Les collections du département desarts graphiques Musée du Louvre
Mise à jour de la fiche 11/10/2022 Attention, le contenu de cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.

VIGEE Louis


Ecole française

Portrait probable de Mme d'Estraret, petite fille de Jean Racine
Anne Mirleau de Neuville des Radrets ( 1731-1805), née Racine.

1745

INVENTAIRES ET CATALOGUES :
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
RF 4376, Recto

LOCALISATION :
Réserve des pastels

ATTRIBUTION ACTUELLE :
VIGEE Louis

TECHNIQUES :
Pastel sur papier gris-bleu marouflé sur toile tendue sur châssis. Signé au bas, à droite : 'L. Vigée / pinxit / 1745'.
Forme : ovale
H. 00,062m ; L. 00,056m

HISTORIQUE :
Légué par M. Huard, 33 rue Cambon, mort le 3 août 1916. Probablement dans la descendance du modèle. Cité en 1909 dans la collection d'Émile Huard (1836-1916). Légué en 1916 au musée du Louvre par Émile Huard.
Dernière provenance : Huard, Emile
Mode d'acquisition : legs
Année d'acquisition : 1916


COMMENTAIRE :
Neil Jeffares donne ce pastel à Louis Vigée, portrait de Mlle d'Estraret, petite-fille de Jean Racine (Mme Louis-Grégoire Mirleau de Neuville des Radrets, née Anne Racine (1731-1805), fille de Louis Racine, petite-fille du poète), avec une flèche (Dictionary of pastellists before 1800, Londres, 2006, p. 543). Depuis 1909, le portrait est associé au nom de Mlle d'Estraret (ou d'Estradet), petite-fille de Jean Racine. Une simple vérification généalogique permet en fait d'y reconnaître Anne Racine (1731-1805), dont le père, Louis Racine (1692-1763), fut le fils du célèbre dramaturge. Anne épousa à Paris le 21 janvier 1746 Louis Grégoire Mirleau de Neuville (1712-1783), seigneur de La Berruère des Radrets d'Illiers. C'est donc la déformation du nom de la seigneurie des Radrets à Sargé-sur-Braye, dans le Loir-et-Cher, qui conduisit à nommer la jeune femme « Mademoiselle d'Estraret ». La comparaison avec un portrait attribué à Largillierre où il faut reconnaître plutôt une œuvre de Marianne Loir peinte avant 1769(Collection particulière. Chaffanjon, 1964, repr. pl. 22) et où Anne Racine semble plus âgée renforce une telle identification. Louis Grégoire Mirleau de Neuville des Radrets appartenait à une importante famille de la finance. À la suite de son père,Antoine Pierre Mirleau de Neuville (1675-1757), secrétaire du Roi et du Grand Collège et l'un des quarante fermiers généraux, il s'était enrichi avec son frère aîné, Louis Antoine (1701-1780), dans la ferme générale. Afin de souligner leur réussite sociale, chacun des deux frères avait passé commande de son portrait et de ceux de leurs proches. Marié en 1749 à Adélaïde Julie Garnier d'Isle, Louis Antoine passait successivement commande à Jean-Marc Nattier et à Maurice Quentin de La Tour (Debrie et Salmon, 2000, p. 161-167). Son cadet Louis Grégoire faisait quant à lui appel à Louis Vigée. En 1751, au Salon de l'Académie de Saint-Luc, Vigée exposait très certainement le portrait de Louis Grégoire (no 125. M. de Neuville, Fermier Général, en pied en petit, dans son Cabinet) ainsi que plusieurs de ses œuvres lui appartenant (no 126. Un vieil Hermite, lisant un livre. no 127. Le Portrait de l'Epouse de l'Auteur, par lui-même. no 128. Le portrait de M. Martin, ancien Directeur de cette Académie). Les liens d'estime et d'amitiés noués avec la famille Mirleau de Neuville conduisirent même Vigée à demander en 1755 à Marie-Jeanne Catherine Fantoux de Saint-Pierre, épouse de l'écuyer Jean-Baptiste Mirleau de Neuville de Marcilly (mort en 1793), frère des deux précédents, d'être en 1755 la marraine de son fils Étienne. Bien que la date apposée sur l'œuvre soit aujourd'hui difficile à lire, certains déchiffrant 1745, d'autres 1741, l'exécution du pastel doit certainement être contemporaine du mariage d'Anne Racine avec Louis Grégoire Mirleau de Neuville, soit au début de l'année 1746. Âgée alors d'environ quinze ans, l'adolescente tient en effet de la main gauche une flèche dont la pointe vient se poser sur l'index de sa main droite. Iconographie peu courante dans l'art du portrait, il faut sans doute y reconnaître une allégorie de la naissance du sentiment amoureux éprouvé par la jeune mariée. Si le geste avait semble-t-il été inventé par Louis Vigée, la disposition du modèle était en revanche une reprise avec variantes du buste de la Nymphe de la suite d'Apollon, pastel ayant été envoyé à Paris par Rosalba Carriera en octobre 1721 comme morceau de réception (Musée du Louvre, voir cat. 38). Le bras et la main droite d'Anne Mirleau de Neuville s'inspiraient également directement de celui de la nymphe, mais en lui faisant épouser l'ovale de la partie inférieure du portrait. Vigée avait été coutumier de ce type d'emprunt. Nous ne saurions dire si c'était par paresse ou par manque d'imagination. Soigné dans son traitement, jouant des effets de transparence et des empâtements de couleur pure,fondant avec le doigt la matière utilisée pour les carnations, le beau portrait de Mme Mirleau de Neuville démontre qu'il n'en négligeait pas pour autant la technique d'exécution. Le pastel compte parmi ses œuvres les plus abouties, toutes peintes pendant les années 1740 (Xavier Salmon, Pastels du musée du Louvre XVIIe -XVIIIe siècles, Louvre éditions, Hazan, Paris, 2018, cat. 138, p. 276-277). neiljeffares.wordpress.com/2018/07/12/the-louvre-pastels-catalogue-errata-and-observations, n° 138.

INDEX :
Collections : Huard, Charles, Mme
Personnes : Mirleau de Neuville des Radrets, Mme, petite-fille de Jean Racine
Sujets : portrait
Techniques : papier gris-bleu - pastel

REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT :
vol. 20, p. 225