux tel celui de l'ambassadeur Everard Fawkener (Anne de Herdt, 'Dessins de Liotard', Genève-Paris, 1992, n° 27) ou de l'archéologue Richard Pococke (Louvre, inv. RF 1379). Avec l'exception notable des portraits de dignitaires de la cour ottomane, tel le grand vizir (De Herdt, op. cit., n° 61). Nombre de ces études seront retravaillées par l'artiste pour des pastels de grand format, ainsi la Dame de Constantinople, chaussée de socques pour entrer au hammam sans se bruler les pieds, sera réinterprétée dans un pastel : Dame franque et son esclave au hammam (De Herdt, op. cit. n° 29). Ces dessins d'une grande objectivité restituent avec bonheur la découverte d'horizons inconnus et la joie de vivre d'un monde lointain' (Catherine Loisel, dans cat. exp. Voyager et dessiner : Dessins du Musée du Louvre et du musée d'Orsay, 1580-1900, par C. Loisel, L. Angelucci, F. Joulie, I. Julia, N. Lemoine-Bouchard, Ch. Leribault, Moscou, Galerie Tretiakov, 21 septembre - 14 novembre 2010, n° 12 - catalogue publié en langue russe). Voir aussi De Herdt, op. cit., 1992, n° 28 avec bibliographie antérieure.

INDEX :
Collections : Gallet, Auguste Frédéric, chanoine - Chartraire, comte de Montigny, Antoine - Anisson-Duperron, Etienne-Alexandre-Jacques - Chevallier, doyen
Lieux : Hollande+, Paris+, Rome+, Londres+, Venise+, Naples+, Vienne+, Italie+, Smyrne+, Chio+, Constantinople+, Paros+, Milo+, Egypte+, Malte+, Genève+, Paris, Musée du Louvre, oeuvre en rapport, Montélimar+, Moldavie+, Darmstadt+
Personnes : Habsbourg, les+ - Massé, Jean-Baptiste+ - Sandwich, Lord+ - Mavrocordato, Constantin+ - Abelgrade, famille+ - Fawkener, Everard+ - Pococke, Richard+
Techniques : pierre noire - sanguine

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 19, p. 109