Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 07/10/2021 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

SILVESTRE Israël


Ecole française

Vue de Charleville

1665

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
INV 33064, Recto

Anciens numéros d'inventaire :
NIII15638
MA12514

LOCALISATION :
Nouvelle réserve des pièces encadrées
Album Silvestre Israël
Folio 53
rapporté au recto

ATTRIBUTION ACTUELLE :
SILVESTRE Israël

TECHNIQUES :
Graphite, plume et encre brune, aquarelle, sur trois feuilles de papier raboutées H. 38,4 ; L. 104,5 cm Annoté à la plume et encre brune, en haut à droite : 54 (le 4 est inscrit sur un 3) ; I ; en haut au milieu : Charleville ; et plus bas, à droite, sous le bois : jaune rouge ; nombreuses annotations au graphite, souvent effacées : grand bois ; [ter]re labouré ; [Riviè]re de Meuze ; ver ; jaune ; Terre l'abaye ; jaune rouge ; jardin (?) ; ver huy (?) Filigrane, sur la feuille centrale : raisin ; contremarque, sur la feuille centrale et les deux feuilles latérales : BMI dans un cartouche
H. 00,384m ; L. 01,045m

INVENTAIRE DU MUSEE NAPOLEON :
Inventaire du Musée Napoléon. Dessins. Vol.8, p.1573, chap. : Ecole française, Volume 3. (...) Numéro : 12514. Désignation des sujets : Volume 3 [n° 34] [[à l'encre]]. Ce volume est de forme oblongue et relié en veau. Cote : 1DD40

COMMENTAIRE :
"Dans sa lettre à Colbert datée du 30 novembre 1665 de Charleville [voir document associé], Silvestre annonçait avoir découvert un point de vue exceptionnel sur Charleville et la citadelle de Mont-Olympe à l'occasion de ses recherches préalables au dessin d'un panorama réunissant Mézières, Charleville et la forteresse (cat. 45 et 46) : « J'ay de plus, Monseigneur, rencontré, en cherchant les plus belles veues, un aspec sy agréable de Charleville et Montolimpe que j'ay creu ne devoir pas négliger de la dessigner en particulier. C'est bien ce que j'ay jusque icy remarqué de plus beau dans ma route. » L'angle de vue est en effet saisissant. Situé au sud, à Mézières, peut-être en haut de la tour de l'École, Silvestre fixe le nord en direction de Charleville. Au bout de la route vue de biais qui y mène (actuels avenue d'Arches et cours Aristide-Briand), la porte de France (détruite en 1803), dans l'axe du dessinateur, occupe le centre du dessin, légèrement tronqué par la suite à gauche et à droite. Derrière l'enceinte bastionnée, la ville s'étend de la porte de Flandre, à l'ouest, à celle de Luxembourg, à l'est, autour d'un axe principal qui passe par la rue de Nevers et par la place Ducale (à droite de la porte de France), avec sa succession de toits en pavillon identiques interrompus par un pavillon plus élevé couvert d'un dôme à l'impériale. Suivent les toits de l'église des Jésuites et ceux du couvent du Saint-Sépulcre. L'ensemble est dominé par la silhouette de la forteresse de Mont-Olympe. Notons que Silvestre a donné de celle-ci une image plus rapprochée, vue de la rivière vers le nord-est, sous le titre « Veüe de la Citadelle de Montolinpe à Charleville (1 )». Les différentes étapes du processus graphique sont nettement perceptibles. La première préparation au graphite affleure ici ou là, dans l'horizon rayé en haut à droite, dans des échauguettes de la citadelle, et, plus encore, dans le repentir du faubourg d'Arches en bas à droite. Silvestre avait d'abord placé plus haut sur sa feuille le faubourg fortifié, avant de l'effacer et de le redessiner d'une manière enlevée, volontairement allusive. Le premier tracé au graphite est accompagné d'annotations chromatiques qui précèdent les reprises des contours à la plume et une mise en couleur manifestement effectuée dans un second temps, peut-être dans l'atelier. Sans doute le plaisir qu'a eu Silvestre à repérer et transcrire cette vue atypique transparaît-il à travers le traitement libre des bastions et des toits du premier plan, d'une géométrie incertaine et spontanée qui rappelle la vue inhabituelle des toits de Marseille." Notes : 1. Faucheux, 26-5, gravé par François Noblesse Bibl. [voir document associé] : Belin, 1968, no 48. Exp. : Jamais exposé. (Bénédicte Gady in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), cat. sous la dir. de Bénédicte Gady & Juliette Trey, n°47).

DESCRIPTION DE L'ALBUM :
« Soixante-seize feuilles proviennent de l'« album Silvestre » (Inv. 33011 à 33086)(80) .../... il s'agit d'un album factice, manifestement constitué au XVIIIe siècle, en réutilisant une reliure en veau, pleine peau lisse, dont les fers laissent penser qu'elle est d'origine nordique (83). L'examen du dos révèle que la reliure a été prise à l'envers par rapport à l'orientation des dessins dans l'album : les fleurons gravés au fer sont renversés, une étiquette de papier masque le caisson de tête et un cuir a été rapporté sur le septième, vraisemblablement pour cacher un ancien titre. Les pages de l'album portent un filigrane (aigle à deux têtes couronnées) et la contremarque de Thomas Marie Dupuy, famille de papetiers de Riom, moulin Grand-Rive à Ambert, actif de 1725 à 1778 (84).../...L'album est entré dans les collections royales à une date inconnue et se trouvait au Louvre pendant la Révolution (85). .../...la plupart des dessins du volume ont d'abord été collés sur une feuille ou sur des bandes de papier bleu, papier ensuite fixé sur la page d'album. L'examen révèle plusieurs étrangetés : les bandes bleues n'entourent que la partie collée des dessins pliés, dont la partie repliée présente des traces d'anciens collages ; certains dessins recto-verso sont attachés par une charnière au papier bleu alors qu'ailleurs c'est le papier bleu lui-même qui est mobile pour donner accès à un dessin collé sur son verso. ../...Depuis la Révolution, les dessins de l'album ont fait l'objet de traitements variés : cer- tains feuillets en ont été détachés, puis réintégrés ou non), d'autres ôtés après découpe des pages d'album, puis réintégrés ou non. Dans certains cas, les bandes de papier bleu ont même été refaites. Tous souffraient d'un empoussièrement dû au caractère non compact de l'album. Le tiers des dessins, de dimensions supérieures à celles de l'ouvrage, avaient dû être pliés lors de sa confection, ce qui créait des zones de fragilité au niveau des pliures et des zones de frottement sur le motif.../... C'est probablement aussi lors de la constitution de l'album que des dessins qui n'en formaient qu'un autrefois ont été coupés et séparés .../... Enfin, le collage des feuilles dans l'album s'était parfois fait sans égard pour la présence de dessins sur leur verso, parfois à demi cachés , parfois entièrement." Notes : 83. Nous remercions Valentine Dubard et Peter Fuhring pour leurs observations éclairantes sur l'album. Les dimensions de l'album sont H. 47,5 ; L. 64 ; ép. 8,5 cm. 84. Raymond Gaudriault & Thérèse Gaudriault, Filigranes et autres caractéristiques des papiers fabriqués en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, 1995, p. 79, signalé par Valentine Dubard. 85. Lorsque Morel d'Arleux dresse l'inventaire Napoléon, il mentionne le volume comme provenant de la collection ancienne (AMN 1 DD 40, vol. 8, p. 1573). (Bénédicte Gady & Juliette Trey, in "La France vue du Grand Siècle. Dessins d'Israël Silvestre (1621-1691)" (Paris, musée du Louvre, 15 mars - 25 juin 2018), pp. 26-31).

INDEX :
Lieux : Charleville, Mezières+, Mont-Olympe
Personnes : Colbert, Jean-Baptiste+
Techniques : encre brune - aquarelle - graphite - plume

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 13, p. 362