Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 04/09/2023 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

DELATOUR Maurice Quentin


Ecole française

Portrait de Louis de France, duc de Bourgogne, dauphin (1729-1765)
Le Dauphin Louis Ferdinand (1729-1765)

1744

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 27621, Recto

Anciens numéros d'inventaire :
NIII34839

LOCALISATION :
Réserve des pastels

ATTRIBUTION ACTUELLE :
DELATOUR Maurice Quentin

TECHNIQUES :
Pastel sur papier bleu marouflé sur un papier bleu intermédiaire lui-même marouflé sur une toile tendue sur châssis. Numéro au pochoir sur le papier bleu couvrant le châssis en haut à gauche et sur la traverse supérieure du cadre à senestre : 28. Sur le panneau de bois protégeant l'arrière du châssis, numéro à la pierre noire : 1054, et à la craie blanche : s. n 68, et plusieurs autres numéros superposés. Les mesures du cadre sont : H : 01,02 ; L : 00,80 et profondeur : 00,09. Restauré en 2004. La restauration de cette œuvre a été rendue possible grâce au soutien de Max Blumberg et Eduardo Araujo avec la collaboration des American Friends of the Louvre en 2012.
H. 00,640m ; L. 00,540m


COMMENTAIRE :
Il porte le cordon bleu de l'Ordre du Saint-Esprit et l'ordre de la Toison d'Or attaché à un ruban rouge passé autour du cou. Geneviève Monnier, Inventaire des Collections Publiques Françaises, Pastels des XVIIe et XVIIIe siècles, Musée du Louvre, 1972, n° 68. Exposé au Salon de 1745, n° 165. Neil Jeffares donne ce pastel à Maurice-Quentin de La Tour, portrait de Louis-Joseph-Xavier, duc de Bourgogne, dauphin (1729-1765) (Dictionary of pastellists before 1800, Londres, 2006, p. 294). Le pastel a donné lieu à plusieurs copies peintes à la demande des Bâtiments du roi par les artistes du Cabinet du roi. Citons celle du département des Peintures du musée du Louvre (Inv. 9388. 0,86 × 0,98 m),celle du château de Versailles (inv. MV 6717. Constans, 1995, I, p. 539,no 3058, repr.) et celle conservée au musée du Prado à Madrid sous le nom d'Hubert Drouais (inv. Po 2377. Madrazo, 1910, no 2377. 0,68 × 0,57 m). Plusieurs copies postérieures sont également passées sur le marché de l'art : au pastel, à Stockholm les 24-26 novembre 1993 (Bukowski, lot 243, 0,60 × 0,50 m), à Lewes le 13 avril 2000 (Gorringes, lot 3636,0,64 × 0,52 m), à Milan le 12 novembre 2003 (Sotheby's, lot 124,0,645 × 0,538 m), puis à Paris le 13 décembre 2012 (Drouot, Artemisia,lot 144), à Paris le 13 décembre 2012 (Lafon, lot 244, 0,90 × 0,60 m) ; et à l'huile sur toile, à Paris le 30 juin 2000 (Tajan, lot 156, 0,67 × 0,56 m),le 15 octobre 2008 (Coutau-Bégarie, lot 30, 2,13 × 1,70 m) et le 16 décembre 2009 (Delorme Collin du Bocage, lot 31, 0,235 × 0,190 m). À la suite d'Élie Fleury et de Gaston Brière, tous les auteurs qui ont étudié le portrait du Dauphin conservé au musée du Louvre ont considéré qu'il s'agissait de celui que La Tour avait exposé au Salon de 1748 (no 79. Le Dauphin). On a aussi souvent confondu Louis Ferdinand, fils de Louis XV, avec son fils aîné Louis Joseph Xavier,duc de Bourgogne (1751-1761). Nous avons démontré en 2004 qu'il fallait en fait reconnaître dans l'œuvre du Louvre la première effigie du prince livrée par La Tour en 1744 ou 1745, et exposée au Salon en 1745 sous le numéro 165 en même temps que le portrait de Louis XV (voir cat. 88). De tous les membres de la famille royale, le dauphin Louis Ferdinand fut celui qui fut portraituré le plus grand nombre de fois par le maître. Entre 1744 et 1763, celui-ci livra en effet cinq effigies peintes au pastel. La première donne du prince l'image d'un adolescent de quinze ou seize ans dont l'habit richement brodé, la grand-croix et le ruban du Saint-Esprit, ainsi que la cravate de la Toison d'or soulignent la naissance et annoncent la destinée. À l'occasion de sa présentation au Salon, le Mercure de France de septembre 1745 (p. 135) en avait loué, comme pour les autres œuvres exposées par l'artiste, la vérité, la force et cette noble simplicité qui caractérisait les grands maîtres. Sur le second portrait, peint en 1746 et aussitôt exposé au Salon sous le numéro 124, le Dauphin paraissait à mi-corps, vêtu d'une armure, le torse tourné vers la droite,le visage ayant légèrement gagné en rondeur. Aujourd'hui perdue, l'œuvre fut heureusement gravée par Michel Aubert, dans le même sens, et par Basan. Les estampes de ces deux graveurs furent annoncées par le Mercure de France respectivement en juillet et décembre 1747. Également non localisé, le troisième portrait fut montré au Salon de 1748 (no 79). Ainsi que le révèle une copie ancienne conservée au château de Versailles (inv. MV 6532), La Tour avait alors repris l'attitude du premier portrait en apportant quelques variantes dans l'habit, mais en prenant soin de donner une nouvelle image du visage du Dauphin, un embonpoint plus marqué correspondant à la réalité. Pendant près de deux décennies, cette troisième effigie avait servi de modèle pour les autres artistes appelés à diffuser les traits du prince. Entre 1761 et 1763, La Tour travaillait enfin aux deux derniers portraits. L'un était achevé en 1762, ainsi que le confirme une lettre qu'il adresse à Marigny le 1er août 1763 et dans laquelle il fait un état des œuvres commencées à partir de 1756 et terminées en 1762 (Besnard et Wildenstein, 1928, p. 65-66). Sans doute avait il alors utilisé la préparation aujourd'hui conservée dans son fonds d'atelier au musée Antoine-Lécuyer à Saint-Quentin (inv. LT25, voir Salmon, 2004, no 29). Le pastel avait été certainement celui que le maître avait exposé au Salon de 1763 en pendant de ceux de son épouse et de leurs deux fils, le duc de Berry et le comte de Provence (nos 63, 64, 65 et 66). Le cinquième et dernier pastel, pour lequel la préparation avait peut-être aussi servi, était en cours d'exécution en 1763. Cité dans la correspondance échangée entre Étienne Jeaurat, garde des Tableaux du roi, et le marquis de Marigny (2 mars- 4 mai 1763, cité par Besnard et Wildenstein, 1928, p. 63-64), il représentait le Dauphin en pied et avait été commandé par la princesse Marie-Christine de Saxe, la belle-soeur du modèle. Répétées tout au long des années entre 1744 et 1763, ses nombreuses séances de pose obtenues par La Tour auprès du prince avaient fini par lui donner plus d'assurance et de familiarité. Grimm s'en faisait l'écho dans sa correspondance (cité ibid., p. 58). En décembre 1754, alors qu'il avait eu l'occasion d'être en présence du prince, il lui avait ainsi présenté la brochure satirique de l'abbé Coyer dédiée au mot Patrie. Invité à la lire, le Dauphin s'était enquis de son sujet. « Sur un vieux mot que nous avons presque oublié, lui avait répondu La Tour, et vous êtes bien fait pour en faire ressouvenir : sur le vieux mot de Patrie, monsieur. » « Je n'aime point les brochures », s'était défendu le prince. « Vous aimez trop le vrai pour ne pas aimer celle-là, rétorquait le pastelliste, étant né pour gouverner la nation, et vous devez savoir ce qu'elle pense. » Inflexible, le fils de Louis XV avait alors lâché : « Je ne lis jamais de nouveautés », et La Tour avait rangé dans sa poche le petit opuscule. Certainement sensible à son talent dans l'art de peindre le visage humain, le Dauphin était demeuré sourd aux attentes du citoyen zélé et du philosophe que Maurice Quentin de La Tour se piquait d'être aussi (Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 82. p. 164-166). neiljeffares.wordpress.com/2018/07/12/the-louvre-pastels-catalogue-errata-and-observations, n° 82. Valentine Dubard, Marianne Bervas, Sophie Chavanne, Pascal Labreuche, André Le Prat & Valérie Luquet, "Pastels : les acquis d'une restauration" in Grande Galerie, mars-mai 2013, n°23, pp. 96-97.

INDEX :
Personnes : Bourgogne, duc de - Louis de France - Louis, dauphin de France - Louis Ferdinand, dauphin de France (1729-1765)
Sujets : portrait - Ordre du Saint-Esprit - Ordre de la Toison d'or - Salon de 1745
Techniques : pastel

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 11, p. 326