Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 27/04/2023 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

BECCAFUMI Domenico


Ecole florentine

Homme nu étendu à terre : un dieu fleuve ?

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 257, Recto

Anciens numéros d'inventaire :
NIII1257
MA1213

LOCALISATION :
Petit format

ATTRIBUTION ACTUELLE :
BECCAFUMI Domenico
Vasari, Giorgio
Inspiré par L'ANTIQUE

TECHNIQUES :
Plume et encre brune, lavis brun, rehauts de gouache blanche (en partie oxydés), papier lavé brun. Agrandi, dans le haut, sur toute la largeur, au moyen d'une bande de papier de 10 mm de haut environ et, dans le bas, sur toute la largeur, au moyen d'une bande de papier de 6 mm de haut. Collé en plein sur un montage Mariette : H. 386 ; L. 515 mm Sur le montage, dans un cartouche, à la plume et encre noire : DOMINICI BECCAFUMI. / ex Collect. G. Vasari. nunc P. J. Mariette.
H. 00,250m ; L. 00,395m

HISTORIQUE :
Giorgio Vasari (1511-1574), selon l'inscription qui se lit sur le montage ; fragment d'un feuillet du Libro de' Disegni. Vraisemblablement P. Crozat (1665-1740), ne porte pas sa numérotation habituelle ; sa vente après décès, Paris, 1741, peut-être partie du lot 79 : « Dominique BECCAFUMI, dit le MICARINO. Vingt-trois Desseins, dont un Christ détaché de dessus la Croix, qui vient du livre du Vasari », acquis par Huquier pour 20 livres 1 sol. Gabriel Huquier (1695-1772). P. J. Mariette, sa marque (L.2097) par deux fois, en bas au milieu et en bas à droite sur l'agrandissement, montage avec cartouche (LBS 006) ; sa vente, Paris, 19 décembre 1775, partie du lot 180 : « BÉCAFUMI. (Dominique) Sien. Un Souverain Pontife, admettant à son audience les Députés d'une Ville, qui viennent lui présenter les clefs : la plume en est savante, & il est lavé au bistre. « Trois Etudes de Figures, supérieurement bien faites de même, de la Collection du Vasari, dont une représente un criminel auquel on donne l'estrapade, ou, ce qu'on nomme en Italie, la corde, en présence de ses Juges » (R. Bacou, 1981, p. 248) . Lempereur pour 71 livres. N'est pas dessiné par Saint-Aubin. Cabinet du Roi, acquis en 1775, par l'intermédiaire de Lempereur, lors de la 23e vacation (Courajod, 1872, p. 363) ; versé au musée du Louvre, marques de la Commission du Museum (L.1899) en bas à droite et du Conservatoire (L.2207) en bas à gauche.
Dernière provenance : Mariette, Pierre-Jean
Mode d'acquisition : cabinet du roi
Année d'acquisition : 1775

INVENTAIRE DU MUSEE NAPOLEON :
Inventaire du Musée Napoléon. Dessins. Vol.1, p.158, chap. : Ecole de Sienne, carton 11. (...) Numéro : 1213. Nom du maître : Idem [[ Beccafumi, Domenico /&. Numéro d'ordre dans l'oeuvre du maître : 7. Désignation des sujets : Une figure nue et couchée. Dessin à la plume, rehaussé de blanc. Dimensions : H. 25 x L. 39,5cm. Origine : Collections ancienne et de Mariette.Prix de l'estimation de l'objet : 20francs. Emplacement actuel : Idem & Calcographie du Musée Napoléon /&. Observations : Idem & [Remis le 27 décembre 1828 pour être relié.] [[à l'encre]] ]]. Signe de recollement : [Vu] [[au crayon]] [[trait oblique / au crayon / sur le n° d'ordre]]. Cote : 1DD33

COMMENTAIRE :
Comme le rappelle le cartouche 'DOMINICI BECCAFUMI/ex Collect. G. Vasari nunc P.J. Mariette' sur le montage, cette feuille a appartenu à Giorgio Vasari, contemporain et biographe de Beccafumi (1568 ; L. Ragghianti Collobi, 'Il Libro de' Disegni del Vasari', 2 vol., Florence, 1974, I, p. 133 ; II, p. 232, n° 410 ; 'G. Vasari, Sodoma und Beccafumi. Neu Übersetzt und Kommentiert', traduit par V. Lorini, commenté par K. Lemelsen (Sodoma) et J. Witan (Beccafumi), Berlin, 2006, p. 141 note 108). Son autographie ne peut donc être mise en doute. Il en existe une autre version, à la même échelle et pratiquement identique (Vienne, Albertina, Inv.-Nr. 276, SR 337 R. 205), et une copie sur un feuillet du carnet autrefois dans la collection Coghlan Briscoe (Melbourne, National Gallery of Victoria, 1614/5 ; Rinaldo de Liphart Rathshoff, « Un libro di schizzi di Domenico Beccafumi », Rivista d'Arte, vol. 17, 1935, p. 183-184, fig. 51 ; A. De Marchi dans cat. exp. Domenico Beccafumi e il suo tempo, Sienne, Chiesa di Sant'Agostino, Pinacoteca Nazionale, Duomo, Palazzo Pubblico, Oratorio di San Bernardino, Spedale di Santa Maria della Scala, Palazzo Bindi Sergardi, 1990, p. 412 fig. 1). L'homme nu, barbu, à demi étendu et accoudé à terre, doté d'une anatomie à la fois puissante et relâchée, vu subtilement en raccourci et puissamment mis en lumière, est un motif fréquent dans l'oeuvre de la maturité de Beccafumi : les 'Histoires de Moïse sur le Sinaï' dans le pavement du Duomo de Sienne (1531), le tableau de 'Moïse brisant les tables de la Loi' au Duomo de Pise (1536-1538), la gravure avec 'Deux hommes nus dans un paysage' (E. Tenducci dans P. Torriti, 'Beccafumi : Opera Completa', Milan, 1998, p. 328-329 D155 ; dessin à Chatsworth repr. dans cat. exp. Renaissance Siena: Art for a City, Londres, National Gallery Company, 2007-2008, p. 348-349 n° 115) ou une autre avec des hommes et des femmes couchés sur le sol (E. Tenducci, cit., p. 330-331 D160, burin seul à Paris, BnF, Ba 1 fol. Beccafumi rés.) en offrent des exemples un peu différents. Ici, ce pourrait être un dieu fleuve assez semblable aux statues de l'Antiquité romaine (K. Oberhuber, dans cat. exp. Dessins italiens de l'Albertina de Vienne, Paris, musée du Louvre, 1975, sous n° 26). De la statuaire antique, il suit en outre d'autres modèles : le tronc de la figure semble en effet la transcription, libre et couchée sur le flanc, du 'Torse du Belvédère' (Vatican, Atrio del Torso). En outre, les sources romaines ne semblent pas être seulement antiques. 'L'Ivresse de Noé' peinte par Michel-Ange à la voûte de la chapelle Sixtine (1509 ; D. Sanminiatelli, 'Domenico Beccafumi', Milan, 1967, p. 155 n° 80) ou les dessins de Raphaël pour une 'Résurrection' destinée à la chapelle Chigi de Santa Maria della Pace à Rome (vers 1511) ont pu servir l'ambition de grandeur de Beccafumi dans la conception de ce personnage, comme plus tard, à Florence, les statues du 'Crépuscule' et du 'Jour' à San Lorenzo (A. Forlani, 'Disegni italiani del Cinquecento. Scuole fiorentina, senese, romana, umbro marchigiana e dell'Italia meridionale', Venise, 1962, p. 195). R. Liphart Rathshoff (cit., p. 184) voyait dans ce « fleuve » la première pensée de l'homme à terre, à demi redressé, buvant l'eau du rocher dans la frise du pavement du Duomo de Sienne qui représente 'Moïse frappant le rocher' (1524-1525). L'analogie est imparfaite et, dans le même ensemble, la figure est plutôt à rapprocher d'un berger qui occupe l'angle inférieur gauche du 'Sacrifice d'Abraham' (1547). Cependant, là encore, il ne s'agit pas d'un dessin préparatoire. Le travail très graphique des ombres, les lumières traitées en aplats ou en « tailles » parallèles curvilignes ont amené les historiens, à la suite de D. Sanminiatelli (cit.), à supposer que ce dessin, probablement contemporain des dernières marqueteries de marbre du Duomo (vers 1540-1547 ; A. De Marchi, cit. ; Giannattasio dans P. Torriti, cit. ) plutôt que de celles des années 1535-1540 (D. Sanminiatelli, cit. ; B. P. Gordley, ; V. Birke, J. Kertesz, 'Die italienischen Zeichnungen der Albertina', I, Vienne, 1992, p. 163), devait être le modèle d'une gravure en 'chiaroscuro' qui n'aurait pas été réalisée ou dont toutes les épreuves auraient disparu. Cette thèse est refusée par B. P. Gordley ('The Drawings of Beccafumi', Princeton Univ., Ph. D., 1988, p. 400 n° 93), mais l'étroite parenté des dessins du Louvre et de Vienne avec l'étude de 'Trois hommes nus couchés à terre' conservée à Cleveland (Museum of Art, 58.313 ; A. De Marchi, cit. ; Giannattasio dans P. Torriti, cit.), qui est incontestablement préparatoire à une gravure au burin et en 'chiaroscuro' (repr. dans P. Torriti, cit., 1998, p. 330 D158 et 159 et A. De Marchi, cit., p. 480-481 n° 148-149, vers 1540-1545), la conforte. En fait, le véritable projet pour cette hypothétique estampe est sans doute le dessin de Vienne car, mis en place à la pierre noire, montrant des légers repentirs, il a les caractères d'un dessin de conception. Ses contours ont été repassés au stylet afin d'être reportés sur un autre support, soit sur les bois à graver, soit sur la feuille du Louvre. Cette dernière, parfaite en tous points, est sans doute une réplique réalisée pour être offerte comme une oeuvre achevée, ce qui expliquerait sa place dans la collection de Vasari (Oberhuber, cit., n° 26 ; B. P. Gordley, cit.). La première pensée de la composition semble bien être une esquisse à la plume conservée à Florence (GDSU, n. 1510E ; Oberhuber, cit.) qui reprend, avec une variante dans la disposition du bras gauche, une idée plus ancienne de l'artiste connue par une copie autrefois dans le carnet de la collection Coghlan Briscoe et à présent à la Pierpont Morgan Library, à New York (I.19C ; Liphart Rathshoff, cit., p. 181, fig. 49). Dans le dessin achevé, Beccafumi a nuancé le caractère imposant de la figure en lui donnant un tour méditatif et songeur auquel concourent le profil perdu de la tête tournée vers une chaîne de montagne fantomatique et l'environnement de souches d'arbres. Voir : D. Cordellier, 'Domenico Beccafumi' (Cabinet des dessins), avec la collaboration de L. Angelucci et R. Serra, Milan, 2009, n° 40. Voir aussi : J. Judey, 'Domenico Beccafumi', Berlin, 1932 [Freiburg i. B., Ph. D., v. 23. Sept. 1932], p. 145 n° 165 ; B. P. Gordley, cit., p. 184 note 239, p. 280-283, p. 359 sous n° 20, p. 417 sous n° 128 ; A. De Marchi, cit., p. 437 sous n° 96, p. 476-477 sous n° 142, p. 486-488 sous n° 155 ; P. Giannattasio dans P. Torriti, cit., p. 252 sous D18, p. 321-322 D143, p. 322 sous D144; Ger Luijten, dans cat. expo. 'Gravure en clair-obscur Cranach, Raphaël, Rubens', Musée du Louvre, Paris, 17 octobre 2018 - 14 janvier 2019, p. 106 à 107, n° 30 Voir : Pierre Rosenberg, Laure Barthélemy-Labeeuw, Marie-Liesse Delcroix, Stefania Lumetta, Les dessins de la collection Mariette, Ecoles italienne et espagnole, Tome I, Paris, 2019, n° 145, p. 134, ill.

INDEX :
Collections : Huquier, Gabriel - Vasari, Giorgio - Cabinet du Roi - Mariette, Pierre-Jean - Crozat, Pierre (1665-1740) ?
Lieux : Chatsworth, Duke of Devonshire Collection, oeuvre en rapport, Cleveland, Museum of Art, oeuvre en rapport, Rome, Santa Maria della Pace, oeuvre en rapport, Vienne, Albertina, oeuvre en rapport, Sienne, Duomo, oeuvre en rapport, New York, Pierpont Morgan Library, oeuvre en rapport, Rome, Vatican, Musei Vaticani, oeuvre en rapport, Paris, Bibliothèque Nationale, département des Etampes et de la Photographie, oeuvre en rapport, Melbourne, National Gallery of Victoria, oeuvre en rapport, Rome, Vatican, Cappella Sistina, oeuvre en rapport, Florence, San Lorenzo, Cappelle Medicee, oeuvre en rapport, Pise, Duomo+, Florence, Galleria degli Uffizi, oeuvre en rapport, Paris, Musée du Louvre, oeuvre en rapport, Londres, collection Coghlan Briscoe, oeuvre en rapport
Personnes : Moïse+ - Santi, Raffaello+ - Abraham+ - Buonarroti, Michelangelo, ou Michel Ange+
Sujets : Allégorie d'un Fleuve - Le Jour, par Michelangelo Buonarroti - dieu fleuve - Torse du Belvédère - Le crépuscule, de Michelangelo Buonarroti
Techniques : encre brune - lavis brun - rehauts de blanc - papier lavé de brun - plume

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 1, p. 41